Sténogramme des réponses aux questions de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la Fondation Carnegie, Washington, le 7 mai 2009
QUESTION: David Cramer, German Marshall Fund. Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser la question а propos de l'Iran, notamment : croyez-vous, que l'administration B.Obama poursuivra l'йlaboration du systиme de dйfense antimissile en Pologne et en Rйpublique Tchиque en l'absence des changements dans la position de l'Iran et celle de la levйe de la menace iranienne ? Et aussi, qu'y a-t-il de nouveau concernant le transfert par la Russie а l'Iran de missiles S-300 ? Le Vice-Ministre des affaires йtrangиres de l'Iran a dit en avril, que ce marchй est toujours actuel. Merci.
SERGUEI LAVROV: Puis-je prйciser votre question ? Concerne-t-elle l'Iran ou la dйfense antimissile ?
QUESTION: Et l'un et l'autre, car ces sujet sont liйs.
SERGUEI LAVROV: Ce sont deux questions diffйrentes.
QUESTION: Le prйsident Obama a dit, que la crйation du systиme de la dйfense antimissile dйpend du degrй du renforcement de la menace iranienne ou de sa levйe.
SERGUEI LAVROV: Je ne peux parler qu'au nom de la Fйdйration de Russie, pas des Etats-Unis. Nous avons prйsentй les calculs gйomйtriques, balistiques et autres de toute sorte а nos collиgues amйricains, quand est apparu pour la premiиre fois l'idйe de la crйation des bases de la dйfense antimissile en Pologne et en Rйpublique Tchиque, en leur expliquant, que tout cela est sans aucun rapport а la potentielle menace iranienne, mais entraоnera les changements des arsenaux stratйgiques russes dans la partie europйenne de la Fйdйration de Russie. Donc, il serait pour nous erronй d'accepter la position : «rйglons ensemble le problиme nuclйaire iranien, et le systиme de la dйfense antimissile en Europe n'existera pas». Nous savons, que ces bases de la dйfense antimissile ont un rapports direct avec la sйcuritй de la Russie. Concernant le problиme nuclйaire iranien, nous le considйrons toujours au fond dans le contexte du soi-disant groupe «cinq plus un» ou «trois plus trois», qui a rйcemment continuй l'йlaboration de ses propres propositions pour l'Iran, qui avaient йtй transmises а l'Iran par les gens de Javier Solana, et que l'Iran avait promis d'examiner. Et si elles sont acceptйes, nous nous rapprocherons vraiment du dйbut des nйgociations avec l'Iran.
Nous n'avons aucune confirmation, que le programme nuclйaire iranien soit а visйe militaire, mais nous voulons кtre 100 % certains, qu'il en est bien ainsi, que ce programme a le caractиre exclusivement pacifique, et c'est pourquoi nous soutenons fermement les efforts incessants de l'AIEA en Iran. Nous appelons instamment l'Iran а coopйrer intйgralement avec l'AIEA avec les autres pays et а faire des pas supplйmentaires pour йclaircir au plus vite toutes les questions, que veut йclaircir l'AIEA.
Concernant les potentielles menaces de missiles de la direction sud comme telles, le Prйsident Poutine, en 2007 lors de sa rencontre avec le Prйsident Bush а Kennebunkport, ce que j'ai mentionnй dans mon allocution d'ouverture, a proposй un projet commun, qui commencerait par l'analyse commune des menaces. Commun signifie, que la Russie, les USA et les Europйens travaillent ensemble, et qu'ils pourraient de fait utiliser les radars existants en Russie et en Azerbaпdjan pour contrфler la situation dans cette rйgion. En cas du dйveloppement du danger, on a toujours la possibilitй de prendre des mesures communes pour que ce danger ne se matйrialise pas.
Il y a а peine deux semaines, nous avons terminй une йlaboration plus minutieuse de cette proposition, en y ajoutant certains dйtails techniques, et l'avons transmise pour examen а nos collиgues amйricains, et j'espиre, qu'ils l'examineront dans une clй constructive. Pour le moins, on a discutй cela aujourd'hui avec la Secrйtaire d'Etat Clinton, et elle a confirmй, que l'йvaluation stratйgique du projet de la dйfense antiaйrienne continue, et que dans le contexte de cette йvaluation, la proposition de la Russie sera prise en considйration. Donc, dиs que l'йvaluation se terminera, nous serons prкts а reprendre notre dialogue avec les Etats-Unis sur ce problиme.
Concernant les S-300, oui, nous avons aujourd'hui encore abordй ce problиme pendant la discussion. Quoi que nous vendions а l'Iran ou а tout autre pays, cela n'est frappй d'aucune interdiction internationale ou nationale conformйment а la lйgislation de la Fйdйration de Russie, notre lйgislation est des plus strictes concernant le contrфle des exportations. Et quoi que nous vendions, surtout а l'Iran, cela a le caractиre uniquement dйfensif.
Malgrй cela, nous йcoutons toujours les craintes exprimйes а propos de tel ou tel aspect de force – de la coopйration militaro-technique – avec un pays. Mais comme j'ai dйjа dit, et je voudrais le souligner, quoi que nous fassions dans le domaine de la coopйration militaro-technique avec l'Iran, c'est absolument lйgal, et, ce qui est aussi trиs important, les armes, que nous vendons а l'Iran, n'ont jamais йtй utilisйes contre un pays.
Si l'on parle du commerce d'armes, celles qui avaient йtй vendues а la Gйorgie avaient servi а tuer les Russes, tuer les citoyens pacifiques, y compris les pacificateurs russes, qui faisaient leur service en conformitй avec le traitй international, signй par la Gйorgie. On a vendu ces armes а la Gйorgie tout en nйgligeant complиtement les mises en garde constantes, que nous avons faites pendant les deux ou trois derniиres annйes, а propos du rйel danger d'armer ce rйgime concret.
QUESTION: Merci beaucoup, Monsieur le Ministre, Paul Saunders, Nixon center. Et le Premier Ministre Poutine а Davos, et le Prйsident D.A.Medvйdev plus tard dans l'оle de Sakhaline ont parlй du besoin d'un dialogue а plus grande йchelle sur les problиmes йnergйtiques. Pourriez-vous parler plus en dйtail et donner votre йvaluation des perspectives d'un accord, qui supprimerait la Charte de l'йnergie, que, comme vous le savez, les Etats-Unis ne veulent pas signer, et qui probablement ne fonctionnera pas. D'aprиs vous, quelles sont les perspectives d'un tel accord sur les droits et obligations des fournisseurs, des consommateurs et des pays transitaires, et, peut-кtre, d'un mйcanisme de rиglement des litiges ? Merci.
SERGUEI LAVROV: Nous – et pas que le Premier Ministre Poutine а Davos et le Prйsident Medvйdev а Sakhaline – avons йvoquй ces questions. Nous les avons aussi йvoquйes au sommet pendant plusieurs annйes, а commencer dйjа par la soi-disant premiиre crise gaziиre de 2006.
Et nous avons expliquй, pourquoi la Charte de l'йnergie ne fonctionnera pas, et pourquoi nous ne voulons pas en кtre liйs, ce que nous avons officiellement dйclarй rйcemment. La Russie signerait la Charte de l'йnergie а condition qu'il existe l'accord sur les protocoles supplйmentaires а cette Charte, qui seront discutйs, y compris le protocole de transit, dans le contexte desquels nous pourrions rйgler les problиmes, dont vous parlez.
Cela ne s'est pas passй. On n'a pas respectй certains autres accords, affйrents а la signature par la Russie de la Charte de l'йnergie, avant tout avec l'Union Europйenne. Je parle de la promesse de l'Union Europйenne de rйgler le problиme des barriиres sur la voie des prestations de la Russie dans le domaine du secteur de l'йnergie nuclйaire. Tout cela est encore au stade d'examen.
Quand la crise a йclatй dйbut 2006, l'UE a proposй d'instaurer le mйcanisme de l'avertissement prйcoce entre la Russie et l'Union Europйenne. Nous avons dit, que nous йtions prкts, et proposй, que ce mйcanisme comprenne aussi les pays transitaires. L'UE a pris cette propositions froidement, pour la raison, que j'ignore.
Les йvйnements du janvier dernier nous ont persuadйs, qu'il nous faut quelque chose, qui fonctionne, а la diffйrence de la Charte de l'йnergie et du Traitй sur la Charte de l'йnergie. Voilа pourquoi, intervenant le mois dernier а Helsinki, le Prйsident Medvйdev a annoncй notre nouvelle initiative, qui a йtй tout de suite envoyйe а tous les membres du G20, y compris, certes, tous les pays du G8, les membres de l'UE, de la CEI, tous les pays, qui participent directement а cette situation йnergйtique dans tout, je dirais, espace euro-atlantique/euro-asiatique.
On va le discuter avec nos partenaires, directement le 22 mai, pendant le sommet Russie - UE а Khabarovsk. Nous l'avons aussi briиvement discutй la semaine derniиre avec le «trio de l'UE» au niveau des ministres des affaires йtrangиres а Luxembourg.
Je ne sais, comment vont rйagir tous nos partenaires. Ils reconnaissent l'importance de la recherche des voies pour sortir de la situation, oщ nous nous sommes retrouvйs tous fin janvier, mais nous ne voyons aucune initiative. Nous entendons seulement chaque annйe, que nous, la Russie, nous devons ratifier le Traitй sur la Charte de l'йnergie, et c'est une approche irrationnelle, puisque nous avons plusieurs fois expliquй, pourquoi nous ne le faisons pas et pourquoi ce rйgime prйcis, fixй dans le Traitй sur la Charte de l'йnergie, est imparfait.
Donc, notre proposition reste en vigueur. Examiner dans l'ensemble les problиmes de la sйcuritй йnergйtique des producteurs, des consommateurs et des pays transitaires, et non seulement dans le domaine du pйtrole et du gaz, mais, en rйalitй, dans le domaine des autres sources de l'йnergie, y compris nuclйaires.
Nous pensons, que malgrй l'insuccиs de l'expйrience des annйes passйes, y compris celle des obligations, contractйes par nos partenaires а l'йgard de la signature du Traitй sur la Charte de l'йnergie, nous ne devons pas risquer. Nous devons examiner la sйcuritй йnergйtique sous tous ses aspects, comme il a йtй convenu au sommet du G8 а Saint-Pйtersbourg en 2006, oщ l'on a adoptй la dйclaration, qui formulait les mкmes principes, que nous voudrions maintenant systйmatiser.
QUESTION: Ariel Cohen, the Heritage Foundation. Monsieur le Ministre, vous avez mentionnй la rйvision du systиme йconomique post-Bretton Woods. Quel est le point de vue de la Russie ou le plan de la Russie concernant cette rйvision : pourquoi le systиme actuel est-il insatisfaisant ? Et quand vous mentionnez la monnaie de rйserve rйgionale, est-ce le rouble que vous voyez en qualitй de cette monnaie de rйserve, ou prйvoyez-vous quelque chose d'autre en commun avec la Chine, par exemple, la monnaie unique rouble-yuan ? Car si c'est sans la Chine, le volume de l'йconomie, mкme si c'est l'йconomie rйgionale, y compris les pays de la Communautй des Etats indйpendants, le volume de cette йconomie ou le volume de cette masse de la monnaie sera comparable avec le dollar canadien ou le franc suisse.
SERGUEI LAVROV: Dans l'ordre, dans lequel vous avez prйsentй votre pas tellement question, mais, je dirais, bref йnoncй. Qu'est-ce que nous voulons dire par la rйforme du systиme monйtaire international ? La rйponse est trиs simple. Vous prenez le document final du sommet de Londres, le dйtaillez et le mettez en pratique. Pourquoi le systиme prйsent est-il insatisfaisant ? Eh bien, je crois que la rйponse est йvidente. parce que nous ne voulons pas revivre la pareille crise encore une fois.
Est-ce que nous voulons dire le rouble en parlant de la monnaie de rйserve rйgionale - la rйponse est : oui. Je vous garde le droit de comparer le dollar canadien et le yuan. Il existe diffйrents moyens d'introduire les schйmas innovants. Par exemple, un petit pays comme la Biйlorussie et un grand pays comme la Chine sont convenus de changer un certain volume de devises pour le commerce bilatйral. C'est dйjа la stabilisation.
Les Turcs nous ont proposй de faire la mкme chose entre leur monnaie et le rouble. Et, certes, dans le contexte de la crйation de l'Union de douanes entre la Russie, la Biйlorussie et le Kazakhstan, dans le contexte des relations de la Russie et de la Biйlorussie, nous ne faisons pas que de parler toujours plus de l'utilisation de nos monnaies et de celle du rouble en tant que monnaie de rйserve, mai nous faisons aussi des pas pratiques dans ce sens.
Donc, je crois, que sans un appui rйgional sйrieux pour le systиme monйtaire international, qui sera toujours dirigй par le FMI et la Banque Mondiale, il ne sera pas simple d'йviter la crise pareille dans l'avenir. Par exemple, l'expйrience de l'instauration de l'euro, le rфle croissant du yuan, du yen et les projets, discutйs dans le contexte des pays de l'ASEAN en Asie du Sud-Est, de crйer la monnaie de change commune, les projets de ce genre dйjа sur le plan pratique, examinйs en Amйrique Latine et les pays du Golfe. Telle est la tendance, qu'il faut suivre et qu'il faut utiliser, pour ne pas opposer le FMI а qui que ce soit, mais harmoniser le rфle du FMI et le processus inйvitable du multipolaire dans les domaines financier et йconomique.
QUESTION: John Daly, the Central Asia-Caucasus Institute. Vous avez dit, que parmi les problиmes communs, le plus important devient celui de l'Afghanistan. Il est йvident, que le changement de la prioritй de l'administration Obama vers l'augmentation du contingent militaire lа-bas renforce l'importance du couloir nord pour son approvisionnement а travers la Russie et les pays limitrophes. Expliquez, s'il vous plaоt, quel niveau de renforcement de la coopйration la Fйdйration de Russie considиre-t-elle ? Est-ce que ce sera finalement, par exemple, au niveau des livraisons, qui transitent а prйsent par le Pakistan, y compris les armes, ou cela ne sera limitй qu'aux cargaisons non mortels ?
SERGUEI LAVROV: Le transit par la Russie pour la Force internationale d'assistance (FIAS) en Afghanistan a commencй depuis trиs longtemps. Il y a seulement un an, nous avons signй l'accord avec l'OTAN en tant qu'organisation de transit des cargaisons non mortels, mais depuis plusieurs annйes dйjа, existe le transit des cargaisons non mortels par la Russie sur la base de nos accords bilatйraux avec la France et l'Allemagne, et rйcemment a йtй signй l'accord pareil avec l'Espagne. Ils peuvent transporter du matйriel, des troupes. Quand ils transportent les troupes uniquement avec les armes individuelles, ils n'ont pas besoin d'atterrir en Russie. Quand ils transportent le matйriel а effet mortel, ils sont obligйs d'atterrir pour le contrфle. Ce mйcanisme est bien huilй. Ces accords garantissent le transit – allemand, franзais et espagnol, – qui n'est pas limitй que par leurs contingents nationaux, mais aussi celui de tout autre pays, qui participe а la FIAS sur le mandat du Conseil de Sйcuritй.
Strictement parlant, tout pays, qui participe а la FIAS, peut utiliser ces moyens de transit dans le cadre des accords russo-allemand et russo-franзais, mais nous sommes prкts а faire plus par voie d'йlargissement des possibilitйs de transit. Nous l'avons discutй avec nos collиgues amйricains, nous pouvons examiner encore plusieurs options йventuelles.
Il est important non seulement de recevoir l'accord de la Russie ou des autres pays, qu'il faut traverser pour venir en Afghanistan, mais d'avoir la certitude, qu'en ce qui concerne le transit par le chemin de fer, par exemple, l'infrastructure est vraiment capable de faire passer plus а mesure de l'augmentation des besoins de la FIAS et de la coalition.
C'est une question difficile, et on y a besoin de l'approche d'ensemble, y compris, certes, l'accord des voisins directs de l'Afghanistan, puisque sinon, vous pourrez traverser la frontiиre de la Russie et кtre bloquй sur place. Mais cela exige aussi certains perfectionnement d'infrastructure sur site.
QUESTION: Marvin Calb. Je suis du Shorenstein Center а l'Ecole Kennedy. Je voudrais vous poser encore une question sur l'Afghanistan et, probablement, dans l'esprit de la convergence intellectuelle, dont vous avez parlй auparavant.
Etes-vous capable de voir l'expйrience russe passйe en Afghanistan ? Cela pourrait s'avйrer utile. Si vous jetez un coup d'oeil en arriиre, y a-t-il eu des leзons, que la Russie avait tirйes de cette expйrience, qui pourraient кtre maintenant trиs utiles pour la nouvelle administration amйricaine ?
SERGUEI LAVROV: Au fond, cette question avait йtй discutйe de maniиre non officielle par nous, les Amйricains et d'autres pays pendant plusieurs annйes. En deux mots, il est impossible de rйgler les problиmes de l'Afghanistan uniquement par les mйthodes de force, bien qu'il faille user de la force contre les terroristes. Voilа pourquoi aprиs le 11 septembre le Conseil de Sйcuritй a soutenu rйsolument les mesures en rйponse.
La seconde conclusion est qu'il est impossible de rйgler les problиmes, concernant le systиme politique de l'Afghanistan а l'aide des schйmas intellectuels venus d'ailleurs. Vous ne pouvez pas en rйalitй йtablir un schйma, qui ne se baserait que sur un groupe ethnique, mкme si ce groupe ethnique est le plus important. Vous ne pouvez pas ignorer les autres groupes ethniques : en plus des Pachtounes, il y a des Tadjiks, des Ouzbeks, des Hazaras, et chacun de ces groupes rйgionaux a de trиs йtroites liaisons ethniques, historiques et culturelles avec tel ou tel autre voisin de l'Afghanistan. Vous devrez tenir comte de ce fait de voisinage aussi. Comme j'ai dйjа dit dans mon allocution d'ouverture, nous saluons le fait, que le facteur rйgional avance au premier plan de l'actuelle approche amйricaine. Il faut utiliser les voisins.
Un exemple intйressant. Il n'est pas tellement en rapport avec l'Afghanistan, mais montre, comment les voisins peuvent s'entraider. Au dйbut des annйes 90 du siиcle dernier, a йclatй la guerre sanglante au Tadjikistan – la guerre civile. Avec la mйdiation directe de la Russie et de l'Iran, qui travaillaient avec diffйrents groupes, il a йtй finalement possible de signer le traitй de paix sous l'йgide de l'ONU.
Il est trиs important, qu'en plus de la nouvelle stratйgie en Afghanistan, le Prйsident Obama envoie un signal clair, qu'il veut avoir un dialogue global direct sur l'Iran. C'est la seule faзon d'agir possible dans cette rйgion. L'administration Bush a fait appel а l'Iran deux ou trois fois, mais а conditions qu'ils aillent discuter seulement l'Irak et qu'ils aillent le discuter, ayant demandй aux Iraniens de ne pas intervenir dans les affaires d'une partie des groupes irakiens. Les Iraniens ont participй а ces discussions, mais c'est une approche bвtarde. Si l'on prend le Proche-Orient et йtend la rйgion – eh bien, l'administration Bush a parlй du «Grand Moyen-Orient», mais ce projet n'a jamais йtй matйrialisй en une idйe stratйgique, comprenant une approche d'ensemble. Et concernant l'Iran, oui, l'Iran a de l'influence dans la rйgion. L'Iran a de l'influence, et l'Iran a toujours eu de l'influence en Afghanistan, et maintenant il a de l'influence dans la bande de Gaza aussi. Il a de bonnes positions au Liban. A Gaza, l'influence iranienne s'est renforcйe, car l'Occident a refusй d'accepter les rйsultats des йlections dйmocratiques d'il y a trois ans, quand le HAMAS avait gagnй. Nous nous sommes beaucoup appliquйs, l'ONU a essayй de trouver une issue pour faire accepter ces rйsultats, car c'йtaient les йlections libres et honnкtes, mais les USA et l'Union Europйenne disaient alors, que ces йlections йtaient dйmocratiques, mais qu'ils ne reconnaissaient pas ce gouvernement. C'est pourquoi nous avons maintenant les Palestiniens en йtat de scission.
Donc, voici ma rйponse : ne pas s'appuyer que sur la force ; mettre un plus grand accent sur le dйveloppement йconomique et social – et c'est aussi une partie de la stratйgie d'Obama ; impliquer les voisins pour crйer la situation, oщ toutes les ethnies en Afghanistan se sentent participer а l'amйnagement de leur pays ; respecter les traditions, et les traditions sont telles, que l'Afghanistan n'a jamais йtй un йtat trop centralisй. Et j'espиre, que c'est aujourd'hui que naоt le consensus, et qu'il sera trouvй.
QUESTION: Monsieur Lavrov, je m'appelle Zar Hassan. Je suis un expert de l'Azerbaпdjan. Vous savez, qu'aujourd'hui а Prague les coprйsidents du Groupe de Minsk ont annoncй, que les prйsidents de l'Azerbaпdjan et de l'Armйnie ont concertй les principes de base du rиglement au Haut Karabakh. Selon vous, est-ce la percйe, qu'ils avaient promis d'avoir – je veux dire les coprйsidents – et attendez-vous, qu'elle apportera la paix et la stabilitй dans la rйgion ? Merci beaucoup.
SERGUEI LAVROV: Si les deux prйsidents se sont entendus, certes, cela devra apporter la paix et la stabilitй dans la rйgion. Les coprйsidents ont fait un travail durissime. C'est un conflit sans avantages gйopolitiques – les USA, la Russie et l'Europe en la personne de la France, les trois coprйsidents ont travaillй а l'unisson. En fait, les principes de base du rиglement avaient йtй transmis а l'Armйnie et a а l'Azerbaпdjan en automne 2007 а la rencontre de Madrid, et ces principes de base sont restйs sur la table. Ils ont йtй adoptйs par les deux pays sous certaines rйserves sur trois ou quatre problиmes, que l'on devra encore concerter dйfinitivement, et le but du stade actuel du processus des nйgociations est de clore les positions sur ces problиmes. Il est clair, que je n'ai pas vu le compte rendu de ce qui avait йtй obtenu concrиtement sur le plan du dйveloppement, mais j'espиre, que l'йvolution, qui avait йtй obtenue aprиs la rencontre du mois dernier а Moscou, et maintenant а Prague, les prйsidents de l'Armйnie et de l'Azerbaпdjan ont acceptй l'invitation de venir au forum йconomique de Saint-Pйtersbourg, en marge duquel ils pourront se rencontrer de nouveau. Je crois, que cette йvolution donne de l'espoir, et nous croisons les doigts, certes, mais c'est un processus cachй. Il est impossible de parler des dйtails de ce qu'ont discutй les deux prйsidents, mais nous voyons en gйnйral d'un oeil optimiste la possibilitй du progrиs aux nйgociations et l'obtention d'un rapide accord.
QUESTION: Caroline McGregor, Ministиre de l'йnergie des USA. Monsieur le Ministre, vous avez parlй ici de la responsabilitй spйciale des USA et de la Russie concernant les problиmes nuclйaires. On pourrait dire la mкme chose concernant les changements climatiques. Compte tenu du fait, que tant les USA que la Russie sont des йconomies gйantes, et donc, les sources d'une trиs forte contamination.
Je sais aussi, que rйcemment, le gouvernement a discutй la doctrine climatique. Pourriez-vous parler un peu des prioritйs de la Russie et de ce que vous attendez de la Confйrence de Copenhague, qui aura lieu а la fin de cette annйe ? Merci beaucoup.
SERGUEI LAVROV: Je crois, que les prioritйs sont les mкmes que chez la majoritй des pays du monde – prйserver le climat, prйserver la planиte, le faire sans nuire а qui que ce soit, tenir compte de l'apport, qu'ont dйjа fait diffйrents pays, peut-кtre а force de l'histoire, de la gйographie, mais les forкts constituent un йlйment important de toute l'йquation.
Et, savez-vous, le rйgime de Kyoto doit кtre universel. Nous devons tenir compte des besoins de dйveloppement des pays, dont le dйveloppement est en retard par rapport au «milliard dorй». La Russie veut aussi avoir un dйveloppement plus rapide. Donc, il faut tenir compte de ces besoins, mais personne ne doit non plus abandonner ses obligations de rйduction des rejets. Bien sыr, il est plus facile de dire, que de faire. Mais ce sont les principes, qui sont trиs proches aussi de la position des Etats-Unis. On aura les pourparlers trиs concrets et difficiles.
On discute diffйrents projets concrets, y compris les limitations bйnйvoles des pays, qui, selon eux-mкmes, ont encore besoin du temps pour leur dйveloppement industriel. Tout de mкme le compromis est possible, et ils espиrent, que la Confйrence de Copenhague tracera vers 2012 un plan d'actions, acceptable pour tous. Et c'est une piste importante de la coopйration de la Russie et des USA.
Je soulignerais aussi la rйgion arctique, oщ la Russie et les USA sont deux йtats arctiques cфtiers sur cinq, ainsi que les membres du Conseil de l'Arctiques, qui se compose de 8 pays, et qui a rйcemment tenu sa session ministйrielle en Norvиge. Il est rйjouissant, que le Conseil de l'Arctique discute constructivement les problиmes des changements climatiques, les questions du besoin de prйserver la nature, qui y est trиs fragile ; de protйger l'environnement, oщ vivent les peuples autochtones, et dans le mкme temps, les problиmes des possibilitйs pour mettre en valeur les ressources des hydrocarbures et des autres ressources naturelles, et je crois, que nous tous – nous, nos deux pays, les USA et la Russie – sommes intйressйs а renforcer l'esprit et la pratique de l'interaction du Conseil de l'Arctique. C'est l'йlйment important de la coopйration йcologique.
QUESTION: Toby Gati, cabinet d'avocats «Akin Gump». Eh bien, heureux de vous voir, Serguйi. Votre vision de l'histoire est trиs importante pour l'avancement. Mais j'ai йtй frappйe par votre caractйristique de la pйriode des annйes 1989-2009. Probablement vous ne vouliez pas le faire, cependant, je crois que vous avez fait l'analogie entre le comportement de politique йtrangиre des USA et celui de l'Union Soviйtique, qui, je crois, sera rejetй par une partie – la majoritй des Amйricains. Mais dans tous les cas, une chose que vous n'avez pas abordйe, est la politique йtrangиre russe au cours de ces 20 ans. Puis-je vous poser une question ? Quelle est la leзon de la politique йtrangиre russe en ces 20 annйes, et qu'avez-vous encore besoin de remettre а zйro ?
SERGUEI LAVROV: Toby, je crois, que vous avez mal entendu, car je n'ai pas dit ce que j'ai dit pour comparer les Etats-Unis avec l'Union soviйtique ; j'ai dit, que l'Union soviйtique avait pris pour son modиle йconomique une chose extrкme – le socialisme, que nous avons mкme qualifiй а une certaine йtape de communisme, et que les USA, surtout aprиs «la guerre froide», ont donnй dans une autre extrйmitй du dйveloppement йconomique – le capitalisme libйral, et que ces deux modиles extrкmes se sont avйrйs inconsistants. Vous pouvez trouver un terme plus attйnuй pour ce qui vous est arrivй, mais en Russie, le systиme socialiste n'a sыrement pas eu lieu. A vous de donner la dйfinition а ce qui est arrivй au capitalisme libйral en automne dernier. Franchement, je n'ai jamais pensй aux leзons, que nous devons tirer. Je n'ai pas le temps pour tirer des leзons. Si je m'en occupe, ce ne sera qu'а la retraite (rires dans l'audience).
QUESTION: Monsieur le Ministre, je vous salue. Rich Herold, compagnie «British Petroleum». Je crois, qu'il serait juste de dire, que la communautй d'affaires espиre actuellement l'assainissement des relations bilatйrales entre la Russie et les USA а force de toute sorte de raisons, mais y compris ses propres intйrкts, car nous, ceux qui travaillent en Russie, supposons que la situation de travail en sera assainie.
Un йlйment, qui aurait son importance pour l'assainissement des relations – c'est le dialogue actif а plusieurs niveaux entre les gouvernements et les autres structures des deux pays. Et nous avons entendu parler des nйgociations entre la Russie et les USA а propos de l'йtablissement de ce dialogue.
A l'йtape actuelle, pourriez-vous nous faire part de vos idйes, comment et а quel niveau le gouvernement russe devrait-il mener ledit dialogue, et comment le structurer ? Merci.
SERGUEI LAVROV: Et bien, c'est aux prйsidents de discuter pendant leur rencontre au dйbut juillet а Moscou. Comme vous le savez, nous avons eu des formats diffйrents. On a eu, par exemple, la commission Tchernomyrdine-Gore. Pendant les trois derniиres annйes du sйjour au pouvoir de l'administration George Bush, nous avions le format au niveau des premiers vice-ministres des affaires йtrangиres, dont les rencontres et la coopйration йtaient, je dirais, tout а fait fructueuses. Quel sera le nouveau format – c'est aux prйsidents de dйcider. Je ne veux pas anticiper sur l'accord, mais je peux vous assurer, que les deux parties aspirent а stimuler la plus йtroite coopйration entre les milieux d'affaires des deux pays. Les communautйs d'affaires russe et amйricains ont, je crois, plus de trois structures, qui mиnent sur ce plan une activitй assez intense. Et l'on aura а crйer le mйcanisme interйtatique pour soutenir la coopйration entre les business des deux pays et contribuer au rapide rиglement des problиmes, qu'ont nos entrepreneurs dans leur partenariat.
QUESTION: Bonjour, Monsieur le Ministre. Miles Pomper du Centre d'йtudes sur la non-prolifйration. Vous avez plusieurs fois appelй а ne pas dйployer les armes nuclйaires en-dehors du territoire des йtats nuclйaires. Je crois que cela concerne les armes nuclйaires tactiques amйricaines en Europe et le retrait de ces armes de l'Europe. Que la Russie serait-elle prкte а faire, si Etats-Unis faisaient les pas appropriйs dans le cadre de votre proposition concernant leurs armes nuclйaires tactiques ? Est-ce que la Russie deviendrait plus transparente – par exemple, dans le sens de la consolidation de ses armes tactiques ou dans le dйvoilement de son respect des obligations dans le cadre de l'initiative nuclйaire prйsidentielle de 1991 ?
SERGUEI LAVROV: Osez, et vous ne serez pas dйзu ! (Rires dans l'audience) Mais je ne peux que remarquer, que les armes tactiques amйricaines en Europe constituent en fait une partie de l'arsenal stratйgique amйricain.
QUESTION: Merci beaucoup. Graham Allison, heureux de vous voir, Monsieur le Ministre. Le Prйsident Medvйdev a plusieurs fois proposй de crйer la nouvelle architecture de la sйcuritй europйenne. Il en dit, qu'elle n'est pas destinйe а remplacer l'OTAN et l'UE, qu'elle est ouverte pour des Etats-Unis et le Canada, et qu'elle ne vise pas le dйmontage de l'OSCE. Pourriez-vous parlez plus en dйtail, quel peut rйellement кtre son contenu ?
SERGUEI LAVROV: Je l'ai dйjа abordй dans les remarques d'ouverture. Le problиme est que nous avons plusieurs principes, approuvйs dans le contexte de la coopйration paneuropйenne dans le cadre de l'OSCE, du Conseil Russie-OTAN et d'autres formats. Mais ces principes ne garantissent pas la sйcuritй dans la rйgion donnйe. Ils n'ont pas pu prйvenir les bombardements de la Yougoslavie en 1999, y compris ceux des agences d'information et des stations TV ; mкme les ambassades ont йtй touchйes. Ces principes et mйcanismes, existant dans le domaine de la sйcuritй en Europe, n'ont pas pu prйvenir ce qui s'est passй en aoыt dernier au Caucase, bien que nous ayons plusieurs fois appelй – quelques annйes avant la crise – а signer le traitй sur le non-usage de la force. On a rйservй а nos appels un accueil froid, et nos collиgues amйricains n'ont fait que rйpliquer, que Saakachvili n'utiliserait jamais la force. S'il utilise la force, il peut oublier l'OTAN ; c'est ce que m'a dit, soyons transparents, le docteur Rice dans un entretien avec moi. Puis, quand tout est dйjа arrivй, je le lui ai rappelй et dit : «Alors, il a utilisй la force. Quid d'oublier l'OTAN ?» La rйponse n'est jamais venue.
Le systиme actuel est construit sur la base des principes de la sйcuritй collective а l'intйrieur de l'OTAN. L'Organisation du Traitй sur la sйcuritй collective est aussi une organisation, juridiquement basйe sur le principe de la sйcuritй collective. Concernant la rйgion euro-atlantique, il n'existe aucune autre organisation lйgalement contraignante, qui soit universelle.
Le principe essentiel, dont nous prфnons la rйelle universalitй, est celui de l'indivisibilitй de la sйcuritй : les documents fondamentaux du Conseil Russie-OTAN stipulent, qu'aucun pays ne devra garantir sa propre sйcuritй aux dйpens de celle des autres. Quand nous parlons de l'application de ce principe – par exemple, а l'йlargissement de l'OTAN, voulant dire, qu'aprиs la dйsintйgration de l'URSS, quand nous quittions l'Europe de l'Est, l'alliance s'est engagй а et a promis de ne pas le faire. Et nous avons rйcemment levй le secret sur les stйnogrammes de ces entretiens-lа, y compris avec certains ex-secrйtaires d'Etat et prйsidents, qui nous l'ont dit. Donc, si nous disons, que, savez-vous, nous ne sentons pas, que notre sйcuritй soit fiable, quand vous йlargissez l'OTAN et dйployez vos bases militaires autour de nos frontiиres, bien que l'OTAN se soit engagйe а ne pas dйployer ses substantielles force de guerre sur le territoire des nouveaux membres de l'alliance, nous essuyons un accueil froid. On nous dit «non, cela n'est pas dirigй contre vous». Alors nous citons la raison, que vous violez votre propre engagement, et entendons de nouveau «cela n'est pas dirigй contre vous». Prenons les projets de la dйfense antimissile – nous avons prйsentй les calculs, montrant, comment cela dйrangerait l'йquilibre stratйgique – les calculs scientifiques et pratiques. Et d'entendre encore - «cela n'est pas dirigй contre vous».
L'initiative du Prйsident Medvйdev consiste en ce que nous n'exigeons pas d'inventer de nouveaux principes. Nous nos prononзons pour rendre tous les principes existants, avant tout celui de l'indivisibilitй de la sйcuritй, juridiquement contraignants tant pour tous les йtats euro-atlantiques que pour toutes les organisations rйgionales de la sйcuritй : OTAN, UE, CEI, OTSC. Nous prфnons aussi le refus des doubles standards dans le rиglement des conflits. Nous prфnons avoir tous pour base dans le rиglement des conflits les principes bien connus – ceux de la Charte de l'ONU, y compris l'intйgritй territoriale, y compris le besoin de respecter les accords, conclus par les parties en conflit, et le fait que ces parties s'entendent entre elles, comme cela se passe dans le processus de nйgociations du rиglement du conflit du Haut Karabakh, en en excluant les solutions imposйes. Les parties doivent obtenir elles-mкmes les accords, qui soient acceptables pour elles deux – des besoins humanitaires des zones de conflits, et ainsi de suite. Je crois, qu'au sommet euro-atlantique pour la sйcuritй, que le Prйsident Medvйdev a proposй de convoquer pour concerter les voies du travail au nouveau Traitй, il faudra aussi commencer а rйgler le problиme d'armes conventionnelles, nйgligйe de fait depuis le refus de l'OTAN de ratifier le FCE adaptй. Donc, il ne s'agit pas d'un remplacement, mais de la crйation du champ de droit unique, oщ chacun se sente confortablement dans le domaine de la stricte sйcuritй dans la rйgion euro-atlantique.
QUESTION: Merci, Monsieur la Ministre. Jill Dougherty de la CNN. La Russie affirme souvent, surtout ces derniers temps, qu'elle a la sphиre de ses intйrкts dans l'espace post-soviйtique, mais elle n'est pas toujours dйfinie avec prйcision. Pourriez-vous la dйfinir pour nous, et fait-elle partie de la doctrine officielle soviйtique – excusez-moi, cela arrive, – russe de politique йtrangиre ? Et aussi - l'avez-vous prйsentйe officiellement а l'administration Obama ?
SERGUEI LAVROV: Non, les prйsidents Medvйdev et Obama on discutй plusieurs choses, et les deux sont tombйs d'accord, comme l'a dit le prйsident Obama lui-mкme, que la chose comme la sphиre des intйrкts n'existe plus. Et il a parlй, en particulier, de l'attitude des USA envers l'Amйrique Latine. C'est absolument la mкme approche que la nфtre а l'йgard de nos voisins. Quand en 2004 Poutine, prйsident de l'йpoque, est intervenu а la rйunion des ambassadeurs russes, que nous tenons tous les deux ans, il a directement dйclarй, que nos voisins sont pour nous trиs importants, mais vous devez comprendre, que nous n'avons pas de monopole de cet espace. Qu'il existe la concurrence, qu'il existe les intйrкts lйgitimes, que nous reconnaissons, des pays extra-rйgionaux dans le domaine йnergйtique, ainsi que du point de vue des itinйraires de transit, du terrorisme et de la menace de drogue. Donc, beaucoup de pays, y compris l'Europe, les Etats-Unis, la Chine et autres, ont leurs intйrкts dans cette rйgion.
La seule chose que nous voulons, si le temps n'est pas au monopole, mais а la concurrence loyale – que la concurrence soit rйellement loyale. Que les moyens d'avancement de cet intйrкt lйgitime soient aussi lйgitimes, et йradiquons enfin la pratique actuelle, oщ les reprйsentants occultes disent а nos voisins : dйcidez, si vous restez toujours une colonie de Moscou ou voulez кtre avec le monde libre. De notre temps, les secrets ne sont pas gardйs, et tous apprendront, ce qu'on dit а une personne ou а un pays.
Concernant la doctrine russe, oui, nous disons clairement, que les pays de la CEI sont nos partenaires privilйgiйs. Mais c'est que la Russie est pour eux aussi un partenaire privilйgiй. Pourquoi ? Puisque les familles vivent des deux cфtйs de la frontiиre, puisque l'infrastructure et le transport et la sphиre йconomique et sociale et tant d'autres choses encore nous unissent, que vous ne pouvez simplement pas vous isoler derriиre un mur et oublier l'existence de vos voisins. Sur le plan culturel, historique, familial, nous avons vйcu ensemble pendant des siиcles, et certes, il est naturel, qu'ils soient nos partenaires privilйgiйs. Et il est, certes, naturel, que nous soyons leurs partenaires privilйgiйs, sans parler dйjа de nouveaux aspects de partenariat, par exemple de la main d'oeuvre des migrants.
Quand le prйsident Medvйdev a pour la premiиre fois utilisй ce terme «partenariat privilйgiй», le bruit que cela a provoquй m'a au fait profondйment йtonnй. Au fond, pour la premiиre fois ce terme a йtй utilisй quelque chose comme il y a trente-cinq ans pour caractйriser les relations entre l'Union Soviйtique et la France, mais а l'йpoque, personne n'en a fait aucun bruit.