Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 9 novembre 2017
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration régionale et du Commerce extérieur de la République de Maurice Seetanah Lutchmeenaraidoo
Le Ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration régionale et du Commerce extérieur de la République de Maurice Seetanah Lutchmeenaraidoo se rendra à Moscou en visite de travail du 12 au 14 novembre. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra avec son homologue le 14 novembre.
Les deux chefs de diplomatie évoqueront les question d'actualité relatives au développement des liens entre la Russie et l'île Maurice dans le domaine politique, commercial, économique et social, ainsi que la promotion d'un partenariat mutuellement bénéfique dans le domaine des transports, de la pêche, du tourisme et de la formation de cadres.
Un échange d'avis sur les principaux aspects de l'agenda régional et international est également prévu, et mettra l'accent sur la prévention et le règlement des situations de crise sur le continent africain et au Moyen-Orient, la lutte contre le terrorisme international et la lutte contre la piraterie dans le nord-ouest de l'océan Indien.
Sur la visite de travail du Ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makeï à Moscou
Le Ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makeï se rendra à Moscou en visite de travail du 14 au 15 novembre à l'invitation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les deux chefs de diplomatie évoqueront un large éventail de questions relatives à la coopération bilatérale, le calendrier des contacts politiques à venir, et ils compareront leurs positions sur les problèmes régionaux et internationaux d'actualité.
Une attention particulière sera accordée aux perspectives de coopération dans le cadre des organisations d'intégration, dont l'Union économique eurasiatique (UEE), la CEI et l'OTSC compte tenu de la présidence biélorusse de cette Organisation cette année. Les deux interlocuteurs mettront un accent sur la coopération au sein des organisations internationales, y compris l'Onu et l'OSCE.
Parmi les principaux thèmes de l'ordre du jour bilatéral, les deux ministres aborderont la préparation du projet d'accord intergouvernemental russo-biélorusse sur la reconnaissance réciproque des visas et sur d'autres questions relatives à l'entrée de citoyens étrangers et de personnes sans citoyenneté sur le territoire des États membres du Traité sur la création de l’État de l'Union afin de créer une base juridique pour le franchissement de la frontière russo-biélorusse par les citoyens de pays tiers.
A l'issue de l'entretien on prévoit de signer le Programme d'actions convenues dans le domaine de la politique extérieure des États membres du Traité sur la création de l'Etat de l'Union pour 2018-2019, ainsi que le Plan de consultations entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie et du Belarus pour 2018.
Sur l'entretien de Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre argentin des Affaires étrangères et du Culte Jorge Faurie à Moscou
Jeudi 16 novembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra à Moscou avec le Ministre argentin des Affaires étrangères et du Culte Jorge Faurie.
Nous accordons une importance particulière à cette visite, que nous considérons comme une bonne occasion de poursuivre le dialogue visant à renforcer le partenariat stratégique global. Les deux ministres évoqueront les questions prioritaires de l'agenda bilatéral, ainsi que plusieurs problèmes régionaux et internationaux, tout en examinant le calendrier des contacts à venir à haut niveau et au sommet.
L'Argentine est un partenaire de longue date et fiable de la Russie. Nous tenons en grande estime la ligne active du pays dans les affaires internationales, sa position ferme au profit du respect rigoureux des principes du droit international. Une attention particulière sera accordée à l'intensification de la coopération sur les plate-formes multilatérales, notamment dans le cadre de l'Onu, de l'OMC et du G20 que l'Argentine présidera l'an prochain.
La coopération économique et commerciale représente une composante importante des relations russo-argentines, qui se caractérisent par une hausse progressive des échanges bilatéraux. La condition nécessaire pour le développement progressif de ce secteur est la réussite de projets d'investissement communs dans les domaines prometteurs comme l'énergie, y compris nucléaire, l'exploration et l'usage pacifique de l'espace, ainsi que la création de l'infrastructure logistique de transport.
Nous comptons sur l'élargissement des projets socioculturels avec l'Argentine, sur l'intensification de la coopération médiatique et de la présence médiatique réciproque. Un accent particulier est mis sur les projets culturels que j'ai mentionnés et dont nous avons récemment parlé, durant les premières consultations entre nos ministères des Affaires étrangères au niveau des services de presse. Il n'y a pas seulement des sujets à aborder, mais également des propositions concrètes des deux côtés.
Nous attendons la venue dans notre pays de l'équipe d'Argentine pour la Coupe du Monde 2018. Un match amical entre les équipes de Russie et d'Argentine est prévu samedi 11 novembre.
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Ministre des Affaires étrangères des États-Unis mexicains Luis Videgaray Caso à Moscou
Vendredi 17 novembre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra à Moscou avec le Ministre des Affaires étrangères des États-Unis mexicains Luis Videgaray Caso.
La rencontre des deux chefs de diplomatie résulte du développement progressif du dialogue politique bilatéral de confiance, auquel une impulsion supplémentaire a été apportée par la conversation du Président russe Vladimir Poutine avec le Président mexicain Enrique Pena Nieto en marge du sommet des Brics à Xiamen (Chine) du 3 au 5 septembre 2017.
Le Mexique est un partenaire important de la Russie. Sur la scène internationale, nos pays prônent continuellement la formation d'un ordre mondial juste et démocratique basé sur les principes d'égalité et de respect réciproque, le renforcement du rôle central de l'Onu dans les relations internationales, de la paix et de la sécurité internationale. Les deux pays coopèrent de manière constructive dans différents formats multilatéraux – à l'Onu, au G20 ou encore au sein de l'APEC.
Les ministres évoqueront un large éventail de questions de l'agenda bilatéral, y compris les possibilités d'accroître et de diversifier les liens commerciaux et économiques, ainsi que d'approfondir la coopération socioculturelle. Un échange de points de vue sur les sujets régionaux et internationaux d'actualité est prévu.
Nous espérons que les pourparlers russo-mexicains donneront une dynamique supplémentaire à l'ensemble de la coopération bilatérale, y compris le dialogue politique et la coopération diversifiée dans les secteurs pratiques, et qu'ils contribueront au renforcement de la coordination de nos pays sur la scène internationale.
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec les participants au programme scientifique et éducatif "Dialogue d'avenir" du Fonds de soutien de la diplomatie publique Gortchakov
Vendredi 17 novembre se déroulera la rencontre annuelle du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec les participants au programme scientifique et éducatif "Dialogue d'avenir" du Fonds de soutien de la diplomatie publique Gortchakov. Ce projet, destiné aux jeunes experts russes et étrangers dans le domaine des relations internationales, est mené depuis 2011.
Nous accordons beaucoup d'importance au dialogue avec les représentants de la communauté d'experts scientifiques adoptant un large spectre de positions et de visions sur la politique internationale. Nous partons du fait qu'un débat ouvert et libre dans ce format permet aux chercheurs de mieux se familiariser avec les approches russes du règlement des problèmes internationaux d'actualité, contribue à la démystification des mythes sur notre pays qui sont imposés par les opposants dans l'espace médiatique.
Pendant cet événement, le Ministre partagera ses appréciations de la situation internationale, évoquera les axes prioritaires du travail du Ministère des Affaires étrangères et répondra aux questions des participants au programme du fonds Gortchakov.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Avec le soutien de l'aviation russe, les forces armées syriennes finissent de supprimer le foyer de terrorisme international sur le sol syrien. La Fédération de Russie continue d'apporter à la Syrie tout le soutien nécessaire afin de normaliser au plus vite la situation et de créer les conditions favorables pour surmonter les conséquences de la longue crise destructrice et du conflit armé.
La Russie travaille activement, notamment dans ses contacts avec l'Onu et différents partenaires internationaux, pour préparer le déroulement du Congrès du dialogue national syrien. Nous espérons que ce Congrès marquera une étape importante sur la voie du rétablissement de l'unité de toute la diversité ethno-confessionnelle de la société syrienne, de l'affirmation des principes de réconciliation nationale et de la construction politique et étatique.
Des médias ont rapporté aujourd'hui la chute du dernier grand bastion de Daech en Syrie: la ville d'Abou Kamel. La veille s'étaient rencontrés à proximité les soldats de l'armée syrienne et ceux de l'armée irakienne qui avaient nettoyé de Daech la ville d'al-Qaim du côté irakien de la frontière.
La ville de Deir ez-Zor a été entièrement libérée. La vie s'y normalise progressivement, les autorités syriennes font tout pour commencer les travaux de rétablissement de l'infrastructure socioéconomique et la mise en place des conditions pour le retour des civils dans leur foyer.
Néanmoins, le niveau de menace terroriste reste élevé. Les troupes disparates de Daech poursuivent les provocations et les attentats. L'explosion d'une roquette guidée samedi 4 novembre à Deir ez-Zor a blessé des journalistes russes et les militaires qui effectuaient le déminage. Dans la nuit du 4 au 5 novembre, un kamikaze au volant d'une voiture piégée s'est introduit sur le territoire d'un grand camp de réfugiés au nord-ouest de Deir ez-Zor et s'est fait exploser: plus de 100 personnes ont été tuées et blessées, essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Nous notons une augmentation notable des fournitures d'aide humanitaire de l'Onu dans les zones de désescalade. Les militaires du Centre russe pour la réconciliation des belligérants aident activement le passage de convois de l'Onu. Dans le même temps, les militaires russes mènent régulièrement leurs propres actions humanitaires dans différentes régions du pays, ils apportent aux Syriens dans le besoin de la nourriture et des produits de première nécessité et aident à reconstruire les écoles et les hôpitaux détruits par les terroristes.
La Russie poursuit son travail visant à renforcer le cessez-le-feu sur tout le territoire syrien. La vie des citoyens ordinaires s'améliore progressivement devient pacifique dans une grande partie du pays. Les terroristes du Front al-Nosra et des groupes affiliés tentent activement de l'empêcher. Mardi 7 novembre, les terroristes ont organisé une grande provocation dans la zone de désescalade de la Ghouta orientale en bombardant massivement les quartiers centraux de Damas. Plusieurs obus ont atterri dans le quartier où se situe l'Ambassade de Russie. En novembre, les terroristes ont attaqué à nouveau plusieurs banlieues et quartiers de Damas à partir des quartiers de la Ghouta orientale.
Nous nous adressons à nouveau aux acteurs régionaux et internationaux pour les appeler, en actions et non en paroles, à apporter un soutien actif au peuple syrien dans la recherche de solutions au conflit, ainsi qu'à envoyer une aide humanitaire dans les régions les plus touchées de la Syrie sans associer cette question à des conditions préalables avancées au gouvernement syrien.
Sur l'examen du 7e rapport du Mécanisme d'enquête conjoint au Conseil de sécurité des Nations unies
Mardi 7 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni pour examiner le 7e rapport du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-Onu (MEC) sur l'usage de l'arme chimique en Syrie et les perspectives de prolongation du mandat de cette structure.
Vous avez pu prendre connaissance de la position russe à ce sujet: elle est disponible en accès ouvert. Nous avons noté le discours du chef du MEC Edmond Mulet qui a fait l'éloge de la méthodologie utilisée par le MEC et a présenté son travail comme professionnel et impartial. Il n'a pourtant répondu à aucune de nos questions concrètes concernant la non-conformité des conclusions du rapport du MEC avec une approche scientifique stricte.
Nous restons extrêmement confus par l'insistance d'Edmond Mulet, inconsistante du point de vue de la science théorique et de la logique, avec laquelle il continue d'affirmer que le sarin utilisé à Khan Cheikhoun serait "d'origine syrienne". Il donne une explication très simple: la composition chimique des échantillons de Khan Cheikhoun coïnciderait avec les caractéristiques des précurseurs du sarin DF inscrit par la Syrie dans son annonce initiale dans le cadre de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Il est étrange qu'en parallèle, aucune autre version n'ait même été prise en compte. Cette logique est d'autant plus étonnante qu'après la transmission par la Syrie à l'OIAC de l'information sur les méthodes de synthèse du sarin binaire et la présence dans cette Organisation des échantillons recueillis sur les anciennes réserves syriennes, sa recette n'est plus un secret depuis longtemps. Rappelons également que c'est précisément le précurseur DF qui a été détruit sur le navire américain spécialisé Cape Ray où étaient également prélevés ces échantillons. De plus, il est utile de rappeler que selon les experts russes qui se sont exprimés le 2 novembre dernier pendant la conférence de presse au Ministère russe des Affaires étrangères, le sarin produit selon la recette indiquée peut être obtenu non seulement de manière industrielle, mais également artisanale.
En ce qui concerne les interventions de Nikki Haley pendant la réunion: rien de nouveau, Les accusations sans preuves visant Damas qui aurait prétendument utilisé l'arme chimique et les allusions déplacées à l'égard de la Russie ne font pas honneur à l'Ambassadrice des USA à l'Onu ni en termes d'éthique diplomatique ni de bon sens.
Du point de vue du bon sens, selon nous, il convient de rappeler et d'analyser comment la diplomatie américaine, y compris à l'Onu et au Conseil de sécurité, a imposé ses décisions sur l'Irak en accusant cet État de détenir et d'accroître un prétendu potentiel d'armes de destruction massive.
Vous vous souvenez parfaitement de la même polémique insistante – sans règles ni éthique diplomatique – à l'Onu à l'époque concernant le "régime criminel de Saddam Hussein" qui élaborait soi-disant l'arme de destruction massive, avait des projets de "domination mondiale" et "collaborait avec les terroristes".
Voici quelques extraits, y compris spécialement pour l'Ambassadrice actuelle des USA à l'Onu. Or nous savons que les collègues américains qui arrivent et sont nommés entre autres à ces postes diplomatiques n'ont aucune idée de ce que leurs prédécesseurs déclaraient il y a quelques décennies et même dernièrement. Voici quelques déclarations de responsables américains faites au Conseil de sécurité des Nations unies en 2002-2003.
Par exemple, l'Ambassadeur des USA à l'Onu de l'époque, John Nergroponte, avait déclaré que le régime de Saddam Hussein avait utilisé l'arme chimique contre ses voisins et ses propres citoyens; il mentait concernant l'élaboration de l'arme de destruction massive; il a signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires puis a lancé un programme très poussé de développement de l'arme nucléaire.
Le Secrétaire d’État américain Colin Powell notait qu'ils savaient que Saddam Hussein était fermement disposé à préserver l'arme de destruction massive en sa possession et à la produire en grande quantité. "Saddam Hussein dispose de l'arme chimique. Il a utilisé cette arme. Et Saddam Hussein n'aura pas de remords quand il décidera de l'utiliser à nouveau contre ses voisins et son propre peuple. Des sources nous indiquent qu'il a récemment donné l'ordre à ses généraux de l'utiliser. Il n'aurait pas donné de tels ordres s'il ne possédait pas une telle arme."
Vous pouvez trouver tous les discours d'archives des ambassadeurs de tous les pays pendant les réunions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le site de l'Onu. Faites un effort et faites ce travail. Cela ne vous rappelle rien? Moi, si.
On aurait pu expliquer tout cela par une simple erreur factuelle, l'ignorance ou les informations incorrectes au lieu d'une tentative d'induire sciemment en erreur les membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais nous avons pu lire les mémoires de l'ex-Premier ministre britannique Gordon Brown parus récemment contenant des révélations concernant l'incertitude des raisons du début de la campagne militaire contre l'Irak en 2003-2011. Comme l'a reconnu l'ancien chef du gouvernement britannique, les USA ont sciemment induit en erreur les Britanniques en leur cachant le rapport ultrasecret préparé dès 2002 par le renseignement militaire dans lequel la présence de l'arme de destruction massive à Bagdad était sérieusement remise en question. Autrement dit, les USA ont caché même à leurs partenaires et alliés les plus proches les informations à leur disposition à l'époque (bien sûr, il y avait également des diplomates américains parmi eux).
Selon Gordon Brown, ce document (dont il n'a appris l'existence que l'an dernier, selon lui) stipulait que les militaires américains "n'avaient pas réussi à découvrir en Irak des sites où serait fabriquée, testée ou stockée l'arme biologique" ni à prouver les capacités de Bagdad à assurer une production stable de substances chimiques toxiques. Le rapport indiquait que les USA ne disposaient pas non plus d'informations valables concernant le programme nucléaire des Irakiens (90% de l'analyse en la matière était en fait basée sur des renseignements inexacts). De plus, la capacité de Bagdad à fabriquer des missiles à longue portée était elle aussi remise en question.
L'insistance et parfois la grossièreté avec laquelle la diplomatie américaine, y compris au Conseil de sécurité des Nations unies, parle de l'utilisation, selon eux, de l'arme chimique par le gouvernement syrien rappelle sérieusement leur tactique du début des années 2000. Mais ce n’était pas des erreurs! C'est une action linéaire et programmée pour imposer ses propres intérêts géopolitiques. Voici une très bonne question: ces intérêts étaient-ils géostratégiques ou géopolitiques, ou étaient-ils ceux de certains milieux politiques et de représentants de l'establishment politique des USA à l'époque?
Honnêtement, on a envie de demander si cette fois aussi il existe un certain rapport secret des renseignements américains dont nous apprendrons l'existence par la suite. Mais aujourd'hui "tous les moyens sont bons" pour atteindre l'objectif fixé et accuser Damas de ce qu'il n'a pas commis.
Malheureusement, tout cela arrive dans les meilleures traditions de certains représentants de l'establishment politique américain. Après tout, il faut se poser des questions sur les méthodes de travail de nos partenaires américains.
Sur le recueil de biomatériaux russes par le Pentagone
De nombreux médias nous ont demandé un commentaire concernant le recueil par le Pentagone de biomatériaux de citoyens russes. D'abord, de nombreux articles satiriques et sarcastiques, de répliques et de réactions sont parus sur internet à ce sujet. Puis ont suivi les commentaires des structures de force des USA, et ce n'était plus du tout drôle. Nous avons reçu la demande de commenter ce qui se passe en réalité.
Nous sommes préoccupés par l'information sur l'organisation, par le département militaire des USA, de recherches basées sur les biomatériaux de Russes recueillis sur le territoire de notre pays. Il est précisément question du département militaire - c'est un point important sur lequel je voudrais attirer l'attention de ceux qui trouvaient ça drôle. Ce n'est pas une coopération, par exemple, entre les ministères de la Santé des deux pays, ce n'est pas un échange de données entre les communautés scientifiques. Le Ministère russe de la Santé a déclaré notamment que les collègues américains ne s'étaient pas adressés à lui et qu'il n'y avait aucune coopération à leur niveau. Les explications officielles du Pentagone à cet égard ne paraissent pas convaincantes et ne suscitent que des questions supplémentaires - qui seront posées.
Nous pensons que le ministère de la Défense des USA doit présenter des preuves convaincantes montrant que les recherches menées par l'armée de l'air américaine dans le cadre de ce contrat n'enfreignent pas les normes du droit international.
Cette transparence est nécessaire compte tenu de la réputation du Pentagone dans le domaine biologique. Les exemples sont nombreux. Vous pouvez les trouver vous-mêmes. Si besoin, nous ferons un commentaire supplémentaire à ce sujet. Il suffit de rappeler la récente histoire de l'envoi par le laboratoire Salomon (polygone d'essai de Dugway de l'armée de terre US, Utah) de spores vivantes d'anthrax à travers le monde, y compris vers les sites militaires étrangers des USA pour organiser des expériences d'aérosol.
L'absence de transparence dans l'activité médico-biologique du Pentagone et son attention à cet égard pour la Russie et les États voisins soulèvent la question de la nécessité de durcir les règles de sécurité biologique.
Sur l'ouverture par la CPI d'une enquête officielle sur la situation en Afghanistan
Nous avons remarqué les communiqués concernant la requête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur la situation en Afghanistan.
La Russie exige continuellement de traduire en justice les personnes responsables de la mort de civils, de tortures, de traitements violents et d'attaques contre les sites d'infrastructure civile.
Dans le même temps, nous ne sommes pas convaincus que la CPI, qui n'a pas réussi à faire ses preuves comme un organe universel réellement indépendant de la justice pénale internationale, pourra mener une enquête objective et impartiale sur la situation en Afghanistan. Rappelons que le procureur a eu besoin de plus de dix ans pour se décider à envoyer une requête sur le début d'une enquête.
Sur la cessation de l'activité du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie
Le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie cessera son activité le 31 décembre 2017 conformément à la Résolution 2329 du Conseil de sécurité des Nations unies (2016).
La Russie a noté plusieurs fois la politisation et la partialité substantielle du TPY dans l'examen des affaires dont il était chargé. La guerre civile en ex-Yougoslavie dans les années 1990 restera une page tragique de l'histoire mondiale. Le Tribunal tente de donner une interprétation unilatérale antiserbe à ces événements.
Les tentatives entreprises par le TPY de rejeter tacitement la faute de différents crimes sur les peuples, les gouvernements et les États provoquent dans l'ensemble une tension et une méfiance réciproque dans l'espace de l'ex-Yougoslavie, réaniment d'anciens problèmes et les différends interethniques dans la région.
L'omission des droits fondamentaux des accusés par le Tribunal est également préoccupante. Les exemples sont nombreux. On peut citer notamment le récent refus du TPY de libérer temporairement l'ancien commandant des forces armées de la République serbe Ratko Mladic pour qu'il reçoive des soins en Russie, en dépit de la détérioration de son état de santé et de la fourniture des garanties au Tribunal par la Russie.
Le Tribunal n'est pas non plus devenu un outil de justice pénale internationale efficace. Tribunal ad hoc, il est une institution temporaire. Le TPY a tout de même existé plus de 20 ans et dépensé des milliards pour son activité. La Russie a exprimé plusieurs fois son inquiétude quant à la prolongation du mandat du TPY par le Conseil de sécurité des Nations unies.
A cet égard, nous attendons la fin imminente de l'activité du TPY et le transfert sans délais de toutes les questions irrésolues par le Tribunal au Mécanisme résiduel. Nous partons du fait que ce dernier est une structure provisoire et nous insistons sur son efficacité maximale du point de vue du respect des normes juridiques, y compris les délais de procédure légale.
Sur les récents événements en Ukraine
Nous avons reçu de nombreuses demandes de commenter la situation en Ukraine. Il y a eu de nombreuses publications. Je me permettrai d'en faire la synthèse pour donner une réponse complète.
Sergueï Lavrov a mentionné avant-hier l'acte blasphématoire des nationalistes ukrainiens qui ont profané à Kiev le Mémorial de la gloire militaire en coulant du ciment sur la Flamme éternelle. Le lendemain a été rapportée une nouvelle action perfide de vandales qui ont endommagé à Melitopol le monument aux soldats automobilistes tués pendant la Grande Guerre patriotique. Dans ce contexte, on est surpris par le cynisme et l'inaction totale des autorités ukrainiennes qui permettent aux extrémistes de profaner criminellement la mémoire de ceux qui ont donné leur vie à la lutte contre le nazisme. Nous espérons que ces crimes feront l'objet d'une enquête appropriée et que les responsables seront traduits en justice.
Nous ne pouvons pas ne pas réagir à d'autres nouvelles en provenance d'Ukraine où, de toute évidence, un nouveau cycle d'hystérie antirusse prend de l'ampleur. On a l'impression que chaque personne impliquée dans les institutions publiques ukrainiennes considère comme son "devoir" de se distinguer en ce sens.
Le ton est donné par le Président ukrainien Petro Porochenko en personne, qui a récemment signé la loi sur les tournées artistiques en Ukraine conformément à laquelle les personnalités culturelles russes ne pourront se produire dans ce pays que sur l'autorisation des "connaisseurs en art" du Service de sécurité ukrainien. De cette manière l'Ukraine instaure le régime de censure totale de la part des structures de force ukrainiennes actuelles, des fameux "uniformes bleus" auxquels avait dit adieu avec emphase Petro Porochenko en se précipitant vers l'Europe sans visas. A sa place, je lirais même un poème.
Le cabinet ukrainien ne reste pas à l'écart. Mercredi 8 novembre, devant les caméras, il a publiquement décidé de sortir de l'Accord entre la Russie et l'Ukraine sur l'ordre des fournitures réciproques d'armement et de matériel militaire, de composants et de pièces, l'organisation de la maintenance et les services militaires signé le 8 février 1995. A en juger par le brouhaha qui a accompagné cet événement, les autorités ukrainiennes ne savent plus comment attirer l'attention sur leur position antirusse "sans appel". C'est une évolution parfaitement logique de la situation. Nous en parlions depuis longtemps. Par sa politique, le régime se pousse depuis longtemps au pied du mur parce que les éléments nationalistes donneront de plus en plus de consignes telles que celles que le Maïdan sanglant avait données au nouveau pouvoir, et c'est ce qui se produit.
Une place à part dans ce "défilé" d'idées insensées est occupée par la nouvelle initiative tirée de l'"arsenal" du Maïdan sur la rupture des relations diplomatiques avec la Russie. Ce thème n'est pas nouveau, il est réanimé de temps à autre en Ukraine, précisément au moment où il faut détourner l'attention du public des problèmes grandissants. Il y a une interdépendance très nette. Il est possible de suivre clairement le lien entre les questions de rupture des relations diplomatiques et d'instauration de visas avec la Russie - proposées par l'establishment ukrainien - et les tentatives de détourner d'une manière quelconque l'attention de sa propre population des nouveaux problèmes qu'elle éprouve. Sachant qu'aucun politicien ukrainien ne songe aux conséquences d'une telle démarche, notamment pour les millions de citoyens ukrainiens, y compris ceux qui travaillent en Russie.
Nous continuons de suivre les événements en Ukraine. On espère que le bon sens prendra tout de même le dessus, mais il s'estompe.
Sur l'anniversaire de la victoire du Président moldave Igor Dodon aux élections
A la veille de cette conférence de presse, nous avons également reçu une question de la chaîne moldave Accent TV. La question a été posée ainsi: "Le 13 novembre marque le premier anniversaire de l'élection du président qui prône l'amélioration des relations avec la Russie. Durant cette période les relations ont traversé différentes phases: d'un côté, les échanges ont augmenté et les citoyens moldaves sont reconnaissants pour l'amnistie commerciale. D'un autre, des diplomates russes ont été expulsés, des experts et des journalistes ont été renvoyés. Que pensez-vous de cet anniversaire du point de vue du développement des relations russo-moldaves? En quoi consiste aujourd'hui la politique de la Russie vis-à-vis du pays où il existe de facto une dualité du pouvoir dans la direction de la politique étrangère?"
Nous sommes prêts à répondre à cette question. Le 13 novembre marque le premier anniversaire de l'élection d'Igor Dodon au poste de Président de la République moldave.
Ce dernier a depuis entrepris plusieurs démarches concrètes pour instaurer une coopération entre la Moldavie et la Russie, l'UEE, ainsi que dans le cadre de la CEI.
Cette année, le Président russe Vladimir Poutine et Igor Dodon se sont rencontrés six fois. Un dialogue stable a été instauré sur un large éventail de questions permettant de chercher des solutions aux problèmes les plus pertinents de l'agenda bilatéral.
Les accords conclus à l'issue des entretiens des deux chefs d’État ont permis d'intensifier la coopération commerciale et économique entre les deux pays. Les exportations de marchandises moldaves sur le marché russe ont significativement augmenté, plusieurs problèmes des migrants du travail moldaves en Russie ont pu être réglés.
En mars, Igor Dodon a déposé une demande pour attribuer à la Moldavie le statut d'observateur à l'UEE, et en avril le Président moldave et le Président du Collège de la Commission économique eurasiatique Tigran Sarkissian ont signé le Mémorandum de coopération entre la Moldavie et la Commission.
Une note positive peut être attribuée aux efforts visant à promouvoir le dialogue avec les autorités de la Transnistrie. Igor Dodon a rencontré deux fois le dirigeant transnistrien Vadim Krasnosselski. Un certain progrès est prévu dans le règlement de plusieurs questions pratiques relatives au processus de paix transnistrien.
Malheureusement, la confrontation politique entre deux branches du pouvoir actuellement en Moldavie ne permet pas de mettre en œuvre à part entière les initiatives du Président de la République et de réaliser plus largement le potentiel de la coopération russo-moldave.
De plus, le gouvernement et la majorité parlementaire de la Moldavie ont dernièrement entrepris plusieurs démarches pour limiter les pouvoirs du Président. Des actions franchement antirusses ont lieu. Néanmoins, la Russie est disposée à un développement à long terme et amical des relations de partenariat avec la Moldavie neutre s'appuyant sur les liens historiques de longue date entre nos peuples. Nous espérons que l'étape actuelle difficile pour le développement de ce pays sera surmontée.
Nous souhaitons de la réussite au Président Igor Dodon dans son activité pour le bien du peuple moldave, le renforcement de la coopération russo-moldave, ainsi qu'à tout le peuple moldave ami.
Sur les plans lettons d'attribuer le statut de "participant à la Seconde Guerre mondiale" aux personnes qui ont combattu des deux côtés du front
Jeudi 2 novembre, le Parlement letton a approuvé en seconde lecture le projet de loi sur l'attribution du statut de "participant à la Seconde Guerre mondiale" aux personnes qui ont combattu des deux côtés du front. L'objectif proclamé de ce projet de loi est la "reconnaissance des mérites" des citoyens lettons ayant participé à la Seconde Guerre mondiale. Sachant que pour les auteurs du document, le côté duquel ces citoyens combattaient - de l'Allemagne nazie ou de la coalition antihitlérienne - n'a pas d'importance. Ainsi, les autorités lettones font un nouveau pas pour blanchir les criminels nazis et assimilent les soldats de la Légion lettone SS aux vétérans de l'Armée rouge qui ont libéré le monde du fascisme.
C'est avec indignation que nous avons appris cette information. C'est loin d'être le premier cas de glorification ouverte de criminels fascistes par Riga, couplé aux persécutions de vétérans de l'Armée soviétique. Mais à chaque fois les autorités lettones franchissent une nouvelle limite. Nous trouvons absolument inadmissible l'aspiration à réécrire l'histoire, à remettre en question le bilan de la Seconde Guerre mondiale et le verdict du procès de Nuremberg qui a reconnu la SS comme une organisation criminelle. Le projet de loi sur le statut de participant à la Seconde Guerre mondiale approuvé en seconde lecture confirme clairement que le processus de substitution des notions devient de plus en plus hideux. Le caractère blasphématoire de cette initiative est flagrant. Nous espérons entendre une note appropriée à ce sujet de la part des structures internationales compétentes, des partenaires de la Lettonie de l'UE et des organisations de vétérans.
Sur les déclarations du Premier ministre macédonien Zoran Zaev à la radio monténégrine Antenna M
Nous avons lu les déclarations du Premier ministre macédonien Zoran Zaev concernant de prétendus plans visant à sa suppression "selon le scénario monténégrin" faites dans une interview à la radio monténégrine Antenna M le 5 novembre dernier.
Nous pensons que de tels propos ne sont pas seulement des insinuations infondées et des constructions maniaques: ils ressemblent à une contribution à sa propre campagne le plaçant dans le rôle de la victime. Surtout, ces déclarations nuisent aux relations russo-macédoniennes et font contraste avec la disposition annoncée de Skopje d'établir une coopération constructive avec notre pays.
Les "horreurs" annoncées sous cette forme servent simplement de couverture à une intégration accélérée à l'Otan des États des Balkans qui restent encore en dehors des structures otaniennes. C'est en grande partie pour cette raison que la récente crise politique a été provoquée dans l’État macédonien. La Russie n'a jamais recouru à l'ingérence dans les affaires intérieures de la République macédonienne.
Sur l'inauguration en République serbe (Bosnie-Herzégovine) du signe commémoratif en hommage à Vitali Tchourkine
Lundi 6 novembre dans la ville d'Istočno Sarajevo (République serbe, Bosnie-Herzégovine), s'est déroulée la cérémonie d'inauguration du mémorial en hommage à l'ancien Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'Onu à New York Vitali Tchourkine. Elle s'est tenue en présence des représentants du gouvernement de la République serbe et de l'Ambassade de Russie en Bosnie-Herzégovine, d'ONG et d'associations.
Nous remercions l'association de citoyens "Alternative orientale", les autorités de la République serbe et d'Istočno Sarajevo pour la mise en œuvre de cette initiative.
Je voudrais rappeler qu'aux moments les plus difficiles de la crise en Bosnie-Herzégovine et pendant la période difficile du règlement post-conflit, Vitali Tchourkine s'était efforcé d'apporter une contribution constructive pour faire cesser l'effusion de sang, protéger la paix et la sécurité en Europe du Sud-Est. Le traitement respectueux de son héritage dans les Balkans renforce notre conviction selon laquelle les peuples de cette région, qui ont subi les épreuves les plus difficiles, avanceront progressivement sur la voie de la coopération mutuellement bénéfique, de la coexistence interethnique et interconfessionnelle et du respect des principes fondamentaux du droit international.
Sur le forum médiatique "Russie/Eurasie-Caraïbes: nouvelle aube 2017"
Vendredi 3 novembre, à La Grenade s'est tenu le forum "Russie/Eurasie-Caraïbes: nouvelle aube 2017" organisé par l'Institut Bering-Bellinsghausen dirigé par le célèbre présentateur télé Sergueï Brilev, vice-président de VGTRK, et par le fonds Roskongress avec le soutien du Ministère russe des Affaires étrangères. L'événement s'est déroulé avec la participation des représentants de milieux publics, d'affaires et médiatiques, ainsi que de politiciens et d'hommes d'affaires de plusieurs pays des Caraïbes.
Le fil directeur des discussions était l'importance de promouvoir la coopération entre la Russie et la sous-région des Caraïbes, qui comprend 14 États, dans le contexte de l'équilibre global des forces et de l'ordre mondial polycentrique en cours de formation. L'intensification des liens avec ces pays se produit grâce au renforcement progressif de la base contractuelle et juridique bilatérale, notamment la signature d'accords sur les voyages sans visa pour les citoyens. Nous y travaillons activement. En septembre, de tels documents ont été signés avec La Grenade (pour une entrée en vigueur le 24 décembre) et Saint-Christophe-et-Niévès (pour une entrée en vigueur le 21 novembre). La transformation progressive de l'Amérique latine et des Caraïbes en zone où les Russes peuvent voyager sans visa soutient de manière importante le développement des contacts humains et de la diplomatie populaire entre nos pays.
Réponses aux questions:
Question: Pouvez-vous confirmer qu'une rencontre entre le Ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Elmar Mamediarov et le coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE aura lieu prochainement ?
Réponse: Je peux dire que compte tenu des résultats du sommet de Genève sur le processus de paix du Haut-Karabagh, les coprésidents comptent organiser d'ici la fin de l'année un entretien des ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan Elmar Mamediarov et de l'Arménie Édouard Nalbandian. Ces contacts sont prévus compte tenu des accords du 16 octobre.
Question: Autrement dit, vous n'avez pas d'informations exactes sur le déroulement prochain d'une telle réunion à Moscou avec la médiation, par exemple, du Ministère russe des Affaires étrangères?
Réponse: J'ai répondu très clairement: elle est planifiée par une organisation précise. Nous vous informerons dès qu'il y aura des dates concrètes et que les contours s'en préciseront.
En ce qui concerne les contacts sur cette question dans différents formats, ils sont également envisageables et sont en cours de mise au point.
Question: Aujourd'hui se tiendra la réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles, pendant laquelle sera évoqué le thème de l'Afghanistan et notamment la question de l'accroissement du contingent militaire de l'Otan dans ce pays. Qu'attend la Russie des décisions prises par l'Otan par rapport à l'Afghanistan? Une coopération Otan-Russie est-elle possible en Afghanistan?
Réponse: Que voulez-vous dire par possible? Cette coopération tournait à plein régime. Nous disposions d'un outil approprié, d'un mécanisme de travail - le Conseil Otan-Russie - qui permettait une coopération à part entière sur l'Afghanistan. On évoquait de nombreux sujets de coopération concrète en ce sens. Ce dossier, dans le cadre du format Otan-Russie, a été gelé par nos collègues otaniens pour les mêmes raisons que nous avons évoquées. Nous pensons que c'est une erreur. Non seulement il faut débloquer le dialogue, mais il faut aussi le renforcer. Il y a plusieurs raisons à cela, et l'une d'elles est la situation en Afghanistan même - que nous commentons régulièrement. Il y avait une coopération en l'occurrence. Elle n'était pas temporaire. La coopération était institutionnalisée, c'est-à-dire qu'il existe toujours une base juridique appropriée. Nous pensons qu'il faut non seulement réanimer ce mécanisme, mais également intensifier son activité.
Quant aux attentes vis-à-vis des réunions de l'Otan, nous sommes favorables à une coopération active et non à une attente contemplative.
Question: Comme vous l'avez noté, on attend actuellement la réunion du Congrès pour le dialogue national syrien où sera évoquée la nouvelle Constitution du pays. Dans ce texte, les droits du peuple kurde devraient être fixés. Le Président syrien Bachar al-Assad a récemment déclaré que Damas n'était pas prêt à évoquer la question de l'autonomie avec les Kurdes. D'après vous, ces déclarations ne visent-elles pas à faire échouer le Congrès? La Russie partage-t-elle cette position de Damas?
Réponse: Nous ne voyons, de la part de Damas, aucune démarche visant à saper cette initiative. C'est une position claire. Nous sommes en contact étroit avec les représentants officiels des autorités syriennes dans tous les domaines et nous réglons toutes les questions actuelles en coopération.
Notre position sur la nécessité de faire participer la population kurde au débat sur l'avenir de la Syrie reste inchangée. Elle a été clairement exprimée plusieurs fois à différents niveaux, énoncée en détail par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cette position n'a pas changé. Nous savons parfaitement (et nous l'avons souligné à plusieurs reprises) que seuls les Syriens doivent décider de leur avenir. En l'occurrence, on ne peut pas parler d'une pression ou d'une ingérence de la Russie dans les affaires syriennes. Nous faisons tout pour donner aux Syriens la possibilité d'établir ce dialogue. Ce même Congrès que vous avez mentionné pourrait devenir une plate-forme supplémentaire pour établir un tel dialogue, notamment entre les différents représentants des groupes ethno-confessionnels, y compris les Kurdes. Il ne faut y chercher des contradictions. Nous partons du fait que c'est aux Syriens eux-mêmes de décider de leur avenir. Sachant que nous comprenons que différents groupes ethno-confessionnels, religieux et autres peuplent la Syrie. C'est pourquoi l'objectif consiste à mettre à disposition toutes les possibilités en cette période très difficile pour la Syrie, donner des conseils et des idées aux Syriens concernant la reconstruction de leur État.
Question: Des représentants officiels de la Russie et de la Chine ont récemment annoncé à Pékin leur décision de développer ensemble la Route maritime du Nord. Quelle sera la signification de cette exploitation conjointe de la Route maritime du Nord dans le renforcement de la coopération entre les deux pays? L'UEE et le projet "La Ceinture et la route" contribueront-ils à cette union?
Réponse: Je peux dire que oui. Votre question contient déjà une réponse développée. Je peux seulement confirmer que cette forme supplémentaire d'intégration doit et peut contribuer au renforcement de la coopération bilatérale. Il me semble qu'il serait plus juste de vous fournir un commentaire d'expert détaillé concernant les perspectives de ce projet. Je le ferai prochainement.
Question: On voudrait avoir des précisions concernant le Congrès du dialogue national syrien. Quand pourrait-il avoir lieu? Peut-on encore espérer qu'il se déroule le 18 novembre ou se tiendra-t-il plus tard? A quel niveau sera représentée la Russie?
Réponse: Je voudrais souligner que le Congrès du dialogue national syrien est en cours d'élaboration. Cela a été clairement indiqué pendant la dernière conférence de presse mais on n'y a pas prêté attention. En une semaine nous avons reçu de nombreuses questions supplémentaires à ce sujet. Il a été clairement indiqué que l'organisation du Congrès était en cours de mise au point – on détermine la date exacte, le lieu, le format, les participants et les représentants du côté des organisateurs. Dès que nous aurons une vision globale de la situation, nous l'annoncerons publiquement. Les dates mentionnées n'ont été exprimées officiellement par aucun représentant de l'exécutif russe qui supervise les questions liées à la coopération sur la Syrie. Ces dates ont été évoquées en se référant à toutes les sources, sauf les autorités russes. Je voudrais attirer votre attention sur le commentaire fait par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov il y a quelques jours en conférence de presse à Moscou, qui a déclaré que les dates, le format et les participants étaient en cours d'élaboration. En effet, nous avons initialement partagé cette idée publiquement en publiant la liste des invités comme nous la voyions au départ. Après cela, nous nous sommes penchés sur la question compte tenu de la réaction obtenue. Dès que nous aurons des informations exactes, nous les partagerons. Je vous prie de vous adresser à nous. Référez-vous aux informations de l'organisateur, et non aux commentaires de personnes qui ne sont pas directement liées à l'activité.
Question: Suite au crash aérien de Smolensk il y a 7 ans, sur décision des présidents de la Russie et de la Pologne la commission internationale a choisi un projet de monument. Ce monument n'existe toujours pas alors qu'il aurait dû être construit. Il y a quelques jours, on a appris que le territoire du lieu du crash avait été vendu à un particulier. Est-ce que cela signifie que le monument ne sera pas érigé? Peut-on le considérer comme une réponse à la décision du parlement polonais de démanteler tous les monuments communistes?
Réponse: Je vais demander des précisions à nos experts pour vous répondre. Nous répondrons à votre question prochainement et publierons des informations supplémentaires sur notre site.
Question: Quelle attention a été accordée au conflit du Haut-Karabagh et aux engagements de l'OSCE de le régler pendant l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le Secrétaire général de l'OSCE Thomas Greminger?
Réponse: Tout ce qui concerne le bilan de l'entretien a déjà été publié sur le site et exprimé par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en conférence de presse.
Question: Pouvez-vous parler plus en détail de la liste russe rédigée la semaine dernière pour réagir à l''Acte Magnitski" adopté par le Canada? Qui figure sur cette liste et pour quelle raison? Peut-on avoir la liste complète des noms?
Réponse: Dans un commentaire de réponse du Ministère russe des Affaires étrangères nous avons dit que, malheureusement, nous étions encore contraints de réagir à une démarche hostile du Canada qui a adopté une nouvelle liste visant des citoyens russes. Nous avons décrété des mesures symétriques. Si je me souviens bien, on expliquait dans ce communiqué le principe selon lequel ces listes avaient été rédigées.
Ce n'est pas une nouveauté, la méthodologie est identique. Il est question des individus qui ont intentionnellement et systématiquement dégradé les relations bilatérales entre la Russie et le Canada, ont tenu des propos extrêmement russophobes et antirusses, qui se sont fait remarquer et ont directement participé, voire ont organisé des actions, des campagnes et des activités antirusses. C'est la méthodologie qui repose à la base de nos actions.
En ce qui concerne la publication de la liste complète, nous ne l'avons jamais fait. Je pense que ces personnes savent de qui il s'agit compte tenu de l'extase antirusse dans laquelle ils se trouvent depuis quelques années. La méthodologie n'est pas nouvelle: en cas de demande de visa ces personnes se verront opposer un refus avec une explication. Rien de nouveau.
Nous voudrions que cette pratique vicieuse cesse enfin. D'après nous (et nous l'avons souligné plusieurs fois), nous avons effectivement des questions sérieuses à évoquer avec le Canada au niveau des ministères des Affaires étrangères et de la société civile, des représentants de différentes branches du pouvoir. Il s'agit de plusieurs questions politiques et sociales, de la lutte contre le terrorisme, ou encore de la coopération sur les plate-formes internationales. Malheureusement, l'attention de la presse et tout le potentiel de l'establishment canadien concernant la Russie est dirigé vers le maintien et l'accent sur de telles actions. Nous sommes contraints d'y réagir et nous le ferons.
Je répète que la méthodologie de prise de décision et d'application n'a rien de nouveau.
Question: Dans le rapport de la commission du Sénat américain pour la défense, on apprend que dans le document sur les dépenses militaires des USA à l'étude entre les deux chambres du Congrès pourrait apparaître un "amendement McCain" selon lequel les opérateurs du câble ne seraient pas tenus de diffuser le contenu contrôlé ou financé par le gouvernement russe. La prochaine étape pourrait être l'interdiction législative des chaînes russes aux USA. Quelle est votre réaction?
Réponse: Nous réagissons toujours aux déclarations officielles ou aux publications sous la forme de projets de loi. En l'occurrence, il est question de projets. Dans tous les cas de pression ou de persécution de médias russes sur le territoire des USA seront prises des mesures appropriées. Cela nous est prescrit par la loi sur les médias adoptée dans les années 1990. Nous n'avons jamais recouru à l'application des articles de cette loi. Si le travail des chaînes russes, notamment de Russia Today, et d'autres médias était suspendu sur le territoire américain ou si des mesures étaient prises pour le rendre impossible, les articles appropriés de la loi russe sur les médias seraient appliqués.
Je le répète: nous avons clairement souligné notre position plusieurs fois.
Question: Selon certains médias, fin septembre la Russie aurait proposé sa médiation dans les négociations sur la normalisation des relations entre la Corée du Nord et les USA. Mais la Corée du Nord aurait refusé. Que peut dire le Ministère des Affaires étrangères sur cette information et compte-t-il apporter une telle médiation à terme?
Réponse: La Fédération de Russie s'occupe activement du règlement de la situation sur la péninsule coréenne. Elle le fait dans les contacts bilatéraux et tout aussi activement sur les plate-formes internationales, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies. Nous partons du principe que nos appréciations fondamentales de la situation, qui sont à la base des démarches entreprises pour la régler, sont d'actualité, analysées et résultent d'un travail analytique. Cette approche continuera d'être utilisée.
Question: Je voudrais vous remercier pour l'aide dans le règlement du conflit entre Riafan.ru et Google.
Réponse: C'est très flatteur, mais je ne peux pas accepter votre gratitude. Nous avons simplement répondu à votre question sans rien entreprendre. Je ne peux qu'accepter une gratitude partielle. Nous avons simplement exprimé notre position de principe sans entreprendre de démarches. Tout s'est déroulé dans le cadre de vos relations avec cette compagnie.
Question: Le Royaume-Uni a l'intention d'envoyer en Roumanie quatre chasseurs pour patrouiller en mer Noire - c'est ce qu'a déclaré le Ministre britannique de la Défense. Ce dernier a indiqué que "face à une Russie de plus en plus sûre d'elle, le Royaume-Uni avait nettement intensifié ses efforts pour garantir la sécurité de l'Europe". Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Je pense que c'est un lapsus révélateur dans le sens où l'on ne parle plus d'une agression de la Russie, d'une menace potentielle: on dit que la Fédération de Russie est devenue sûre d'elle. La confiance en soi, l'agression et la menace potentielle sont des choses différentes. Je ne comprends pas pourquoi certains mettent sur le même plan la confiance en soi et l'agressivité potentielle. Ce sont des choses complètement différentes aussi bien dans le contexte individuel que celui d'une structure, d'une organisation, d'une alliance ou d'un pays. Un homme peut être sûr de lui tout en étant complètement pacifique. Le fait qu'un pacifiste soit sûr de lui est-il contradictoire?
En réalité, ceux qui tentent d'intimider en permanence par la Russie le font justement parce qu'ils sont irrités par sa confiance en elle et dans plusieurs domaines de son activité, non seulement en ne renonçant pas mais en appelant de plus en plus à la nécessité de coopérer via les canaux bilatéraux et sur les plate-formes internationales. Nous avons parlé plusieurs fois de la nécessité de relancer le dialogue avec l'Otan sur l'Afghanistan.
Je répète que la véritable motivation de nos partenaires occidentaux et de l'Otan se révèle quand ils intensifient leur présence militaire le long des frontières russes. Ce n'est pas une question de menace émanant de la Russie (potentielle ou réelle), mais la manifestation du mécontentement face au fait que dans plusieurs domaines de son activité, dont la politique étrangère, la Russie devient un acteur de plus en plus sûr sur la scène internationale. Il faut toujours rappeler à nos collègues (et nous le faisons) que même si nous sommes des acteurs sûrs de nous, comme ils disent, nous proposons de jouer selon les règles. C'est ce qui nous distingue d'eux. Les règles sont fixées dans la Charte de l'Onu.
Question: Le Congrès des USA a mis au point un projet de loi sur le budget du Ministère de la Défense du pays pour 2018 prévoyant d'allouer 4,6 milliards de dollars au le réfrénement de la Russie en Europe. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: J'ai déjà tout dit à ce sujet en répondant à la question précédente. Il faut également vous adresser à nos collègues du Ministère russe de la Défense, qui partageraient plus en détail leur analyse concernant la proportionnalité entre les moyens et les menaces potentielles.
Quand ces plans seront réalisés, quand on passera du stade du projet à celui du budget approuvé, alors il sera nécessaire de le commenter officiellement en tant que fait accompli. Je répète: je vous suggère de vous adresser au Ministère de la Défense pour une estimation d'expert.
Question: En commentant les propos du Ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem sur la disposition à mener un dialogue sur la fédéralisation dans le pays, la conseillère du Président syrien Bouthaina Shaaban a déclaré qu'il avait été mal compris et que Damas n'étudiait pas de telle possibilité. De plus, Damas demande aux Kurdes de quitter les territoires libérés de Daech. Quelle est la position de la Russie à ce sujet?
Réponse: Comme je l'ai déjà dit, nous prônons un large dialogue entre différents représentants des groupes ethno-confessionnels dans le cadre de la Syrie aussi bien entre eux qu'avec Damas. Nous avons parlé depuis le départ de la nécessité d'inclure toutes les forces syriennes à ce dialogue national. Vous savez que nous y avons contribué et avons activement travaillé pour promouvoir la plate-forme de Genève, que nous faisions partie des initiateurs de la création de la plate-forme d'Astana, que nous lançons le travail sur le Congrès du dialogue national syrien déjà mentionné. Voilà précisément notre contribution pour fournir aux Syriens eux-mêmes la possibilité de décider de leur sort.
Notre position fondamentale est que tous les groupes ethno-confessionnels de la Syrie doivent être impliqués dans le travail sur l'avenir du pays, sa Constitution, l'organisation de cet État, sa reconstruction.
Notre position fondamentale n'a pas changé à ce sujet. Je comprends que quelques phrases peuvent être tirées de leur contexte, que des nuances peuvent survenir dans la traduction, c'est pourquoi je vous prie de vous référer à nos appréciations fondamentales à ce sujet.
Question: Aujourd'hui, le Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie a appelé à priver les médias américains les plus antirusses de leur accréditation en Russie. Le Ministère russe des Affaires étrangères est-il prêt à refuser d'accréditer les médias américains ou à supprimer des accréditations existantes en tant que riposte à la pression croissante sur les médias russes aux États-Unis?
Réponse: Je voudrais attirer votre attention sur le fait que cette session du Conseil de la Fédération a également vu intervenir un représentant du Ministère russe des Affaires étrangères, le directeur adjoint du Département de l'Information et de la Presse, qui s'est exprimé et a répondu aux questions. Les débats qui ont eu lieu lors de cette séance ont tout évoqué publiquement. Je vous prie d'y porter attention.
En ce qui concerne les formes et les méthodes de riposte aux actions des autorités américaines dans ce domaine - plus précisément des structures de force américaines qui se trouvent derrière les tentatives de repousser les médias russes des États-Unis - elles seront élaborées en tenant compte du développement de la situation autour des médias russes.
Je voudrais souligner encore une fois que nous n'avons aucune envie de créer des obstacles aux journalistes américains ou aux représentants des médias étrangers de manière unilatérale, pas plus que d'assouvir les volontés et aspirations de certains groupes de notre population. Je peux vous confirmer que nous recevons beaucoup de lettres et de messages de la part des ONG russes qui sont révoltées par la présentation des informations sur la Russie dans les médias occidentaux et notamment américains, par la conduite des journalistes américains devant les caméras, par le fait que la Russie n'entreprend pas des mesures fermes pour mettre fin sur le territoire russe à l'activité des médias américains qui, selon de nombreuses personnes, propagent des désinformations ouvertes. Nous avons constaté une irritation très forte lors des Jeux olympiques de Sotchi. Nous recevons très souvent des flots de messages de citoyens indignés qui lisent les reportages sur le défilé du 9 mai qui est non seulement une fête, mais aussi une date liée à la vie de chaque famille russe. Tout cela est biaisé, les raisons des défilés sont altérées: on les décrit comme militaristes alors qu'ils symbolisent la victoire sur le fascisme. Les cas de ce genre sont nombreux.
Nous recevons des courriers, des mails, des fax, dont les auteurs nous demandent pourquoi nous ne prenons pas les mesures nécessaires. Mais nous n'avons jamais utilisé les ressources légitimes dont nous disposions afin d'exercer une influence, ni nos mécanismes administratifs pour faire pression sur l'activité des médias américains ou d'autres pays. Nous avons toujours considéré que la meilleure réponse à la diffusion des informations fausses, peu objectives et altérant la réalité ou de celles qui ne modifiaient pas les faits, mais présentaient des estimations biaisées, ne résidait pas dans l'utilisation d'outils administratifs ou de lois capables de limiter l'activité des médias concernés, mais dans l'augmentation du potentiel d'information, une présentation plus rapide et plus élargie de l'information, une coopération plus importante avec les journalistes étrangers. Nous avons toujours soutenu cette approche. Mais s'il s'agit non seulement d'une limitation ciblée des activités d'une chaîne russe - cela ne concerne pas que Russia Today mais aussi RIA Novosti, Sputnik, TASS et d'autres médias russes aux États-Unis et ailleurs - mais aussi la volonté d'utiliser tous les mécanismes et tout le potentiel des structures de force américaines afin de mettre fin au travail de cette chaîne qui fonctionne de manière transparente et sur des bases parfaitement légitimes, sans qu'aucune preuve réelle de ses activités prétendument illégales ne soit apportée, dans ce cas-là nous prendrons des mesures symétriques, mais nuancées. Encore une fois, nous n'agirons ainsi que par mesure de riposte.
Question: Je voudrais évoquer encore une fois le sujet de la profanation des monuments en Europe. Pendant toute la semaine qui a suivi votre dernière conférence de presse, on débattait activement en Bulgarie de qui avait en réalité sauvé les juifs bulgares des nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le Président bulgare a même dit que les propos de la porte-parole du Ministre russes des Affaires étrangères étaient "soit une méconnaissance profonde de l'histoire, soit une provocation". Comment pouvez-vous le commenter?
Réponse: Le Président bulgare n'a-t-il rien dit sur la profanation des monuments russes?
Question: Les médias bulgares ont seulement publié la réaction du Ministère bulgare des Affaires étrangères indiquant qu'on avait entrepris les mesures nécessaires pour trouver et punir les coupables. De telles enquêtes ont-elles déjà abouti par le passé?
Réponse: Comme vous le savez, nous évoquons les problèmes liés aux monuments de manière planifiée et systémique. Nous sommes au courant de la situation autour des monuments des héros de la Second Guerre mondiale qui ont libéré le monde, l'Europe et notamment la Bulgarie du fascisme et du nazisme. Malheureusement, ils sont de plus en plus souvent profanés et attaqué par des vandales. Qui plus est, nous ne constatons aucune réaction adéquate à ces faits bien que nous comprenions que les vandales existent partout. Cela concerne notamment l'organisation rapide des enquêtes et la responsabilité administrative ou pénale des coupables. Nous constatons que ces monuments suscitent de plus en plus souvent des actions agressives de la part de personnes qui agissent hors du contexte historique et de manière illégale compte tenu du bilan du tribunal de Nuremberg, ainsi que sans réaction appropriée des États.
Nous avons remarqué la polémique sur cette question dans les médias bulgares. Nous demandons de protéger nos monuments qui ne sont pas tout simplement de la pierre, du métal et des lettres gravées, mais honorent la mémoire d'hommes qui n'ont pas sacrifié leur vie en conquérant, mais en protégeant ce pays qui n'était pas le leur. Nous le demandons par des moyens différents, au cours des pourparlers et des contacts bilatéraux, ainsi que dans l'espace public. Mais pourquoi ne veut-on pas nous entendre?
Cette discussion a démontré les tentatives de porter la conversation sur les faits et les estimations réelles de la situation des monuments vers une discussion historique. C'est aux historiens de commenter l'histoire. Nous soulignons qu'il est nécessaire de respecter les monuments de ceux qui ont sacrifié leur vie pour non seulement libérer, mais aussi protéger les peuples et des personnes concrètes contre le fascisme et le nazisme.
Concernant les aspects historiques, c'est aux historiens d'en débattre. J'ai seulement vu le matériel publié sur le site de la Société russe d'histoire militaire en réponse au communiqué du Ministère bulgare des Affaires étrangères en ce sens. Je pense qu'il faut le citer pour attirer sur lui l'attention des médias bulgares.
Nous voulons qu'on nous entende, que les monuments soient dûment maintenus, qu'en cas de nouvelle agression éventuelle par des vandales les autorités officielles aient une réaction appropriée.
Question: Aujourd'hui, les médias russes et notamment Kommersant ont évoqué la situation d'un sous-marin russe exploité en Inde. On affirme que les Indiens ont permis aux représentants de la marine américaine d'y entrer, suscitant ainsi un scandale entre les deux pays. Pouvez-vous préciser si ce fait a en effet eu lieu et si le Ministère des Affaires étrangères travaille sur cette question?
Réponse: Je pourrais consulter nos experts mais il vaut mieux, à mon avis, adresser cette question au Ministère russe de la Défense.
Question: Le 7 novembre a marqué le centenaire de la Révolution russe. Cette date n'a été commémorée en Russie que par les forces politique de gauche. Les autorités russes ont ignoré cet événement. En même temps, la France conserve toujours l'hymne et le drapeau de la Révolution française. Les responsables publics ont-ils une vision particulière de cet événement historique qui a profondément influencé le monde?
Réponse: Je voudrais attirer votre attention sur le fait que le 4 novembre est une fête officielle en Russie, ainsi que sur les propos des dirigeants et des responsables russes. Je pense qu'ils vous donneront toutes les réponses nécessaires. Je veux souligner que cette fête s'appelle la Journée de l'unité nationale. Cela dit déjà beaucoup de choses.
Question: Quelles sont les raisons des critiques récentes très sévères formulées par le Ministère russe des Affaires étrangères contre la présidence autrichienne de l'OSCE?
Réponse: De quel sujet concret parlez-vous?
Question: Cela concerne les journalistes criméens et, je pense, la Transnistrie. Je voudrais savoir s'il existe des raisons plus profondes à ce mécontentement. La deuxième question concerne la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE au début du mois de décembre. On sait que Moscou n'est pas tout à fait satisfait du travail actuel de l'OSCE. Pouvez-vous nous dire plus concrètement quelles réformes la Russie compte proposer?
Réponse: En ce qui concerne les préparatifs de cette réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères, je serai bientôt en mesure de vous donner directement la réponse après avoir demandé des informations plus complètes sur son organisation.
Quant aux critiques de la présidence et aux raisons plus profondes qui, selon vous, pourraient être liées à un certain mécontentement, je veux dire que tout ce qui suscite chez nous une incompréhension ou des malentendus fait partie du processus de travail - ce que nous disons lors des événements appropriés de l'OSCE. Cela ne concerne pas seulement la présidence autrichienne. Il s'agit d'une pratique normale propre aux négociations et au travail de toutes les missions de l'OSCE.
Vous avez mentionné deux points. En ce qui concerne la Transnistrie, je pourrais consulter les experts. Quant aux journalistes criméens, je suis prête à vous informer moi-même.
Premièrement, les journalistes criméens - les véritables journalistes criméens, pas des personnes mythiques qui accordent des interviews via internet dont on ne sait pas s'ils sont en effet criméens mais dont les témoignages font ensuite partie de documents rédigés notamment à l'OSCE - qui ont vécu et vivent toujours en Crimée, à l'époque ukrainienne et en Fédération de Russie suite au référendum de 2014, qui sont nés en Crimée, y ont suivi leurs études et y ont travaillé comme journalistes pendant des décennies - beaucoup d'eux ont commencé leur carrière sous l'URSS - exigent depuis plusieurs années qu'on entende leur voix ou au moins qu'on leur parle. La plateforme de l'OSCE, ainsi que les événements, les conférences, les congrès et les réunions tenues au sein de l'organisation sur les problèmes des médias, constituent des opportunités excellentes.
On soulève régulièrement la question criméenne et les droits de l'homme, on cite sans cesse des journalistes inconnus et on utilise leurs données dans les textes officiels. Les journalistes criméens ont plus d'une fois tenté de se rendre à l'OSCE mais on refuse chaque fois de leur octroyer les visas nécessaires. Nous exprimons chaque fois nos protestations et parlons à nos partenaires qui ne veulent pas leur accorder de visas d'entrée. Cette année, nous avons décidé d'offrir notre soutien et de proposer une participation à distance aux journalistes criméens via visioconférence ou présentation vidéo.
Nous avons donc été très surpris, alors qu'on nous affirmait qu'on ne pouvait pas leur octroyer les visas sous différents prétextes, quand la présidence autrichienne nous a indiqué que cette participation à distance des journalistes criméens - les technologies modernes leur permettaient d'assister à ce forum sans s'y rendre physiquement, traverser des frontières, ni demander des visas - était également impossible. Mais pourquoi? Tout cela nous révèle le motif principal: il s'avère donc que le problème ne concerne pas les visas, leur octroi, ni les passeports, mais le fait que certains responsables occidentaux ne veulent pas entendre les vrais Criméens, les véritables journalistes criméens.
Vous ne pouvez pas vous imaginez quels efforts la délégation russe a entrepris pour diffuser le message vidéo des journalistes criméens à l'OSCE. L'aspect le plus scandaleux de la situation est que quand il s'agit du respect des droits des Tatars de la Crimée, par exemple, la délégation ukrainienne a toujours le droit d'inviter n'importe qui et de diffuser n'importe quoi. Et personne ne lui pose aucune question. Au contraire, on l'encourage. On donne la parole et du temps à des gens qui n'habitent depuis longtemps en Crimée et ne sont en aucune façon associés à la diaspora tatare moderne de la péninsule, mais qui jouent le rôle de provocateurs.
Pourquoi donc les gens auxquels on consacre des rapports ne peuvent-ils pas participer personnellement aux débats sans l'intermédiaire du Kremlin ni du Ministère russe des Affaires étrangères?
Savez-vous que nous avons organisé une téléconférence avec les journalistes criméens au centre de presse du Ministère des Affaires étrangères? Vous avez visiblement manqué cet événement qui a réuni des journalistes criméens, des chaînes de télévision, des représentants des organisations civiles et de l'administration de la Crimée qui tentent régulièrement d'atteindre l'espace d'information occidental qui les mentionne si souvent? Dites-moi: comment peuvent-ils le faire?
Savez-vous ce qui est le plus paradoxal? A l'époque de la Guerre froide et de l'opposition des superpuissances, l'un des sujets les plus récurrents de la critique était qu'on ne permettait pas aux citoyens soviétiques de sortir du pays. Aujourd'hui, le monde occidental fait tout pour bloquer les Criméens sur la péninsule et ne pas les laisser entrer chez lui car il a peur que l'Europe - je ne dis déjà plus rien des États-Unis - puisse entendre leur voix réelle, pas altérée par des ONG et des rapports.
Je vais vous raconter un épisode concret. Il n'est pas lié à des contradictions profondes mais à un élément concret de notre travail. Nous indiquons publiquement ce qui provoque notre incompréhension et continuerons de le faire. Nous évoquerons ouvertement nos prétentions. Il ne faut pas y voir des antagonismes ou des problèmes globaux. Il y a des questions concrètes auxquelles nous faisons face. Il s'agit d'un processus normal, mais nous voudrions que l'idée fondatrice de l'OSCE concernant la liberté d'expression, de pensée et des médias commence enfin à fonctionner.
Empêchons-nous les autres de se prononcer à l'OSCE, notamment sur le thème russe? Avez-vous jamais vu ou entendu des faits de genre? N'importe qui peut tenir des propos sur la Russie, y compris des gens qui n'ont rien à voir avec elle ou se présentent comme des représentants de groupes importants de la population. D'accord, ils ont leurs opinions et ils les expriment. Mais pourrait-on donc donner la parole sous telle ou telle forme aux véritables journalistes criméens dont on parle sans cesse à l'OSCE? On ne comprend pas les raisons des peurs de l'OSCE. On a proposé une forme tout à fait normale de dialogue en ligne. Ils n'avaient aucune envie de brandir leur passeports ni d'évoquer des questions politiques globales. Ils étaient prêts à répondre aux questions évoquées à l'OSCE, notamment par nos collègues ukrainiens qui auraient pu apprendre quelque chose directement de ces hommes. Mais on a encore une fois privé ces journalistes de cette possibilité.
Question: Concernant le futur sommet de l'APEC: la Russie attend-elle des résultats dans quels domaines concrets?
Réponse: Les questions relatives aux sommets et à la participation du chef de l'État sont du ressort de l'Administration présidentielle.