Réponses du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov aux questions des représentants des mass-médias à la suite de la rencontre avec le Haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton et les Ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union Européenne, Luxembourg, le 14 octobre 2012
Question: Comment a été votrerencontreavec vos collègues de l'Union Européenne ?
Sergueï Lavrov: La rencontre avec le Haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton et les Ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union Européennea duré environ quatre heures. Nous avons discuté de tous les sujets possibles qui sont à l'ordre du jour des relations entre la Russie et l'Union Européenne, ainsi que de nombreux problèmes internationaux et régionaux.
En ce qui concerne les affaires bilatérales, la priorité a été donnée à la nécessité de se préparer de la façonappropriée au sommet entre la Russie et l'Union Européenne, qui aura lieu en décembre à Bruxelles. En dépit des difficultés et rugosités récentes en matière de l'industrie de l'énergie électrique, de l'élaboration du nouvel accord de base et d'autres questionscontentieuses, à notre opinion commune,il est nécessaire de préparer le sommet dans le plan stratégique, étant donné que nous sommes des partenaires stratégiques.
Beaucoup d'entre les rugositésqui se manifestent dans notre coopération économique,sont liées avec le fait que la Russie est devenurécemment un membre de l'OMC, donc, des départements, sociétéset opérateurs économiques russes se trouvent en étape de «rodage » à la nouvelle situation, tandis quenos partenaires de l'Union Européennese trouvent en étape de «rodage » à nous. Des questions sont difficiles, mais ils sont tous résoluble. A notre avis commun, il faut se laisser guider par les perspectives stratégiques, compte tenu que l'UE est le plus important partenaire commercial de la Russie. L'annéedernière, le chiffre d'affaires était environ 400 milliards dollars. En cette année, il sera probablement supérieur à ce chiffre. Toutes les deux parties comprennent, que ce n'est pas un caprice, c'est une nécessité objective, et nous devrions nous rapprocher le plus près possible dans tous les domaines.
Nous avons rappelé l'initiative du Président de Russie Vladimir Poutine proposéelors du sommet Russie-Union européenne au début de juin à Strelna, concernant la formation conjointe des espaces économique et humainecommuns de l'Atlantique au Pacifique. Il y a toutes les conditions préalables pour cela. La transition vers le régime sans visaest l'un des instruments essentiels pour atteindre cet objectif. Nous avons constatéle fait que la liste des mesures conjointesde la part de la Russie et l'Union Européenne était en cours de son exécution. Cette liste a été approuvée un peu moins d'un an auparavant. Donc,au sommet à venir,le rapport sur la façon de réaliser des mesures concertées et sur ce qui reste à faire sera entendu.
Parallèlementau mouvement vers le régime sans visa, nous voudrions prochainement achever des travaux orientés à la libéralisationultérieuredu régime de visa pour élargir les catégories descitoyens bénéficiant du régime des visitesprivilégié, y compris ceux qui peuvent se déplacer sans visa. Nous avons proposé d'inclure dans l'accord sur la facilitation du régime de visa tous ceux qui ont les passeports biométriques officiels. L'Union Européenne continue àréfléchirsur notre proposition pressante. Le nombre de telles personnes en Russie est environ 15,000. À titre de comparaison, en Allemagne, cette chiffre est environ 30,000, tandis que dans l'ensemble de l'Union Européenne – 150,000. Nous sommes prêts à consentir à ce que tous les détenteurs de passeports officielspuissent jouir du régime sans visa sur la base de la réciprocité. La même approche a été convenue entre l'UE et l'Ukraine. En total, les citoyens habitant plus de 50 pays jouissent du régime sans visaindépendamment du type de leurs passeports.
À mon avis, notre positionest sincère et ouverte. Aujourd'hui, nous avons expliqué notre approche à nos partenaires. J'espère qu'ils nous ont entendus, et ce sujet sera fermé dans le temps le plus proche.
En ce qui concerne lesaffaires internationales, nous avonscertainement discuté de la situation au Moyen-Orient et dans l'Afrique du Nord, ainsi que les problèmes de Kosovo, Chypre, Iran, Syrie, la question nucléaire de la péninsule coréenne, la régularisation de Haut-Karabakh et Transnistrie. Mes collègues se sont intéressés de nos évaluations de la situation en Géorgie. Nous avons confirmé que nous attendrions la formation du nouveau gouvernement et l'entrée de ses ministres en fonction. Apres cela, nous allons considérerlespas et positions du nouveau gouvernementdéclaréesà l'égard de la Fédération de Russie et,en général, son attitude enversla situation au Caucase du Sud.
Question: Selon vous, le 1 novembre de l'année courante c'est la date de contrôle dans les négociations sur la facilitation du régime de visa. Peut-onattendre que l'Union Européenne prenne vers cette date une décision quelconque sur les passeports officiels?
Sergueï Lavrov: Nous espérons.Le 1 novembre c'est la date de l'expiration du moratoire sur l'introduction du régime de visa pour les équipages des avions réguliers. Conformémentà la législation russe, les équipages des avions des compagnies étrangères ne sont pas exemptés de la nécessitéd'obtenir des visas. Toutefois, depuis longtemps, d'un commun accord, le régime sans visa était appliqué aux équipages des avions russes qui effectuaient les volsde la Russie en Europe et de l'Europe en Russie. Ceci contreditnotre législation. Nous voudrions enlever cette contradiction. Pour le faire, il reste àconclure l'accord-traité intergouvernemental tous ses aspects duquel ontété convenus avec l'Union Européenne, sauf une disposition sur l'exemption réciproque des exigences de visa à l'égard des détenteurs des passeports biométriques officiels.
Nous avonsdeux fois prorogé le moratoire sur l'introduction des visas pour les membres des équipages des avions. Le 1 novembre est la date limite. Il est peu probable, que nous pourrions proroger le moratoire encore une fois. Nous avons averti nos partenaires que si nous ne pourrions pas signer l'accord au mois d'octobre, leurs compagnies aériennes devraient prendre soin de ce que les équipages des avions seraient contraints d'obtenir les visas à entrées multiples. Nous serons prêts à délivrer ces visas le plus vite possible, sans aucunesdifficultés. Je voudrais mentionner que la Russie a conclus tels accords bilatéraux avec plus de la moitié des pays de l'UE. Conformémentà ces accords, les équipagesdes avions exécutant les vols réguliers sont exemptés des exigences de visa. C'est une autre voie de résoudre ce problème: nous avons déjà conclu les accords similairesavec douze pays de l'UE, avec autres 8 États membres de l'UE les pourparlers sur leur conclusion sont en cours.
Question: Aujourd'hui, vous avez dit que la Russie était prête à légaliser le communiqué de Genève au Conseil de sécurité de l'ONU. Qu'aviez-vous en tête?
Sergueï Lavrov: La «légalisation» n'est pas le terme adéquat. Le communiqué de Genève c'est un document légitime qui est le produit du consensus entre tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Turquie, la Ligue arabe, l'Union européenne, le Secrétaire général de l'ONU.
Nous avons proposé pour que ce document, absolument légitime et consensuel, soit approuvé par le Conseil de sécurité et prenneune force supplémentaire. Il n'est pas essentielpour qu'il soit juridiquement contraignant, l'essentiel c'est pour qu'il soit exécuté. Or, il faut que tous ceux qui ont de l'influence sur les diverscôtés du conflit syrien exécutent deux principalesconditions de ce document. Premièrement,il est nécessaire d'obliger tous les belligérants mettresynchroniquement fin à la violence à l'égard des observateurs des Nations Unies qui retourneront dans le pays pourcontrôler qui et comment respectera ses engagements. Deuxièmement, il faut faire tous s'asseoir à la table des négociations pour convenir sur la composition d'un organe directeur transitoire qui exercera la plénitude du pouvoir et, parallèlement, élaborer un nouveau projet de la Constitution et préparerles élections. Voilàtout, c'est très simple.
Mais si nos partenaires continueronsàinsister que le gouvernement devrait d'abord mettre fin aux hostilités, se retirer de toutes les villes et localités, cela ne mènera pas à bon. Le gouvernement ne fera pas cela puisqu'il a fait cette chose déjà deux fois: en automne passé et quand le plan de Kofi Annan a été adopte. Les troupes gouvernementales à peine quittent les villes ou localités, les bandes d'hommes armés leur occupent. Il faut que cela soit fait simultanément de deux côtés. Pour réussir, il est nécessaire de peser lourdement sur tous ceux qui combattent, tant sur le gouvernement que sur l'opposition.
Question: L'organisation de défensedes droits de l'homme « HumanRights Watch » a annoncé que les forces armées aériennes syriennes utilisaient les bombes àcassettesoviétiques. Y'a-t-il une confirmation quelconque de cette information?
Sergueï Lavrov: Iln'y a pas aucune confirmation. J'ai lancéseulement un coup d'œil rapide sur le reportage de télévision. Je ne peux rien dire.
Cette région est surchargée d'armes. Maintenant, tant en Syrie que dans d'autres pays de la région on importe illégalement des énormes quantités d'armes. Là-basdes mercenaires combattent, des instructeurs étrangerssont aussiprésents. Cela a déjà été confirmé par la presse indépendante, y compris par le journal anglais "DaylyTelegraph" la correspondante permanenteduquel a visité le camp des bandes des hommes armésdans la région d'Idlib, où, disait-elle, elle avait découvert les instructeurs, ex-combattants des forces spéciales d'un des pays scandinaves. Comprenez-vous, la géographie de l'internationalisation de ce conflit est assez large. Des armes là sont en abondance, la région est sursaturée d'armes. Il est très difficile à définirqui et d'où livrent des munitions et d'autres types des armements dans cette région.
Comme vous le savez, on parle beaucoupde l'origine soviétique de ces bombes à cassette. Nous cherchons la véritéavec la majorité des pays d'Europe Orientale, qui étaient jadis les membres du COMECON et du Pacte de Varsovie, concernant une question relative à la conclusion des accords qui réglaientla production d'armes soviétiquessans licence. Donc, il faut tout mettre en ordre dans ce domaine.