Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 27 mars 2020
Sur les mesures de rapatriement des citoyens russes de l'étranger
Je voulais dire "bonjour", mais c'est déjà le soir à Moscou. Nous avons dû commencer la conférence de presse tard aujourd'hui, après qu'elle a été reportée d'hier, parce que l'objectif principal du quartier général qui travaille actuellement au Ministère des Affaires étrangères est la normalisation de la situation et l'aide aux citoyens russes à l'étranger. Je voudrais commencer par ce thème.
Vous le savez, à l'issue de la réunion du présidium du Conseil de coordination près le gouvernement russe pour la lutte contre la prolifération du nouveau coronavirus ont été prises les décisions annoncées le 26 mars. Elles contiennent des directives pour le Ministère russe des Affaires étrangères et d'autres organes du pouvoir exécutif, qui modifient notre travail sur cet axe. En particulier, il est prescrit au Ministère des Affaires étrangères de transmettre aujourd'hui les listes définitives pour contribuer à l'organisation du rapatriement en Russie des Russes actuellement à l'étranger. Étant donné que pratiquement tous les vols réguliers dans le monde sont reportés ou ne sont pas assurés, ce travail se termine actuellement et, tel que prévu par les consignes, les listes seront transmises aux structures russes pour organiser les vols afin de rapatrier les citoyens russes qui souhaitent rentrer en Russie. Il est également prescrit au Ministère des Affaires étrangères d'envoyer d'ici le 30 mars au Ministère des Transports, à Rospotrebnadzor, au Ministère de la Santé, au Ministère de l'Intérieur, ainsi qu'à la compagnie Aeroflot les informations sur les citoyens qui se trouvent à l'étranger et veulent rentrer en Fédération de Russie. Cela est dû à la suspension à partir d'aujourd'hui de la communication aérienne charter régulière assurée entre les aéroports russes et étranger dans les deux sens, exception faite pour les vols de rapatriement des citoyens russes.
A cet égard, nos ambassades ont publié des communiqués destinés aux citoyens russes pour les informer de l'annulation des vols réguliers et charter et de la préparation de vols de rapatriement depuis les pays concernés - les Émirats arabes unis, Oman, la Turquie, l'Azerbaïdjan, la Thaïlande, l'Allemagne, le Kirghizistan, la Belgique, les États-Unis, les Pays-Bas, Cuba, le Qatar, l'Irlande, le Tadjikistan, l'Arménie, la Suisse, le Sri Lanka, le Royaume-Uni, l'Espagne, le Belarus, le Kazakhstan, l'Italie, la Corée du Sud, l'Ouzbékistan, l'Iran, Israël, la France, la Chine, le Japon et le Vietnam. Ce travail se déroule activement dans ces pays concrets. Nous attirons l'attention des citoyens russes se trouvant dans ces pays sur le fait qu'ils peuvent et doivent fournir des informations en remplissant des formulaires spéciaux et en répondant aux questions s'ils souhaitent revenir en Russie avant 14:00 ce 29 mars.
Je voudrais également attirer l'attention sur le fait qu'il y a littéralement une heure a été publiée l'information du groupe de travail coordonnant le rapatriement des Russes à l'heure actuelle. Il a analysé l'accomplissement des vols de compagnies aériennes compte tenu des décisions prises par le gouvernement russe pour suspendre la communication aérienne internationale. Le planning du rapatriement de nos concitoyens a été activement mis au point en collaboration avec nos ambassades. Aujourd'hui, à l'issue de la réunion du groupe de travail, ont été rendues publiques les informations sur les pays les plus difficiles en termes de nombre et de logistique: l'Indonésie, la Thaïlande, l'Inde. En ce qui concerne l'Indonésie, il est prévu de rapatrier les citoyens russes par des compagnies aériennes russes la semaine prochaine. Je voudrais souligner une nouvelle fois que c'est le résultat du travail d'aujourd'hui et des réunions du groupe de travail. Quant à la Thaïlande, il s'agit de passagers qui possèdent pour la plupart des billets d'avion. Le rapatriement sera organisé dans le cadre des engagements des opérateurs touristiques et des compagnies aériennes. Il est prévu que d'ici le 1er avril un grand nombre de citoyens russes quitte ce pays. Aujourd'hui a été également abordé le retour des citoyens russes depuis l'Inde, et il est déjà entré dans la phase pratique. Il est prévu de le faire par des vols réguliers et charter. Les transporteurs ont également été désignés.
Nous étudions activement la possibilité de rapatrier les Russes de plusieurs pays latino-américains: du Brésil, du Chili, du Pérou. Je peux dire que la logistique n'est pas du tout simple, et en tenant compte de cela sera prise une décision sur l'établissement du plan de vol en coordination avec les ambassades russes. Nous avons analysé le rapatriement des Russes d'Inde, de Tunisie, de Moldavie, du Monténégro, de Tanzanie, de Maurice, des Seychelles et d'autres pays. Par conséquent, le travail se poursuit continuellement. Nous reportons notre conférence de presse traditionnelle au soir.
Un autre décret du gouvernement a également modifié notre travail et le travail des établissements diplomatiques russes à l'étranger et des transporteurs. C'est le décret n° 730 du 25 mars. Il est possible de le consulter, et je pense que beaucoup l'ont déjà fait. Mais je voudrais attirer votre attention sur le plus important: les citoyens étrangers étant des membres de famille (époux, parents, enfants, parents adoptifs, enfants adoptifs, tuteurs ou personnes sous tutelle) des citoyens de la Fédération de Russie ont été exemptés des restrictions empêchant d'entrer dans le pays. Pour ne pas entrer dans les détails juridiques et les subtilités, cette partie du décret permet aux familles dont un des parents ou des enfants ne sont pas des citoyens russes de ne pas être séparés, de se réunifier à leur retour en Russie pour la période des restrictions sur le franchissement de la frontière. Cette décision était très attendue. Attendue par les familles qui ont dû sentir pendant une brève période ce qu'était la séparation forcée des proches et des enfants. Ils ont reçu cette possibilité, et nos établissements diplomatiques, ambassades et consulats ont reçu des consignes pour appliquer cette décision et pour aider ces gens qui sont membres d'une même famille. Des cas de débarquement d'un vol et bien d'autres épisodes dramatiques ont eu lieu. Nous recevons toutes les requêtes et essayons de les traiter rapidement.
Je voudrais également ajouter que nos ambassades ont reçu les consignes pour aider les citoyens russes qui se retrouvent dans une situation difficile. Je voudrais noter avant tout que nos ambassades travaillent 24h/24. Tout comme les consulats généraux et les représentations permanentes. Tous leurs efforts se concentrent à l'étape actuelle sur le règlement des problèmes liés à la présence à l'étranger de citoyens russes qui ne peuvent pas encore rentrer chez eux. A cet égard, beaucoup d'entre eux se trouvent dans des circonstances très difficiles dont nous sommes au courant, car de nombreuses requêtes, lettres et publications ont déjà été envoyées et publiées.
Nos ambassades aident les citoyens russes à obtenir les documents nécessaires. Étant donné que les gens se retrouvent dans une situation extraordinaire, c'est l'une des requêtes les plus répandues. Elles apportent une aide dans la prolongation de visas dans les pays où c'est possible et dans ceux où les autorités ont des exigences supplémentaires à ce sujet. Ils sont en contact avec les citoyens russes pour aider à obtenir des documents. Et ils aident évidemment à régler de très nombreuses questions.
Je comprends parfaitement que certaines questions ne peuvent pas être réglées, mais de nombreuses questions sont réglées en mode manuel. Je voudrais souligner que c'est indéniablement un travail qui fait partie intégrante de l'activité d'un diplomate à l'étranger.
Mais je voudrais noter une chose à laquelle on ne pense pas toujours. Les diplomates russes travaillent dans des conditions qui peuvent être qualifiées d'extraordinaires, compte tenu des mesures de quarantaine draconiennes dans certains pays, voire l'état d'urgence. Dans certains pays il est nécessaire de franchir des postes de contrôle pour arriver jusqu'à l'aéroport. Et dans d'autres c'est même impossible à cause du couvre-feu, il faut une autorisation pour se réunir. Nous utilisons toutes les possibilités accordées par le statut de collaborateur diplomatique.
Nos diplomates sont les premiers à se trouver dans le groupe à risque parce qu'ils travaillent dans des aéroports sans moyens de protection spéciaux, travaillent avec de grands groupes d'individus, se déplacent constamment à travers le pays. Parfois ils passent des journées entières sans conditions ménagères: aéroport, port, gare, hôpitaux, commissariats de police et ainsi de suite. Cela ne rend certainement pas leur travail plus facile. Nous nous efforçons effectivement d'aider au maximum les citoyens russes. Je sais que c'est impossible à faire à 100%, mais il faut essayer même malgré les circonstances difficiles dans lesquelles se sont retrouvés aussi bien les touristes russes que ceux qui résidaient et travaillaient dans ces pays, ainsi que les diplomates russes.
Pour clore ce thème, je voudrais souligner une nouvelle fois l'obligation de confinement pendant 14 jours après le retour en Russie. Les notifications, rappels et communiqués sont transmis aux citoyens russes via nos sites, les établissements diplomatiques et le Ministère des Affaires étrangères.
Sur les entretiens téléphoniques de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie
Si les contacts du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov impliquent des restrictions en matière de visites physiques à l'étranger, ces derniers restent chargés dans la mesure où le nombre d'entretiens téléphoniques augmente.
Des entretiens téléphoniques se sont déroulés aujourd'hui avec les ministres des Affaires étrangères des Émirats arabes unies et de la France. Les communiqués à ce sujet ont été publiés sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères.
Très récemment a également eu lieu un entretien téléphonique entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. Les deux chefs de diplomatie ont évoqué la situation relative à la pandémie, ont exprimé leur grande estime de la coopération bilatérale, et échangé leur expérience dans la lutte contre la pandémie et sa prolifération. Ils ont noté l'efficacité des mesures prises par nos pays. Tout en soulignant l'importance de l'élargissement des contacts afin de protéger la vie et d'assurer le bien-être des citoyens des deux pays.
Les deux ministres ont constaté que dans le contexte actuel de pandémie, la Russie et la Chine continuaient de renforcer le partenariat stratégique, d'adopter la même position dans les affaires mondiales, d'approfondir leur coordination en politique étrangère, notamment en ce qui concerne la responsabilité que doivent assumer Moscou et Pékin, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Sur la situation en Syrie
Dans l'ensemble, nous considérons la situation en Syrie comme stable.
Le cessez-le-feu décrété à Idleb le 6 mars est respecté. Le nombre d'infractions ne dépasse pas 2 à 3 par jour de chaque côté. Nous poursuivons le travail avec nos partenaires turcs pour la mise en place d'un "corridor de sécurité" le long de l'autoroute M-4 et la reprise de la communication routière sur celle-ci. Le 23 mars a été effectuée la deuxième patrouille russo-turque conjointe sur cette route.
Il convient de noter que les groupes radicaux qui restent dans la zone de la route M-4 font entrave au travail des militaires russes et turcs: ils organisent des provocations, créent des encombrements, retirent le macadam. Cela confirme une fois de plus que ce ne sont pas des opposants modérés qui font la loi à Idleb, contrairement à ce que disent certaines capitales occidentales, mais de véritables terroristes avec un penchant pour la violence et l'effusion de sang. La prise des bureaux du Croissant-Rouge arabe syrien à Idleb et à Ariha, le pillage des biens et la capture de collaborateurs par des combattants ce 14 mars vient le confirmer. Ces incidents ont été condamnés par les coordinateurs humanitaires de l'Onu, qui ont qualifié ces actes de "violation inadmissible du droit humanitaire international". Nous nous joignons à leur appel à garantir un accès humanitaire sans obstacles aux civils de la zone de désescalade d'Idleb, pris de facto en otage à cause de l'arbitraire terroriste.
A cet égard, nous espérons que les partenaires turcs poursuivront leurs efforts pour séparer les combattants modérés des extrémistes et prendront des mesures pour neutraliser ces derniers. Il faut souligner que renommer les groupuscules, ce qu'on appelle un "changement d'enseigne", ne signifie pas du tout un changement de leur essence terroriste. Il ne faut se faire aucune illusion: il s'agit de terroristes internationalement reconnus, quel que soit leur nom - Al-Qaïda, Front al-Nosra ou Hayat Tahrir al-Cham.
A l'Est de l'Euphrate, sur les territoires non contrôlés par le gouvernement syrien, les terroristes de Daech poursuivent leurs attaques. Selon les informations rapportées, rien qu'au cours de ces derniers jours (du 20 au 24 mars) Daech a perpétré plus de 20 attentats dans les provinces de Deir ez-Zor, de Racca et de Hassaké, qui ont fait près de 50 victimes. Nous avons noté à ce sujet la déclaration du Département d’État américain du 23 mars à l'occasion de l'anniversaire de la défaite du califat de Daech dans le Nord-Est de la Syrie. D'où la question: quels terroristes ont été éliminés par les alliés si, selon les affirmations des représentants américains, les effectifs de Daech restent supérieurs à 10.000 hommes? Il est évident que ces combattants sont simplement passés dans la clandestinité et continuent de commettre impunément leurs exactions.
Par ailleurs, il ne fait aucun doute que la coalition menée par les États-Unis a effectivement détruit - ou plutôt rasé - des villes et des villages entiers à l'Est de l'Euphrate. Ainsi, avant le début de l'opération des alliés à Racca en 2016, la population de la ville avoisinait 230.000 habitants. A l'issue de la campagne en 2017 on ne comptait plus que 3.000 habitants. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCNA), il ne reste aucune clinique ouverte dans la ville, et toute l'infrastructure civile devait être entièrement reconstruite. Sans parler du grand nombre de décombres, de munitions et de mines non explosées à Racca.
Les communes de Hajine et de Baghouz, dont les habitants ont dû fuir dans le camp de déplacés internes d'Al-Hol, ont connu le même sort en 2018. La population du camp avait alors été multipliée par 7 en trois mois, passant de 10.000 à 73.000 personnes. Aujourd'hui, comme à l'époque de l'exode de la population de Hajine et de Baghouz, les gens vivent dans des conditions catastrophiques, sans qu'un accès humanitaire permanent à Al-Hol puisse être garanti.
Il est possible de dire la même chose d'un autre camp de déplacés internes: Roukban, situé sur le territoire illégalement occupé par les États-Unis dans les environs d'al-Tanf. Grâce aux efforts communs des militaires russes et des autorités syriennes, il a été possible d'en évacuer près de 19.000 personnes. Elles ont déjà toutes regagné leur foyer. Cependant, il reste dans ce camp encore des milliers de personnes qui sont de facto bloquées par les combattants du groupe Maghaweir Al-Thawrah sous la protection des États-Unis. A cet égard, je voudrais noter de nouveau la position russe selon laquelle ce sont les États-Unis, en tant qu'occupants de ce territoire, qui assument l'entière responsabilité pour la population civile sur place et la garantie des besoins humanitaires.
La propagation du coronavirus en Syrie pourrait avoir de très graves conséquences compte tenu de la présence de grands camps de déplacés internes sur les territoires non contrôlés par Damas, comme ceux de Roukban et Al-Hol susmentionnés. De plus, il faut aider le gouvernement syrien à assurer la protection et l'accès aux services médicaux pour tous ceux qui en ont besoin.
A cet égard, nous soutenons l'appel de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, à revoir d'urgence les sanctions sectorielles ayant des conséquences négatives pour la santé et les droits de l'homme.
Nous avons remarqué l'appel du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres concernant la politique de sanctions de plusieurs pays, soulignant que les sanctions unilatérales ne sont manifestement pas une "bouée de sauvetage" en période de problème mondial global, mais au contraire un "boulet" pour ceux qui doivent rester à flot.
Nous jugeons important que d'autres représentants de l'Onu ne gardent pas non plus le silence concernant les conséquences néfastes des sanctions unilatérales dans le contexte de la pandémie de coronavirus.
Nous partageons les craintes de la Haute-Commissaire vis-à-vis de la propagation de l'épidémie à Cuba, en Corée du Nord, au Venezuela et au Zimbabwe, où le système de santé est extrêmement affaibli par les restrictions unilatérales - nous en avons parlé à plusieurs reprises. Nos craintes s'étendent à la situation en Syrie et en Iran. Nous soutenons l'appel aux dirigeants mondiaux à faire preuve de coopération et de solidarité afin de garantir la sécurité des gens et la réalisation des droits de l'homme pour tous. Nous nous adressons aux pays qui sont prêts à recourir aux restrictions unilatérales au moindre prétexte pour atteindre leurs fins économiques, politiques et conjoncturelles: le moment est venu de laisser de côté les intérêts mercantiles et d'agir ensemble contre la menace globale.
Sur la situation au Venezuela et autour
Je voudrais une nouvelle fois attirer l'attention sur le défi global lancé à l'humanité par la pandémie de Covid-19, qui nous pousse à envisager sous un angle complètement différent les crises existantes, notamment régionales. Comme nous l'avons déjà dit, leur règlement, tout comme, probablement, l'avenir de la civilisation contemporaine, sera déterminé en grande partie par ceux qui parviendront à mettre de côté les convictions idéologiques et à agir ensemble au profit de toutes les nations en abandonnant leurs intérêts égoïstes.
En ce qui concerne le Venezuela, nous voyons de plus en plus clairement qui est vraiment responsable de ce pays. Malgré les conditions économiques extrêmement difficiles, le gouvernement de Nicolas Maduro entreprend des efforts successifs et efficaces visant à prévenir la propagation du coronavirus. Le Président du Venezuela surveille personnellement ce problème et informe régulièrement ses citoyens de l'évolution de la situation et des mesures prises. Un travail actif est mené avec les organisations et les partenaires internationaux capables et disposés à ne pas jouer aux jeux politiques mais à aider réellement le peuple vénézuélien (contrairement au FMI, malheureusement).
Sur cette toile de fond, la critique du gouvernement par l'opposition radicale est passée complètement dans l'espace virtuel, d'où retentissent des slogans politiques impertinents, des appels à renforcer les sanctions contre le pays et à organiser une prétendue aide humanitaire selon des conditions qu'ils sont les seuls à connaître. Et ce alors que toutes les forces doivent se consolider pour aider les Vénézuéliens, leur propre peuple. Nous nous souvenons de la manière dont s'est terminée la tentative de "percée humanitaire" organisée en février 2019, et les échos du scandale de corruption qui y était associé résonnent encore aujourd'hui. Il est évident que de tels actes ne contribuent en rien à la normalisation de la situation au Venezuela, pas plus qu'à la réduction de la tension internationale autour de ce pays. Aujourd'hui, l'opposition doit plus que jamais renoncer à ses ambitions politiques dérisoires et chercher en commun des solutions aux problèmes actuels, en agissant afin d'améliorer les conditions de vie et le bien-être de la population.
Nous ne cesserons pas de répéter notre appel à annuler immédiatement les sanctions unilatérales illégales qui, dans les conditions actuelles de pandémie, se transforment pratiquement en arme de génocide. Aujourd’hui, à l'heure où l'économie vénézuélienne étouffée par les restrictions a besoin d'une aide urgente, le blocage des livraisons de nourriture et de médicaments dans le pays, la restriction d'accès aux moyens publics sur les comptes des banques étrangères, mettent en péril des milliers de vies. A noter qu'hier la Russie a envoyé, avec d'autres pays solidaires du Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres, une demande d'exiger des États de lever les sanctions unilatérales illégales adoptées qui empêchent la lutte contre le coronavirus.
De son côté, la Russie continuera d'aider le Venezuela, notamment à normaliser la situation sanitaire et épidémiologique. Cette semaine a été livré à Caracas le premier chargement de 10.000 tests pour dépister le coronavirus. Les requêtes d'aide sont à l'étude.
Nous appelons une nouvelle fois les membres de la communauté internationale, indépendamment de leurs aspirations politiques, à coopérer et à unir leurs efforts afin de faire face ensemble à ce nouveau défi dangereux.
Sur les nouvelles démarches antivénézuéliennes des États-Unis
Nous avons été surpris par la déclaration du Procureur général américain William Barr, qui a accusé le Venezuela de participer directement au trafic international de stupéfiants. Guidée par la directive de renverser les autorités vénézuéliennes légitimes (et personne ne le cache), la justice américaine a même promis une grande somme d'argent en échange d'informations qui permettraient d'arrêter le Président Nicolas Maduro et d'autres hauts dirigeants du Venezuela.
De telles déclarations paraissent absurdes et barbares. Alors que le monde entier unit ses efforts pour combattre la pandémie de coronavirus, Washington poursuit ses persécutions politiques contre un État souverain.
En dépit d'une pression politique et économique sans précédent, le Président Nicolas Maduro prend les mesures nécessaires visant à lutter contre la pénétration transfrontalière et la propagation de l'infection. En fait, il montre en pratique qu'il a le droit moral solide de se nommer comme l'unique dirigeant légitime du pays.
Les représentants de l'administration américaine, y compris le Président américain Donald Trump lui-même, ont parlé à plusieurs reprises de leur préoccupation quant à l'avenir du peuple vénézuélien. Nous pensons que l'heure est venue de le montrer en action, c'est-à-dire de renoncer aux attaques contreproductives contre le gouvernement de Nicolas Maduro et de lui permettre de régler à part entière les problèmes de son pays sans ingérence extérieure illégale.
Sur la contribution de Cuba aux efforts internationaux pour lutter contre la pandémie de coronavirus
Dans le contexte actuel de lutte sans merci de l'humanité contre la pandémie de coronavirus, je voudrais attirer l'attention sur la manifestation de qualités diamétralement opposées de certains membres de la communauté internationale.
Mercredi, l'Ambassadeur de Cuba Gerardo Penalver Portal a organisé au Ministère russe des Affaires étrangères une conférence de presse en ligne pour parler des mesures prises par ce pays et de l'aide gratuite accordée par les Cubains à d'autres pays. Je voudrais rappeler que parmi les nombreux pays des Caraïbes, dont des membres du Commonwealth britannique, seule Cuba a accepté de faire atterrir (à 40 km de la capitale) l'avion britannique MS BRAEMAR les 18 et 19 mars, avec à son bord cinq cas confirmés de contamination par le Covid-19 et 52 personnes présentant des symptômes de contamination. Suite à cette opération humanitaire, plus de 1.000 passagers et membres d'équipage ont été envoyés au Royaume-Uni.
Conscient de tous les risques, La Havane a répondu à l'appel de l'Italie en envoyant 52 médecins en Lombardie. De plus, des médecins cubains sauvent déjà des vies au Venezuela, à la Grenade, au Nicaragua, à Salvador, à Saint-Vincent et les Grenadines, à Saint-Kitts-et-Nevis, au Suriname et en Jamaïque. Les livraisons de médicaments qui ont fait leurs preuves, notamment en Chine, se poursuivent, dont l'Interféron Alfa-2B fabriqué à Cuba.
Cependant, tout le monde ne se distingue pas par ces nombreuses qualités et ne commet pas de tels actes nobles. Cuba tend une main d'aide en montrant un exemple d'humanisme impressionnant, mais certains n'apprécient pas du tout ces efforts. La réaction de Washington ne s'est pas fait attendre. Les autorités américaines mettent en garde ni plus ni moins contre de prétendus "risques" qui seraient liés à la coopération avec Cuba pour combattre le coronavirus. Je voudrais vous dire que cela fait partie de la guerre médiatique. Tous ces mythes et histoires selon lesquelles il existerait une prétendue menace émanant de Russie, une prétendue politique agressive russe, relèvent de la mythologie. A présent, avec l'exemple de l'aide humanitaire accordée par la Russie à l'Italie, de l'aide humanitaire accordée par Cuba et la Chine à différents pays, nous voyons ce qu'est l'agression médiatique en réalité. Se référant à de prétendues sources non confirmées, différents médias se mettent à publier des matériaux selon lesquels cette aide serait inefficace, inutile, non nécessaire et pas sollicitée. Qu'y a-t-il derrière tout cela? La politique. Qu'en réalité les objectifs n'auraient pas été atteints ou que d'autres avaient été fixés. De telles allégations, qui revêtent tous les signes de la propagande, peuvent être facilement décelées par un élément: les sources anonymes. Quand il existe une position de principe, une certaine résistance ou un rejet de démarches, notamment sur la piste humanitaire, il existe une raison d'en parler sans citer de noms. Je trouve qu'il serait au contraire digne de respect d'afficher sa position, de décrire clairement ses approches. Mais un très grand nombre de matériaux ont été publiés, concernant plusieurs pays. La Russie ne fait pas exception, dont on dit que son aide humanitaire serait inefficace, ce qui a engendré, je pense, une réaction désolée, en particulier chez les Italiens. J'ai vu des déclarations faites par le gouvernement italien, des représentants de régions, des citoyens ordinaires qui ont pris avec aversion ces désinformations et signes de guerre médiatique.
Je ne vais pas énumérer toutes les accusations américaines visant Cuba parce que cette dernière apporte une aide humanitaire, parce qu'il est indigne de les répéter. C'est humiliant pour les auteurs eux-mêmes. Il est clair que quelqu'un a gardé une rancune à cause de la gratitude exprimée par le gouvernement britannique pour le sauvetage des gens. Bien que cela soit étrange pour l'humanité du XXIe siècle. Comme sur ordre de la capitale, les principaux médias américains ont décidé à l'unanimité d'ignorer cet événement, sans parler de l'aide accordée par les Cubains à leurs voisins.
Malheureusement, dans toute situation, il existe des héros et des antihéros. Nous les voyons aujourd'hui. Cela donne l'impression que nous vivons effectivement dans une période similaire à ce que décrivent certains films de fiction. Ces jours-ci, je me souviens souvent de la phrase: "Sortez tous de l'ombre".
Une nouvelle fois nous appelons à revenir à la raison et à se ranger du côté de l'union de toute l'humanité face à la menace commune. Nous appelons à revenir à la raison ceux qui, dans cette situation mondiale difficile, tentent de travailler "dans le négatif", cherchent à mener une politique d'agression et de déstabilisation.
Sur le report des 32e Jeux olympiques d'été de Tokyo
La position des autorités russes concernant la décision du gouvernement japonais et du Comité international olympique de reporter les 32e Jeux olympiques d'été à 2021 en lien avec la propagation du Covid-19 dans le monde est exposée dans la déclaration du Ministre russe des Sports Oleg Matytsine. Dans notre pays et autour du monde, cette décision a suscité respect et compréhension. Elle est dans l'intérêt des sportifs, des entraîneurs et des spectateurs. La santé des personnes reste la principale priorité pour tous.
Dans ce contexte, les spéculations sur le thème de l'antidopage et la nécessité d'écarter les athlètes russes de l'Olympiade de 2021 semblent particulièrement cyniques. On aurait pu penser que ce thème pouvait être mis de côté, qu'il était possible de comprendre que nous avons tous une chance pour une analyse profonde de la situation afin de ne pas répéter les erreurs du passé. Mais en réalité tout le monde ne le comprend pas.
Je fais allusion à la déclaration du chef de l'agence américaine antidopage Travis Tygart, qui a suggéré que les sportifs pris en flagrant délit de dopage pourraient tirer profit de la situation actuelle. Selon sa logique, en 2021 la disqualification de certains d'entre eux sera expirée, et les transgresseurs "resteront impunis" en obtenant un accès aux Jeux olympiques de Tokyo. C'est une "fantaisie interminable sur le sujet".
Hélas, de tels fakes, cette désinformation et ces contes de fées sont relayés avant l'étude par l'arbitrage sportif de Lausanne (Suisse) de la plainte de l'Agence mondiale antidopage (AMA) contre l'Agence antidopage russe (RUSADA). Cela ne ressemble à rien d'autre qu'à une tentative supplémentaire de faire pression sur le tribunal.
Sachant que dans le sport américain les règles antidopage sont souvent négligées et considérées comme étant quelque chose de conditionnel. Un nouveau scandale de corruption a éclaté, cette fois autour du coureur cycliste américain John Gleaves, 36 ans, qui a la réputation d'"expert" dans la lutte contre les substances illicites. Son travail principal est celui de maître de conférences à la chaire de kinésiologie (science de la mécanique du mouvement du corps humain) de l'université de Californie. La sphère de ses intérêts scientifiques est l'usage de produits illicites dans le sport. Mais le plus paradoxal est qu'à une époque il faisait partie du groupe de travail de l'AMA sur la prolifération du dopage, du conseil de consultation antidopage de la fédération cycliste aux États-Unis et a même été témoin de la défense dans l'affaire de dopage de Lance Armstrong.
Les principaux médias américains, à l'affût du moindre scandale dans le sport russe, ont ignoré l'affaire John Gleaves. Cela donne l'impression que les observateurs taisent intentionnellement les situations scandaleuses lorsqu'un "combattant reconnu" contre le dopage dans le sport s'avère être lui-même un transgresseur notable.
De notre côté, nous sommes opposés à toute forme de dopage et de manipulations lors des compétitions. Nous continuerons de défendre les principes d'olympisme, d'honnêteté et de propreté des compétitions sportives tout en soulignant l'inadmissibilité de la discrimination et de la responsabilité collective des équipes nationales pour les violations de certains individus.
Sur la réélection de Luis Almagro au poste de Secrétaire général de l'Organisation des États américains
Le 20 mars, le siège de l'Organisation des États américains élisait son Secrétaire général. L'Uruguayen Luis Almagro, Secrétaire général sortant, a été réélu à ce poste par la majorité des voix.
Depuis presque trente ans, la Russie dispose du statut d'observateur permanent auprès de cette structure, elle a instauré une coopération utile, notamment en matière de lutte contre les nouveaux risques et défis - le terrorisme international, le trafic de stupéfiants. Nous entretenons des relations constructives avec tous les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes qui en font partie, nous prônons constamment la stabilité politique et économique de cette région.
A cet égard, nous ne pouvions pas ne pas noter que pour la première fois depuis des années l'élection du Secrétaire général de l'Organisation n'a pas fait l'objet d'un consensus et a reflété de profondes divergences entre les pays membres, comme l'a montré l'éparpillement des voix accordées aux candidats. De ce fait, nous espérons que dans le cadre de son second mandat Luis Almagro contribuera au règlement pacifique et sans confrontation des problèmes qui existent dans la région de l'hémisphère Ouest - ils sont nombreux, malheureusement.
Sur cette base, nous sommes disposés à continuer de construire nos liens avec l'Organisation dans un esprit de respect mutuel.
Sur les élections législatives et le référendum constitutionnel en Guinée
Le 22 mars en Guinée se sont déroulés deux scrutins: les élections parlementaires et un référendum sur la Constitution. Dans l'ensemble tout s'est passé de manière organisée mais, malheureusement, certaines provocations ont eu lieu et ont provoqué, hélas, des victimes.
Nous espérons que les autorités guinéennes prendront les mesures nécessaires pour mener à son terme le dépouillement des bulletins de vote et annoncer le résultat du référendum qui reflétera objectivement la volonté du peuple guinéen - le seul à pouvoir déterminer l'avenir du pays.
Nous partons du principe que la décision concernant la composition de l'organe législatif supérieur et les changements constitutionnels sont une affaire purement intérieur de l’État guinéen, et à cet égard nous jugeons inadmissibles les tentatives d'ingérence extérieure dans le processus électoral en République de Guinée.
Nous appelons toutes les forces politiques de la Guinée à faire preuve d'un maximum de retenue, de responsabilité, ainsi que de leur attachement aux compromis réciproques au profit de la paix et de la stabilité dans le pays ami qu'est la Guinée.
Sur le 60e anniversaire de l'indépendance du Sénégal
Samedi 4 avril, la République du Sénégal, avec laquelle nous entretenons traditionnellement des relations amicales, célébrera le 60e anniversaire de son indépendance. Le peuple de ce pays a une histoire séculaire, des traditions et des coutumes. Aujourd'hui le Sénégal affiche l'une des plus importantes croissances économiques parmi les pays d'Afrique. Certes, il est assez difficile d'en parler aujourd'hui compte tenu des processus actuels, mais elle était jusque là à hauteur de 6-7%. Or autrefois ces territoires, où parmi les Européens au XVe siècle sont d'abord apparus des Portugais, puis se sont installés les Français, était un centre de traite d'esclaves. L'île de Gorée, à quelques kilomètres de la capitale, Dakar, est devenue tristement célèbre dans le monde entier. Cette "île des condamnés" a été pendant 300 ans une prison pour des millions d'Africains - ils y étaient amenés depuis le continent en attente de leur envoi en Amérique du Nord ou du Sud. Hélas, un esclave sur trois mourait de faim et de maladies, une partie sur l'île même. Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement pour l'indépendance du pays s'est intensifié sous le commandement de Léopold Sédar Senghor. C'est une personnalité éminente, sociologue, philosophe, poète, docteur ès sciences. Avec d'autres intellectuels d'origine africaine il a élaboré une conception qui prêchait l'identité et la valeur intrinsèque de la civilisation de la population autochtone de l'Afrique, ce qui a apporté une grande contribution à l'histoire de l'humanité - je veux parler du développement de la civilisation. En 1960, il est devenu le premier président du Sénégal indépendant.
Prenant appui sur les traditions du passé et continuant d'afficher une stabilité politique intérieure enviable, aujourd'hui le Sénégal modernise activement son économie et élargit progressivement le cercle des investisseurs étrangers. Un aéroport international moderne a été construit à Dakar, l’État construit des voies ferrées à grande vitesse et des autoroutes. A 30 kilomètres de la capitale est construite la "ville du futur" sous un nom romantique: Diamniadio. Nous voudrions féliciter de tout cœur le peuple amical de ce pays pour sa fête nationale, lui souhaiter de la réussite dans les objectifs fixés, ainsi que la paix, la prospérité et le bien-être.
Réponses aux questions
Question: On dit que la situation de la pandémie en Europe s'est détériorée aussi vite parce que le continent n'y était pas préparé. Aujourd'hui, à l'heure où nous assistons à la terrible propagation du virus d'Ouest en Est, on voudrait savoir comment la Russie est prête à protéger les citoyens contre cette épidémie. Comment sera respectée la quarantaine annoncée par le Président russe Vladimir Poutine? Les utilisateurs des réseaux sociaux plaisantent en disant que le Président russe fera sortir des tigres et des lions dans les rues pour que les gens restent en quarantaine.
Réponse: En ce qui concerne les mesures prises par les autorités russes afin de combattre la propagation de l'infection de coronavirus, premièrement, elles évoluent constamment en fonction de la situation. Deuxièmement, tous les sites d'information fournissent ces informations en temps réel. Il faut également se référer aussi bien aux décisions de nos autorités fédérales qu'aux mesures annoncées dans les régions, ce qui est très important pour les habitants des différentes régions russes. Il existe également des mesures relatives à l'entrée et à la sortie du territoire russe, des restrictions ont été décrétées. Je ne vais pas les énumérer, je vous renvoie aux sites d'information concernés: les sites (sous l'égide du gouvernement), les ressources et les mesures prises dans nos régions.
Je ne pensais pas qu'il y aurait quelque chose d'amusant dans votre question. Votre plaisanterie d'internet sur le fait que le Président russe Vladimir Poutine pourrait faire sortir dans les rues des villes des tigres et des lions est effectivement drôle. Pas parce que cela ne peut pas arriver, mais parce que généralement nous faisons "sortir dans la rue" des ours - ils sont plus efficaces.
Question: La situation en Iran est devenue horrible à cause des sanctions et d'un manque de médecins. Le coronavirus s'est répandu à travers le pays. Si la communauté internationale ne prêtait pas attention à la situation en Iran, ce problème pourrait rapidement s'étendre à toute la région. La Russie est l'ami le plus proche de l'Iran. Comment peut-elle aider Téhéran dans la lutte contre le virus et dans la levée des sanctions afin que la communauté internationale puisse contribuer à la normalisation de la situation non seulement en Iran, mais également dans toute la région?
Réponse: L'aide internationale à l'Iran, l'aide russe à l'Iran - ce n'est pas simplement une question sérieuse, c'est un problème régional global. Je pense qu'il est possible de dire que ce problème est à l'ordre du jour du monde entier car il a été en grande partie créé artificiellement compte tenu de la pression sans précédent exercée sur l'Iran: économique, politique, les déclarations permanentes sortant du cadre de la décence, de l'éthique, mais aussi du champ juridique.
Je voudrais souligner que ce 24 mars s'est déroulé un entretien téléphonique entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue iranien le Ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Ce communiqué a été publié sur le site du Ministère russe des Affaires étrangères. Les deux interlocuteurs ont évoqué l'épidémie de coronavirus. Ils ont noté le niveau élevé de la coopération bilatérale pour lutter contre ce défi global. Ainsi que l'aide humanitaire russe envoyée antérieurement en Iran. De son côté, Sergueï Lavrov a souligné ce que nous avons dit à tous les niveaux à plusieurs reprises: la Russie appelle instamment Washington à lever immédiatement ses sanctions inhumaines qui empêchent les gouvernements de combattre efficacement la pandémie. Cela concerne avant tout l'Iran.
Je voudrais également attitrer l'attention sur le commentaire fourni par le vice-Ministre Sergueï Riabkov ce 21 mars. Ce dernier a également appelé les États-Unis à renoncer aux sanctions unilatérales contre l'Iran, qui manque cruellement de fonds dans la situation actuelle liée au coronavirus pour régler les problèmes urgents dans le domaine de la santé.
Question: Après avoir rencontré le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo, les représentants afghans ont commencé à constituer une délégation pour négocier avec les talibans. Les négociations interafghanes devraient commencer prochainement. Qu'attend la Russie des négociations à venir? Prévoit-on un entretien entre les représentants spéciaux de la Russie, des États-Unis et d'autres pays à l'issue des négociations interafghanes?
Réponse: La Russie compte avant tout sur le lancement au plus vite des négociations interafghanes, dont la préparation avance avec difficulté. La situation est compliquée par l'absence d'un pouvoir unifié à Kaboul, ainsi que par le problème non réglé concernant l'échange de prisonniers. Nous saluons à ce sujet l'entente entre les talibans et les représentants de l'Afghanistan pour commencer le 31 mars à libérer des combattants talibans en échange de militaires des forces gouvernementales.
Nous pensons que les négociations interafghanes seront longues et difficiles. Durant ces contacts, les parties doivent s'entendre sur une "feuille de route" de l'ordre post-conflit de l'Afghanistan. Avec la Chine, les États-Unis et d'autres partenaires internationaux, la Russie contribuera aux négociations, notamment dans le cadre d'entretiens au format élargi du "trio" pour déboucher sur un accord acceptable pour toutes les parties afghanes et instaurer une paix durable dans le pays.
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Sur internet circule une histoire qui fait beaucoup de bruit. J'estime que si une histoire retentissante liée à l'activité de la Russie en politique étrangère apparaît, il est toujours possible d'obtenir rapidement des commentaires du Ministère russe des Affaires étrangères. Mais au lieu de cela, certains ont débattu de ce thème sur les réseaux sociaux sans nous contacter. Ceux qui l'ont fait ont rapidement obtenu cette information.
Je parle des communiqués mentionnant que la Pologne aurait refusé d'accorder le droit de survol aux avions russes transportant l'aide médicale militaire pour l'Italie. L'Ambassade de Pologne a démenti ces allégations. Nous ne les avions pas non plus confirmées! Je voudrais souligner que nous avons dit ne pas disposer de telles informations à tous ceux qui nous ont contactés. Nous les avons revérifiées et avons apporté des commentaires développés.
Je voudrais répéter que les autorités russes n'ont pas transmis aux autorités polonaises de requête pour le survol du territoire polonais par les avions russes transportant l'aide humanitaire. Un autre itinéraire a été emprunté pour acheminer le fret en Italie. Il y a beaucoup de bruit sans raison.
Question: Certains médias étrangers ont commencé à publier des articles insinuant que l'Italie n'avait pas besoin de l'aide russe, et que notre pays s'ingérait de nouveau dans les affaires d'un autre État. Qu'en pensez-vous? Pourquoi cherche-t-on une nouvelle fois à présenter la Russie comme un agresseur?
Réponse: Premièrement, parce que c'est une tendance très populaire qui ne nécessite aucun nouveau style, aucune recherche - difficile de dire "intellectuelle" - quelle qu'elle soit. Deuxièmement, parce que c'est une véritable jalousie envers le fait qu'un pays qui n'est pas uni avec l'Italie par un bloc ou alliance, qui développe avec elle des relations amicales malgré tout, est prêt à lui tendre une main d'aide à un moment très dramatique de l'histoire contemporaine italienne en dehors du contexte politique et de la conjoncture, de ses propres visions de l'évolution des relations internationales sur le continent européen, mais en voyant les souffrances du peuple italien et le malheur qui a submergé aujourd'hui toute l'Italie, notamment en comprenant que, malheureusement, globalement peu étaient prêts à tendre une main d'aide au moment où l'Italie en avait tant besoin. Il faut regarder d'en haut tout ce qui a été écrit et dit, mais pas avec vanité, simplement relire toute cette indécence avec dédain.
Avec le monde entier, sur tous les continents, nous vivons aujourd'hui une période véritablement difficile, comme l'humanité n'en avait pas connue depuis des décennies. En cette période les gens montrent le meilleur de leurs capacités, mais en même temps, malheureusement, ils se perdent. C'est un moment de vérité, véritable, authentique, qui n'arrive qu'une fois dans la vie. Tout ce dont les gens sont capables se révélera. La Russie est capable d'apporter son aide à l'autre en ressentant et en comprenant la douleur éprouvé par les habitants d'un autre État.
Je voudrais dire que les Italiens eux-mêmes, comme je l'ai déjà cité aujourd'hui, ont parfaitement géré le commentaire et la réponse à ce sujet. Je vous renvoie à ce qu'ils ont dit.
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Nous continuons d'apporter notre aide aux citoyens russes qui se sont retrouvés à l'étranger dans des conditions très difficiles. Le Quartier général du Ministère russe des Affaires étrangères travaille tous les jours pratiquement 24h/24, tout comme nos ambassades.
Merci de votre attention.