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STÉNOGRAMME DE L'INTERVENTION D'I.S.IVANOV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE, À LA CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE AVEC J.STROW, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA GRANDE BRETAGNE, D'APRÈS LES RÉSULTATS DES POURPARLERS À LONDRES LE 19 MARS 2002

509-20-03-2002

Sténogramme de l'intervention d'I.S.Ivanov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la conférence de presse conjointe avec J.Strow, Ministre des affaires étrangères de la Grande Bretagne, d'après les résultats des pourparlers à Londres

Le 19 mars 2002

I.S.Ivanov : Je tiendrais avant tout à exprimer la reconnaissance à mon collègue Monsieur J.Strow, Ministre des affaires étrangères de la Grande Bretagne, pour son invitation à me rendre en Grande Bretagne en visite de travail.

Moscou est satisfaite du dynamisme du développement des relations entre la Russie et la Grande Bretagne observé ces dernières années. Nous considérons que les relations entre nos pays sont devenues un facteur important de la stabilité et de la coopération tant sur le continent européen que dans le monde entier. Nous sommes intéressés à la poursuite d'un dialogue politique actif qui se développe à tous les niveaux. Les contacts permanents entre V.V.Poutine, Président de la Fédération de Russie, et T.Blair, Premier Ministre de la Grande-Bretagne, qui portent un caractère de franchise et de confiance, ont une importance toute particulière. Nous sommes persuadés que c'est ce caractère des relations entre la Russie et la Grande-Bretagne qui répond aux intérêts de nos états et peuples, de la stabilité et de la sécurité dans le monde. Et nous entendons développer et consolider cette ligne.

Les liens dans un large éventail de problèmes se développent dans le cadre de nos relations bilatérales. Ce sont des contacts politiques, la coopération dans l'arène internationale, les contacts entre les Ministères de la défense, les services spéciaux. Les rapports dans le domaine de la culture se développent activement. liée Nous sommes intéressés à intensifier la coopération sur toutes ces pistes. Les échanges commerciaux sont d'une importance particulière. Le dynamisme positif il y est également présent, mais il existe de grandes possibilités pour leur extension ultérieure. Nous voudrions voir en Russie plus d'investisseurs de la Grande-Bretagne, prenant une part active à la réalisation d'importants projets économiques internationaux qui sont en train d'être négociés.

Les contacts sur des problèmes internationaux ont une importance particulière dans le cadre de notre coopération. La Russie et la Grande-Bretagne sont membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et parmi les acteurs clé dans l'arène internationale. Voilà pourquoi la coordination et la coopération entre nos deux pays contribueront, certes, à la recherche des solutions des problèmes internationaux actuels. Sous cet angle de vue, nous avons examiné tout l'ensemble de problèmes, en particulier les menaces et défis qu'affronte aujourd'hui la communauté internationale. C'est, avant tout, la lutte contre le terrorisme international. Nous nous prononçons pour le renforcement de la coalition internationale de lutte contre le terrorisme international, formée après la tragédie du 11 septembre 2001, pour ce que l'activité de cette coalition s'appuie sur une base juridique solide, sur les principes des Statuts de l'ONU en tout premier lieu, et pour que l'expérience de la communauté internationale accumulée dans l'intérêt de la lutte contre le terrorisme international s'applique également à d'autres domaines. Nous pensons que cela serait conforme au renforcement de la stabilité internationale.

En ce qui concerne l'Afghanistan, nos approches sont similaires. Nous sommes prêts à continuer à coopérer dans l'intérêt du renforcement de la stabilité dans ce pays, de sa renaissance, pour que l'Afghanistan soit un état uni, autonome, territorialement intègre, pour que de son territoire n'émane plus la menace ni à ses voisins, ni à la stabilité internationale. Je pense que l'assistance à l'Administration provisoire de l'Afghanistan dans la solution de ces problèmes ultra-compliqués répond aux intérêts de la Russie, de la Grande Bretagne et de la communauté internationale tout entière.

Nous avons eu un échange de vues détaillé consacré à la situation sur le continent européen. C'est naturel. Nous estimons qu'à présent, les conditions favorables à l'extension de la coopération, de la collaboration au niveau tant bilatéral que multilatéral, se forment sur le continent européen. Les relations avec l'Union Européenne constituent une priorité pour la Russie. Un dialogue actif sur plusieurs nombreuses pistes y est mené. dans les domaines politique, économique et humanitaire, ainsi que dans le domaine de la sécurité. Nous nous attendons à ce qu'au cours du futur sommet Russie - Union Européenne le 28 mai prochain à Moscou, nous puissions avancer sur la voie du renforcement de la coopération entre la Russie et l'UE. Cela répond aux intérêts de la sécurité européenne et de la coopération.

En ce qui concerne les relations entre la Russie et l'OTAN, on en est maintenant à une étape importante, compte tenu des changements qui se passent dans le monde. Elles doivent atteindre un niveau qualitativement nouveau. Nous sommes reconnaissants à T.Blair, Premier Ministre de la Grande Bretagne, pour l'apport important qu'il a personnellement fait dans la formation de l'idéologie des relations nouvelles entre la Russie et l'OTAN.

Nous nous attendons à ce que les pourparlers menés actuellement aboutissent à une coopération qui permettrait aux états membres de l'OTAN et à la Russie, en tant qu'aux partenaires égaux, de résoudre ensemble les problèmes qui se posent devant nos pays, tout comme devant la communauté internationale tout entière.

J'ai informé mes collègues britanniques des pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis sur la réduction radicale des armes stratégiques offensives. Nous pensons que ce problème touche les intérêts de la sécurité de tous les pays. L'aboutissement à des accords correspondants, et la Russie y est intéressée, contribuera au renforcement du régime du contrôle des armements et de la base juridique en matière de désarmement en général. C'est pourquoi nous allons continuer à informer nos partenaires du cours des pourparlers que nous menons.

Naturellement, on a discuté toute une série de problèmes régionaux, à la recherche de la solution desquels nous prenons une part active. Ce sont le Proche-Orient et les Balkans, le règlement irakien et les relations indo-pakistanaises. Nous allons continuer à maintenir les contacts les plus étroits compte tenu du fait que nos intérêts y sont communs. Il faut résoudre ces problèmes de la façon à obtenir la garantie de la stabilité régionale et internationale.

Je veux souligner que les contacts étroits sont établis entre les Ministères des affaires étrangères de la Russie et de la Grande Bretagne. On tient régulièrement des consultations sur un large spectre de questions. Nous sommes sûrs qu'une telle coopération nous permet de rapprocher nos positions, d'élaborer des décisions qui répondent aux intérêts de la sécurité et de la stabilité dans le monde.

Je tiens à exprimer encore une fois ma reconnaissance pour l'accueil chaleureux réservé à notre délégation à Londres.

Question: Quels sont les résultats de la discussion avec votre homologue britannique de la situation autour de l'Irak et en Irak lui-même?

I.S.Ivanov : Le règlement irakien figure constamment à l'ordre du jour des consultations russo-britanniques. Nous échangeons également de vues sur ce problème dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU et dans le format de nos consultations bilatérales. Voilà pourquoi je m'en garderai de dresser un bilan pour l'instant. Cela a été plutôt "une mise à l'heure" sur la situation autour de l'Irak. La position de la Russie est connue. Nous considérons qu'il est indispensable d'appliquer fermement la ligne visant la réalisation des résolutions correspondantes du Conseil de Sécurité de l'ONU qui doivent persuader la communauté internationale que l'Irak ne possède pas d'armes de destruction massive et de moyens de leurs fabrication. Cela doit, à son tour, ouvrir la voie à la levée des sanctions contre l'Irak. On mène un travail compliqué et persistant. Nous estimons que c'est la voie qui devrait mener au règlement de la situation autour de l'Irak.

Question: Si l'Irak n'accepte ni ne laisse les inspecteurs entrer sur son territoire, quelle sera la position de la Russie en cas d'une action militaire là-bas?

I.S.Ivanov : Lors des pourparlers et de l'élaboration de notre position, nous ne partons pas des "si". Nous estimons qu'il faut faire tout pour que la commission H.Blix puisse effectuer son travail. A la suite de ce travail, nous pourrions aboutir à la conclusion qui nous permette de lever toutes les sanctions contre l'Irak. Et nous allons travailler à la résolution de cette tâche.

Question: Après le 11 septembre, Monsieur V.V.Poutine a soutenu le Président G.Bush. De leur côté, les Américains ont souvent ignoré les intérêts de la Russie, par exemple sur le Traité AMD, les propositions de stocker les têtes nucléaires en Amérique au lieu de les détruire. La semaine passée, vous avez dit que si l'Irak est attaqué, la Russie ne se retirerait pas de la coalition de la lutte contre le terrorisme international. Qu'en pensez-vous, n'y-a-t-il pas de danger que si la Russie continue à poursuivre la politique extérieure pro-occidentale alors qu'il y a assez peu de choses que l'Occident lui concède, les milieux nationalistes russes vont s'en servir?

I.S.Ivanov : Récemment, à la Douma d'Etat a eu lieu une audition où je suis intervenu dans le cadre de "l'heure parlementaire". Certains députés ont posé exactement la même question. C'est pourquoi sans doute de telles opinions existent ici aussi. Je voudrais noter que la Russie ne mène pas la politique extérieure pro-occidentale. Nous menons la politique qui répond aux intérêts de la Fédération de Russie. Et si la Russie participe activement aux efforts internationaux visant la lutte contre le terrorisme, ce n'est pas parce qu'elle prête une assistance quelconque à quelqu'un, mais parce qu'elle a subi elle-même l'agression de la part du terrorisme international, a mené la lutte contre le terrorisme avant les événements du 11 septembre et la mènera jusqu'à ce qu'il cesse de représenter la menace à nos intérêts et la stabilité internationale.

En ce qui concerne le Traité AMD de 1972, je veux attirer votre attention au fait que, les trois dernières années, la résolution soutenant le Traité AMD a été adoptée dans le cadre de l'Assemblée Générale de l'ONU. Près de 80 états ont voté pour cette résolution. Un grand groupe d'états, dont ceux de l'Union Européenne, se sont abstenus, et seuls 3 ou 4 états ont voté contre. Parmi ces derniers - les Etats-Unis, Israël et la Micronésie. Cela témoigne du fait que quand les Etats-Unis prenaient la décision sur le retrait du Traité AMD, ils ne tenaient pas compte non seulement de l'avis de la Russie, mais de celui de la majorité écrasante des états qui s'étaient prononcés pour le maintien du Traité AMD non plus. Je peux décrire également la situation réelle pour les autres questions.

Par conséquent, je tiens à souligner encore que la Russie a mené et mènera la politique qui répond à ses intérêts. En ce qui concerne la déclaration que vous avez mentionnée, est-ce que la Russie se retirera de la coalition antiterroriste ou non en cas d'une action de force contre à l'Irak - ce sont deux questions différentes. On ne peut pas en faire un seul paquet. S'il faut lutter contre le terrorisme international, la Russie, je le souligne encore une fois, continuera la lutte. Dans le même temps, la Russie se prononce contre toute action de force, que ce soit contre l'Irak ou contre tout autre état, qui élude le Conseil de Sécurité de l'ONU. C'est notre position de principe qui n'est pas directement liée à la lutte contre le terrorisme international.

Question: La semaine passée, le Ministre de la sécurité de la Géorgie a été à Londres. Il a demandé l'assistance de la Grande Bretagne dans la lutte contre le terrorisme en Géorgie. Comment pouvez-vous le commenter?

Réponse: La Grande Bretagne peut prêter l'assistance à la Géorgie dans la lutte contre les terroristes qui, comme tout le monde le sait à présent, se sont installés en Géorgie, plus particulièrement dans la gorge de Pankis. Nous n'y voyons rien de réprouvant. Ceci étant, il serait plus naturel et plus logique si la Géorgie élargissait sa coopération avec la Russie - son voisin immédiat - dans la lutte contre cette menace, puisque aujourd'hui, mêmes les officiels géorgiens ne nient pas que les terroristes se soient installés sur le territoire de la Géorgie, y aient formé leurs bases et, en les utilisant, perpètrent des attentats sur le territoire de la Russie. Par conséquent, on y voit un rapport direct, et, normalement, la Géorgie devrait être directement intéressée à coopérer avec la Russie dans le but d'éliminer le foyer du terrorisme. Nous y sommes prêts, et nous l'avons déclaré à maintes reprises.

Question: Quelles directions potentielles de la coopération avec l'OTAN avez-vous discutées? Qu'en pensez-vous, compte tenu de l'élaboration d'un nouveau mécanisme de la coopération, est-ce que les programmes de coopération pourront compenser dans une certaine mesure le fait que la Russie ne peut pas influencer la prise des décisions internes au sein de l'alliance?

I.S.Ivanov : Au cours des pourparlers qui se déroulent actuellement entre la Russie et l'OTAN, on discute avant tout le mécanisme de la prise des décisions, ainsi que les sujets, auxquels nous pourrions travailler dans le cadre de ce mécanisme. Le mécanisme doit comprendre 19 membres de l'OTAN et la Russie qui, comme les partenaires égaux, participeraient à l'élaboration, à la prise et à l'application des décisions. En ce qui concerne les sujets, il y a toute une série de questions tout à fait évidentes où nos intérêts coïncident et où nous coopérons dйjà, mais en d'autres formats. C'est la lutte contre le terrorisme international et la criminalité organisée, l'opposition à la menace du trafic de drogue, le renforcement du régime de la non-prolifération des armes de destruction massive, la coopération dans le cadre des situations extrêmes. Il y a encore un ou deux sujets qui pourraient très bien s'y inscrire pour être discutés dans le cadre de ce mécanisme. Ce ne sont pas des domaines artificiels de la coopération, mais les questions qui répondent aux besoins d'aujourd'hui des états membres de l'OTAN aussi bien que de la Russie. Voilà pourquoi, si nous élaborons le mécanisme, définissons les sphères de la coopération et aboutissons à de tels accords, disons, au cours de la rencontre ministérielle Russie - OTAN à Reykjavik à la mi-mai, alors ce mécanisme pourrait commencer à fonctionner. Et ensuite, on pourrait élargir la liste des sujets de notre coopération. Je pense que cela serait important non seulement pour la Russie, mais aussi pour l'OTAN, dont le mécanisme serait dans quelque mesure mis en conformité avec les besoins actuels.

Le 20 mars 2002


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