Réponse du vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Alexandre Grouchko à la question des médias concernant les déclarations du Président français Emmanuel Macron dans une interview au magazine français Opinion

Question: L'autre jour, dans une interview accordée au magazine français Opinion, le président français Emmanuel Macron a évoqué la défaite géopolitique de la Russie et la prétendue dépendance vassale de notre pays vis-à-vis de la Chine comme un fait accompli. Comment pourriez-vous commenter ces déclarations?

Réponse: Nous sommes depuis longtemps habitués aux déclarations répétées des dirigeants français ainsi que d'autres pays de l'Occident collectif sur la victoire imminente et presque inévitable du régime de Kiev, sur l'économie russe pratiquement effondrée sous le poids des sanctions, sur le prétendu isolement international de la Russie. Il est déjà clair pour tout le monde, y compris les "partenaires occidentaux" eux-mêmes, que tout cela n'est rien de plus qu'une tentative de prendre ses rêves pour la réalité. Plus nous entendons de telles "incantations", plus il devient clair que, sous la pression de la réalité, les élites politiques des pays européens sont passées de l'endoctrinement propagandiste de leurs propres citoyens à se convaincre de la justesse de leur cap de confrontation pour détruire les fondements de la sécurité régionale et internationale.

La fourniture imprudente d'armements au régime fasciste de Kiev est le seul moyen de se dégager de la responsabilité de la crise dans laquelle ils ont plongé de nombreux pays et régions avec leur politique irréfléchie consistant à monter les voisins les uns contre les autres. Après tout, rejeter une telle myopie géopolitique reviendrait à admettre leurs propres erreurs, et l'Occident ne peut pas accepter cela.

Ils ne peuvent pas non plus abandonner leurs tentatives de brouiller de vieux amis par tous les moyens, dresser certains pays contre d'autres, "forcer la main" des États du Sud et de l'Est pour qu'ils oublient leurs propres intérêts nationaux au profit des ambitions géopolitiques des anciens "maîtres du monde". C'est dans ce contexte que l'on perçoit les propos du président français sur les relations de la Russie avec la Chine.

Il est évident que le renforcement progressif des relations de partenariat stratégique amicales, éprouvées par le temps, autosuffisantes et non conjoncturelles entre nos pays exaspèrent Paris. L'Occident est effrayé dans l'ensemble par la formation d'un système véritablement multilatéral de relations internationales qui se déroule sous nos yeux avec un certain nombre de centres indépendants, dont la Russie et la Chine. Ce nouvel ordre mondial émergeant signifie la fin de la domination séculaire des pays du "milliard d'or". D'où les tentatives par tous les moyens de freiner voire d'arrêter ce processus, et ici toutes les méthodes sont bonnes. Cependant, dans le tableau du monde qui se dessine, Emmanuel Macron, comme d'autres dirigeants occidentaux, devra accepter la réalité de relations fortes, égales et mutuellement respectueuses entre Moscou et Pékin. Un facteur dont l'importance et l'influence sur les relations internationales ne fera que croître.