Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Svetlogorsk, 15 août 2018
Sur les liens internationaux et interrégionaux de Kaliningrad
Comme nous nous trouvons actuellement dans la région de Kaliningrad, je voudrais commencer cette conférence de presse par ses liens internationaux et interrégionaux.
La position géographique unique de la région de Kaliningrad définit son implication active dans les liens internationaux de la Russie avec ses partenaires européens. Elle est l'une des premières régions russes en ce qui concerne le volume de contacts avec l'étranger. Dans le contexte actuel, les liens interrégionaux jouent un rôle spécial dans l'établissement d'un dialogue direct avec les peuples européens et la mise en œuvre de la politique d'ouverture et de bon voisinage. Cette coopération est notamment représentée par une participation active de la région aux événements dans le cadre de l'Année russo-allemande du partenariat régional et municipal ou l'organisation du Forum annuel des régions partenaires de Kaliningrad.
La hausse de l'attractivité touristique de la région s'est notamment appuyée sur l'organisation en juin dernier à Kaliningrad de quatre matchs de la Coupe du monde de football, visités par plus de 100 000 touristes étrangers. Compte tenu du déroulement réussi des matchs de la Coupe du monde 2018, la région accueillera dans le futur d'autres événements sportifs internationaux de grande envergure, dont le premier sera la rencontre des sélections russe et suédoise dans le cadre de la Ligue des nations de l'UEFA.
La participation de la région de Kaliningrad aux programmes internationaux de coopération frontalière Russie-UE (Russie-Pologne 2014-2020 et Russie-Lituanie 2014-2020) est une contribution importante à la coopération entre la Russie et l'Union européenne.
Malgré les sanctions antirusses, on constate en 2018 une hausse des échanges extérieurs de la région de Kaliningrad, notamment avec la Pologne et la Lituanie. La loi "Sur une zone économique spéciale dans la région de Kaliningrad", entrée en vigueur le 1er janvier 2018, vise à favoriser le développement des liens économiques extérieurs de la région. Un district administratif offrant un régime fiscal spécial qui devrait être créé en 2019 sur l'île Oktiabrski à Kaliningrad, est considéré comme un nouveau moyen d'attirer les investisseurs.
On travaille activement depuis quelques années pour perfectionner la législation russe et notamment simplifier les conditions de l'entreprenariat et du soutien étatique aux investissements dans la région de Kaliningrad, assurer l'approvisionnement en énergie et la protection de l'environnement, faciliter l'octroi de visas et développer l'infrastructure de transport. A l'initiative du Ministère russe des Affaires étrangères, les citoyens étrangers qui veulent se rendre dans la région de Kaliningrad, pourront désormais bénéficier du système d'octroi de visas électroniques, similaire à celui qui a été élaboré pour le port libre de Vladivostok. Nous publierons prochainement des informations détaillées à ce sujet sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères.
Ce n'est pas par hasard qu'on a décidé d'organiser le forum "Artek baltique" dans une ville de la région de Kaliningrad, très ouverte et hospitalière, ce que nous avons déjà personnellement ressenti et constaté.
Sur la formation du Groupe de travail de haut niveau sur la mer Caspienne
Le sommet de la mer Caspienne vient de s'achever. Les participants ont mené un travail efficace et obtenu des résultats colossaux se basant sur un processus de travail maintenu par les experts de tous les pays depuis des années. La Convention sur le statut de la mer Caspienne (article 19), signée au cours du 5e sommet de la mer Caspienne à Aktau le 12 août dernier, prévoit la formation des consultations régulières de haut niveau réunissant les cinq parties sous l'égide des ministères des Affaires étrangères des États caspiens afin d'assurer une mise en œuvre efficace de la Convention et d'examiner l'état de la coopération en mer Caspienne.
On a constaté beaucoup de questions concernant la nature de cet outil et les dates des rencontres dans son cadre. Le communiqué du sommet contient une directive présidentielle exigeant d'organiser la première rencontre au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères ou des représentants plénipotentiaires des États caspiens d'ici six mois après la signature de la Convention.
Les ministres des Affaires étrangères du groupe caspien ont décidé de convoquer le Groupe de travail de haut niveau sur les questions de la mer Caspienne d'ici la fin de l'année 2018. Le lieu et le date exacts de la réunion seront concertés via les canaux diplomatiques.
Sur le flash mob #ReadAimatov (#ЧитаемАйтматова)
A l'initiative de l'Organisation internationale pour la culture turque (TÜRKSOY), 2018 a été proclamée l'Année de l'écrivain russophone Tchinguiz Aïmatov à l'occasion de son 90e anniversaire.
Les œuvres de Tchinguiz Aïmatov sont traduites en 176 langues. La vaste géographie de ses œuvres publiées est impressionnantes – 126 Etats. Sur l'exemple des œuvres du grand écrivain on peut affirmer que le patrimoine culturel soviéto-russe continue de contribuer à la cohésion des peuples, notamment dans l'espace postsoviétique, aide à éduquer les générations qui grandissent dans l'esprit des valeurs humaines universelles.
La figure de Tchinguiz Aïmatov a également pour notre Ministère une signification symbolique. Vous le savez, l'écrivain a activement agi dans le champ diplomatique: à partir de 1990 il dirigeait l'Ambassade de l'URSS (et à partir de 1992 l'Ambassade de Fédération de Russie) au Grand-Duché de Luxembourg; de 1994 à 2006 il était Ambassadeur du Kirghizistan dans les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg).
En rendant hommage au grand écrivain, nous proposons en 2018 de participer aux flashs mobs: en russe à #ЧитаемАйтматова et au projet multilinguistique #ReadAimatov. Ils seront publiés aujourd'hui sur le site officiel et les pages du Ministère russe des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux, ainsi que sur les sites des ambassades. Je propose de lire les passages préférés de ses œuvres en les publiant sur les réseaux sociaux avec le hashtag. Compte tenu de la passion des jeunes pour tout ce qui concerne le multimédia en ligne, cela deviendra un moyen très important et efficace pour attirer l'attention de la jeune génération sur ses œuvres. J'espère que cette initiative ne motivera pas seulement les jeunes dans l'espace postsoviétique, mais également partout dans le monde pour découvrir le travail de Tchinguiz Aïmatov. Je suis certaine que tout le monde pourra y puiser quelque chose d'important pour soi, voire trouver des réponses sages aux questions éternelles qui préoccupent toute l'humanité indépendamment de l'âge, de la nationalité, de la religion ou de l'appartenance ethnique.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
La situation en Syrie sur le terrain a tendance à s'améliorer, notamment grâce aux succès des forces gouvernementales dans le sud du pays, où avec le soutien décisif de l'aviation russe il a été possible d'éradiquer les foyers de terrorisme dans les provinces de Deraa et de Quneitra. De plus, à Deraa s'est achevée l'opération pour évacuer les "irréconciliables" et leurs familles au nord de la Syrie. Le dernier groupe de 452 personnes a été évacué dimanche dernier.
Le nettoyage de Daech dans l'est de la province de Soueïda touche à sa fin. Au cours de ces deux dernières semaines les militaires syriens ont réussi à y libérer près de 2.000 km² de territoire.
Le processus de retour de réfugiés continue de prendre de l'ampleur. Rien que lundi dernier, 204 réfugiés sont revenus du Liban en Syrie (dont 61 femmes et 104 enfants). En ce qui concerne les déplacés internes, le même jour 316 citoyens syriens sont revenus dans leur foyer, dont 189 dans la province de Homs, 85 dans la Ghouta orientale, 42 à Deir ez-Zor.
Dans 117 communes du pays les moins touchées par les activités militaires sont déployés des sites d'accueil et de logement des réfugiés dans plus de 490.000 places. De plus, dans 295 autres communes sont menés des travaux actifs pour créer l'infrastructure pour le logement de réfugiés et de déplacés internes pour presque 1 million de places.
Rien qu'hier (14 août) 16 immeubles résidentiels ont été restaurés en Syrie, 1 km de route a été réparé, 1,5 km de ligne électrique a été construit, un site d'alimentation en eau a été mis en service. Ce sont les informations pour une seule journée. C'est la démonstration et l'exemple du rythme et de l'ampleur de la reconstruction du pays.
Dans la commune de Hirjillah de la banlieue de Damas a été organisée une action humanitaire pour distribuer plus de 3,5 tonnes de nourriture. Pendant une action caritative dans le quartier de Cheikh-Saïd à Alep a été distribuée 1 tonne de pain de la fondation Kadyrov.
Des médecins militaires russes ont apporté une aide médicale à six habitants, dont trois enfants dans la ville de Salhiah de la province de Deir ez-Zor, ainsi qu'à 54 citoyens, dont 16 enfants, dans la commune d'Yalda (banlieue de Damas).
Les unités de génie de l'armée syrienne ont poursuivi leur travail pour déminer la zone et les sites dans la province de Homs – 2 ha de territoire et 10 bâtiments ont été déminés. 50 engins explosifs ont été découverts et neutralisés, dont 21 bombes artisanales.
Sur les informations des médias concernant la participation du HCR de l'Onu à l'évacuation des Casques blancs
Nous avons repéré des informations des médias concernant la participation du HCR de l'Onu dans l'évacuation depuis la Syrie d'un groupe important des Casques blancs qui se présentaient comme une organisation humanitaire, mais étaient en réalité un outil dans une guerre hybride d'information et de propagande, menée sur le territoire syrien par un nombre de pays, notamment à l'aide de groupes armés illégaux et d'organisations pseudo-humanitaires de ce genre.
Malheureusement, le site officiel du HCR confirme son implication dans ces événements.
Ainsi, l'Onu soutient de fait la campagne de désinformation des médias et des milieux officiels occidentaux qui présentent les Casques blancs comme des militants humanitaires authentiques et courageux. A quoi bon donc évacuer ces militants courageux de la Syrie? Pourquoi les Casques blancs ne veulent-ils pas rester sur le terrain quand la vie paisible se rétablit enfin dans les villes et les villages syriens? Pourquoi ne veulent-ils pas distribuer le pain, reconstruire les hôpitaux et l'infrastructure civile? Est-ce qu'ils n'ont aucune envie de contribuer à la scolarisation des enfants syriens, ni d'aider les civils à trouver des emplois? Où sont leurs messages humanitaires? Le fait est que tout cela n'a jamais existé. Les Casques blancs ne faisaient que participer pour une rémunération colossale à des mises en scène truquées concernant le dossier chimique ou la promotion sur Internet de la campagne de désinformation propagandiste indiquant l'utilisation prétendue par la Gouvernement syrien d'armes chimiques contre son propre peuple. Rien de plus. C'est la valeur réelle des efforts prétendument humanitaires des Casques blancs.
Nous voudrions attirer l'attention du HCR de l'Onu, une structure internationale respectée et émérite, sur la nécessité de faire son travail de manière responsable et d'éviter toute initiative capable de nuire non seulement à son image et à celle des Nations unies, mais aussi - ce qui est surtout important - à l'efficacité de la contribution de l'Onu à la résolution des problèmes humanitaires principaux, notamment en Syrie.
Rappelons encore une fois que les Casques blancs sont des provocateurs et des désinformateurs qui se cachent derrière la lutte humanitaire. Ils sont en réalité complices des groupes terroristes très dangereux et veulent dénigrer et torpiller les efforts antiterroristes du gouvernement syrien, aidé par la Russie.
Ce sont les Casques blancs qui ont créé tout une série des fake news cyniques visant à empêcher la stabilisation de la situation en Syrie et la réalisation des objectifs humanitaires, notamment en matière d'aide aux réfugiés.
Tout soutien accordé aux provocations des Casques blancs par le HCR de l'Onu est - au mieux - une erreur importante.
Nous appelons le HCR à agir strictement en conformité avec son mandat, à éviter tout engagement politique et à se laisser guider par les principes humanitaires de neutralité, d'indépendance, d'humanité et d'objectivité dans son travail pour se focaliser sur l'objectif prioritaire dans le contexte actuel: assurer un soutien international maximal au rapatriement volontaire des réfugiés syriens. Il est à noter que des structures internationales et la communauté internationale participent à l'évacuation des Casques blancs au moment exact du rétablissement de la vie paisible en Syrie. En ce qui concerne le retour des civils et des réfugiés en Syrie, beaucoup d'acteurs s'en distancient ou se justifient par un manque de sécurité dans le pays. Une approche intéressante. A l'époque où énormément de puissances régionales et occidentales finançaient les insurgés armés, elles ne voyaient aucun danger pour les civils qui se trouvaient en Syrie. Aujourd'hui, elles considèrent pourtant le rapatriement volontaire des réfugiés comme une démarche dangereuse. C'est une absurdité, mais les faits sont très éloquents.
Sur le déroulement de l'enquête sur le meurtre de journalistes russes en République centrafricaine
Le Ministère russe des Affaires étrangères continue de suivre de près la situation pour découvrir toutes les circonstances du meurtre ce 30 juillet en République centrafricaine des journalistes russes Orkhan Jemal, Alexandre Rastorgouev et Kirill Radtchenko. Sur un plan pratique déjà nous travaillons sur la question d'un voyage en Centrafrique de collaborateurs du Comité d'enquête russe pour suivre le déroulement de l'investigation des forces de l'ordre centrafricaines.
Les médias ont déjà rapporté, et je peux le confirmer, que des journalistes russes de différentes éditions sont déjà arrivés en Centrafrique. Le projet de riafan.ru a également entamé son travail, le groupe de correspondants dans son cadre est arrivé en Centrafrique le 12 août.
Je voudrais confirmer que cette fois les journalistes qui se rendent en Centrafrique sont en contact avec l'Ambassade de Russie. Nous espérons vraiment que tous les journalistes russes qui ont l'intention de visiter cet Etat le feront préalablement savoir à nos diplomates, en informant de préférence le Ministère russe des Affaires étrangères.
Pendant la rencontre avec les diplomates de l'Ambassade de Russie à Bangui les journalistes ont dit que leur objectif consistait à couvrir le travail des instructeurs russes en Centrafrique, de visiter la base d'entraînement de Berengo et de suivre l'itinéraire de leurs collègues défunts. La sécurité des journalistes russes est garantie par les forces de l'ordre centrafricaines et la Mission de l'Onu en République centrafricaine. Les diplomates russes à Bangui leur apportent toute la contribution nécessaire quand ils s'adressent. Nous espérons que le travail professionnel des journalistes permettra de faire lumière davantage sur ce qui est arrivé à leurs collègues et réfuter les nombreuses insinuations apparues dans les médias et sur internet par rapport à ce qui s'est passé avec les journalistes russes, sur la nature et les objectifs de la présence russe en Centrafrique, tout en empêchant les spéculations sur la manière dont ont été tués les trois journalistes russes et par qui. De notre point de vue, cela doit s'ajouter au travail des forces de l'ordre de la Centrafrique et de la Fédération de Russie qui a immédiatement commencé. Bien sûr, seule l'enquête officielle menée par les autorités russes et centrafricaines pourrait éclaircir le tableau définitif de ce crime.
Sur l'évolution de la situation autour de Maria Boutina
Nous continuons de suivre de très près la situation autour de la citoyenne russe Maria Boutina arrêtée le 15 juillet aux USA et injustement inculpée pour activité d'"agent d'un gouvernement étranger" avec toutes les conséquences que cela implique.
Les diplomates russes à Washington ont réussi à quelque peu améliorer les conditions de sa détention. Ainsi, elle a été autorisée à se servir d'un téléphone, sa nourriture a été améliorée. Dans le même temps, en dépit de nos nombreuses requêtes, le régime qui s'applique à la détenue est sévère. Au final, l'état de santé de Maria Boutina s'est dégradé. On a l'impression qu'en cherchant à compliquer au maximum la vie de la Russe, Washington voudrait la pousser ainsi à coopérer avec l'enquête.
Nous trouvons inadmissibles de telles actions des SUA, nous exigeons d'apporter immédiatement à Maria Boutina une aide médicale à part entière et cesser les poursuites pénales la visant, alors qu'elles sont basées sur des accusations infondées. Du moins, tout ce qui est présenté dans la sphère publique par la partie américaine ne tient pas debout.
Sur l'affaire du rédacteur en chef de RIA Novosti Ukraine Kirill Vychinski
Selon les informations de l'Ambassade de Russie en Ukraine, par la décision du tribunal d'appel de Kherson, la durée d'arrestation de Kirill Vychinski a été réduite jusqu'au 8 septembre 2018, étant donné que le tribunal de première instance avait dépassé la durée maximale de prolongement de la mesure de coercition sous la forme de détention s'élevant à 60 jours. Sachant que le tribunal a refusé la libération sous caution de Kirill Vychinski.
Bien qu'il soit refusé au consulat russe de rencontrer le détenu se référant à la citoyenneté ukrainienne de Kirill Vychinski, l'Ambassade de Russie en Ukraine et le Consulat général de Russie à Odessa suivent de près la situation actuelle et apportent leur contribution aux représentants de la défense de Kirill Vychinski.
Sur le centenaire du service de messagerie diplomatique du Ministère russe des Affaires étrangères
Le service de messagerie diplomatique du Ministère russe des Affaires étrangères fête ses 100 ans le 27 août 2018. Il y a un siècle, le Commissariat du peuple aux Affaires étrangères de la République socialiste fédérative soviétique de Russie a créé un département de messagerie diplomatique, responsable du maintien des communications fiables et confidentielles avec les missions du pays à l'étranger. Nous ne félicitions pas encore nos collègues, mais nous nous préparons à cette date.
A l'approche de notre fête professionnelle commune, je voudrais dire quelque mots sur ce service. Le courrier diplomatique est une fonction diplomatique qui exige une responsabilité énorme pour la sécurité des secrets publics et a toujours été liée à des risques considérables. L'exemple le plus éloquent de l'héroïsme des courriers diplomatiques face au danger est l'exploit de Teodors Nete et de Johann Mahmastal, diplomates soviétiques qui portaient le courrier diplomatique de Moscou à Berlin via Riga en février 1926. Le 5 février, des inconnus ont attaqué les diplomates dans un train sur le territoire letton afin de mettre la main sur le courrier diplomatique. Au cours de la fusillade, Teodors Nete qui se défendait bec et ongles contre les bandits, a été tué. Johann Mahmastal a été blessé trois fois dans ce combat, mais n'a cessé de protéger le courrier diplomatique jusqu'à Riga pour le transmettre aux employés de la mission soviétique. Les deux diplomates ont été décorés de l'ordre du Drapeau rouge. Des rues, des navires et des avions portent toujours leurs noms. Leur exploit a également inspiré le film "Les courriers diplomatiques rouges" qui sera transmis par la chaîne Zvezda le 27 août 2018. Cet héroïsme montré par Teodors Nete et Johann Mahmastal dans le premier quart du XXe siècle, n'est pas une exception, mais une norme pour les employés du service de messagerie diplomatique.
Au cours de la Grande guerre patriotique, les courriers diplomatiques continuaient de transporter des messages, en traversant régulièrement la ligne du front à bord des avions de combat et des navires militaires de l'URSS ou de ses alliés. A l'époque d'après-guerre, les courriers diplomatiques transportaient les messages diplomatiques dans les pays touchés par des conflits militaires ou une instabilité politique: le Vietnam, l'Afghanistan, le Mozambique, le Liban, la Syrie. Les courriers diplomatiques qui ont perdu la vie au service, représentent un tiers de la liste des collaborateurs péris du Ministère des Affaires étrangères (on peut la consulter sur une plaque commémorative installée dans le vestibule du Ministère sur la place Smolenskaïa).
Le service de messagerie diplomatique a subi beaucoup de changements de structure et de fonction depuis 100 ans, mais a réussi à maintenir son niveau élevé de professionnalisme et de fiabilité, formé il y a un siècle. Malgré l'apparition de la radio, d'Internet et d'autres fruits du progrès technique, le courrier diplomatique reste d'actualité, demeure l'une des méthodes les plus fiables de transmission des textes, ainsi que des messages de service et de travail. L'efficacité du travail de ce service dépend grandement de la sélection de collaborateurs, du facteur humain. Les employés du service de messagerie diplomatique ont été décorés de beaucoup de médailles d'État, de certificats et de lettres de félicitation du Ministère. Certains sont devenus ambassadeurs, consuls ou chefs de département, ont travaillé dans des organisations internationales.
Depuis 2003, les fonctions de messagerie diplomatique du Ministère sont assurées par le Département de la messagerie et des communications diplomatiques. Son professionnalisme permet d'offrir des services de messagerie fiable non seulement au Ministère des Affaires étrangères, mais aussi à d'autres institutions de l'État russe. On envoie actuellement le courrier diplomatique dans plus de 120 pays du monde. Le Département est dirigé par Sergueï Loukiantchouk, diplomate professionnel et Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire.
Parallèlement à la prochaine conférence de presse qui se déroulera à 11h00 le 23 août à Moscou, le Ministère des Affaires étrangères ouvrira une exposition thématique de photos et de documents "Les 100 ans des Communications diplomatiques du Ministère russe des Affaires étrangères". Nous créerons les conditions nécessaires pour que les journalistes accrédités puissent rédiger des reportages détaillés et de photographier cette exposition avant la conférence. Nous organiserons pour eux une petite visite guidée thématique. Cette exposition présentera des valises diplomatiques et des artéfacts différents, ainsi que la structure du travail d'un courrier diplomatique. Venez la voir, elle sera intéressante! Pour ceux qui ne seront pas en mesure de s'y rendre, nous publierons certainement tout cela sur les réseaux sociaux.
Sur l'évolution de la situation en Afghanistan
Nous suivons avec inquiétude la situation dans la province de Ghazni, où les talibans ont réussi à occuper et à retenir pendant quelques jours une grande partie du centre administratif éponyme. Des centaines de personnes ont été tuées des deux côtés et des civils, et une grande partie de la ville a été détruite. Les autorités afghanes ont rapporté le retrait des talibans de la ville, mais ces derniers continuent de retenir les cantons aux abords de Ghazni.
Nous constatons une escalade de tension dans les provinces du nord, notamment à cause des attaques des talibans contre la base de l'armée afghane à Ghormach dans la province de Faryab, où dimanche dernier au moins 17 militaires ont été tués et 20 – blessés.
Depuis le début de l'année, ce n'est pas la première fois que des activités militaires intenses ont lieu dans plusieurs régions du pays à la fois, et que l'armée et la police doivent s'efforcer de contrôler la situation. Les nombreux contingents étrangers présents en Afghanistan sont également incapables de la changer.
A l'instabilité qui demeure en Afghanistan s'ajoute la situation économique affligeante, comme en témoigne le nouveau rapport de la Banque mondiale. Il note un ralentissement de la croissance économique, un rythme bas de création d'emplois, ainsi qu'une hausse significative d'Afghans qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté – jusqu'à 55%. Et pour l'instant on ne voit aucune perspective d'amélioration.
Sur le litige territorial concernant l'appartenance du Sahara occidental
Nous avons reçu plusieurs questions concernant les perspectives du règlement du litige territorial sur l'appartenance du Sahara occidental. En effet, le sort de cette ancienne colonie espagnole ne se règle pas depuis plus de 40 ans. Les multiples tentatives entreprises sous l'égide de l'Onu pour élaborer une formule de règlement acceptable pour les belligérants, le Maroc et le Front Polisario, n'ont pas abouti pour différentes raisons. Par ailleurs, le statu quo fragile établi sur place est très préoccupant, parce qu'il comporte de sérieux défis pour la sécurité régionale.
A cet égard, nous constatons avec satisfaction que l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'Onu, ex-Président allemand Horst Köhler intensifie les efforts pour faire avancer le processus de paix grâce à la reprise de négociations directes sans conditions préalables entre les deux protagonistes avec la participation de l'Algérie et de la Mauritanie voisines en tant qu'observateurs.
Nous soutenons cette disposition et nous ne voyons pas d'autre alternative raisonnable à la recherche de compromis sur la base des résolutions connues du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies dans le cadre des procédures qui correspondent aux principes et aux objectifs de la Charte de l'Onu.
En sachant que nous partons toujours du principe que la paix solide peut être établie dans le Sahara occidental uniquement par les moyens politiques. Nous continuerons dans les contacts avec tous les intéressés d'aider au lancement d'une dynamique positive dans le processus de paix dans le Sahara occidental.
Sur l'évolution de la situation autour de l'enquête sur les incidents de Salisbury et d'Amesbury
Nous sommes préoccupés par l'absence d'informations sur l'état de santé d'Ioulia Skripal et de son père, l'endroit où ils se trouvent, nous sommes frappés par le refus continuel des autorités britanniques d'assurer un accès aux collaborateurs consulaires de l'ambassade russe. Les autorités britanniques continuent d'ignorer les requêtes d'aide juridique du Parquet de la Fédération de Russie envoyées à Londres concernant l'ouverture d'une enquête pénale par le Comité d'enquête russe le 16 mars 2018 pour tentative d'homicide visant Ioulia Skripal commise par un moyen globalement dangereux. Telle est la formulation officielle.
Des politiciens américains ont immédiatement rejoint la provocation visant les citoyens russes à Salisbury. Ils ont décrété de nouvelles sanctions antirusses en les motivant à fois par Salisbury et Amesbury. Nous considérons ces décisions prises de manière infondée comme préconçues et politiquement motivées. Tout cela rappelle beaucoup l'histoire datant de plus de dix ans concernant la prétendue possession de preuves irréfutables sur la présence d'armes chimiques en Irak, quand pour cette même raison le Royaume-Uni et les USA ont pris une décision (dans cette histoire la décision était initialement prise par les USA, mais le Royaume-Uni l'a soutenue), qui n'était pas appuyée sur des preuves réelles. Par la suite nous avons appris qu'elle s'appuyait sur des informations notoirement fausses. Apparemment, Londres et Washington n'ont tiré aucune conclusion des leçons irakiennes. Sauf que cette fois, je vous l'assure, les frais en matière de réputation de tels actes seraient bien plus importants.
La situation est d'autant plus grave que les forces de l'ordre britanniques qui mènent l'enquête sur les incidents de Salisbury et d'Amesbury sont soumises à une pression politique permanente du gouvernement britannique. Il faut parler en l'occurrence non seulement de pression politique des autorités britanniques, mais également des autorités américaines. Bien avant la fin de l'enquête (nous ignorons non seulement quand elle se terminera, mais également comment elle est menée) le gouvernement britannique a émis un verdict d'accusation. Après l'annonce des sanctions américaines par Washington cette pression n'a fait que se renforcer.
A cet égard, la Russie continue d'insister sur une enquête indépendante, objective et transparente sur les événements mentionnés. Nous soulignons que des citoyens russes ont été touchés à Salisbury, nous ne pouvons pas rester à l'écart et nous exigeons un accès consulaire.
Sur la récente déclaration de l'ambassadeur américain au Royaume-Uni Woody Johnson
Pour poursuivre sur le thème précédent, je voudrais attirer votre attention sur un article paru dans le journal Telegraph. C'est l'article de l'Ambassadeur des USA au Royaume-Uni Woody Johnson qui appelle Londres à suivre l'exemple de Washington et de se retirer du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien. Comme s'il était impossible de régler cette question sans l'ambassadeur américain et qu'il faille de telles "déclarations de campagne".
Cet article comporte beaucoup de choses intéressantes. Woody Johnson a accusé le gouvernement iranien de financer le terrorisme et les cyberattaques dirigées contre les démocraties occidentales. Bien évidemment, aucune preuve n'a été non plus apportée cette fois. Il exigeait également du gouvernement britannique d'"utiliser toute sa force et influence diplomatique" et de "se joindre" aux USA dans leur politique dirigée contre l'accord nucléaire iranien. Woody Johnson a écrit des choses encore plus remarquables en avançant la thèse que "le seul plan d'action raisonnable est la rupture de l'accord" avec l'Iran. Il a annoncé également que les USA et le Royaume-Uni pouvaient garantir ensemble "la paix et la prospérité en Iran que le monde entier attend". Cela dépasse tout. Premièrement, ce sont les USA qui, chaque jour depuis deux ans, disent à tous les niveaux qu'on ne peut pas s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres Etats. C'est leur thèse, leur concept qu'on ne doit pas s'ingérer dans les processus électoraux, dans la vie intérieure d'un Etat, que tout le monde doit respecter la souveraineté. L'Ambassadeur des USA au Royaume-Uni écrit que les USA et le Royaume-Uni peuvent ensemble garantir la paix et la prospérité en Iran que le monde entier attend. Quelqu'un, selon l'Ambassadeur américain, aurait délégué à Washington et à Londres le droit de se préoccuper de la prospérité de Téhéran. C'est absurde.
Deuxièmement, nous avons déclaré plusieurs fois que nous étions préoccupés par le retrait des USA du Plan d'action global commun, qui est un élément crucial du régime mondial de non-prolifération de l'arme nucléaire et de garantie fiable de la sécurité au Moyen-Orient. Ce ne sont pas des suppositions, mais une conclusion basée sur une analyse et soutenue par la communauté internationale sous la forme d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies obligatoire à remplir. Nous pensons que tout ce qui a été dit par l'ambassadeur et d'autres politiciens américains à ce sujet est erroné. Nous soulignons que ce n'est pas Téhéran qui déstabilise la région, mais plutôt ceux qui se comportent arbitrairement avec des accords internationaux multilatéraux, notamment dans un domaine tel que la sécurité nucléaire. Les commentaires faits par ce diplomate américain sont absolument déplacés, étant donné que les USA tentent activement de déstabiliser la situation en Iran par le biais de sanctions économiques illégales, de la pression politique et de l'influence de l'intérieur.
Les mots que le Royaume-Uni et les USA peuvent garantir "la paix et la prospérité" au Moyen-Orient sont consternants. Où et quand au cours des dernières décennies les USA et le Royaume-Uni ont assuré, comme l'a dit Woody Johnson, "la paix et la prospérité" au Moyen-Orient? Où au Moyen-Orient et en Afrique du Nord se trouve ce point, ce "îlot de stabilité" où un projet de ce tandem ait été réalisé en apportant des résultats appropriés? La Libye? La Syrie? Le Yémen? La région a évité sous peu les conséquences désastreuses du Printemps arabe soutenu politiquement et autrement par ces pays. L'histoire récente de la région et de l'activité américaine et britannique prouve le contraire. Je ne pense pas qu'il faille prendre au sérieux la phrase que "tout le monde attend". Personne n'a rien délégué à qui que ce soit dans le contexte de l'Iran, qui plus est à Washington et à Londres.
Sur le nouveau budget de la défense des USA
De nombreuses questions ont été posées concernant le nouveau budget de la défense des USA. Les premiers avis ont déjà été donnés, je voudrais m'y arrêter plus en détail aujourd'hui.
La loi sur la limite des dépenses pour la défense nationale pour l'année fiscale 2019, signée par le Président américain ce 13 août, fixe le cap sur le renforcement du rôle dominant de Washington sur la scène international par la force. Le gonflement sans précédent du budget militaire américain jusqu'à 716 milliards de dollars, une hausse record depuis 15 ans, exerce un effet destructeur sur le système de sécurité international établi.
Il est à noter que ce document prévoit le financement de projets concrets dans le cadre de consignes antirusses et antichinoises fixées dans les stratégies de la sécurité nationale, de la défense nationale, ainsi que dans la Revue de la posture nucléaire des USA.
De tels actes poussent de plus en plus vers une impasse les relations russo-américaines et rendent problématique la possibilité même de leur retournement dans un sens constructif. Sur le plan pratique, cette loi, qui porte, notons-le, le nom du fervent sénateur-russophobe John McCain, prolonge l'interdiction de la coopération militaire avec la Russie dans le cadre d'une forte aggravation de défis et de risques. 6,3 milliards de dollars ont été alloués (1,7 milliard de plus par rapport à l'année précédente) pour le programme "Initiative européenne de dissuasion" afin de renforcer la présence militaire avancée des USA en Europe et la prétendue "lutte contre l'agression russe".
Cette loi comporte d'autres chapitres clairement dirigés contre la Russie. En particulier, un accent est mis sur la possibilité de suspendre par les Américains leur participation au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) sous prétexte de sa "violation" par la Russie. A titre de "contremesures" il est prévu notamment de poursuivre le financement de la recherche et développement sur un missile terrestre tombant sous les restrictions du Traité, ainsi que le renforcement du segment européen de l'ABM global américain pour se protéger contre les missiles russes qui, soi-disant, ne correspondent pas au FNI. De cette manière le doute est définitivement levé quant à savoir qui est réellement visé par la défense antimissile américaine.
Se référant à la "violation" du Traité Ciel ouvert par la Russie sont décrétées des restrictions pour la coopération dans le cadre de ce document. Le budget interdit d'allouer des fonds pour la modernisation du parc d'avions obsolètes depuis longtemps qui effectuent des vols dans le cadre de ce Traité, ce qui met en péril non seulement les équipages américains, mais également les représentants russes qui se trouvent à bord.
Le document confirme la ligne visant le développement unilatéral et illimité de l'ABM global américain. Il prévoit notamment le financement de la création de son segment spatial, ce qui devient, en fait, un pas de plus vers le déploiement de l'armement dans l'espace.
Parmi d'autres mesures de lutte, notamment contre la Russie (mais elle n'est pas la seule à y être désignée comme agresseur), on fait mention de plans de production d'ogives nucléaires "à faible puissance", conduisant à la réduction du "seuil nucléaire" et la hausse du risque de déclenchement d'une guerre nucléaire, ainsi que d'armements hypersoniques dans le cadre du concept de "frappe-éclair".
Une ligne à part prévoit des fournitures d'armes offensives au régime de Piotr Porochenko en Ukraine – un pays qui se trouve de facto en état de guerre civile. Cela joue évidemment en faveur des représentants ukrainiens qui ne souhaitent pas le règlement rapide du conflit dans le Donbass.
De son côté, la Russie fait et fera tout pour garantir dûment sa propre sécurité par tous les moyens à disposition, tant bien politico-diplomatiques que militaires.
Sur la réticence de plusieurs membres de l'Otan d'augmenter leurs budgets de la défense sur directive des USA
Nous avons également reçu des questions concernant la réaction de plusieurs membres de l'Otan à l'augmentation de leur budget de la défense sur directive des USA. La déclaration à l'issue du sommet de l'Otan de juillet confirme l'objectif d'augmenter les dépenses militaires des Etats membres de l'Alliance jusqu'à 2% du PIB. En sachant que leurs dépenses cumulées représentent plus de la moitié des dépenses mondiales à ces fins et dépassent largement celles de la Russie: leur montant total dépasse 14 fois nos dépenses.
A ce que l'on sache, on appelait même à augmenter ce chiffre jusqu'à 4%. Il est évident qu'aujourd'hui, au vu du durcissement de la concurrence commerciale et économique, à l'époque de guerres commerciales, tout le monde n'apprécie pas la perspective et la nécessité de telles dépenses supplémentaires. Pour certains pays la hausse exigée des dépenses pour la défense dépasse même la croissance prévue du PIB et entraînerait un basculement notable du côté de l'armement, et non de la nécessité et des besoins de la vie civile. D'autant que la Russie ne menace pas les membres de l'Otan, et aujourd'hui en Europe il n'existe pas de menaces qui nécessiteraient une réponse militaire. Nous vivons tous à une période de paix.
Dans le même temps, nous remarquons forcément qu'il existe des pays qui tentent, du moins en paroles, de défendre leurs intérêts nationaux réels. Cependant, il y a également des pays, tels que les héros de la littérature mondiale, qui romancent des schémas d'époques révolues et se battent contre des "moulins à vent" de menaces inexistantes. C'est ce qu'ils croient, et ils interprètent ce qu'ils croient comme la réalité. Nous ignorons quels sont leurs vrais objectifs – attirer l'attention, gagner des dividendes politiques ou simplement de l'argent. Mais cela ne contribue certainement pas au renforcement de la sécurité en Europe, au contraire, cela crée des risques supplémentaires.
Sur les relations russo-grecques
Les relations russo-grecques suscitent beaucoup d'attention des médias, des experts et simplement des citoyens des deux pays. Un grand nombre d'articles de politologues fait son apparition. Malheureusement, il y a des fakes qui bouleversent l'espace médiatique. Nous le commentons régulièrement, mais je voudrais aborder plus en détail ce thème aujourd'hui.
Nous avons pris connaissance du communiqué du 10 août 2018 publié sur le site du Ministère des Affaires étrangères de la Grèce, où Athènes donne son avis sur l'étape actuelle des relations bilatérales.
Le rabaissement par les partenaires de la coopération entre nos pays, qui étaient toujours considérées par la Russie comme particulières et traditionnellement amicales, à une "coexistence" routinière ne correspond certainement pas aux objectifs, aux attentes et aux désirs des deux peuples et au caractère de la coopération interétatique, comme en témoigne le niveau sans précédent du dialogue politique au sommet et à haut niveau et les grands projets qui ont été réalisés ces dernières années. Nous avons toujours cité en exemple aux partenaires européens le caractère amical, ouvert et substantiel des relations russo-grecques. La dégradation de notre coopération l'année du 190e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques est regrettable, d'autant que le rôle de la Russie dans l'obtention par la Grèce de l'indépendance et de la souveraineté étatique est bien connu, tout comme le rôle de la Byzance et des civilisateurs grecs dans l'établissement de l'identité russe. La Russie ne s'est jamais ingérée dans les affaires intérieures de la Grèce et sa politique étrangère. Ceux qui cherchent à présenter les choses ainsi ne sont pas de véritables amis de la Grèce.
Les accusations avancées par Athènes se résument aux affirmations infondées, nous n'avons toujours pas vu de preuves. Les médias locaux avaient lancé une campagne sans précédent pour discréditer nos relations bilatérales dans le secteur socioculturel, dans les contacts qui se sont transformés en un instant d'incontestablement positifs, ce que personne n'aurait remis en question, en éléments de "guerre hybride". A titre d'activité suspecte et malveillante a été présenté ce qui a toujours servi de pilier des liens russo-grecs, y compris la religion commune, la voie historique, les sympathies réciproques entre les deux peuples, la contribution des diasporas au développement du bien-être des deux pays. La Russie a été injustement accusée publiquement de porter atteinte aux intérêts de la Grèce dans les Balkans et de saper l'Accord de Prespa pour rebaptiser la Macédoine, des publications clairement commanditées sont apparues sur le prétendu financement par Moscou de nombreuses manifestations en prévision de la Foire de Thessalonique en septembre 2018. L'aberration de ces publications est flagrante, mais l'ampleur de la campagne médiatique déclenchée impressionne.
Comme nous l'avons souligné plusieurs fois à différents niveaux, la Russie n'est pas amie avec quelqu'un contre quelqu'un, et notamment l'amitié russe avec la Turquie n'est pas dirigée contre d'autres pays (c'est à titre d'exemple, parce que cette thèse était également propagée dans l'espace médiatique).
Il est inadmissible de déformer l'histoire et d'interpréter les objectifs de création et l'activité de l'association internationale Société impériale orthodoxe de Palestine (c'est également un exemple) qui, comme bien d'autres ONG, réalise uniquement des projets culturels et éducatifs, et uniquement si les partenaires étrangers sont intéressés. Mais même cette organisation a été critiquée.
Je voudrais souligner à nouveau que la Russie n'est pas à l'origine des démarches ayant entraîné la détérioration des relations russo-grecques. Au contraire, nous restons attachés à la ligne visant le développement de la coopération globale avec la Grèce. Nous jugeons la situation actuelle anormale et temporaire, nous espérons qu'elle sera rapidement surmontée. Nous sommes prêts à faire preuve de "patience et responsabilité" afin de rétablir la coopération à part entière au profit des peuples des deux pays.
Sur la volonté de Kiev de créer un équivalent de la "liste Magnitski"
On nous a posé des questions sur la volonté de Kiev de créer un équivalent de la "liste Magnitski". Le paquet législatif comparable à la "liste Magnitski", annoncé par le régime de Kiev, constitue une nouvelle tentative d'introduire des mesures coercitives unilatérales contredisant le droit international et la pratique de la communication interétatique civilisée. On a l'impression que les autorités ukrainiennes suivent un mauvais exemple d'outre-Atlantique et veulent ainsi accuser les citoyens d'un État étranger de crimes non-prouvés en violant ainsi le principe de présomption d'innocence.
Nous estimons que la version ukrainienne de la "liste Magnitski" est un exemple d'une approche "inquisitoire" de la justice, d'une punition collective de crimes inexistants. Nous considérerons l'inclusion éventuelle d'hommes politiques sur cette liste comme une violation grossière des normes appropriées du droit international concernant les immunités des hauts responsables des États souverains.
Nous sommes persuadés que la véritable raison de cette initiative de Kiev réside dans la volonté d'élargir ses capacités en ce qui concerne la mise en œuvre de la politique d'impunité et de gommage des crimes des néonazis et des extrémistes responsables des morts sur le Maïdan, dans la Maison des syndicats à Odessa et dans le sud-est de l'Ukraine.
Sur la discrimination de la population russophone dans les pays baltes
Un autre sujet régulier de nos conférences de presse est la discrimination de la population russophone dans les pays baltes. Il est régulier, parce qu'il se trouve au centre de l'attention et sous une surveillance constante des autorités russes, du Ministère russe des Affaires étrangères. Aujourd'hui, la question la plus urgente réside dans un repoussage forcé de la langue russe de tous les domaines de la vie sociale. Cela concerne tout d'abord la Lettonie qui met en œuvre un projet prévoyant de mener en letton tous les cours aux écoles des minorités ethniques malgré des protestations massives de la population russophone. Les autorités ont déjà adopté les décisions appropriées concernant l'interdiction de l'éducation en russe aux universités privées lettones. La Russie dénonce résolument ces mesures discriminatoires, ce que nous avons déjà indiqué à plusieurs reprises. J'ai déjà mentionné l'opinion et la réaction des citoyens de ce pays.
Ce mauvais exemple letton s'est malheureusement avéré contagieux. Les autorités lituaniennes tentent ces derniers temps de le suivre. Ainsi, un groupe de conservateurs a récemment saisi le parlement lituanien des amendements prévoyant d'augmenter le nombre de cours en lituanien aux écoles des minorités nationales jusqu'à 60% d'ici 2023. Les auteurs de cette initiative affirment ouvertement qu'elle vise à "neutraliser l'influence de la Russie" sur les Russes et les Polonais locaux. Les plans des auteurs de ce projet de loi, qui veut officiellement égaliser les chances de tous les diplômés lituaniens sur le marché de travail, semblent hypocrites pour ne pas dire plus. Nous faisons face en réalité à une véritable discrimination et à une tentative d'une assimilation forcée de la population russophone.
Cette initiative des conservateurs lituaniens a naturellement provoqué une réaction très négative des représentants des minorités polonaise et russophone. Elle a été justement considérée comme une "régression de la politique d'État" envers cette catégorie de citoyens qui aggravait la situation des minorités ethniques dans le domaine de l'éducation et violait leurs droits. Nous espérons que les parlementaires lituaniens s'abstiendront d'une démarche si impopulaire.
Nous avons également appris la multiplication des cas où des représentants du Ministère lituanien de l'Education organisaient des "entretiens préventifs" avec les lycéens russophones de Vilnius et d'autres villes lituaniennes. Les fonctionnaires tentent ainsi d'établir la "loyauté" des écoliers envers l'État lituanien, sa politique étrangère etc. On organise des fouilles afin de constater si les élèves possèdent des manuels publiés en Russie ou d'autres livres "interdits". Il existe des informations indiquant qu'on a également organisé des interrogations et des fouilles de ce genre sur les lieux d'habitation compacte de la jeunesse russe en Lettonie et en Estonie.
Qui plus est, le parlement estonien examine actuellement un projet de loi prévoyant de décupler les amendes infligées aux personnes morales dont les employés ne savent pas très bien parler la langue estonienne (il s'agit actuellement de 600 euros, mais cette somme pourrait atteindre 6 400 euros). Je voudrais poser une question. En examinant les projets de ce genre, les autorités estoniennes, se rendent-elles compte du fait qu'on pourrait constater une situation similaire dans le monde, notamment avec des personnes qui parlent estonien, mais ne savent pas très bien la langue du pays où elles habitent? Est-ce normal?
Nous nous adressons encore une fois aux organisations internationales spécialisées - l'Onu, l'OSCE, le Conseil de l'Europe et l'Union européenne - et les appelons à faire enfin une déclaration publique et marquante en ce sens, à présenter leurs estimations de la discrimination incessante des droits des minorités ethniques dans le domaine et de la langue et de l'éducation dans les pays baltes.
Sur l'invitation des jeunes joueurs de football sauvés de la grotte inondée en Thaïlande à visiter le camp pour enfants Artek
Etant donné que nous nous trouvons aujourd'hui sur la plateforme de Baltic Artek (BaltArtek), il y a des nouvelles de l'Artek criméen. Il y a un peu plus d'un mois, le 10 juillet, l'opération de sauvetage de jeunes joueurs de football, qui étaient détenus pendant plus de deux semaines dans une grotte inondée, s'est achevé avec succès en Thaïlande. Le monde entier, notre pays y compris, avait sincèrement de l'empathie. Nous avions proposé l'aide russe. Des hélicoptères de fabrication russe ont participé à ces opérations. Ce n'est pas à moi de vous dire combien de personnes exprimaient leur soutien et compassion.
Nous avons tous été conquis par le dévouement des sauveteurs. Mais encore plus par le courage et la résistance des enfants: ils ont montré un véritable caractère de combattant et ont franchi avec dignité toutes ces dures épreuves qui n'avaient rien d'un jeu, mais on ne peut qu'imaginer ce à quoi ils ont été confrontés.
Afin d'aider les enfants à se réhabiliter et pour leur courage, pour leur résistance et la lutte pour la vie dans des conditions terrifiantes, le directeur d'Artek Alexeï Kasprjak a invité ces enfants dans son camp – là où vivent (j'ai bien dit vivent, et non se trouvent ou séjournent) les enfants de différents pays, où ils vivent le changement de véritables aventures, où ils font connaissance et combinent l'école, l'expérience de la vie avec les choses comme les loisirs, l'amitié et la camaraderie.
En transmettant les propos d'Alexeï Kasprjak, ce véritable acte héroïque d'enfant, bien qu'il soit comparable avec l'exploit d'un adulte, a été apprécié à sa juste valeur à Artek. Les enfants y sont attendus. Nous sommes certains que l'atmosphère d'Artek et la convivialité du camp aideront les enfants à oublier ce qu'ils ont vécu. Non pas oublier l'expérience de leur vie, mais oublier les horreurs qu'ils ont dû affronter. Artek possède également la meilleure équipe de football de la péninsule – le leader du championnat criméen, ce voyage se déroulera donc "sans se détacher du football" qui, nous nous souvenons, a une importance particulière pour les enfants.
Tous les enfants mentionnés recevront des billets gratuits dans le cadre du quota international. Notre Ambassade en Thaïlande entrera prochainement en contact avec les autorités locales pour transmettre l'invitation et parler de cette décision plus concrètement et en détail.
Réponses aux questions:
Question: Que pensez-vous de la "vexation" des USA concernant l'interdiction de survoler tout le territoire de la région de Kaliningrad, au-dessus du territoire de la République Tchétchène et d'autres territoires frontaliers de la Russie dans le cadre du Ciel ouvert?
Réponse: Tout ce qui concerne la déclaration des USA par rapport au Ciel ouvert a été commenté par le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. Même s'il y a des réclamations, or les réclamations américaines sont infondées, même si une partie, notamment Washington, ressent que ses droits sont enfreints et que l'accord n'est pas dûment respecté, il existe dans le cadre des relations internationales des institutions où il est possible de régler toutes ces questions bilatéralement, via les canaux diplomatiques, entre les institutions compétentes, au niveau d'experts. Auparavant, nous avions des commissions entières pour chaque secteur – la culture, l'armement, les médias, où le dialogue était permanent. Les Américains ont bloqué tout cela. Néanmoins, il reste d'autres institutions où il est possible de régler ces problèmes. Il est évident que l'objectif est différent – ne pas régler les problèmes s'ils existent, mais les exacerber et utiliser médiatiquement les problèmes fictifs (s'ils étaient réels nous en aurions la preuve) pour de nouvelles sanctions, faire pression sur la Fédération de Russie ou pour des campagnes médiatiques contre notre pays. Voilà ce que nous en pensons.
Il est possible de mener le dialogue, de régler substantiellement et concrètement les problèmes. Par exemple, la rencontre entre les deux présidents a montré au monde entier que la Russie et les USA pouvaient s'assoir à la table des négociations. En fait, cela ne faisait pas le moindre doute. Tant de temps a été consacré, notamment par les chefs de la diplomatie des deux pays, pour élaborer le Plan d'action sur le programme nucléaire iranien, la Syrie, l'Ukraine et d'autres questions. Il y avait un dialogue et il peut avoir lieu même aux moments les plus difficiles. Mais tout le monde n'en profite pas. Quand des questions ou des problèmes surviennent, au lieu d'utiliser un canal de travail normal, établi et existant, tout le monde prend le micro pour raconter des contes à dormir debout.
Question: Que pouvez-vous dire par rapport au fait qu'en fermant la plupart des programmes de coopération militaire dans le budget de la défense des USA, le Ciel ouvert soit maintenu?
Réponse: J'ai déjà parlé du Ciel ouvert et du budget militaire dans l'ensemble aujourd'hui. Les commentaires plus détaillés doivent être donnés par nos experts militaires.
Question: Quels sont les risques d'une guerre commerciale entre les USA et la Turquie?
Réponse: Le paradoxe total et la contradiction globale de la politique américaine c'est que depuis plusieurs années on nous disait que toutes les mesures prises contre la Russie – la pression des sanctions, les listes rouges, les restrictions, etc., c'est une punition, un sorte de réponse des USA qui se sont attribué le rôle d'arbitre international pour punir et isoler la Russie pour son "mauvais" comportement. Nous avons dit que c'était faux, car tout cela (l'annulation de la visite du Président Barack Obama, la liste Magnitski) a commencé bien avant les événements dramatiques en Ukraine, auxquels se réfèrent les USA. A présent, nul n'a de doute que même si la Russie se trouve en première ligne des listes de restrictions, elle est loin d'être la seule. Il y a les guerres commerciales avec la Chine déclenchées par Washington; la pression financière et économique sur la Turquie, ainsi que le déroulement de la spirale des sanctions contre l'Iran s'accompagnant par des actions financières et économiques et la pression politique colossale.
Mais ce qui est paradoxal c'est que si auparavant les USA utilisaient encore le terme "axe du mal" vis-à-vis de certains pays et régions qui, en raison de leur histoire, culture et organisation politique, ne peuvent tout simplement pas être "bons", aujourd'hui il s'avère que pour mener une politique de pression dans ses propres intérêts il n'est même pas nécessaire d'appartenir à un certain "axe du mal", du point de vue de Washington. Prenons l'exemple de l'UE – est-ce que ce qui se passe avec les compagnies européennes ne tombe pas sous la définition de guerres commerciales? C'est une question de goût et de nuance subtile: on peut le qualifier de guerres commerciales, de pression, de politique de sanctions. Même les partenaires les plus proches des USA, par exemple le Canada, qui avait toujours suivi la ligne des Etats-Unis, sont une cible frappée par les USA guidés par leurs propres intérêts.
La question est de savoir si en mettant en application cette politique on peut parler des intérêts nationaux des USA eux-mêmes. Je pense qu'il faut parler davantage des intérêts d'un groupe politique concret qui arrive au pouvoir. C'est clairement prouvé par le fait que tous les quatre ou huit ans ces intérêts précis de Washington, qui sont présentés comme nationaux, changent complètement. Il y a deux, trois ou quatre ans il était bénéfique de proposer un plan d'action pour l'Iran tout en renforçant, renouvelant ou relançant la coopération financière et économique, aujourd'hui tout est devenu sens dessus dessous – l'Iran est proclamé agresseur, etc. la compréhension de cette mécanique est très importante pour faire une analyse.
Question: A quoi doit s'attendre la Russie d'une guerre commerciale contre la Turquie? Nous ne resterons probablement pas à l'écart?
Réponse: Vous formulez très justement la question parce que la Russie n'était pas un développeur substantiel du concept de mondialisation. C'était un projet occidental. Tout le monde y a cru et a commencé à participer plus ou moins au processus de mondialisation financière et économique, à considérer le monde comme un ensemble où chacun peut apporter sa contribution sur un pied d'égalité, être un opérateur économique et financier. Nous voyons aujourd'hui que ce n'est pas le cas.
En ce qui concerne la Russie, nous partirons des résultats concrets engendrés par ces guerres économiques. Nous avons fait notre choix après l'annonce des sanctions. Nous avons profité de cet instant, que nous n'avons pas initié ni attendu, mais dans cette réalité historique et ces conditions nous avons fait un choix qui a permis au pays de suivre sa voir, d'accroître les ressources intérieures. C'est pourquoi en fonction de l'évolution de la situation nous chercherons à minimiser le préjudice, sans pour autant faire de l'esprit ou se frotter les mains parce qu'à présent ils se sont attaqués à la Turquie. Il ne faut pas penser et agir ainsi parce que le monde est si mondialisé qu'on ne sait jamais quelles sanctions visant un Etat précis peuvent provoquer un effet négatif pour soi-même et sous quelle forme cela arrivera. Nous ne soutenons certainement pas ces choses, simplement nous les constatons, nous réagirons au fur et à mesure qu'elles se produiront. On espère vraiment que cette vague retombera, mais les récents événements prouvent le contraire.
Question: L'Onu s'est opposée au retour des réfugiés en Syrie. Pourquoi les Nations unies ne veulent-elles pas accepter la normalisation de la situation dans le pays?
Réponse: Je ne suis pas d'accord avec votre affirmation concernant la position négative de l'Onu sur le retour des réfugiés syriens. Je l'ai déjà mentionné aujourd'hui. L'Organisation estime que les conditions nécessaires pour un retour volontaire, sécurisé, digne et durable des réfugiés en Syrie n'ont pas encore été réunies. Parmi les obstacles mentionnés par l'Onu il faut notamment citer la poursuite des hostilités, des destructions massives, un manque total de sécurité, un fonctionnement très insuffisant de l'infrastructure sociale, la présence de munitions non-explosées etc. Il reste pourtant la question suivante: qui rétablira le fonctionnement de l'infrastructure sociale sauf les Syriens-mêmes? Qui devrait le faire? Qui devrait déminer le territoire? La Russie s'en occupe déjà évidemment, mais les Syriens-mêmes doivent également aménager leur territoire. C'est le sens de la question que nous soulevons après les propos de ce genre.
La position des dirigeants de l'Onu dépend évidemment des États membres principaux qui sont les donateurs les plus importants des programmes humanitaires internationaux. La politique des États-Unis et d'autres pays occidentaux vise malheureusement depuis longtemps à changer le pouvoir syrien. Ils conditionnent l'octroi de l'aide au rétablissement par la prétendue transition politique prévoyant en réalité la destitution de Bachar al-Assad. Les sanctions unilatérales de ces pays contre la Syrie ne font que confirmer cette politique. Il s'agit d'une situation paradoxale. Un pays déjà ruiné est bombardé d'épreuves supplémentaires que sont ces sanctions unilatérales. Tout cela crée des obstacles considérables sur la voie de la reconstruction.
Compte tenu de la fermeté des donateurs principaux, l'Onu ne peut pas malheureusement participer activement à la résolution des problèmes quotidiens en Syrie, notamment à la création des conditions nécessaires pour le retour des réfugiés. Le HCR de l'Onu est persuadé qu'il est nécessaire de remplir tout un nombre de conditions politiques préalables afin d'assurer un retour volontaire massif des réfugiés. Cette position soulève des questions de notre part. Il est donc prématuré de parler d'une participation élargie du HCR au retour des réfugiés syriens. Cela ne signifie pas pourtant que l'Onu s'oppose à la normalisation de la situation en Syrie. Nous le constatons sur la base de nos contacts avec l'Organisation et de nos négociations. Ces contacts existent en permanence. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est récemment entretenu avec le Secrétaire général de l'Onu António Guterres. Qui plus est, le HCR et d'autres structures onusiennes participent déjà à plusieurs projets concernant le retour en Syrie des réfugiés depuis les pays voisins, ainsi qu'à la mise en œuvre de programmes humanitaires différents.
Question: Comment peut-on résister au vandalisme étatique en Pologne concernant les monuments des soldats soviétiques? Que pensez-vous de l'idée de créer - avec le soutien de l'État - une carte numérique détaillée présentant tous les monuments en Pologne - y compris détruits ou "oubliés" - avec des descriptions numériques, qu'on pourrait télécharger sur les gadgets? Est-ce que cela est en mesure de déprécier les tentatives des autorités polonaises de gommer la mémoire commune?
Réponse: Je ne suis pas certaine en ce qui concerne le téléchargement sur les gadgets ou la possibilité de changer la mentalité des autorités locales. Mais je soutiens absolument votre idée. A mon avis, elle est déjà en état d'élaboration. Nous faisons tout notre possible pour cela. Premièrement, il s'agit de la création d'une base de données, d'une carte virtuelle des monuments sur le territoire européen (voire d'une zone plus large) qui a été le théâtre des combats acharnés pour la libération des pays et des peuples. Deuxièmement, nous en avons parlé aujourd'hui avec les participants au forum "Artek baltique": les jeunes ont avancé des idées similaires.
A mon avis, il nous faut absolument le faire, non seulement au niveau étatique, mais aussi en coopération avec la société civile. Cela ne doit pas prévoir une initiative imposée du haut, mais un travail commun. Nous sommes prêts à y accorder tout le soutien nécessaire.
Je voudrais souligner que le Département de l'Information et de la Presse du Ministère russe des Affaires étrangères a initié un accord spécial entre le Ministère et la Société russe de l'histoire militaire. Nous menons un travail très actif visant à prévenir le vandalisme et la réécriture de l'histoire, à soutenir les forces saines qui tentent de protéger les monuments. Nous avons désormais un accord en ce sens avec la Société russe de l'histoire militaire qui s'occupe de ce problème.
Nous faisons tout sur le plan concret. Nous constatons pratiquement toutes les semaines des propos qui constituent une prolongation du travail des ambassades qui sont en contact avec les pays de séjour. Il s'agit notamment des protestations (une chose réellement efficace) ou de l'organisation des négociations sur la protection des monuments et la prévention du vandalisme.
Nous espérons que nos rappels réguliers adressés aux certaines capitales sous forme de réponse à leur question "Comment pouvons-nous prévenir le vandalisme?" seront enfin entendus. Dans tous les cas, une tendance en ce sens existe. Tout comme on le fait sur d'autres sites, on peut profiter du progrès technologique et installer des webcams qui fixeront toutes les infractions et permettront de mener des enquêtes. En résultat, les personnes ayant ces idées agressives et dangereuses réfléchiront cent fois avant de passer à l'acte. Si elles se trouvaient devant une caméra, la police recevrait immédiatement leurs images. Comme toutes les villes ont déjà été équipées en caméras, il serait encore plus facile d'identifier ces gens.
En cas de vandalisme, nous insistons sur l'ouverture des affaires pénales et le dédommagement, travaillons avec la société civile sur les lieux. Il s'agit notamment du Polonais déjà célèbre Jerzy Tyc qui mène un travail méticuleux, reconstruit des monuments, réunit des fonds. Nous lui offrons un soutien moral et suivons ses appels. Nous ne travaillons pas avec lui pour influer sur la situation - comme certains l'affirment - mais pour maintenir sur les lieux, en Pologne les monuments des soldats soviétiques qui ont été très loin de la politique et ont perdu leur vie pour sauver les autres. D'autant plus que nous constatons une volonté sincère de le faire chez ses soutiens et ses camarades dans ce travail.
Cela prévoit évidemment la publication de textes thématiques et la création de sites consacrés à ce sujet. Nous nous en occupons également.