Sténogramme de la réponse de Sergueï Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la question des médias russes sur les résultats de la session du CMAE de la CEI, Dushanbé, le 2 septembre 2011
Question : Comment pourriez-vous commenter les résultats des 20 ans d'activités de la CEI?
S.Lavrov : Je pense que contentement et suffisance conviennent plutôt à quiconque a déjà arrêté de travailler. Le travail nous procure plaisir quand on atteint un résultat. La sesion d'aujourd'hui du Conseil des ministres des affaires étrangères de la Communauté a abouti à de tels résultats, et ils seront rapportés aux chefs d'États. Demain, au cours du sommet de la CEI, les décisions correspondantes seront prises.
Aujourd'hui, au niveau ministériel nous avons procédé à un échange de vues fructueux. Demain, les Présidents dresseront un bilan des 20 années d'activités de la Communauté et examineront les perspectives possibles. À ce sujet, on a publié un Rapport analytique du Comité exécutif de la CEI qui a servi de base pour la discussion. Les conlusions faites seront portées à la conaissance de nos dirigeants. On a préparé une déclaration en rapport avec le vingtième anniversaire de la Communauté des États Indépendants, qui met bien les accents concernant les résultats atteints et ce qu'il reste toujours à faire.
Certes, la CEI n'est pas une structure idéale, et tout le monde en est conscient. Pour des raisons claires, il y a 20 ans il fallait bien faire quelque chose. Comme les dirigeants russes l'ont plus d'une fois souligné, le fait qu'on ait réussi à créer la Communauté est un bienfait pour les peuples de nos pays. C'est là un cadre unique pour l'échange de vues, la concertation des approches et les contacts des chefs des États qui, récemment encore, avaient fait partie d'un même pays et qui ont entre eux de multiples attaches aux plans géographique, géopolitique, économique, culturel et humanitaire. En plus – ce qui n'est peut-être pas si évident pour la presse mais l'est bien pour les citoyens et les structures officielles de nos pays – la Communauté réalise également nombre de projets concrets et utiles en matière de lutte contre le crime, le trafic des stupéfiants, l'extrémisme et le terrorisme, ainsi que de migration, de démographie et dans la spère culturelle. Le Fonds pour la coopération humanitaire de la CEI et le Conseil intergouvernemental correspondant fonctionnent activement. Il y a beaucoup de domaines de coopération qui ne sont pas visibles à première vue. Souvent, les médias ne s'intéressent point aux projets fructueux concernent la vie quotidienne et n'ayant pas de grand retentissement.
En dehors de la coordination de toutes les ententes à la veille du sommet, les Ministères des Affaires étrangères sont aussi tenus de confronter leurs approches respectifs en matière de politique extérieure. Nous commençons de plus en plus à traiter les questions sur le fonds. Aujourd'hui, les chefs des Ministères des Affaires étrangères de la CEI ont adopté une importante déclaration «Sur le caractère complémentaire et mutuellement avantageux du développement des processus d'intégration». Il y est question de l'Union douanière et de la Communauté économique eurasienne qui existent dans le cadre de la CEI, et l'Espace économique unique (EEU) en cours de formation. Au sein de l'Union européenne il y a des processus d'intégration propres, ainsi que des mécanismes qui embrassent aussi bien une partie de la CEI. Il est donc important que soient accomplis les accords existant avec Bruxelles destinés à faire en sorte que les processus intégrationnistes dans différentes parties de l'Europe et dans la région Euroatlantique n'entrent pas en contradiction entre eux et soient complémentaires. Car tous ces processus sont basés sur les mêmes principes : liberté de circulation des capitaux et marchandises, des services et de la main-d'oeuvre. La déclaration, adoptée par consensus, souligne la volonté de nos pays de développer – dans divers formats (que ce soit avec un pays séparé, l'Union douanière, la Communauté économique eurasienne, l'EEU ou la Communauté dans son ensemble) – la coopération et les contacts avec l'UE et autres groupements intégrationnistes.
Il n'y a pas longtemps, Bruxelles a de nouveau déclaré au niveau officiel que nos voisins doivent choisir entre la Russie et l'Union européenne. Ces déclarations politisées et idéologisées sont contraires à tous les arrangements réalisés ainsi qu'à la logique élémentaire et aux tendances économiques et intégrationnistes. Vu tout ceci, la déclaration, adoptée aujourd'hui nous paraît très opportune.
Je tiens à signaler que nos travaux d'aujour'hui ont également abouti à la mise au point d'un projet d'Accord sur la perpétuation de la mémoire du courage et de l'héroïsme des peuples des États-membre de la CEI. Ce document – qui sera présenté au sommet –continue le thème de la mémoire de notre Grande victoire commune, constamment présent dans le cadre de la Communauté. Récemment, on a adopté une déclaration sur le 70e anniversaire du commencement de la Grande Guerre nationale. Je pense que nos efforts en la matière importent non seulement du point de vue de l'éducation des générations montantes, mais aussi du point de vue de sollicitude envers les anciens combattants. Nos chef d'États en discutent régulièrement et prennent les décisions nécessaires.
Aujourd'hui, on a aussi examiné et recommandé – pour approbation par les chefs d'États – tout un nombre de questions pratiques concernant la coopération sectorielle dans divers domaines visant à la réalisation de la conception du développement continu de la CEI.
Dans l'ensemble, je suis satisfait du travail accompli. Bien qu'il y ait pas mal de problèmes, le fait que tous les États soutiennent les activités de la Communauté, y assistent et y participent activement – particulièrement dans le cadre des organismes sectoriels où le rendement se fait directement sentir dans la vie pratique – confirme l'actualité du mécanisme en question.