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Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 12 juillet

1321-12-07-2018

Sur la Coupe du monde de football 2018

 

Nous voudrions commencer, comme à notre habitude, par l'actualité du football. La Coupe du monde en Russie approche de son point culminant. La mascotte Zabivaka fait des efforts et nous réjouit tous. Bien évidemment, nous étions de tout cœur avec notre équipe nationale. Nous avons remarqué avec joie comment nos joueurs étaient soutenus dans d'autres pays. Pas seulement par nos compatriotes, les Russes qui s'y trouvaient, mais également par des supporters étrangers. Nous leur disons un grand merci. Honnêtement, nous sommes vraiment agréablement surpris et exprimons des mots de gratitude pour l'appréciation  du niveau de jeu de notre équipe donnée par la presse étrangère. Le Guardian écrit que les Russes ont été excellents, et le New York Times que les joueurs de l'équipe de Russie ont réussi non seulement à faire en sorte que le pays soit fier d'eux, mais également "bien plus". Difficile d'imaginer ce qui peut être "bien plus" que la fierté de son pays, mais c'est l'avis du New York Times. La BBC a dit que "la Russie pouvait être fière de l'exploit de son équipe", et CNN a noté que l'équipe russe avait "bouleversé l'imagination".

Merci beaucoup pour ces appréciations positives avec lesquelles nous sommes entièrement d'accord. C'était effectivement le cas. Nous sommes fiers de notre équipe et, bien sûr, de notre entraîneur. Nous les remercions beaucoup!

C'est agréable de lire de tels avis. Les équipes, les joueurs, les entraîneurs de tous les pays qui sont présents au Mondial ont réellement conquis les cœurs de millions de supporters d'autres pays. Nous continuons de recevoir des avis exaltés concernant le niveau d'organisation du Mondial, l'atmosphère, l'infrastructure et notre pays dans l'ensemble. Le Guardian raconte comment des supporters anglais sont venus en Russie en refusant de croire les récits sur la "soif de sang russe" avec laquelle ils étaient censés être accueillis en Russie. Les personnes qui ont fait l'objet du reportage notent que la situation est devenue définitivement claire en seulement quelques jours: les supporters d'Angleterre étaient tout aussi bienvenus que tous les autres.

L'un des principaux quotidiens turcs, Milliet, a déclaré que la Russie, en tant qu'hôte du Mondial, avait montré une nouvelle fois qu'elle méritait la plus haute note pour son organisation. Le Monde indique que la fête sportive restera gravée dans la mémoire des supporters venus du monde entier pour supporter leur équipe. De nombreux stéréotypes sont associés à la Russie, dont une partie a volé en éclats au regard de l'organisation irréprochable et de la fête brillante proposée par le pays au monde entier, écrivent les journalistes français. Le site d'information vietnamien Zing cite un supporter qui ne pensait pas qu'il serait aussi heureux avant de se rendre au Mondial en Russie, et que tout était merveilleux.

Les journalistes italiens se sont également imprégnés de l'atmosphère de la fête sportive. La revue Panorama a publié un article intitulé "La fête est ici" soulignant que "la force du football et la fièvre sportive ont frappé la Russie comme une météorite. Et ce virus sportif, dans le bon sens du terme, s'est propagé à une vitesse incroyable, a fait des Russes des Brésiliens souriants, et de Moscou un Rio de Janeiro de carnaval où, de nuit comme de jour, tout le monde célèbre et danse". L'auteur a été impressionné par la force avec laquelle le peuple russe s'était passionné pour le football. Il suppose que c'est dû à l'"esprit d'équipe" dont se sont imprégnés les Russes, et parle de la bienveillance et de l'ouverture de nos habitants, de la manière dont ils accueillent les supporters étrangers et sont prêts à aider. "Bien que la Russie ait été éliminée de la Coupe du monde, elle a conquis tout le monde en contaminant les jeunes, les grand-mères, les chauffeurs de taxi et les policiers par son atmosphère folle et insouciante… Le Mondial est devenu un "contact des civilisations" inattendu pour tous les groupes de population et pour des milliers de touristes étrangers."

Les médias du monde entier ont réagi à la Coupe du monde précisément du point de vue de l'étude de notre pays, en comparant les mythes et la réalité. Le journal argentin Pagina 12 a publié une interview avec Martin Baña, chercheur du Conseil national argentin et spécialiste de l'histoire de la Russie, qui démystifie les préjugés et les stéréotypes par rapport à notre pays. On constate actuellement une réponse aux articles, aux insinuations qui ont été faites en grand nombre avant la Coupe du monde. L'article argentin parle de la richesse et de la diversité culturelle de la Russie.Le journal finlandais Ilta-Sanomat écrit ce qu'il a réussi à percevoir derrière l'organisation irréprochable du tournoi: le côté le plus fort de la Russie, selon les journalistes finlandais, réside dans les gens qui n'apparaissent pas dans les titres des revues internationales, qui ne cherchent pas à attirer l'attention générale. "Il est très facile de tomber amoureux de la Russie, dont les habitants prennent soin les uns des autres et sont prêts à aider un passant inconnu même s'ils n'en ont pas toujours le temps ou la possibilité."

Bien sûr, il existe d'autres exemples. Nous y étions préparés. Par exemple, à notre plus grand regret, le magazine tchèque Reflex pense que le vainqueur du Mondial est le gouvernement russe, et que la Russie parvient à se présenter sous un beau jour. Il parle également du choix suspect de ce pays en tant qu'organisateur il y a huit ans et, malheureusement, déplore que plus personne ne s'en souvienne. Il est étrange de regretter que les gens aient obtenu ce dont ils rêvaient – une véritable fête. Et je répète que de tels exemples sont également nombreux. Je peux suggérer à ces auteurs de lire les centaines de milliers, voire les millions de témoignages directs publiés sur les réseaux sociaux par ces gens qui effectivement ne se trouvent pas mais vivent pratiquement depuis un mois en Russie, visitent différentes villes, voient les avantages et les inconvénients et peuvent les comparer à ce qui était écrit avant leur venue. Vous feriez mieux de les lire. Vous feriez mieux de publier ces commentaires directs - pas besoin d'inventer quoi que ce soit. Je répète que ce sont quelques exemples. Une autre vision est aussi exprimée dans le milieu médiatique tchèque. Par exemple, iRoshlas, un média qui écrit que "parfois la sincérité des locaux est à couper le souffle".

Je ne peux pas ne pas mentionner le champ médiatique ukrainien, qui est à part. C'est une sorte de "Mondial alternatif" en termes de fakes sur la Coupe du monde de football. Je me permets de citer le "chef-d'œuvre" d'une grande publication de Kiev, Delovaïa stolitsa. Je rappelle que c'est écrit par l'auteur d'un média publié en Ukraine. "Premièrement, l'équipe de Russie a toutes les chances de se faire écraser par les Croates. Après la victoire contre l'Espagne (d'ici six mois-un an nous apprendrons encore des détails scandaleux sur la préparation et le prix de cette victoire) la barre est déjà placée très haut, par conséquent l'échec promet d'être cuisant. Quelque chose d'inhabituel sera nécessaire pour l'étouffer. Une bagarre avec des victimes, quelques supporters emprisonnés ou l'expulsion de tout le groupe de soutien croate, ainsi que très probablement des sanctions contre l'équipe de Croatie. Deuxièmement, une bagarre avec des Croates pourrait être utilisée par Moscou pour secouer les Balkans parce qu'elle se répercuterait certainement sur toute l'ex-Yougoslavie. Les options sont innombrables. Mais dans l'ensemble, le scénario tout à fait plausible est celui d'un Sarajevo-2: une opération spéciale organisée par vengeance pour les sanctions, et ce juste avant leur prolongation. On y perçoit également de nombreuses combinaisons intéressantes", écrit l'auteur ukrainien. Vous savez, cela fait longtemps que nous n'avions pas vu de telles aberrations cyniques, même écrites par des journalistes ukrainiens désorientés. Je voudrais simplement rappeler aux journalistes ukrainiens qu'ils viennent d'accueillir une conférence de l'OSCE sur la liberté des médias, précisément au sujet de la lutte contre les fakes. Qu'est-ce que vous écrivez? C'est impossible à croire.

Malheureusement, certains médias allemands ne se laissent pas distancer par leurs homologues ukrainiens. Ils essaient d'accuser notre équipe de dopage. Cela ne suscite rien d'autre que de la pitié pour les journalistes allemands qui, manifestement, n'ont plus la possibilité d'écrire sur leur propre équipe nationale et inventent des aberrations sur les autres. Il est tout simplement indigne de publier de tels désinformations et fakes. Après tout, c'est du journalisme, pas des contes de fées. Honnêtement, la législation de nombreux États prévoit des mécanismes juridiques pour protéger l'honneur et la dignité. Je pense qu'il est temps, notamment en se basant sur les publications des médias allemands, d'étudier la possibilité de les appliquer vis-à-vis de certains journalistes et médias (ce sont notamment les publications des journalistes allemands qui ont donné cette idée), puisque les règles et les notions morales leur sont étrangères.

Je dois dire que nous restons profondément confus par la réaction des représentants officiels britanniques au Mondial, qui font constamment le lien entre le sport et la politique et transmettent cette humeur aux médias britanniques. Sachant que malgré toute cette propagande antirusse, nous notons que 10.000 supporters sont venus du Royaume-Uni. Je pense que des représentants officiels leur manquaient dans les tribunes. Notamment hier. Même dans la presse j'ai vu qu'aucun représentant de l'ambassade britannique, aucun représentant officiel n'avait assisté au match. C'est leur choix. Mais je répète qu'à un moment donné il faudra tout de même prendre des décisions responsables, cesser de suivre la ligne de folie lancée avant le début du Mondial par les politiciens britanniques.

Nous regrettons que l'équipe d'Angleterre ai été éliminée du tournoi mais tel est le sport, telles sont les règles. L'équipe a montré un excellent jeu dans plusieurs matchs. Nous saluons les supporters britanniques, dont certains resteront en Russie pour la suite du Mondial.

 

Sur les supporters étrangers venus en Russie pour la Coupe du monde de football

 

Je dois mentionner spécialement une publication du Washington Post. Il s'agit d'un article d'Amie Ferris-Rotman, qui écrivait il y a environ six mois qu'il était très difficile pour les journalistes étrangers de travailler en Russie. Personnellement, elle ne vient pas chez nous et personne ne la connaît. Amie Ferris-Rotman a travaillé par le passé pour Foreign Policy, mais fait actuellement partie de l'équipe du Washington Post. Elle s'est permis une phrase absurde, pratiquement inacceptable, affirmant que les Russes n'étaient pas habitués à la diversité ethnique et que les étrangers les avaient surpris.

Je voudrais rappeler à Amie Ferris-Rotman et à toutes les victimes malchanceuses de son ignorance - ainsi qu'attirer l'attention de l'Ambassade américaine à Moscou sur son article - qu'il existe en Russie plus de deux cents ethnicités (pour qu'on comprenne ce qu'est la diversité ethnique en Russie). Si les journalistes américains l'ignorent, ils peuvent le lire sur internet ou nous demander des textes de référence.

Nous constatons - je ne vais pas nommer des journalistes et des médias pour le moment - que la presse américaine cherche frénétiquement toutes les occasions et tous les moyens possibles de discréditer la Coupe du monde.

Curieusement, nous avons reçu en même temps des demandes identiques de la part des journalistes français qui nous priaient de commenter la situation relative aux Nigérians venus en Russie avec leur fan-ID mais s'étaient retrouvés sans moyens ni billets de retour. Le Figaro et l'AFP nous ont envoyé ces demandes dans la même journée. Cela ressemble un peu à une action commanditée. Mais nous expliquerons bien sûr la situation.

Le fait que certains supporters restent sans argent vers la fin de la Coupe du monde concerne non seulement les fans nigérians, mais aussi beaucoup d'autres ressortissants étrangers qui viennent en Russie pour la Coupe du monde de football. Ils se trouvent dans différentes villes de notre pays. Il est naturel qu'ils doivent, malheureusement, quitter le territoire russe après la fin de cet événement sportif long et de grande envergure, car leur fan-ID cessera tout simplement d'être valable. A mon avis, c'est un fait évident qu'on ne peut pas mettre en doute.

Je reconnais que certains supporters peuvent se retrouver, pour une raison ou pour une autre, sans argent ou billet de retour vers la fin de leur séjour en Russie. C'est également naturel. Indésirable, mais naturel. C'est un problème, qui doit être résolu tout d'abord par les supporters-mêmes avec le concours des missions diplomatiques et consulaires de leurs États.   

On n'exclut pas que certains visiteurs étrangers veuillent profiter de la Coupe du monde 2018 pour traverser la frontière russe - le plus souvent, de manière illégale - pour se rendre dans un pays européen. C'est également possible. Si une telle action était reconnue comme illégale, les organes compétents adopteraient les mesures administratives nécessaires. Qui plus est, il ne s'agit pas d'une pratique exclusivement russe concernant la réaction aux actions de ceux qui visitent un événement international. C'est normal dans n'importe quel État, car il est tout simplement impossible d'agir autrement.

C'est pourquoi nous ne dramatisons d'aucune manière cette situation. Nous espérons que les journalistes français se sont intéressés ensemble à cette question et qu'il ne s'agit pas d'une action commanditée.

Je voudrais souligner encore une fois la nécessité de respecter les lois du pays organisateur de la Coupe du monde, et nos forces de l'ordre y veillent attentivement. Vous avez sûrement vous-mêmes constaté beaucoup d'actions de prévention et d'enquêtes rapides. Vous êtes nombreux à avoir écrit à ce sujet.   

 

Sur la réunion des ambassadeurs et des représentants permanents de la Fédération de Russie

 

Du 19 au 20 juillet, Moscou accueillera la réunion des ambassadeurs et des représentants permanents de la Fédération de Russie, qui se déroule traditionnellement tous les deux ans.

La réunion alternera entre séances plénières et sections thématiques concernant les objectifs principaux de la diplomatie russe aujourd'hui: la garantie de la sécurité nationale, la formation de conditions extérieures favorables pour le développement du pays, la promotion et la protection des intérêts nationaux de la Fédération de Russie, notamment de ses citoyens et de ses entreprises sur la base des normes du droit international, des principes de justice et de coopération égalitaire et respectueuse.

Cet événement permettra d'analyser les priorités de la diplomatie russe dans les principaux domaines de l'activité du Ministère russe des Affaires étrangères, ainsi que de définir les nouvelles initiatives concrètes visant à mettre en œuvre la politique étrangère de la Fédération de Russie.

Nous vous présenterons des informations supplémentaires en temps voulu. Il y aura notamment un grand nombre d'interviews, de commentaires et de propos des ambassadeurs russes qui arrivent déjà à Moscou et parlent activement à la presse. 

 

Sur l'évolution de la situation en Syrie

 

La situation en Syrie reste tendue. L'attention est surtout focalisée sur les événements dans le sud-ouest du pays. L'opération de nettoyage des terroristes dans les provinces de Deraa et de Quneitra entre dans sa phase finale.

A l'heure actuelle, la province de Deraa est presque entièrement libérée. Un accord a été passé sur le règlement de la situation dans les quartiers sud et sud-est de son centre administratif éponyme, la ville de Deraa, qui est restée pendant plus de sept ans sous le contrôle des groupes armés illégaux.

L'armée gouvernementale syrienne a pris le contrôle de la frontière avec la Jordanie voisine, garantissant la possibilité d'ouvrir la circulation sur l'autoroute internationale Beyrouth-Damas-Amman.

La libération du sud-ouest de la Syrie des terroristes a été réalisée avec un nombre minimal de victimes. Cela a été rendu possible essentiellement grâce aux négociations avec les groupes d'opposition armée qui ont pris leurs distances de Nosra et de Daech. Un rôle particulier a été joué par les officiers russes du Centre pour la réconciliation des belligérants et la politique militaire, qui garantit l'ordre et la sécurité dans plusieurs communes.

Les nombreuses photos postées sur les réseaux sociaux montrent le respect et l'amour éprouvés envers nos militaires par la population locale, y compris les anciens combattants de groupes armés illégaux. On y voit des officiers russes faire des selfies avec ceux qui, encore hier, faisaient partie de groupes armés illégaux mais ont choisi aujourd'hui la paix et l'unité de la Syrie. Il convient de mentionner qu'à l'occasion du Mondial qui se termine en Russie, un match de football avec la participation de militaires russes et d'anciens combattants a été organisé dans le village de Mseifara au sud-ouest de la Syrie.

Nous avons noté une immense quantité d'armes modernes et de matériel d'origine occidentale transmis à l'armée syrienne par les combattants pacifiés - des lance-roquettes antichars portatifs, des véhicules blindés, des armes d'infanterie et des munitions, constituant la preuve matérielle d'une grossière ingérence extérieure dans les affaires syriennes.

Dans l'ensemble, le succès de l'opération militaire - et dans plusieurs régions sans effusion de sang - pour le rétablissement de la souveraineté de l’État syrien au sud du pays montre la présence de sérieuses prémisses au règlement politique et à la pacification rapide en Syrie. On ne peut pas ignorer la volonté des Syriens ordinaires qui, à l'approche des forces gouvernementales, chassaient Nosra de leurs villages et communes en levant le drapeau national syrien.

En parlant de la situation dans le sud de la Syrie, on ne peut pas passer à côté du thème des réfugiés. Pendant l'opération de l'armée syrienne, beaucoup ont été contraints de quitter leur foyer, notamment dans les endroits où les terroristes tentaient d'opposer une résistance armée et provoquaient l'armée gouvernementale à utiliser la force. Cependant, le nombre de ces personnes était largement inférieur aux chiffres diffusés à l'initiative des Casques blancs et d'autres provocateurs qui faisaient tout pour stopper ou au moins ralentir l'élimination des terroristes.

Aujourd'hui les réfugiés ont la possibilité de revenir dans leur foyer. Il est évident que ces gens ont besoin d'aide – aussi bien parmi les déplacés internes que ceux qui ont vécu pendant de longues années sur le territoire de la Jordanie voisine.

Le gouvernement syrien apporte cette aide. Des militaires russes apportent également leur contribution. Cependant, selon nous, la situation nécessite des efforts supplémentaires de la part de la communauté internationale et de ses agences spécialisées. Non seulement pour apporter aux personnes dans le besoin de la nourriture et des produits de première nécessité, mais également en matière de solution stratégique – créer les conditions pour un retour sûr, délibéré et digne dans leur patrie des millions de personnes qui ont dû quitter la Syrie à cause du conflit intérieur et des attaques terroristes. Il faut une participation active des partenaires internationaux à la reconstruction socioéconomique du pays, et la levée des sanctions unilatérales sévères contre la Syrie qui font obstacle à ce processus.

 

Sur les résultats intermédiaires de l'enquête sur l'usage supposé de l'arme chimique à Douma (Syrie)

 

Nous avons remarqué le rapport intermédiaire publié récemment par le Secrétariat technique de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sur le déroulement de l'enquête de la Mission d'établissement des faits d'usage des armes chimiques en Syrie concernant l'incident chimique supposé à Douma le 7 avril 2018.

Le rapport de presque 30 pages, bien qu'il soit intermédiaire, prétend manifestement être exhaustif, visiblement pour montrer de nouveau les "hauts standards" du travail de la Mission.

Mais même à la première lecture, on voit l'engagement sous-jacent de ce document suscitant de nombreuses questions non pas théoriques, mais très pratiques. Voici certaines d'entre elles.

Premièrement, par exemple, le rapport ne contient pas d'explication tangible qui permettrait de déterminer pourquoi les experts de la Mission n'ont pas réussi à se rendre à Douma dans un délai de 10 jours après l'annonce d'un incident chimique par les fameux Casques blancs. Et ce malgré les garanties de sécurité apportées par les militaires russes et syriens. Cette "lenteur" s'explique justement par les frappes de missiles portées contre la Syrie dans la nuit du 13 au 14 avril par le "trio" occidental des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies: les USA, le Royaume-Uni et la France.

Apparemment, l'acte d'agression contre un État souverain en violation de la Charte de l'Onu et des normes du droit international commis par la coalition de trois États assumant une responsabilité particulière au Conseil de sécurité des Nations unies en matière de paix et de guerre, selon le Secrétariat technique de l'OIAC, n'a rien à voir avec l'affaire, tout comme les équipements des terroristes pour fabriquer des munitions chimiques qui ont été découverts à Douma par les militaires russes et portés à l'attention des experts de la Mission. Malheureusement, nous y voyons une nouvelle manifestation du deux poids deux mesures dans le travail de la Mission.

Deuxièmement, et à la lumière de ce qui vient d'être dit, on ignore complètement pourquoi, sur plus de 100 échantillons recueillis par la Mission à Douma, seulement 31 ont été analysés en laboratoire. Je voudrais demander: par quels critères la Mission a-t-elle été guidée dans ce choix manifestement "sélectif"?

Selon nous, l'explication est que le rapport de l'OIAC met l'accent principal sur le fait que, sur les lieux où ont été découverts des bonbonnes de gaz contenant du chlore, a été constatée la présence de substances chloriques et l'absence de traces d'agents chimiques neuro-paralytiques. N'est-ce pas une conclusion "professionnelle"? Cela convient parfaitement aux médias occidentaux qui ont déjà relayé à travers le monde la "nouvelle" que c'est cette circonstance qui constituerait soi-disant la preuve d'un nouveau crime "chimique" des militaires syriens.

Est-ce que quelqu'un s'est demandé quelle substance chimique devait être découverte dans des bonbonnes industrielles de chlore si ce n'était pas du chlore, et comment elles se sont retrouvées dans les locaux résidentiels sans traces de déformation si, comme affirment les provocateurs des Casques blancs, elles ont été lancées depuis un hélicoptère? Ce sont des questions banales que se posent même ceux qui ne sont pas des spécialistes quand ils voient les images ou assistent à ces situations. C'est de la science-fiction bon marché.

Pour nous c'est très clair: des bonbonnes de chlore ont simplement été posées dans les maisons et "confortablement" installées par les Casques blancs pour tourner un nouveau reportage sur les "cruautés du régime de Bachar al-Assad".

Nous appelons à se poser une question tout aussi simple: ne serait-ce pas trop primitif pour la conscience publique, sans parler du grand "professionnalisme" des experts de l'OIAC? Et c'est seulement ce qui est "apparent" dans le rapport préliminaire de la Mission concernant Douma, ce qui est évident pour tout le monde. Mais il y a également d'autres aspects spécifiques qui suscitent bien des questions chez les spécialistes.

Nous espérons que le bon sens élémentaire prendra tout de même le dessus et que le caractère fictif de la nouvelle provocation "chimique" organisée le 7 avril à Douma par les Casques blancs sera prouvé, notamment en s'appuyant sur les témoignages de ceux qui ont assisté et participé malgré eux à ce "reportage" parmi les habitants de la ville - témoignages exprimés pendant la conférence de presse organisée au siège de l'OIAC à La Haye le 26 avril. D'ailleurs, le rapport de la Mission ne dit rien sur cette dernière: n'est-ce pas étrange? Non, ce n'est pas étrange. Parce que, comme nous l'avons dit, ce rapport reflète une position clairement engagée.

 

Sur les accusations du Pentagone contre la Russie concernant son soutien prétendu aux Talibans

 

Nous avons encore une fois constaté des accusations infondées contre la Russie concernant sa coopération prétendue avec les Talibans en Afghanistan afin de torpiller les positions des États-Unis dans la région. Cette fois-ci leur source a été un rapport semestriel du Pentagone rédigé pour le Congrès américain. Nous évoquons régulièrement ce sujet.

Il semble que nos partenaires américains n'entendent pas ou ignorent nos commentaires, nos arguments et nos explications. Nous voudrions souligner encore une fois que nos contacts avec les Talibans ont deux objectifs: assurer la sécurité des ressortissants russes en Afghanistan et favoriser la réconciliation nationale qui se trouve toujours malheureusement au point mort.

Je voudrais également rappeler les témoignages publiés affirmant que le Pentagone est en effet l'un des sponsors des Talibans. Ainsi, le rapport de l'Inspecteur général spécial du Congrès américain pour la reconstruction de l'Afghanistan John Sopko et le rapport de mars de l'Inspecteur général du Ministère américain de la Défense affirment que l'aide militaire américaine à Kaboul n'est pas dûment contrôlée, alors que le niveau de son détournement est tout simplement colossal. Astronomique. Nous avons déjà cité ces exemples. Comme nous entendons de nouveau ces accusations, je voudrais répéter aujourd'hui les faits. Ainsi, plus de 95 000 automobiles transmises à l'Afghanistan depuis 2005 ont disparu. En 2016, un rapport du Pentagone a indiqué la perte de 1,5 million d'armes à feu. Ce volume est suffisant pour équiper tout une armée, mais on l'efface comme une perte.    

Dans ce contexte, il est évident que les accusations régulières du Pentagone contre la Russie de la part de Washington visent à dissimuler les erreurs militaires et politiques de l'Amérique en Afghanistan, qui s'est transformée pendant la période de la présence militaire de l'Otan en centre de production globale des stupéfiants, alors que la menace terroriste sur son territoire n'a pas été éliminée.   

 

Sur l'aboutissement de l'opération de sauvetage des enfants au nord de la Thaïlande

 

Nous avons été ravis d'apprendre que tous les 12 enfants qui avaient passé plus de deux semaines dans une cave submergée en Thaïlande, ont été sauvés. Le monde entier et bien sûr la Russie ont suivi avec attention et empathie cette situation qui aurait pu se transformer en tragédie terrible pour les enfants et leurs familles. Le Ministère russe des Situations d'urgence a immédiatement proposé son aide dans l'organisation d'une opération de sauvetage, bien que son soutien n'ait pas été nécessaire au final.

Nous félicitons sincèrement les autorités thaïlandaises à l'occasion du règlement efficace de cette crise. Nous souhaitons aux jeunes footballeurs de se rétablir rapidement et de faire leurs preuves sur la pelouse. Qui sait, on verra probablement en Russie, au cours des compétitions que notre pays organisera encore certainement, ces jeunes joueurs qui ont montré une volonté réelle de surmonter les difficultés, les problèmes et les situations d'urgence.   

 

Sur le 5e Forum des jeunes diplomates de l'espace eurasiatique

 

Moscou accueillera du 26 au 27 juillet le 5e Forum des jeunes diplomates de l'espace eurasiatique, organisé par le Conseil des jeunes diplomates du Ministère russe des Affaires étrangères avec le soutien de la Fondation Gortchakov. Ses thèmes principaux sont: les changements globaux dans le système des relations internationales, la numérisation de l'économie mondiale et l'Association internationale des jeunes diplomates.

L'organisation du Forum annuel est déjà une bonne tradition réunissant les jeunes diplomates européens et asiatiques. Le format fermé des discussions permet d'examiner ouvertement et objectivement l'agenda actuel, ainsi que les questions-clés d'actualité internationale. 

Ce travail mené depuis quatre ans s'est déjà soldé par l'organisation du 1er Forum global des jeunes diplomates qui a réuni en octobre 2017 à Sotchi plus de 100 diplomates des 54 pays du monde.

Cette année, le Forum réunira les jeunes diplomates travaillant dans leurs capitales, ainsi que les jeunes représentants des élites politiques. Le Forum devrait se solder par la signature d'un texte normatif.

Nous invitons les médias à couvrir cet événement.

Pour toutes les questions concernant l'accréditation, veuillez consulter le service d'information du Conseil des jeunes diplomates par téléphone 7-916-487-43-54.

 

Sur le déroulement en Ukraine des exercices américano-ukrainiens Sea Breeze 2018

 

Nous avons noté l'information concernant le début en Ukraine des exercices annuels de commandement Sea Breeze avec la participation de plus de 3 000 militaires d'Ukraine et des pays de l'Otan, des dizaines de navires et d'appareils aéronautiques, de près de 200 véhicules blindés. Une grande partie de militaire (1.500 hommes) a été envoyée par les USA qui, entre autres, géreront la coordination générale des exercices, dont le principal objectif déclaré est l'entraînement des opérations "pour garantir la sécurité dans une région de crise" selon les normes de l'Otan.

Par la "main légère" des autorités de Kiev le rôle d'une telle "région de crise" a été attribué aux territoires des régions d'Odessa, de Nikolaev et de Kherson et de la mer Noire adjacente. L'activité militaire se déroulera à proximité immédiate de la zone de conflit dans le sud-est de l'Ukraine où, en dépit de la "trêve du pain" annoncée par le Groupe de contact de Minsk à partir du 1er juillet, les militaires ukrainiens continuent de bombarder quotidiennement les villes pacifiques du Donbass.

Dans ces conditions les tentatives de "jouer du muscle" ne peuvent certainement pas contribuer à la stabilisation de la situation dans cette région. Les partenaires de l'Ukraine doivent également en être conscients qui, apparemment, jouent intentionnellement en faveur du "parti de la guerre" de Kiev qui rêve de "blitzkriegs" en tout genre.

Nous considérons le déroulement des exercices comme une tentative de provoquer à nouveau la tension non seulement dans le sud-est de l'Ukraine, mais également en mer Noire dans l'ensemble. La responsabilité pour les éventuelles conséquences négatives repose sur les pays qui impliquent l'Ukraine dans des "jeux avec le feu" dangereux et accusent constamment la Russie de menacer la stabilité régionale.

 

Sur les déclarations du représentant spécial des USA pour l'Ukraine Kurt Volker

 

Nous avons remarqué les nouvelles déclarations provocantes du représentant spécial des USA aux négociations sur l'Ukraine Kurt Volker dans une interview au journal allemand Bild ce 6 juillet concernant la situation dans le Donbass. Ce n'est pas la première fois que nous notons que le diplomate américain, au lieu de chercher de solutions pour mettre en œuvre les Accords de Minsk, continue de "jeter de l'huile sur le feu" en jouant en faveur des forces ultranationalistes revanchardes de Kiev.

C'est très étrange d'entendre de la part d'un "médiateur" depuis un an des attaques préconçues et complètement politisées contre la Russie. Il a même vu l'"influence de Moscou" dans les rapports de la Mission spéciale d'observation (MSO) de l'OSCE. En d'autres termes, Kurt Volker n'apprécie pas leurs témoignages de violations permanentes par les forces armées ukrainiennes du cessez-le-feu dans l'est du pays. Il n'apprécie pas la vérité, surtout quand les USA ont commencé les fournitures au régime de Kiev des armes létales qui se retrouveront certainement dans le Donbass.

Par ailleurs, depuis début janvier la mission a constaté cinq fois plus de bombardements de communes commis par les militaires ukrainiens. Selon le chef de la MSO Ertugrul Apakan, les actions de l'armée ukrainienne sur le territoire contrôlé par les insurgés ont fait 18 morts et 91 blessés parmi les civils.

La Russie, qui, je rappelle, n'est pas un protagoniste du conflit ni signataire des Accords de Minsk appelle à nouveau les USA à se concentrer sur la pleine contribution à leur mise en application, y compris l'exercice de la pression nécessaire sur Kiev pour faire remplir rigoureusement ses engagements.

 

Sur l'évolution de la situation des médias en Ukraine

 

La situation des médias en Ukraine continue de se dégrader rapidement. Ces derniers jours ont été marqués par plusieurs mesures répressives de Kiev vis-à-vis des journalistes.

Premièrement, hier, le tribunal de Kherson a prolongé la détention du directeur du site RIA Novosti Ukraine Kirill Vychinski, accusé de haute trahison et de facto retenu par les autorités de Kiev en otage, pour deux mois supplémentaire, jusqu'au 13 septembre. Nous exigeons une nouvelle fois une libération immédiate du journaliste. Nous comptons sur une réaction plus ferme des organisations internationales compétentes à l'arbitraire qui se poursuit à l'égard de Kirill Vychinski.

Je voudrais dire que les organisations internationales, qui pendant tant d'années ne voyaient pas la dégradation de la situation avec la liberté d'expression en Ukraine, partagent à présent à part entière la responsabilité pour son sort et les conséquences éventuelles.

Deuxièmement, le Conseil national de télé et radiodiffusion d'Ukraine a infligé une amende à la chaîne Inter à hauteur de 154 400 dollars pour la retransmission du concert pour la Journée de la Victoire du 9 mai. Comme aime signer ses articles A. Babtchenko, "vos adeptes de Bandera vous saluent". Je pense que c'est ainsi que cette décision a été signée. Le régulateur médiatique a perçu dans cette diffusion une "incitation à la haine". Rappelons que la veille de la diffusion du concert des dizaines de représentants d'organisations ukrainiennes d'extrême-droite, qui sont au fond néonazies, le Corps national et les Milices nationales tentaient de l'empêcher en bloquant les bureaux de la chaîne Inter à Kiev en menaçant de les incendier. Où est l'OSCE? Où est Harlem Désir? Malgré cela, le concert a été diffusé.

Une grande partie de la population ukrainienne considère le 9 mai comme une fête commune des citoyens des pays qui ont résisté au fascisme. Quelque part en encourageant et quelque part, je pense, simplement en cédant au chantage de la partie radicalisée de la société, Kiev tente de réprimer toute tentative de le rappeler dans les médias. Evidemment, c'est une nouvelle démarche révoltante et l'illustration non seulement de l'intolérance envers sa propre population, mais également de répressions flagrantes contre les médias.

Troisièmement, se poursuit la politique d'interdictions d'entrée dans le pays pour des journalistes étrangers. Il n'est pas question des journalistes qui expriment un point de vue politique sur les événements à Kiev, mais d'un arbitraire total vis-à-vis de tous les médias. Cette semaine les gardes-frontières de l'aéroport Borispol de Kiev n'ont pas laissé entrer sur le territoire ukrainien le citoyen britannique Warren, le présentateur de l'émission culinaire "Allons manger" sur la chaîne NTV. En cause – la prétendue visite de ce journaliste en Crimée (2015) sans l'autorisation de Kiev.

Ce ne sont que quelques exemples qui sont bien plus nombreux en réalité. C'est une nouvelle confirmation du fait que le gouvernement de Kiev continue de se tenir à la ligne visant à réprimer complètement la dissidence et à restreindre la liberté d'expression des opinions différentes de la position officielle. L'objectif est clair – priver la population de toute possibilité d'avoir accès à l'information impartiale et objective sur les événements dans le pays et dans le monde.

 

Sur le sommet de l'Otan à Bruxelles

 

Ses décisions seront attentivement analysées du point de vue des conséquences pour la sécurité européenne. A première vue, les propos tenus permettent de conclure que l'Otan n'a toujours aucun intérêt pour des estimations objectives des véritables raisons des problèmes de la sécurité dans la région euro-atlantique et préfère regarder le monde à travers le prisme de la guerre froide.

En accusant de manière cynique et infondée la Russie d'avoir accentué les tensions dans la région euro-atlantique, le bloc militaire l'utilise en tant que prétexte pour élargir son activité militaire même dans les régions jadis calmes que sont notamment la Baltique et l'Europe du Nord. En constatant l'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que les menaces provenant de la région, l'Otan fait semblant de ne pas comprendre qu'il s'agit d'une répercussion directe des aventures militaires des membres de l'alliance. 

Ses tentatives d'altérer les faits et d'accuser la Russie de tous les maux sont absolument maladroites, odieuses et peu intelligentes. Sa volonté de justifier ses actions est absolument apparente. Ainsi, l'Otan se présente comme une alliance défensive, mais intensifie les achats d'armes offensives. Les propos sur l'importance de la prévention des risques des incidents non-prémédités s'accompagnent de l'élargissement massif des manœuvres à proximité des frontières russes, alors que les appels à maintenir le dialogue au sein du Conseil Russie-Otan sont suivis par l'expulsion des diplomates russes et le renoncement au dialogue des militaires. En rapportant la hausse des budgets militaires sous le prétexte de la modernisation de l'armée russe, les alliés préfèrent omettre le fait que leurs propres dépenses militaires sont à maintes fois plus importantes que celles de la Russie et se chiffrent à plus de la moitié de toutes les dépenses mondiales dans le domaine de la défense. Enfin, la répétition incessante et l'imagination de nouvelles accusations infondées ne peuvent pas changer la réalité: c'est l'Otan qui rapproche son infrastructure militaire des frontières russes.

On entend partout les propos sur l'"adaptation" de l'Otan et sa volonté de protéger la population des pays membres "dans tous les azimuts", alors qu'en réalité l'alliance ne fait que reproduire l'atmosphère de la confrontation des blocs, qui lui semble visiblement plus confortable que l'ordre du monde multipolaire. Un élément obligatoire de cette politique est le rétablissement de l'"endiguement" militaire et politique de la Russie. Cela explique également la propension de l'Otan à l'élargissement mécanique qui ne renforce la sécurité de personne, mais approfondit les lignes de partage et accentue les tensions en Europe. La pression pour l'adhésion de la Macédoine à l'Otan ne fait que confirmer que la politique des "portes ouvertes" s'est transformée en idée fixe et en outil de conquête de l'espace géopolitique.

En réalité, il n'existe que le seul objectif: obtenir un avantage militaire. Les tentatives de s'isoler sont vouées à l'échec dans le monde globalisé actuel, car des États isolés et même des ensembles d'États ne sont pas en mesure de maîtriser les menaces transnationales par eux-mêmes. Nous espérons que la prise de conscience croissante de l'inutilité de l'isolation de la Russie, les besoins actuels et la nécessité d'assurer la sécurité démontreront à l'Alliance l'importance de réunir les efforts sur une base solide du droit international afin de combattre efficacement les défis communs, ainsi que de respecter le principe de sécurité indivisible non seulement dans les relations entre les alliés. 

Dans ce contexte, nous repérons dans la déclaration du sommet l'attachement des pays membres de l'Alliance à la Charte de l'Onu et leur volonté de suivre leurs engagements internationaux, notamment en ce qui concerne l'Acte fondateur Russie-Otan de 1997. Nous espérons que ces propos seront enfin prouvés par des actions concrètes.

                                

Sur le propos du nouveau Ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt

 

Juste après sa nomination, le nouveau Ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a souligné les mérites de son prédécesseur Boris Johnson qui avait fait des "efforts considérables dans l'élaboration de la réponse à l'incident de Salisbury". Autrement dit, il a soutenu la politique antirusse de la diplomatie britannique.

Nous doutons qu'une telle approche puisse favoriser la normalisation des relations bilatérales et leur développement constructif. L'aggravation des tendances antirusses au sein des autorités britanniques non seulement affectera les rapports bilatéraux, mais aussi compliquera la coopération avec Londres au sein des plateformes bilatérales dans la résolution des problèmes d'actualité internationale et régionale.

La résolution de la crise des relations entre les deux pays est freinée par la décision de Londres de geler le travail des mécanismes-clés de coopération bilatérale, de cesser tous les contacts de haut niveau et de couper un volume important des liens entre les ministères. Il s'agit d'un choix conscient de Londres de renforcer les tensions entre les deux pays. Nous espérons que les Britanniques comprendront le caractère néfaste de leurs actions. Ils devront visiblement rechercher les moyens de rétablir les relations bilatérales. 

 

Sur l'évolution de la situation concernant l'incident chimique à Amesbury

 

Nous suivons évidemment les communiqués concernant l'incident d'Amesbury. C'est tragique que l'une des victimes, Dawn Sturgess, soit décédée à l'hôpital. Nous présentons nos sincères condoléances à ses proches et parents. Compte tenu des déclarations faites par la représentante de l'hôpital de Salisbury Lorna Wilkinson que la seconde victime Charlie Rowley a repris connaissance, nous comptons sincèrement sur la dynamique positive de son traitement.

Nous voudrions espérer que les causes et les circonstances de l'incident d'Amesbury feront l'objet d'une enquête de bonne foi et rigoureuse et seront présentées au public, et que les coupables seront traduits en justice. C'est très important que la propagande, dont je parlerai un peu plus tard, lancée par les autorités britanniques ne pourra pas nuire au déroulement de l'enquête. Aujourd'hui nous voyons le contraire. Tous les jours sont publiées des désinformations et des versions sans preuves qui ne sont pas basées sur les déclarations des forces de l'ordre britanniques qui ont complètement inondé l'espace médiatique et modèrent toute la situation autour des événements.

Nous trouvons inadmissibles les déclarations de certains politiciens et journalistes qui ont cyniquement instrumentalisé la mort tragique d'une femme pour promouvoir leurs propres intérêts. Par exemple, devenu déjà connu pour ses déclarations provocantes et insolentes le Ministre britannique de la Défense Gavin Williamson a déclaré que "la Russie a commis une attaque sur le territoire britannique entraînant la mort d'une citoyenne britannique". Nous sommes ravis que le Ministre britannique ait fait au moins une déclaration avec des mots décents. C'est déjà un progrès. Je voudrais préciser. Quelle figure politique peut faire des déclarations concernant un incident alors que l'enquête n'est pas encore terminée et n'a même pas été officiellement commentée, qui plus est quand il n'existe aucune version officielle ni suspects? La raison pour le faire est évidente. Cela crée un certain discours et une orientation des médias pour la propagande à venir dans l'intérêt de Londres.

Le député travailliste Mike Gapes a déclaré que l'"assassinat d'une citoyenne britannique résultait de l'usage d'une substance neuroparalytique fabriquée en Russie". Aucun mot n'est basé sur les faits. La police britannique a-t-elle parlé d'un meurtre? Je ne l'ai pas entendu. Quelqu'un l'a-t-il entendu? Le meurtre est le résultat de l'usage d'une substance neuroparalytique fabriquée en Russie. Personne ne l'a prouvé à aucune des étapes, et les preuves qui ont été présentées ont été ensuite désavouées et retirées. Nous nous souvenons tous de ces tweets effacés. Malgré l'absence totale de preuves Mike Gapes avait déjà participé à la campagne de persécution des médias russes au Royaume-Uni, par conséquent ses déclarations n'avaient rien de nouveau pour nous, mais c'est un indicateur clair de la propagande lancée par Londres sur l'"affaire de Salisbury" et l'"affaire d'Amesbury".

La campagne propagandiste bat son plein. Plusieurs exemples le prouvent. L'ancien correspondant moscovite du journal Guardian Luke Harding, qui s'est fait notamment connaître par de nombreuses publications antirusses, est allé jusqu'à écrire que l'"indifférence par rapport aux pertes collatérales était un trait caractéristique du "régime de Poutine" et de ses opérations internationales". Premièrement, c'est un fake, deuxièmement, c'est un fake dans le cadre d'une campagne politique très clairement chargée par Londres. C'est précisément un exemple de propagande.

Le journaliste du journal Telegraph Alec Luhn a insinué que l'issue létale de l'empoisonnement par une substance neuroparalytique réfutait les déclarations du Président russe sur la non-implication de notre pays dans l'"affaire Skripal". C'est un non-sens. C'est regrettable que certains médias britanniques auparavant respectables se dégradent sous nos yeux et sont prêts à propager des spéculations non vérifiées ou participer aux campagnes de propagande. Par exemple, Mirror a commencé à semer la panique parmi la population en parlant du risque de nouveaux incidents. De plus, il a publié une instruction expliquant comment soigner les victimes de la "toxine russe". Sur quoi s'appuient toutes ces publications? Après tout, il doit y avoir une responsabilité pour vos publications.

La Première ministre britannique Theresa May a fait le 5 juillet une déclaration sur Amesbury, mais elle parlait de Salisbury. Aucune accusation directe visant la Russie n'a été avancée, mais on a l'impression que les discussions sur Salisbury au lieu d'Amesbury sont appelées précisément à illustrer sur qui la Première ministre britannique rejette la responsabilité. Cela fait également partie de la propagande.

Il est évident que l'enquête aura besoin de beaucoup de temps, notamment en voyant que dans les prétendues affaires d'empoisonnement à Salisbury et à Amesbury (que nous apprennent les médias et les politiciens britanniques) beaucoup de choses sont voilées par le secret. La police continue de donner des informations controversées de manière très avare et contradictoire. Nous le voyons notamment dans la situation à Amesbury. Tout cela emmêle davantage la situation. Les choses comme, par exemple, les échantillons des nouvelles victimes ont été transmis à Porton Down seulement le 2 juillet, et le lendemain les résultats intermédiaires sont apparus qui, selon les médias, confirment un empoisonnement par le Novitchok. Alors pourquoi le 4 juillet la police diffusait activement l'information que les deux incidents n'étaient pas liés? On se demande, comment pendant tous ces jours les victimes étaient soignées? Les questions sont nombreuses parce que cette campagne de propagande a été lancée pour propager un grand nombre de fausses versions et ne pas révéler les versions officielles. Les exemples sont nombreux. Nous n'allons pas en parler.

Rappelons que la Russie a proposé plusieurs fois à Londres de mener une enquête conjointe sur le prétendu empoisonnement de Sergueï et d'Ioulia Skripal à Salisbury sans obtenir aucune réponse. Toutes les propositions de la Russie ont été rejetées par les autorités britanniques. Je voudrais dire que sur l'"affaire Skripal" nous avons envoyé au Foreign Office près de 60 notes diplomatiques en exigeant d'accorder à la Russie un accès à l'enquête et aux citoyens russes touchés, ainsi que des requêtes d'aide juridique et des propositions de coopération, notamment pour mener une enquête conjointe. Les autorités britanniques n'y ont pas réagi. Tout en présentant la situation comme si c'est la Russie qui refusait une enquête conjointe. C'est absurde et un non-sens. Je pense que nous pouvons tout à fait publier tous les documents dont je parle et nous le ferons prochainement. Les propositions russes pour un travail commun et des contacts à part entière avec les forces de l'ordre britanniques restent en vigueur. Peut-être que maintenant Londres reviendra enfin à la raison en cessant de permettre à la russophobie de s'opposer à une enquête objective sur ces événements tragiques?

On entend également des voix de bon sens dans ce "théâtre de l'absurde". Les Britanniques se posent des questions et nous envoient des lettres concernant l'inconsistance des accusations visant la Russie qui se sont effondrées sous leurs yeux. Sur les réseaux sociaux le rapport entre ceux qui font ou non confiance à la version gouvernementale n'est manifestement pas en faveur des autorités britanniques en l'occurrence dans le cas d'Amesbury. Nous recevons des dizaines de lettres des Britanniques qui demandent pardon pour les agissements antirusses de leur gouvernement.

 

Sur la propagande britannique

 

Par exemple, l'utilisation des réseaux sociaux par les autorités britanniques pour la propagande antirusse n'est plus un secret depuis longtemps: le Royaume-Uni alloue à son Ministère des Affaires étrangères près de 8 millions de livres pour le "Programme russophone", qui se fixe pour objectif d'"offrir aux communautés russophones des pays d'Europe de l'Est, qui souffrent de la désinformation russe, un accès à une information véridique". Les exécutants sont secrets, mais on sait qu'une certaine société nommée Breakthrough Media en fait partie. De plus, la 77e brigade militaire des forces armées royales créée en 2015 travaille également dans le domaine de l'influence informationnelle sur le comportement de l'ennemi. Malheureusement, dans les documents stratégiques militaires britanniques, la Russie est désignée comme le principal adversaire. On comprend donc clairement qui est visé par l'activité de cette unité militaire. Selon WikiLeaks, l'un des principaux services secrets britanniques, le Government Communications Headquarters (GCHQ, littéralement Quartier général des communications du gouvernement), est responsable des "opérations secrètes en ligne", qui incluent la désinformation sur les réseaux sociaux.

Dans ces conditions, notre préoccupation quant à l'utilisation d'outils pour influencer l'opinion publique en Russie a bien lieu d'être. Nous nous souvenons de la manière dont le Congrès américain et l'UE ont exprimé leurs craintes, comment les représentants officiels de Facebook collaboraient étroitement avec eux en fournissant les informations requises et comment ils répondaient aux questions très brusques des députés.

Apparemment, Steve Hatch, responsable du bureau de Facebook à Londres, ne partage pas la disposition du bureau central de la compagnie de coopérer avec les gouvernements des pays qui sont visés par une activité propagandiste engagée. Ainsi, l'Ambassade de Russie à Londres lui a envoyé plusieurs demandes d'informations sur la présence de publications politiquement engagées dont la promotion sur le territoire russe avait été payée par les autorités britanniques, leurs exécutants ou directement la BBC. Toutes les demandes ont été ignorées. Et les tentatives de la Russie d'établir un contact personnel avec les collaborateurs de Facebook ont échoué. Le contact n'a pas eu lieu. Aucun des représentants russes n'a été reçu à Londres au bureau de Facebook, et c'est regrettable.

 C'est une brève description. Nous continuerons de vous faire profiter de ce genre de choses.

 

Sur la situation concernant les monuments aux guerriers de l'Armée rouge en Pologne

 

Le Ministère russe des Affaires étrangères a commenté à plusieurs reprises les plans de l'Institut polonais de la mémoire nationale de supprimer de l'espace public local les monuments de gratitude à l'Armée rouge. La Russie continue de critiquer fermement cette intention. Nous appelons les autorités polonaises à respecter rigoureusement leurs engagements internationaux, qui impliquent la protection et l'entretien de tous les monuments et lieux de mémoire sans exception conformément au Traité d'amitié et de bon voisinage entre la Russie et la Pologne du 22 mai 1992 et aux accords intergouvernementaux de coopération dans le domaine de la culture, de la science et de l'éducation du 25 août 1993, et sur les cimetières et les lieux de mémoire des victimes de guerres et de répressions du 22 février 1994.

Les documents mentionnés ne supposent pas une classification des monuments situés en dehors des cimetières dans une catégorie "symbolique" à part. Par conséquent, toute tentative de démantèlement ou de déplacement des sites mémoriaux non convenue avec la Russie est illégale.

Nous partageons la préoccupation des représentants de la communauté russe face au comportement cynique du gouvernement polonais vis-à-vis des monuments aux guerriers-libérateurs soviétiques. Nous tenons en grande estime l'expression de la position de la société en la matière, qui n'est pas indifférente.

Nous partons du principe que les monuments soviétiques ont été installés sut le territoire polonais en association avec le lieu et les événements concrets qui s'y sont déroulés. C'est pourquoi ils doivent rester à leur place.

 

Sur l'élargissement du bureau du Représentant personnel du Président en exercice de l'OSCE pour le Haut-Karabakh

 

Je voudrais réagir à la demande de l'agence de presse Trend de commenter l'élargissement du bureau du Représentant personnel du Président en exercice de l'OSCE pour le Haut-Karabakh et son influence sur le processus de paix dans le Haut-Karabakh.

Je rappelle que pendant les sommets pour le Haut-Karabakh à Vienne et à Saint-Pétersbourg en 2016, les présidents de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie avaient évoqué les démarches visant à stabiliser la situation dans la zone du conflit et à créer une atmosphère contribuant à la promotion du processus de paix. A ces fins, ils s'étaient notamment convenus d'augmenter le nombre d'observateurs internationaux dans la zone du conflit.

Ce thème a été évoqué lors des contacts suivants entre les parties, notamment pendant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie à Cracovie en début d'année. Ils se sont mis d'accord sur le nombre d'observateurs supplémentaires, le lieu de leur déploiement, ainsi que plusieurs autres questions associées. Cependant, les parties n'ont pas encore pris de décision définitive à ce sujet.

Un nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en Arménie. Les premières consultations entre les ministres auront lieu prochainement. Ensuite, nous l'espérons, d'autres réunions auront lieu où les parties auront l'occasion d'évoquer un large éventail de questions concernant le processus de paix dans le Haut-Karabakh, notamment le thème des observateurs.

 

Réponses aux questions:

Question: Le Secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg a convoqué aujourd'hui une séance extraordinaire consacrée au bilan de la visite du Président américain Donald Trump et à ses critiques contre ses alliés de l'Otan. Est-ce que le Ministère russe des Affaires étrangères considère ces désaccords comme le signe de problèmes intérieurs plus profonds au sein de l'Alliance?

Réponse: Le Ministère russe des Affaires étrangères y voit un manque d'attention de certains experts envers les propos des responsables américains. Donald Trump avait évoqué son attitude envers l'Alliance et sa préoccupation, notamment concernant les questions financières, bien longtemps avant de se porter candidat à la présidence américaine. Il l'a dit non seulement en tant que président, mais aussi en tant que candidat! Il l'a même évoqué dans ses livres. Il est étrange que ce soit moi qui évoque ces faits, et que vous les ignoriez.

On retrouve ce constat même dans ses livres datant de plusieurs décennies, si je ne me trompe pas. Il n'y a donc rien de nouveau, d'étrange, ni de surprenant dans le fait qu'il a évoqué cette position lors du sommet de l'Otan. Il en a déjà parlé avant le sommet, après les élections, au cours des élections et bien avant les élections. Nous ne constatons donc rien de nouveau. Il s'agit de l'attitude d'un pays membre de l'Alliance envers les problèmes de ce bloc et les questions financières. C'est une affaire interne à l'Otan. La seule surprise réelle réside dans le fait que tout le monde a choisi ce moment précis pour s'étonner de ces propos. Ces déclarations sont faites depuis des années, et la position du Président américain est cohérente. Il y a différentes nuances et variations, mais la position du président Trump, du politicien Trump et de l'homme d'affaires Trump sur l'Otan et la participation des États-Unis à cette Alliance se caractérise globalement par la clarté et la cohérence.

Question: Permettez-moi d'apporter une précision. Vous avez dit que personne ne connaissait la journaliste du Washington Post Amie Ferris-Rotman. Je la connais, j'ai suivi son travail en Russie et en Afghanistan. Je la considère comme une professionnelle.

Réponse: Et moi, je ne la considère pas comme telle. Je pense que si une personne couvre des sujets qu'elle ne connaît pas très bien, elle n'est pas professionnelle. Si une personne affirme que les Russes "ne sont pas habitués à la diversité ethnique", cela témoigne, au moins, d'une incompréhension de la situation. Je n'utilise même pas des propos pathétiques ou sévères comme l'impertinence ou le non-respect envers le peuple parmi lequel tu habites et travailles (laissons tout cela pour la blogosphère). De cette tribune, dans ce bâtiment, je peux pourtant dire avec certitude qu'il est peu professionnel d'affirmer que les Russes "ne sont pas habitués à la diversité ethnique".

Concernant sa notoriété, nous avons posé cette question aux journalistes il y a six mois, après la publication de l'article d'Amie Ferris-Rotman intitulé "Les difficultés du travail d'un journaliste étranger en Russie". Vous, je vous connais. Vous venez à nos conférences de presse, vous nous envoyez des requêtes, réagissez vivement à nos déclarations, nos publications etc. Mais je ne connais pas Amie Ferris-Rotman. Après la publication, par Foreign Policy, de son article sur les difficultés énormes auxquels les journalistes étrangers feraient prétendument face en Russie, nous avons mené un sondage auprès de plus d'une centaine de ses confrères pour leur demander si leur travail était en effet difficile. Nous avons même publié les résultats de ce sondage et demandé aux journalistes s'ils connaissaient Amie Ferris-Rotman et si elle les avait interrogés sur ce thème. Il s'est avéré que non, personne ne la connaissait. Vous la connaissez évidemment. Vous êtes du même pays. Vous lisez probablement les articles de vos collègues. C'est une atmosphère concurrentielle normale pour les journalistes d'un pays qui travaillent à Moscou. Les autres ne la connaissent pourtant pas. Quant à nous, nous faisons connaissance avec elle par ses articles fantaisistes. Qui plus est, cet exemple d'attitude assez étrange de la journaliste envers son métier n'est pas isolé.

Je voudrais rappeler encore une fois que notre pays est multiethnique. Des gens de langues, de religions et de cultures différentes cohabitent (et pas seulement coexistent) chez nous dans une atmosphère de paix, d'amitié et de respect mutuel. Ainsi, offenser de la sorte nos citoyens en parlant de la diversité ethnique n'est pas du tout professionnel. Mon estimation personnelle est beaucoup plus ferme, car je pense que les sujets de ce genre se trouvent à la limite du nationalisme quand une personne se permet de tels propos.

Je voudrais dire encore une fois que nous n'avons jamais reçu aucune requête ni question de la part de cette journaliste. Elle nous a simplement appelé il y a six mois, quand nous lui avions posé la question: "Ou êtes-vous, Mme Amie?" C'est tout. Encore une fois, nous n'accepterons pas sans ciller qu'on désinforme l'opinion publique américaine sur la vie en Russie. Avez-vous lu son article? Lisez-le, si vous ne l'avez déjà fait. Vous serez surpris. Si vous pensez que nous avons repéré cet article parce que notre travail est de suivre toutes les publications de ce genre, ce n'est pas tout à fait le cas. Des journalistes russes m'ont appelé pour demander qui était cette femme qui se permettait d'écrire des choses pareilles. Est-elle bien une analyste profonde? Je ne sais pas comment elle a travaillé en Afghanistan, mais je constate clairement comment elle travaille en Russie. Les Russes "ne sont pas habitués à la diversité ethnique"? C'est quoi ça? De quoi parlez-vous? Nos citoyens voyagent dans le monde entier, visitent des stations balnéaires ou des destinations touristiques. Comment peut-on affirmer qu'ils ne savent pas ce qu'est la diversité ethnique? Même si Mme Amie n'est pas au courant du caractère multiethnique de la Russie, est-ce qu'elle ignore que les Russes voyagent activement et savent parfaitement qui sont les Mexicains, les peuples du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord? Cela soulève donc de sérieuses questions concernant ses qualités professionnelles. Je n'ai plus aucune question, mais le problème éthique n'est toujours pas résolu. Personnellement, je n'ai plus aucune question. Mais, compte tenu de vos propos, je contrôlerai tous ses articles car si vous dites qu'elle est professionnelle, cela signifie qu'elle le fait de manière préméditée. C'est-à-dire qu'elle fait de la propagande. Elle écrit des choses sciemment erronées, en affirmant que les Russes "découvrent les étrangers". Est-ce une blague? Qui est-ce qui découvre les étrangers? Ce sont les étrangers qui découvrent la Russie, indépendamment des propos des journalistes du genre d'Amie. Dans tous les cas, vous êtes un gentleman. J'aimerais, moi aussi, qu'on me défende de la même manière. 

Question: Je voudrais ajouter quelque chose, parce que parfois il est possible de corriger quand quelque chose est incorrect. Ce n'est pas seulement le travail du journaliste, mais également celui de la rédaction.

Réponse: J'ai remarqué que la rédaction avait changé ces six derniers mois. D'abord au Foreign Policy, puis au Washington Post. Il faut aussi rappeler que tout ce qui se dit actuellement aux USA concernant la Russie débouche sur des décisions concrètes. Les diplomates américains s'expriment en se basant précisément sur les publications des médias. Alors pourquoi n'avons-nous pas le droit d'attirer l'attention précisément sur ce que j'ai dit aujourd'hui, si ces publications servent de prétexte pour prendre des décisions? C'est une première chose. Deuxièmement, nous voyons quelle terrible guerre médiatique est menée précisément aux USA contre notre pays. C'est l'un des exemples. Troisième chose. Ce sont les USA qui parlent constamment d'une prétendue "propagande russe". Et ça, c'est quoi? Comment peut-on écrire ça? Comment peut-on chercher et tirer par les cheveux des choses qui ne correspondent pas du tout à la réalité et sont tout simplement humiliantes et offensantes pour notre peuple? Imaginez-vous ce qu'il en serait si la même chose était écrite sur le Canada ou sur tout autre pays qui n'est pas un État monoethnique, mais multiethnique? Peut-on se permettre d'écrire cela sur la Chine, par exemple? Et pourquoi pourrait-on tenir de tels propos à notre encontre? Non, on ne peut pas. Et nous en parlerons.

Question: Certaines sources ont écrit que les USA faisaient du chantage à leurs partenaires en menaçant de quitter l'Otan. Un tel scénario est-il possible?

Réponse: Peut-on se quitter soi-même? C'est une question rhétorique. Je ne peux pas y répondre pour vous. Nous ne cachons pas notre profonde préoccupation vis-à-vis des objectifs proclamés par l'Otan, car ils ne correspondent pas à la réalité - pas plus que les articles d'Amie Ferris-Rotman publiés dans le Washington Post. Quand la direction de l'Alliance annonce qu'elle garantira aux pays membres une protection contre l'agression de la Russie, c'est faux pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas d'agression de la Russie vis-à-vis des pays membres de l'Otan.

Nous comprenons qu'autour de cette structure circulent d'immenses sommes d'argent, d'immenses intérêts politiques, que c'est un grand jeu. Malheureusement, nous notons également que ce jeu nuit sérieusement à la sécurité mondiale que tout le monde proclame. Nous savons parfaitement que ces objectifs sont une atteinte à la démocratie, parce qu'il est difficile d'imaginer une plus grande implication dans les affaires intérieures des autres États que celle qu'on constate actuellement, notamment via les instruments de l'Otan. Elles consistent toujours en les mêmes déclarations éternelles avec des menaces visant à provoquer des conflits entre les États, en une implication directe dans les processus électoraux, dans la déstabilisation de la situation sur différents continents. Si tout le monde est tellement attaché à la démocratie, pourquoi personne ne se pose des questions sur la manière dont l'Otan lui porte atteinte?

En ce qui concerne les relations au sein de l'Otan, cette question doit être réglée entre les pays membres, cette question ne concerne pas la Russie, nous ne sommes pas membre de l'Otan. Quand nous partions du principe qu'un dialogue était nécessaire avec cette structure, nous avons créé le Conseil Otan-Russie, un mécanisme commun auquel nous avons participé activement avant qu'il ne soit gelé par l'Alliance, avant qu'elle ne tente de bloquer entièrement les relations avec la Russie.

Ces questions doivent être réglées en interne. Bien sûr, nous sommes préoccupés par ce qui se passe avec l'Otan au vu de ce que j'ai dit. Il est question de la déstabilisation de la situation non seulement sur le territoire contrôlé par l'Alliance, mais également bien au-delà.

Question: En conférence de presse aujourd'hui, le Président américain Donald Trump n'a pas exclu qu'il pourrait proposer à son homologue russe Vladimir Poutine de cesser les exercices militaires des pays de l'Otan en mer Baltique. Cela a déjà suscité une réaction nerveuse des pays baltes. Quelle est votre position?

Réponse: Et que signifie une réaction nerveuse? Vous souhaitez des manœuvres?

Question: Certains, dans nos pays, considèrent l'Otan et notamment les USA comme des garants de la sécurité contre la "Russie agressive". Donald Trump n'a pas exclu que ces exercices pourraient cesser. Nous nous souvenons de sa rencontre avec le Président du Conseil d’État de la Corée du Nord Kim Jong-un, après laquelle il avait annoncé la suspension des exercices communs avec la Corée du Sud en mer de Chine méridionale. Aujourd'hui, nous entendons la même chose vis-à-vis des pays baltes. Que pouvez-vous dire à ce sujet?

Réponse: Je ne peux pas commenter des déclarations qui n'ont pas été prononcées, mais auxquelles tout le monde se réfère quand même. C'est déjà la troisième question sur des déclarations qui ont soi-disant été prononcées. Je ne peux pas commenter ça. J'ignore si de tels propos ont été tenus. D'autant que je ne suis pas la porte-parole de Donald Trump. Je voudrais le faire remarquer en particulier aux journalistes américains qui m'interrogent constamment à propos des déclarations de leur propre président.

La principale chose que vous avez mentionnée, même sans tenir compte du fait que cette déclaration a été prononcée ou non, est la question concernant l'agression de la Russie. Ce n'est pas une question d'exercices, de telle ou telle attitude du président américain. Le point central dans tout cela, pour les pays baltes, est le message concernant l'agression de la Russie. Mais il n'y en a pas. Elle a été inventée pour organiser notamment des exercices, accroître le potentiel militaires aux frontières avec la Russie non pas par l'intermédiaire des pays baltes, mais de pays complètement différents derrière lesquels se trouvent des lobbyistes notamment du complexe industriel, militaro-industriel, pour allouer de grandes sommes d'argent, gonfler la bureaucratie bruxelloise et avoir des leviers de contrôle.

Pour revenir au fond de votre question sur la menace russe: elle n'existe pas, elle est virtuelle, elle est nécessaire pour contrôler éternellement les hommes, les politiciens et les forces politiques. C'est la seule explication de la situation C'est la concentration des forces armées, du matériel militaire près des frontières russes, l'implication des pays dans cette activité étrange, le détournement de l'attention des menaces réelles, du terrorisme, des attentats, de la question migratoire, etc. C'est une histoire virtuelle, qui a été inventée.

Question: Hier, Donald Trump a déclaré que l'Allemagne était otage de la Russie, que Moscou contrôlait Berlin et que, soi-disant, l'Allemagne payait des milliards de dollars par an à la Russie alors que les USA protégeaient justement ce pays contre la "menace russe"… Il a également déclaré qu'il jugeait absolument inadmissible que l'Allemagne soit entièrement contrôlée par la Russie. Que pouvez-vous dire à ce sujet?

Réponse: Je trouve qu'il y a deux aspects assez étranges. Premièrement, le monde entier sait que Donald Trump est un homme d'affaires: il est donc curieux qu'il juge inadmissible de payer la Russie. Elle fournit des produits, et reçoit de l'argent. C'est normal du point de vue des affaires, qui plus est "endurcies". Depuis des années, nous sommes un fournisseur fiable d'hydrocarbures en Europe, notamment à l'Allemagne. La coopération énergétique entre notre pays et les États européens est vieille de plusieurs décennies. Malgré les changements géopolitiques à l’œuvre sur le continent européen ces dix dernières années, cela n'a aucunement affecté la qualité des produits et du fournisseur qu'est la Russie. Cette qualité est irréprochable, tant au niveau des produits que de la fiabilité de la Russie en tant que fournisseur. Ce n'est pas mon avis personnel, mais celui des Européens-mêmes. Fournissant un produit de qualité et étant un partenaire fiable - comme le dit Donald Trump -, signant des bons contrats et les réalisant effectivement avec qualité, la Russie reçoit de l'argent pour cela. C'est normal - pour ne pas dire bien.

Deuxièmement, par rapport au fait que la Russie contrôlerait entièrement l'Allemagne, je voudrais simplement rappeler que selon les informations disponibles en accès libre, en 2016-2018 les effectifs militaires américains dans les bases allemandes avoisinaient 35 000 hommes. Voilà en ce qui concerne la question de savoir qui contrôle réellement ce pays. Avec l'Allemagne, nous avons des liens d'affaires. Les USA y ont des bases militaires.

Question: Est-ce que quelque chose a changé depuis une semaine dans la position de Moscou par rapport au Kosovo, compte tenu de la déclaration de Hashim Thaçi indiquant qu'il s'est entretenu à Ankara avec le Premier ministre russe Dmitri Medvedev et qu'il lui a, je cite, "demandé d'établir la communication entre nos deux États"?

Réponse: Nous avons une position de principe concernant le Kosovo. Elle n'a pas changé.

Question: Je voudrais poser une question sur le thème foot-politique. Le joueur de l'équipe de Croatie, qui ne s'est pas distingué seulement par son jeu au Mondial, a présenté sur la chaîne Rossiya 24 des excuses officielles pour ses propos. Je voudrais entendre le commentaire officiel du Ministère russe des Affaires étrangères à ce sujet.

Réponse: Je ne vois aucune raison de commenter cela. Je trouve qu'il s'agissait de propos pas très intelligents, qui ont été suivis non seulement des excuses de l'individu qui les a tenus, mais également de nombreux citoyens croates qui l'ont fait publiquement, qui ont envoyé des messages pour présenter des excuses, ont évoqué le caractère inadmissible de soulever, comme vous le dites à raison, le thème foot-politique. Il y a le football et il y a la politique. Ce sont des choses différentes. Nous avons vu la position de la FIFA qui a mené une enquête, nous avons entendu tout ce qui a été dit du côté croate, ce que disaient les gens, nous avons également noté les accusations contre cet homme.

Je répète que ses propos peuvent être qualifiés de "pas très intelligents".

Question: La récente expulsion de diplomates russes de Grèce a fait beaucoup de bruit. Le Ministère des Affaires étrangères a déjà fait un commentaire à ce sujet, mais je voudrais savoir si un tel échange de politesses entre les deux États était susceptible d'influencer les relations bilatérales.

Réponse: Nous partons toujours du principe que les actions telles que l'expulsion de diplomates ont des conséquences symétriques. Cela n'apporte rien de positif aux relations bilatérales, qui ont leur propre valeur parce qu'il n'est pas question de relations virtuelles mais d'une coopération pratique au profit des peuples des deux pays.

Question: Les déclarations prononcées au sommet de l'Otan, notamment par le Secrétaire général de l'Organisation Jens Stoltenberg, se sont résumées au fait que la Géorgie avait significativement progressé pour se rapprocher des normes de l'Otan, et qu'elle rejoindrait forcément l'Alliance un jour. Par ailleurs, on sait que Moscou a indiqué à plusieurs reprises que si la Géorgie se trouvait au seuil de l'adhésion à l'Alliance, cela serait une "ligne rouge" pour la Russie. Ne pensez-vous pas que cette "ligne rouge" se rapproche?

Réponse: Nous avons dit que l'adhésion à l'Otan des pays non membres ne pouvait pas ne pas influencer la situation globale de la sécurité sur le continent européen et aurait évidemment des conséquences. Cela ne concerne pas seulement la Géorgie: c'est notre position fondamentale, de principe.

Récemment, j'ai accordé une interview à une publication scandinave représentant un pays non membre de l'Otan, mais qu'on incite activement à adhérer à l'Alliance. On m'a demandé pourquoi la Russie déclarait que cela aurait des conséquences. J'ai répondu que des changements se produiraient, et que quand des changements se produisent d'un côté, des conséquences se font sentir de l'autre. Selon moi, c'est un processus naturel. Nous en avons toujours parlé.

Question: Au cours du sommet de l'Otan, le Secrétaire général Jens Stoltenberg a indiqué que la Crimée était un prétexte de l'Occident pour isoler la Russie, mais qu'elle ne représentait en réalité aucune menace pour l'Alliance. Marine Le Pen a quant à elle proposé de faire adhérer la Russie à l'Otan afin de combattre conjointement le terrorisme. Les propos du Secrétaire général Jens Stoltenberg sont pourtant d'un intérêt particulier. Constatez-vous des actions concrètes de l'Otan qui pourraient confirmer ses propos sur l'absence de la volonté d'isoler la Russie et l'envie de coopérer?

Réponse: A notre avis, le thème de la Crimée est clos. Nous l'avons régulièrement souligné à tous les niveaux. Quant à l'isolement politique, l'article d'Amie Ferris-Rotman publié par le Washington Post contient une phrase sur les "années d'isolement politique de la Russie"… Consultez le calendrier des rencontres du Président russe, du Ministre des Affaires étrangères et d'autres ministres, ou la liste des événements internationaux qui se déroulent en Russie ou avec la participation de la Russie, au sein des organisations internationales, etc. L'envie de mettre en œuvre cet isolement a toujours existé. Il est pourtant devenu clair, presque immédiatement, qu'il était impossible de l'obtenir par des moyens naturels, par de simples appels. C'est pourquoi certains pays ont lancé une activité intense visant à créer un isolement politique artificiel présenté comme une solidarité authentique. Mais notre monde n'est pas virtuel: il est réel et il n'y existe aucun isolement. Quant au sujet de la Crimée, il est clos. On regrette que les dirigeants de l'Alliance et d'autres organisations internationales ne se donnent pas la peine de s'appuyer sur les faits et d'analyser la situation - concernant la Crimée ou l'histoire de cette question - et se cantonnent aux slogans politiques en suivant la logique habituelle de la "guerre froide" sans n'avoir tiré aucune conclusion de cette dernière, même des années après.

Question: Ioulia Timochenko, leader du parti ukrainien "Patrie" et probable candidate à la présidentielle, a annoncé hier avoir trouvé un moyen de faire revenir la Crimée au sein de l'Ukraine: une armée forme et des négociations au format de Budapest. Que pensez-vous de ces propos?

Réponse: Je ne vais pas commenter ses propos concernant "une armée forte". A mon avis, chaque État veut, bien sûr, créer des forces armées puissantes. La question concerne plutôt l'utilisation de ces dernières. L'approche ukrainienne est évidente. Premièrement, Kiev les utilise contre son propre peuple. C'est cela: contre son propre peuple. Deuxièmement, on ne constate aucun résultat positif en Ukraine indépendamment de la force ou de la faiblesse de son armée.

Concernant les propos de Ioulia Timochenko citant le mémorandum de Budapest, la Russie et notamment son Ministre des Affaires étrangères ont régulièrement commenté la situation autour de ce texte. Comme ce sujet a été encore une fois évoqué, il faut probablement le faire encore une fois, dans un format un peu plus large.

Si l'on parle - ce à quoi appellent de manière incessante Kiev et les nombreux acteurs qui soutiennent sa politique - des garanties de l'intégrité territoriale de l'Ukraine selon le mémorandum de Budapest (appelé officiellement "Mémorandum de 1994 sur les garanties de sécurité en raison de l'adhésion de l'Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires"), la position russe est la suivante: la Russie ne viole pas le Mémorandum de 1994 sur les garanties de sécurité en raison de l'adhésion de l'Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ce mémorandum n'est pas un traité international - cela apparaît déjà dans son titre - et ne prévoit donc aucun engagement juridique supplémentaire pour les États outre ceux déjà existants au moment de sa signature.

Ce texte confirme les engagements pris conformément aux principes de l'acte final de la CSCE (ancien nom de l'OSCE): respecter l'indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l'Ukraine, se garder d'utiliser la force contre l'Ukraine dans tous les cas sauf l'autodéfense et d'autres situations prévues par la Charte de l'Onu.

L'acte final de la CSCE de 1975 fixe les principes de l'intégrité territoriale des États et de l'inviolabilité des frontières. Qui plus est, ce document, tout comme la déclaration de l'Assemblée générale de l'Onu relative aux principes du droit international de 1970, établit les principes d'égalité et de droit des peuples à l'autodétermination. Comme on le sait (il s'agit d'un élément très important qu'on oublie tout le temps), si l'on interprète et que l'on met en pratique les principes fondateurs du droit international, il faut se baser sur le fait qu'ils sont liés. Autrement dit, il faut examiner chaque principe en lien avec les autres.       

Le rapport entre l'intégrité territoriale et le droit à l'autodétermination a été défini dans la déclaration de 1970, qui confirme l'inviolabilité de l'intégrité territoriale des États souverains et indépendants qui - je le souligne - se laissent guider dans leurs actions par le principe d'égalité et d'autodétermination des peuples et possèdent donc un gouvernement qui représente tout le peuple vivant sur leur territoire sans ne faire aucune distinction de race, de religion ou de couleur de peau.

Pour une certaine raison, on oublie cette partie de la déclaration qui est aussi importante que celle qu'on cite habituellement. Comme si elle était peu intéressante, voire inexistante.

Suite à la destitution du président ukrainien légitime Viktor Ianoukovitch et au coup d'État  survenu à cause du Maïdan, il était impossible d'affirmer que les autorités de Kiev représentaient le peuple de la Crimée. A vrai dire, la légitimité de tout ce pouvoir est douteux, car il s'agit d'un coup d'État anticonstitutionnel impliquant des forces extérieures - ce qui, d'ailleurs, a été décrit par les textes servant de base au mémorandum de Budapest. Est-ce que ce gouvernement, formé en recourant à des méthodes de ce genre, représentait les intérêts de la Crimée? Comment?

En ce qui concerne le principe d'inviolabilité des frontières, il interdit toute attaque aux frontières, ainsi que l'occupation du territoire de tout État participant ou d'une partie de celui-ci. En même temps, la mise en œuvre du droit à l'autodétermination est un processus naturel et légitime qui modifie justement les frontières et les territoires des États existants. Une telle situation ne peut donc pas être considérée comme une occupation.

En 1991, l'Union européenne a adopté ses principes fondateurs pour la reconnaissance de nouveaux États en Europe de l'Est et en Union soviétique: le droit à l'autodétermination a été considéré comme la base de la reconnaissance de ces États. Pourquoi personne n'évoque jamais ces faits? Cette interprétation a été confirmée par la formation d'États sur le territoire de l'URSS, de la Yougoslavie et d'autres pays d'Europe de l'Est, reconnus par l'UE et les États-Unis (Washington a lui aussi signé l'Acte final de la CSCE). Tout le monde préfère l'oublier.

L'intégrité territoriale de l'Ukraine a été mise à mal suite à la politique des autorités illégitimes qui ont pris le pouvoir à Kiev, notamment envers les minorités ethniques.

Comme on le sait, parallèlement au mémorandum de 1994, les leaders de la Russie, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Ukraine ont signé une déclaration commune confirmant notamment l'importance des engagements pris dans le cadre de l'OSCE, visant à combattre la montée du chauvinisme et du nationalisme agressif. On comprend bien que ce sont ces tendances très négatives de la politique ukrainienne qui ont conduit à la séparation de la Crimée. C'était comme appuyer sur la gâchette, et cela a constitué le point de départ du compte-à-rebours de la fin de la présence de la Crimée en Ukraine.

La Russie n'était pas contrainte par le mémorandum de Budapest de forcer la Crimée à rester ukrainienne. C'est évident.

Le mémorandum de Budapest implique non seulement la Russie, mais aussi les États-Unis et la Grande-Bretagne. Au regard des propos de Ioulia Timochenko que je viens de mentionner, je voudrais leur poser les questions suivantes: en quoi les menaces de sanctions contre les autorités ukrainiennes, annoncées régulièrement par l'UE et les États-Unis lors des troubles à Kiev, garantissaient-elles la souveraineté ukrainienne? Il existe des dizaines de citations directes. Que faut-il penser de la présence quasi-permanente des représentants, des responsables et des agents des services secrets occidentaux sur le Maïdan? Comment peut-on interpréter les déclarations des États-Unis et de l'UE qui affirmaient ne plus considérer le chef de l'État légitime comme leur partenaire, contrairement aux nouveaux dirigeants, nommés sur la place en violation de toutes les procédures constitutionnelles?

Sans parler de la première "révolution orange", précurseur des événements dramatiques de 2013-2014. Nous ne faisons qu'analyser les événements de 2013-2014. Ces éléments témoignent - il s'agit d'un fait évident et déjà prouvé - d'un coup d'État inspiré de l'étranger en violation du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.

C'est tout ce que je voudrais rappeler à Ioulia Timochenko et à d'autres politiciens ukrainiens, ainsi qu'à beaucoup de responsables occidentaux qui appellent à se laisser guider par le mémorandum de Budapest. Il ne faut pas mettre l'accent sur certaines clauses des accords internationaux en oubliant les autres. Tous ces éléments sont liés et clairement définis dans les textes que j'ai mentionnés.

Question: Facebook a attribué à 65 000 utilisateurs russes un penchant pour la trahison politique, et ces informations pourraient être transmises aux publicitaires et aux développeurs d'applications. Dans quelle mesure est-ce légal et peut-on considérer ces actions comme une ingérence dans notre politique?

Réponse: Si je comprends bien, il est question des algorithmes de publicité ciblée. La situation devient chaque jour de plus en plus intéressante. Cela fait l'objet de débats sur différentes plateformes, auxquels nous participons volontiers parce que la situation rappelle effectivement la dystopie de George Orwell – le comptage des gens, leur catégorisation, etc.

Si je comprends bien, en l'occurrence il est question du fait qu'en créant un commentaire, en écrivant un texte promu pour de l'argent, dans toute une liste de désignations attribuées aux utilisateurs (par exemple, "j'aime le cinéma", "je lis des livres", "je regarde le foot") il était possible de sélectionner un groupe d'individus désigné comme "enclins à la trahison" (c'est la terminologie de Facebook) en tant que public ciblé. Aujourd'hui (nous l'avons vu et lu) l'administration du réseau social a déclaré qu'elle avait supprimé cette catégorie à la demande des médias.

Mais c'est un autre point qui est le plus intéressant dans cette histoire: le journal britannique The Guardian, dans un article d'Alex Hern publié le 11 juillet, a supposé que les autorités russes auraient pu s'en servir pour surveiller sans gêne les "traîtres potentiels"! The Guardian – ou le meilleur moyen de divertir le public. Après un tel article, je pense que c'est un excellent slogan. Autrement dit, les autorités russes auraient inventé la rubrique "enclins à la trahison" pour surveiller les "indésirables". C'est de la paranoïa pure et dure.

En ce qui concerne la légalité des actions de Facebook, notamment en matière de protection des informations personnelles de nos citoyens, je pense que cette question relève des compétences du Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse. Mais d'un point de vue éthique, c'est sans précédent - et abject.

Beaucoup se demandent ce qu'est le targeting (ciblage). Ceux qui connaissent le sens de ce terme savent qu'il s'agit d'une cible. Il s'avère que des gens sont désignés en tant que cibles, sont suivis comme des cibles, pourchassés. Manifestement, nous sommes tous observés à travers une sorte de viseur. Cela n'a rien d'agréable. J'ai déjà donné mon avis sur l'aspect éthique de la question. Je pense que cette question sera suivie de près par la communauté professionnelle.

Question: Peut-on s'attendre à une réunion russo-japonaise au format "2+2" ce mois-ci?

Réponse: La réunion au format "2+2" devrait se tenir prochainement, sa mise au point est en cours. Je n'ai pas d'informations concrètes pour l'instant.

Question: La seconde visite du Ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-hoa eu lieu cette semaine. Qui a-t-il rencontré?

Réponse: Je n'ai pas d'informations supplémentaires à ce sujet.

Question: Ce 11 juillet, le vice-Ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a rencontré une délégation du Front populaire de libération de la Palestine sur fond de rumeurs sur le "deal du siècle" qui serait préparé par l'administration Trump. Pouvez-vous expliquer le rôle concret du Ministère russe des Affaires étrangères dans le règlement du conflit israélo-palestinien à l'étape actuelle?

Réponse: Vous mélangez deux sujets - peut-être inconsciemment, peut-être sciemment. Je pense qu'une formulation aussi complexe de la question a un sens. En effet, ce qui se passe actuellement dans la région est dû en grande partie, comme vous le dites à raison, aux rumeurs concernant le "deal du siècle", comme l'appelle Washington. Nous avons dit qu'évidemment nous saluions tout plan et programme permettant de faire sortir la situation de l'impasse, mais nous partons du principe que ces plans ne doivent pas mener la situation dans l'impasse ou créer cette impasse des années à l'avance. Malheureusement, nous voyons que la situation autour de ce "deal du siècle" prend de plus en plus la forme de rumeurs que d'un travail pragmatique, ouvert et de confiance qui apporterait une plus grande stabilité. Malheureusement, la situation est ce qu'elle est à cause des insinuations et des rumeurs interminables. Entre autres, les agissements de l'administration américaine pour faire déménager son ambassade, comme nous l'avons déjà dit, créent des problèmes colossaux pour faire avancer le processus de paix.

Le travail du Ministère des Affaires étrangères consiste à entretenir des contacts réguliers avec toutes les parties (vous lisez des communiqués, notamment au sujet de cette réunion), à discuter avec elles, ainsi qu'à les appeler, lors de l'étude des plans éventuels et des nouveautés, à s'appuyer, premièrement, sur la base juridique existante (c'est une base très solide contenant des résolutions du Conseil de sécurité et d'autres décisions), et, deuxièmement, sur la compréhension du fait qu'il faut tout faire pour que la situation ne se dégrade pas et ne pas renforcer l'impasse dans laquelle elle se trouve, malheureusement, depuis des années.

Les contacts, les rencontres, les pourparlers, le travail diplomatique actif, le point de vue, les acquis, et, dans une situation de crise, quand la tension monte dans la région, les mesures urgentes pour apaiser la situation: voilà comment on pourrait décrire le travail du Ministère des Affaires étrangères.

Question: Il ne reste que quelques jours avant le sommet d'Helsinki. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déjà dévoilé quelles questions seraient évoquées entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président américain Donald Trump. Y a-t-il des informations supplémentaires sur les questions qui pourraient figurer à l'ordre du jour et qu'attend la Russie de ce sommet compte tenu de la nouvelle entente sur la rencontre de Sergueï Lavrov avec le Secrétaire d’État américain Mike Pompeo à l'issue du sommet?

Réponse: Tout ce qui est d'actualité aujourd'hui a été dit, il n'y a pas d'informations supplémentaires à ce sujet. En général, je ne prends pas les devants dans ce genre de situations, mais nous pensons que demain le Ministre russe des Affaires étrangères pourrait accorder une interview détaillée en prévision du sommet. Si elle se tenait, nous vous en informerions rapidement au moment de sa publication.


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