Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 31 mai 2017
Sur l'attentat en Afghanistan
Une voiture piégée a explosé mercredi 31 mai dans le quartier diplomatique de Kaboul, la capitale afghane, à proximité immédiate de l'Ambassade d'Allemagne. Selon les informations préliminaires rapportées par les organes gouvernementaux afghans, la puissante explosion a fait près de 80 morts et 300 blessés plus ou moins graves. D'après les données dont nous disposons actuellement, il n'y a pas de citoyens russes parmi les victimes. L'Ambassade de Russie à Kaboul et le personnel des établissements diplomatiques en Afghanistan sont en contact avec les autorités et se tiendront informés en permanence de la situation.
Nous condamnons fermement cet attentat. Nous espérons que ses organisateurs et exécutants seront sévèrement punis. Nous appelons les autorités afghanes à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité aussi bien dans la capitale que dans d'autres régions du pays.
Nous présentons non sincères condoléances aux parents et aux proches des victimes, et souhaitons un rapide rétablissement aux blessés.
Sur les activités du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en marge du 21e Forum économique international de Saint-Pétersbourg
Jeudi 1er juin, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov rencontrera le Secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres.
Vendredi 2 juin, il s'entretiendra avec le Ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dacic, le Ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto, le Premier ministre dominicain Roosevelt Skerrit et le Premier ministre de la Région autonome du Kurdistan irakien Netchirvan Barzani.
Voilà un aperçu de son agenda. Compte tenu des opportunités de communication offertes par le Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le calendrier des pourparlers et des contacts pourrait changer - nous vous en informerons sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères.
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec son homologue biélorusse Vladimir Makeï
Le Ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makeï se rendra en Russie pour une visite de travail du 4 au 5 juin à l'invitation du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cette rencontre intervient à l'approche de la célébration du 25e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Fédération de Russie et la République de Biélorussie le 25 juin.
Dans le cadre de cette visite aura lieu un entretien entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makeï, ainsi qu'une réunion conjointe entre les collaborateurs des ministères des Affaires étrangères de la Russie et de la Biélorussie. Conformément à l'ordre du jour, les participants évoqueront la mise en œuvre du Programme d'actions convenues en politique étrangère par les États membres de l'Accord sur la création d'un État d'union pour 2016-2017 et la mise au point du programme pour les deux prochaines années, la question relative aux relations avec l'Otan, les axes principaux du travail médiatique pour accroître l'autorité internationale de l'Union économique eurasiatique (UEE) et le développement de la coopération bilatérale sur les plans culturel et social.
Sur l'entretien du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec son homologue slovaque Miroslav Lajcak
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra avec le Ministre slovaque des Affaires étrangères Miroslav Lajcak à Kaliningrad le 6 juin.
Les chefs de diplomatie évoqueront l'état et les perspectives de développement de l'ensemble des relations bilatérales, en tenant compte notamment de la réunion de la 28e session de la Commission intergouvernementale pour la coopération économique, scientifique et technique entre la Russie et la Slovaquie qui s'est déroulée les 27 et 28 avril 2017 à Moscou.
Compte tenu de l'élection, attendue aujourd'hui, de Miroslav Lajcak au poste de Président de la 72e session de l'Assemblée générale des Nations unies, les ministres échangeront leurs avis sur l'Onu et le thème central de son ordre du jour, les principales priorités de son activité et de développement. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre slovaque des Affaires étrangères Miroslav Lajcak aborderont également les problèmes d'actualité de l'agenda international.
Sur la visite de travail du Ministre espagnol des Affaires étrangères et de la coopération Alfonso Dastis
Le Ministre espagnol des Affaires étrangères et de la coopération Alfonso Dastis se rendra en visite de travail en Russie du 6 au 7 juin. Le 7 juin, il s'entretiendra avec le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Pendant leur entretien il est prévu "d'accorder les violons" sur les perspectives du partenariat bilatéral dans différents domaines, d'évoquer l'état actuel des relations de la Russie avec l'UE et l'Otan, ainsi que dans le cadre de l'OSCE et du Conseil de l'Europe. Un échange de points de vue sur la lutte contre la menace terroriste, la situation en Ukraine, la situation autour de la Syrie et de la Libye, ainsi que sur d'autres questions internationales est également prévu.
Sur l'évolution de la situation en Syrie
Nous constatons avec satisfaction le renforcement d'une dynamique positive dans l'évolution de la situation militaro-politique en Syrie, ce qui résulte directement de la mise en œuvre du Mémorandum sur la mise en place de zones de désescalade en Syrie signé à Astana le 4 mai par des représentants de la Russie, de l'Iran et de la Turquie.
L'armée syrienne mène des opérations victorieuses dans les provinces de Deir ez-Zor, Homs, Soueïda et Hama. Les forces gouvernementales élargissent le champ des opérations contre les terroristes de l’État islamique (EI) à l'est de la province d'Alep. Les opérations pour éliminer les groupuscules terroristes qui contrôlent plusieurs zones de la Ghouta orientale se poursuivent. A l'est de la province de Hama, les terroristes bombardent massivement la ville de Salamyeh. Les terroristes opposent une active résistance à l'armée, tentent de contre-attaquer, minent les routes pendant leur retraite, piègent les sites d'infrastructure et les moyens de transport, et, le plus terrible, organisent des exécutions démonstratives.
Sur fond des offensives actives de l'armée syrienne, les différends entre les groupes terroristes s'aggravent, se traduisant par des affrontements sanglants. Les radicaux de l'EI et du Front al-Nosra sont entrés en conflit et mènent des combats violents dans les cols de montagne près de la frontière syrienne avec le Liban, y compris dans la région du Qalamoun occidental.
Les unités des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont repoussé les terroristes de l'EI de la ville de Gudeiran à l'ouest de Raqqa, ce qui leur a permis d'occuper le nord du barrage Hurriyah. D'après un accord entre le commandement des FDS et de l'EI, les groupes djihadistes tentent de quitter Raqqa en direction du sud - la ville étant bloquée par les FDS à l'ouest, au nord et à l'est. Récemment l'aviation russe a empêché une telle tentative de percée "par le corridor sud" en direction de Palmyre en éliminant plus de 100 terroristes et 32 pick-ups dotés de mitrailleuses de grand calibre.
Nous sommes préoccupés par la nouvelle série de frappes aériennes de la coalition "anti-Daech" menée par les USA ces derniers jours sur le territoire syrien, notamment le 25 mai contre la ville de Mayadin au sud-est de Deir ez-Zor (35 civils tués, de nombreux blessés) et le 27 mai au sud de Raqqa entre les villes Ratla et Qasra (20 civils tués, 7 blessés).
Nous condamnons ces actions irréfléchies et mal planifiées menées sous prétexte de lutter contre le terrorisme international. Bien sûr, cela n'a rien à voir avec une lutte, qui plus est une lutte efficace contre le terrorisme international. En réalité, ces raids aériens ne font qu'aggraver une situation déjà difficile sur le sol syrien, conduisent à une augmentation du nombre de victimes parmi les civils syriens, sèment le chaos et la destruction et jouent en faveur des terroristes de l'EI, du Front al-Nosra et des structures affiliées. Nous exhortons à nouveau tous les partenaires à unir leurs efforts pour combattre le terrorisme et consolider les rangs de tous les acteurs internationaux qui souhaitent éradiquer ce mal.
Les négociations se poursuivent sur l'adhésion au cessez-le-feu avec les unités d'opposition armée dans les provinces d'Alep, de Damas, de Hama, de Homs et de Quneitra.
Le processus de "pacification" des régions syriennes progresse et porte ses fruits. Récemment s'est achevée la dernière étape de retrait des rebelles du quartier Barze de Damas, qui a permis à 1 012 personnes, dont 455 rebelles, de quitter la capitale.
Sur la situation au Venezuela
L'évolution de la situation au Venezuela est très inquiétante. Nous partageons régulièrement nos commentaires à ce sujet. La société est prise en otage de scénarios violents de confrontation politique. La tension monte. Des armes à feu sont de plus en plus utilisées dans les manifestations des forces antigouvernementales, entraînant une hausse du nombre de victimes. A notre plus grand regret, en deux mois de protestations plus de 60 citoyens ont été tués, et on déplore plus de 1 000 blessés.
Nous sommes très préoccupés de voir que des écoles, des hôpitaux et des moyens de transport font l'objet d'attaques. On a même constaté des cas lynchage commis par une foule enragée contre des partisans du gouvernement. Des tentatives ont été entreprises pour prendre le contrôle des arsenaux de l'armée. Et, ce qui est absolument inadmissible, des adolescents et des enfants sont impliqués dans les émeutes.
Les déclarations des forces d'opposition d'extrême-droite incitant au passage à une "confrontation frontale jusqu'au bout" sont alarmantes. Au regard du caractère agressif des manifestations et de l'augmentation du nombre de provocations, il est important que les forces de l'ordre et les militaires ne franchissent pas la ligne rouge et agissent dans le cadre de leurs pouvoirs.
Nous sommes convaincus qu'un dialogue constructif entre le gouvernement et l'opposition du Venezuela avec une grande médiation internationale serait la meilleure solution pour éviter le déclenchement d'une guerre, pour commencer à régler les problèmes socioéconomiques malheureusement repoussés à l'arrière-plan par la confrontation politique. Il est regrettable que les appels récents du Secrétaire général de l'Onu et du Pape à reprendre les négociations n'aient pas eu d'effet.
D'après nous, après l'établissement par le Conseil électoral national des délais pour organiser les élections des gouverneurs, comme l'exigeait la coalition des forces d'opposition, la possibilité de trouver des solutions pacifiques au conflit intérieur vénézuélien devient réelle. Nous espérons que le pacifisme inhérent au peuple vénézuélien prendra le dessus.
Sur la situation au sud des Philippines
Pendant la dernière décade de mai, la situation s'est sérieusement détériorée dans plusieurs régions du sud des Philippines. Elle a débouché sur des affrontements entre les unités militaires, la police et les terroristes des groupes Maute et Abou Sayyaf. La loi martiale a été décrétée sur l'île Mindanao, dans les provinces de Basilan, de Soulou et de Tavi-Tavi.
Nous suivons attentivement l'évolution de la situation. Aucune information sur la présence de citoyens russes sur ces territoires n'a été rapportée.
Nous espérons que les autorités philippines parviendront à reprendre le contrôle de la situation et à empêcher la propagation de l'activité terroriste dans d'autres régions du pays.
Sur l'examen, par le Parlement letton, des amendements au Code sur les infractions administratives prévoyant une augmentation significative de l'amende pour "non-usage de la langue nationale dans la proportion due"
Le 25 mai, le Parlement letton a soumis à la Commission parlementaire juridique le projet de loi des amendements au Code sur les infractions administratives prévoyant une augmentation significative de l'amende (jusqu'à 700 euros pour les particuliers et jusqu'à 10 000 pour les personnes morales) pour "non-usage de la langue nationale dans les proportions prescrites par les fonctions" et "non-respect" de la langue nationale. De plus, cette nouveauté législative crée un levier juridique qui permet de limoger des fonctionnaires, y compris les maires, pour "infractions linguistiques". C'est une manifestation flagrante d'ultra-nationalisme.
Les auteurs des amendements ne cherchent même pas à cacher que leur objectif consiste à éradiquer l'usage "injustifié" d'autres langues, ce qui prive de facto les administrations autonomes de la possibilité de communiquer avec les habitants russophones de leur ville dans leur langue natale.
Nous sommes convaincus que l'adoption de telles lois n'a rien à voir avec l'intégration réelle des minorités ethniques dans la société lettone et bafoue grossièrement les normes juridiques internationales en matière d'utilisation de la langue natale.
Nous espérons que le bon sens prévaudra et que les amendements linguistiques mentionnés n'entreront pas en vigueur. Mais pour que le bon sens prenne le dessus il faut évidemment que la communauté internationale réagisse, car honnêtement il ne faut pas compter uniquement sur le bon sens du pays mentionné à ce sujet. Nous attendons la réaction des institutions juridiques compétentes, des ONG et de tous ceux qui sont préoccupés par le respect des droits fondamentaux de l'homme. Nous espérons que cette situation sera prise sous contrôle.
Sur la situation autour de l'Institut de langue russe Pouchkine à l'étranger
Depuis que nous avons mentionné et brièvement dévoilé le thème de l'étude de la langue russe à l'étranger lors de la dernière conférence de presse, nous avons reçu plusieurs questions sur l'activité de cette structure. Je voudrais m'arrêter plus en détail sur ce sujet pour y répondre.
L'activité de l'Institut de langue russe Pouchkine se déroule selon le modèle d'autres centres linguistiques et culturels tels que l'Institut Goethe, l'Institut Cervantes, l'Institut Confucius ou encore l'Alliance française.
Depuis 50 ans, sa mission consiste à promouvoir la langue russe à l'étranger et, bien sûr, à soutenir professionnellement les russisants. Au cours de cette période, environ 500 000 personnes ont appris le russe précisément grâce aux méthodes et aux pédagogues de l'Institut Pouchkine. Jusqu'au milieu des années 1990, 20 filiales de l'Institut Pouchkine étaient ouvertes dans le monde, qui étaient des centres méthodiques et éducatifs pour les études russes. Ces centres ont été fermés après la suspension du financement dans les années 1990.
Aujourd'hui, grâce à l'attention pour le russe comme un facteur très important dans le maintien et le développement des liens sociaux de la part de la Russie, des ONG et de la société civile, l'Institut Pouchkine connaît une renaissance: les chaires de russe ont rouvert à l'Institut de Cuba (université de La Havane) et au Vietnam (antenne de l'Institut Pouchkine à Hanoi ). En novembre 2016 a été ouvert le Centre de l'Institut Pouchkine au Centre spirituel et culturel orthodoxe russe de Paris sur directive du gouvernement et du Ministère russe de l’Éducation et de la Science. Plus de 20 ans après sa fermeture, l'Institut Pouchkine est revenu en France. Ce n'est pas du tout un phénomène artificiel qui est seulement le reflet et la réalisation des objectifs fixés. Il est question d'une demande vivante, sincère et très naturelle des citoyens d'étudier tout ce qui concerne la Russie. Il est question d'enfants et de personnes qui ont émigré à une époque ou ont déménagé à l'étranger, ou qui sont citoyens de leur pays depuis la naissance mais qui ressentent un lien particulier avec la Russie et souhaitent étudier le russe.
Je peux dire qu'en travaillant aux USA et en communiquant professionnellement et personnellement avec nos compatriotes et les Américains, on m'a souvent demandé comment il était possible de faire entrer les enfants dans une école russe ou de les inscrire aux cours de russe, faire en sorte que l'enfant n'oublie pas ou, au contraire, commence à étudier le russe. C'était le thème principal. Le potentiel de nos écoles ne suffit pas toujours, car avant tout leur fonction première consiste à apporter des services éducatifs au personnel des établissements diplomatiques russes, ce qui est naturel: les employés partent travailler à l'étranger pendant plusieurs années et n'ont alors pas la possibilité d'éduquer leurs enfants en Russie. Sachant que si le nombre de places le permet il est évidemment possible d'admettre des enfants de nos compatriotes. Je le répète, c'est généralement une exception à la règle car de telles possibilités ne s'offrent pas. En ce qui concerne les cursus éducatifs et les filiales, c'est évidemment très sollicité. Les statistiques parlent d'elles-mêmes.
L'Institut a été formé comme un centre européen de russisme et propose des cours de langue pour les enfants et les adultes, une amélioration professionnelle des russisants et des activités de sensibilisation. Les cours sont dispensés selon les méthodes modernes par les meilleurs enseignants de l'Institut Pouchkine, ainsi qu'en utilisant les ressources du site d'école russe en ligne élaboré à la demande du Conseil pour la langue russe près le gouvernement russe. Le site permet d'étudier le russe sur internet, depuis 2014 il a été visité par près de 60 millions de personnes, 1 300 000 personnes de 190 pays sont des utilisateurs enregistrés et suivent un enseignement dans différents programmes. On constate un immense intérêt des étrangers pour l'étude du russe.
Je voudrais m'adresser au public étranger. Grâce à l'Institut Pouchkine vous avez une opportunité supplémentaire d'étudier le russe et de lire les œuvres de grands écrivains russes en version originale, et non traduite.
L'écrivain français Brantôme a dit: "On est autant de fois homme qu'on parle de langues". Je ne pense pas que ce soit un axiome, mais cela doit faire réfléchir.
Réponses aux questions:
Question: La Russie est-elle prête pour l'adhésion du Monténégro à l'Otan? Quelles mesures prépare-t-on à ce sujet et quelle sera la réaction de Moscou?
Réponse: Demandez plutôt au Monténégro s'il est prêt à adhérer à l'Otan. Cette question ne s'adresse pas à la Russie. Demandez aux habitants du Monténégro s'ils sont prêts. Pourquoi cela nous concernerait? Demandez aux habitants du Monténégro en posant exactement la question comme vous l'avez fait. Il serait encore mieux si cette question – "les citoyens de ce pays sont-ils prêts pour l'adhésion à l'Otan?" – était posée sur la BBC sous la forme d'un sondage public. Nous réagirons aux changements de paysage militaro-politique de la manière appropriée, comme il se doit, comme le font tous les pays en partant de leurs tâches et objectifs. Votre question est parfaitement légitime mais elle ne doit pas être adressée à la Russie ni au peuple russe, mais au Monténégro et surtout au peuple de ce pays.
Je voudrais rappeler que nous avons entendu beaucoup de choses de la part du Monténégro: sur la fameuse "main du Kremlin" (étonnant qu'aucun peintre n'ai encore eu l'idée de la représenter), sur les espions, sur la prétendue tentative de renverser le pouvoir dans ce pays. Mais ils n'ont pas dit le plus important, ils n'ont pas répondu à la question de savoir si la population du Monténégro était prête à adhérer à l'Otan. Tout tourne autour de cela.
Merci pour votre question, mais je pense que vous ne devriez pas la poser dans l'enceinte du Ministère russe des Affaires étrangères mais au Ministère des Affaires étrangères du Monténégro. J'ignore s'ils organisent des conférences de presse. Si oui, alors je pense que c'est la question la plus pertinente à leur poser.
Question: Comment se reflète le scandale impliquant la grande diplomatie sur le développement des relations russo-moldaves? La réaction de la Russie sera-t-elle symétrique?
Réponse: Il est trop tôt pour parler d'une éventuelle réaction. Les autorités moldaves doivent comprendre ce qu'elle veut faire à l'intérieur du pays. On l'ignore pour l'instant. Il y a des débats enflammés sur les événements. Vous avez noté la décision prise au niveau du gouvernement, vous voyez la réaction du Président de cet État. Nous estimons avoir affaire à un pays et à une position commune de cet État sur les questions internationales. Du moins telle était la pratique jusqu'à aujourd'hui.
Je répète, Chisinau doit déterminer sa position. Comme vous le savez, indépendamment des démarches entreprises où que ce soit, nous prenons des mesures adéquates et symétriques. Mais les situations peuvent être différentes, il est trop tôt pour en parler. Théoriquement vous connaissez notre réponse, elle a été donnée. Mais en pratique il faut attendre que Chisinau prenne une décision commune, intégrale et fondée – les différentes forces politiques de ce pays doivent trouver une entente.
Question: Après la réunion des vice-ministres des Affaires étrangères du Format Normandie Grigori Karassine a noté que l'Ukraine tentait de changer le format des Accords de Minsk et de faire participer de nouvelles structures au processus de paix. De quelles structures est-il question?
Réponse: Le fait est que ce ne sont pas les premières tentatives de Kiev. Les autorités ukrainiennes ont tenté à plusieurs reprises de faire participer différentes personnalités et structures. Il ne faut pas le voir d'un point vue de l'analyse pour savoir à quelle partie Kiev souhaitait faire appel, mais du point de vue de la compréhension des objectifs que se fixent les autorités ukrainiennes. L'objectif est évident: tout faire pour reporter la mise en œuvre des Accords de Minsk. L'atermoiement et le dégagement de la responsabilité sont le principal but. Malheureusement, tout cela conduit à une aggravation de la situation sur le terrain, à l'absence de règlement global des questions sur le terrain aujourd'hui et à l'éloignement de la perspective de règlement de la situation dans ce pays.
Personne n'a été surpris par ces tentatives car elles sont régulières. Il y a le Format Normandie et les Accords de Minsk. Toute la communauté internationale individuellement (au niveau des pays) et collectivement (au sein des organisations internationales) a confirmé la pertinence des Accords de Minsk et, d'une manière ou d'une autre, la viabilité du Format Normandie. Il existe différents mécanismes secondaires ou auxiliaires pour soutenir le Format Normandie, il y a des contacts entre la Russie et les USA au niveau des représentants concernés pour soutenir la réalisation des Accords de Minsk et en complément du Format Normandie. Personne n'a parlé de la nécessité de changer le format, de signer ou d'élaborer de nouveaux accords. Tout le monde a reconnu que les documents signés jusqu'à présent suffisaient pour avancer vers un règlement pacifique de la crise ukrainienne.
Je répète, toutes ces tentatives n'ont rien de nouveau et sont familières. Malheureusement, elles ne servent qu'à retarder l'accomplissement des Accords de Minsk par Kiev.
Question: Un sommet arabo-islamo-américain s'est récemment déroulé à Riyad, où le Président américain Donald Trump a accusé une nouvelle fois Téhéran de soutenir le terrorisme, d'être une menace régionale, et affirmé que tous les pays et nations devaient unir leurs efforts pour isoler l'Iran. Pouvez-vous commenter ces propos de Donald Trump, ainsi que l'intention de créer une coalition militaire au Moyen-Orient? Cette politique américaine des USA vis-à-vis de l'Iran se reflétera-telle sur les alliés?
Réponse: Vous savez parfaitement que ces dernières décennies, les relations entre Washington et Téhéran se construisent en fonction des forces politiques qui arrivent au pouvoir aux États-Unis. C'est le concept principal. Grosso modo, il n'y a pas de concept mais en l'absence d'une véritable stratégie de relations à long terme entre les USA et l'Iran on peut dire que le concept ne s'appuie que sur une seule chose: les "balancements de pendule" de l'arrivée de différentes forces politiques et personnalités à la Maison blanche. Cela ne contribue pas à la stabilité dans les relations internationales, et même les déstabilise. L'Iran est un acteur régional important, un grand pays ayant un grand potentiel dans différents secteurs. La coopération avec ce pays selon le principe "aujourd'hui d'une manière, demain d'une autre" ne convient pas du tout. C'est un pays qui exige, de par son histoire et son potentiel, une attitude sérieuse envers lui et un travail sérieux aussi bien au niveau des relations bilatérales qu'au format multilatéral.
Une telle politique n'apporte pas de stabilité. En ce qui concerne les éternelles accusations de soutien au terrorisme, comme vous le savez, nous avons déjà répondu plusieurs fois à ce sujet. La Russie travaille étroitement avec l'Otan précisément sur la question antiterroriste au Moyen-Orient. Dans le cadre du processus de paix syrien nous menons des consultations et des négociations non seulement au format bilatéral, mais également très activement dans le cadre du processus d'Astana, nous invitons régulièrement les USA à se joindre à part entière à ce processus. L'adhésion et le travail concret peuvent régler tous les différends ou toutes les revendications de Washington envers Téhéran. Accuser en refusant de mener un travail concret n'est pas du tout constructif en principe. Quel que soit le pays, notamment ces dernières années, refuser de coopérer et mettre l'accent uniquement sur les accusations n'a jamais mené où que ce soit.
Question: Les présidents de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Iran se sont rencontrés l'an dernier. La politique des USA peut-elle affecter de manière négative le développement de cette alliance?
Réponse: Premièrement, il n'est pas question d'une alliance mais d'un format supplémentaire de coopération. Deuxièmement, je trouve que nos relations avec chacun des pays mentionnés sont importantes en elles-mêmes. Les facteurs positifs ou négatifs ne doivent pas les influencer.
Question: Connaît-on les dates approximatives de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Format Normandie? Le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a déclaré hier que cela dépendait de plusieurs facteurs. Lesquels?
Réponse: Grigori Karassine en a parlé très en détail à l'issue de la réunion du Format Normandie au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères, et souligné notamment que l'éventualité de la réunion du Format Normandie au niveau ministériel et au niveau des dirigeants de la Russie, de l'Allemagne, de la France et de l'Ukraine dépendait des résultats de travail du Groupe de contact et des conseillers politiques des présidents.
Pendant la réunion ont été analysés pratiquement tous les points sensibles principaux de ce processus. On ne peut pas parler d'un progrès significatif mais les échanges ont permis de recenser assez clairement toutes les difficultés présentes et de préparer le dialogue à haut niveau, et à terme au sommet. En reprenant son commentaire je peux dire que la réunion des conseillers politiques des dirigeants du Format Normandie sur la feuille de route du processus de paix dans le Donbass pourrait se tenir la semaine prochaine.
Tout dépend des résultats de travail. La première étape s'est déroulée. Elle a été qualifiée de constructive, sans percée, mais pas inutile pour autant. La prochaine étape se prépare, à l'issue de laquelle une décision sera prise.
Question: Le Kremlin a fourni peu de commentaires sur les résultats de la rencontre du Président russe Vladimir Poutine avec le vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane, Second vice-Premier ministre et Ministre de la Défense de l'Arabie saoudite. Pouvez-vous en dire davantage sur cet entretien? Selon des rumeurs, la Russie pourrait jouer le rôle de médiateur entre les pays du Moyen-Orient.
Réponse: Ces activités sont traditionnellement commentées par l'Administration du Président russe.
Concernant les rumeurs portant sur un éventuel rôle de médiation de la Russie au Moyen-Orient, indépendamment des derniers contacts je peux dire que la Russie fait précisément de la médiation, et de manière très efficace car elle comprend qu'une telle médiation dans l'établissement d'un dialogue entre les plus grands acteurs dans la région est le gage d'une avancée vers la paix en Syrie. Il est pratiquement impossible de parler d'un règlement à part entière sans services de médiation, sans dresser de ponts entre les principaux acteurs concernés. Nous avons initié la création du format d'Astana, nous soutenons très activement tout ce qui concerne les négociations de Genève. C'est également une grande partie du travail car il s'agit d'une médiation entre le gouvernement syrien et l'opposition éparpillée partout dans le monde. N'est-ce pas de la médiation? Les exemples sont nombreux. La médiation russe est un important facteur de progrès, notamment dans le processus de paix syrien.
Question: Que pensez-vous de l'activité de la coalition internationale menée par les USA pour combattre l’État islamique? La frappe lancée aujourd'hui par l'aviation russe avec des missiles Kalibr contre les positions de l'EI avait-elle été convenue avec tous les acteurs? Cette coordination peut-elle aboutir à quelque chose ou nous rapportons uniquement des informations aux autres forces en présence?
Réponse: Le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère de la Défense ont plusieurs fois soulevé la question de la sincérité des objectifs et de l'efficacité de la coalition dans la pratique. Nous avons de nombreuses questions aussi bien sur le plan théorique que pratique. Vous voyez comment sont portées les frappes: leurs véritables victimes ne sont pas les terroristes et leurs leaders mais, malheureusement, des civils, qui sont de plus en plus nombreux à être tués. De nombreuses attaques ont été lancées dernièrement, dont beaucoup visaient à soutenir certains groupes armés sur le terrain. C'est évident pour les stratèges et les analystes. Ce qui ressemble à une frappe accidentelle est en réalité un coup réfléchi, comme aux échecs. On connaît leur raison, à qui elles profitent ou non. Malheureusement, nous constatons une tendance flagrante: tout ce jeu sanglant contribue principalement au soutien des bandes armées.
Nous en avons souvent parlé, et vous le savez. Nous avons soulevé plusieurs fois la question de l'union des efforts. Il s'agissait de propositions concrètes et globales, notamment à l'Onu de créer une sorte de coalition juridique internationale ayant des fondements juridiques réels pour mener ce combat. Ces propositions ont été faites individuellement aux pays et aux groupes de pays. D'une manière ou d'une autre, la nécessité d'unir les efforts de la communauté internationale pour combattre ce mal devient de plus en plus évidente.
Cette approche n'est pas seulement valable pour le Moyen-Orient. Quand nos collègues africains viennent à Moscou ils disent que leur région est également "contaminée par des bacilles" de terrorisme, qu'aucun pays ne peut non plus régler ces problèmes en solitaire sur leur continent. C'est un mal global qu'il faut combattre seulement de manière collective. Toutes les propositions sont sur la table. Mais vous voyez que la conjoncture politique dans différents pays fait d'eux des otages du non-avancement vers l'union des efforts dans la lutte contre le terrorisme.
En ce qui concerne les frappes de l'aviation russe, un commentaire a déjà été livré par le Ministère russe de la Défense.
Question: Que pouvez-vous dire de l'éventuelle participation des USA à la mise en place de zones de désescalade en Syrie? Après son entretien à Washington, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les États-Unis prendraient l'initiative dans le sud du pays. Comment se déroulent les pourparlers à ce sujet?
Réponse: Je n'ai pas entendu parler de progrès quelconques. Il est évident que les États-Unis n'ont présenté aucun concept antiterroriste intégral, notamment vis-à-vis de la région mentionnée ou au moins vis-à-vis de la Syrie. Peut-être qu'après les réunions et les pourparlers des autorités américaines dans la région et dans le cadre de leurs contacts avec les partenaires de l'Otan germera une compréhension et une vision américaine des approches du processus de paix syrien. C'est possible, après tout de nombreux entretiens et consultations ont eu lieu. Nos propositions concernant la coopération quotidienne étroite, pour la rendre réelle et pas simplement au niveau des notifications et des contacts politiques pour soutenir les négociations, restent en vigueur. En dépit d'une forte rivalité politique interne aux USA nous espérons que la situation sur le terrain dans la région et notamment en Europe, où s'étendent les intérêts des USA qui supervisent d'une manière ou d'une autre la sécurité européenne en tant que "frère aîné", poussera tout de même Washington à déterminer sa position concrète et réelle du moins au sujet du processus de paix syrien.
Nous savons parfaitement qu'il est question de tâches plus globales car on ne peut pas analyser le processus de paix syrien indépendamment de la situation dans la région. C'est pourquoi, je répète, nous attendons. Malheureusement, plus le monde attend et plus de vies humaines sont en danger, plus il y a de victimes sur l'autel du terrorisme international - sachant que cela se produit de manière effroyable. Après chaque nouvel attentat, en dépit d'une réaction très émotionnelle, il devient de plus en plus évident qu'on ne peut pas combattre ce mal seul, au niveau d'un pays.
A cet égard, je voudrais rappeler que plusieurs pays maintiennent le blocage de la coopération antiterroriste avec notre pays. Le Royaume-Uni par exemple. Même les terribles événements de Manchester n'ont pas poussé à prendre conscience du besoin de s'unir et d'échanger des informations. Pour leur part, les États membres de l'Onu ont décidé de ne pas communiquer à cause de divergences et de différences d'approches. Les terroristes, eux – des personnes sans éducation et sans aucun principe de base dans la vie – échangent activement leurs informations. Il est terrible que, disposant de toutes les informations, ceux qui devraient les échanger pour le bien de leur population ne le font pas à cause de leurs ambitions, laissant l'initiative au terrorisme international.
Question: Connaît-on les noms des diplomates estoniens qui seront expulsés de Russie pour réagir à la démarche de l'Estonie? A-t-on envoyé une note à l'Ambassade d'Estonie? Hier, le Premier vice-président de la Commission pour les Affaires étrangères du Conseil de la Fédération Vladimir Jabarov a déclaré que cela n'affecterait pas les relations bilatérales car elles sont dans un tel état qu'il est, de toute façon, difficile de les dégrader.
Réponse: Vous savez que nous ne commentons pas les mesures qui seront prises dans le futur, qui plus est vis-à-vis des personnes concrètes. Ce n'est pas dans notre tradition de commenter ce genre de choses.
Question: Récemment le Président américain Donald Trump a accusé les Européens de ne pas investir suffisamment dans la défense. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Cette question s'adresse aux Européens et aux USA pour savoir qui paie pour quoi, et quels services ils accordent "par amour" et pour quel argent.
Question: Kiev a décidé de ne pas appliquer la loi sur la décommunisation au monument "Mère-Patrie". Certains disent aujourd'hui que cette loi doit être reconnue comme anticonstitutionnelle. Selon vous, quelle est la raison de cette décision? Peut-être un changement de discours?
Réponse: On nourrit toujours l'espoir que le bon sens - dont nous avons parlé aujourd'hui - prévale. Il est impossible de comprendre le "démantèlement" de l'histoire générale lancé actuellement par l'establishment politique ukrainien. L'éradication de certaines personnalités et de faits de l'histoire commune non seulement avec la Russie, mais également avec d'autres États souverains qui faisaient autrefois partie de différentes entités étatiques, s'explique par l'idée et l'idéologie nationaliste qui domine actuellement en Ukraine. Mais cela ne mènera pas très loin.
Le régime de Kiev n'est ni le premier ni le dernier à essayer de bâtir un nouvel État, le renouveler ou réformer en se basant uniquement sur le nationalisme. Il faut adopter des réformes politiques, économiques, dans le domaine de la culture, de l'enseignement et de la science. Les manipulations des faits historiques ne conduiront pas à une véritable réforme. Nous savons parfaitement que cette "infection" ne se répand pas sur toute la société ni sur toute l'Ukraine. Il existe des mouvements politiques, des associations et des organisations publiques ou simplement des citoyens qui se rendent compte et comprennent que c'est une histoire très néfaste. Ce que vous avez mentionné est de l'obscurantisme. On peut avoir sa propre opinion et ne pas être d'accord avec certains faits et réalités historiques, ses propres idées historiques, mais il y a des choses à ne pas remettre en question telles que le procès de Nuremberg ou les décisions de l'Onu par rapport à la Seconde Guerre mondiale et à différents faits historiques.
Il n'est pas question d'un changement de rhétorique du régime de Kiev – car il n'y a rien derrière lui hormis cette rhétorique, aucun réel exploit n'a été présenté à la communauté internationale. Personne n'a constaté de résultats positifs pendant les deux ou trois années que les autorités actuelles ont passées au pouvoir après avoir renversé illégalement le régime précédent. La rhétorique nationaliste est l'unique pilier de toute la construction. C'est pourquoi son changement est improbable. Kiev s'est vu accorder une chance sous la forme des Accords de Minsk, dont la mise en œuvre aurait permis de souder la société et, dans le cadre de ce processus, de trouver un agenda réconciliateur dans le pays. Mais comme nous pouvons le voir, le régime de Kiev utilise les Accords de Minsk pour faire l'inverse – pas comme un facteur pour unir son propre pays et réconcilier les différents représentants de la société, mais comme un facteur qui déstabilise davantage la situation et divise les gens. Nous avons déjà cité des exemples concrets.
Question: Comme vous le savez, la situation des homosexuels en République tchétchène suscite des inquiétudes. Cette question a été notamment soulevée pendant la rencontre des présidents de la Russie et de la France à Paris. Étant donné que la République tchétchène fait partie de la Russie, êtes-vous d'accord avec les déclarations des autorités tchétchènes selon qui il n'y a pas d'homosexuels en Tchétchénie? Comment cette situation influence-t-elle les relations entre la Russie et l'UE?
Réponse (face caméra): Monsieur Ramzan Kadyrov, le représentant de la télévision finlandaise Erkka Mikkonen est présent aujourd'hui à la conférence de presse et il s'intéresse particulièrement à la présence ou à l'absence d'homosexuels en République tchétchène. La question a été posée au ministère, russe des Affaires étrangères mais ce n'est pas une question qui s'adresse à sa porte-parole. Pourriez-vous organiser pour ce journaliste un voyage de découverte en République tchétchène pour qu'il puisse trouver les réponses à toutes les questions qui l'intéressent?
J'ai fait tout ce que je pouvais. Allez en République tchétchène, rencontrez les représentants des ONG et des organisations publiques, les journalistes locaux, les personnalités publiques. Faites un reportage normal. Pourquoi politisez-vous ce sujet, venez au Ministère des Affaires étrangères pour parler de votre sujet favori? Je répète: il y a la Tchétchénie, allez-y et
écrivez un bon article.
Question: Autrement dit, vous ne voulez pas commenter ce sujet?
Réponse: En quoi ce sujet concerne-t-il le Ministère des Affaires étrangères? Vous vous trouvez sur le territoire de la Fédération de Russie. Vous avez confirmé vous-même l'évidence en disant que la République tchétchène faisait partie de la Fédération de Russie, et je vous en remercie. Cela fait longtemps que les journalistes occidentaux l'ont reconnu. Vous pouvez circuler librement sur le territoire russe et voir de vos propres yeux, en profitant des possibilités du métier, pour écrire un article à ce sujet. Pourquoi avez-vous besoin de moi?
Question: Parce que la deuxième partie de ma question était de savoir comment cette situation influençait les relations entre la Russie et l'UE.
Réponse: Allez en Tchétchénie et racontez ce que vous voyez à vos auditeurs en Finlande, en Europe. N'est-ce pas logique?
Question: J'ai interviewé à Moscou des personnes qui ont fui la Tchétchénie. Je me suis fait un avis à partir de leurs témoignages.
Réponse: Vous avez fait le premier pas, faites le suivant. Allez en Tchétchénie et parlez aux locaux. Je ne dis pas que vous ne trouverez pas quelque chose sur votre thème favori. Vous poursuivrez certainement votre investigation, sauf qu'il ne faut pas le faire dans l'enceinte du Ministère russe des Affaires étrangères mais directement sur place. Pourquoi politisez-vous ce sujet, pourquoi vous adressez-vous au Ministère des Affaires étrangères sur le territoire russe sachant que vous avez la possibilité de vous rendre dans toute région et rencontrer tout représentant public? Vous êtes journaliste, et les fonctionnaires ne peuvent pas refuser de vous fournir les informations nécessaires à la rédaction de votre article. Pourquoi ne le faites-vous pas, ne profitez pas de votre avantage professionnel? Si vous avez des difficultés, nous sommes prêts à vous aider pour organiser un voyage et trouver des personnes si vous ne pouvez pas les trouver. J'ai fait le maximum de mon côté en m'adressant au dirigeant de la République tchétchène Ramzan Kadyrov. Il ne vous refusera pas.
Question: Si je comprends bien, ce thème est tellement sensible que vous refusez de le commenter?
Réponse: Je vous propose d'aller en Tchétchénie et d'écrire un bon article. Ce thème ne me concerne aucunement, alors que sa politisation est assez étrange.
Question: C'est ce qui inquiète. Ce thème a été soulevé par le Président français Emmanuel Macron, et avant cela par la Chancelière allemande Angela Merkel. La situation est intéressante.
Réponse: Vous dites que la situation est intéressante parce que vous êtes venu et avez dit que c'était votre sujet favori. C'est pourquoi je vous propose de partir directement dans la région pour rencontrer les militants des droits de l'homme qui s'occupent professionnellement de ce sujet. Le Ministère des Affaires étrangères s'occupe de politique étrangère. Je peux imaginer une telle situation quand j'arrive à l'étranger, et que des journalistes étrangers n'ayant pas cette opportunité en raison de l'absence de représentation sur le territoire russe veulent me poser des questions allant de l'éducation russe à la culture en passant par la politique étrangère. Cela peut s'expliquer. Mais quand vous vous trouvez sur le territoire russe et que vous venez au Ministère des Affaires étrangères poser des questions sur de tels sujets – cela soulève de nombreuses questions. Nous avons un Délégué aux droits de l'homme, des ONG, la république a une administration.
Si vous avez besoin d'aide pour établir les contacts que vous n'êtes pas à même d'établir pour une certaine raison, nous le ferons. Nous avons un centre de presse, on organise des voyages dans différentes régions russes pour les correspondants étrangers. Vous êtes les bienvenus.
Question: Le mois sacré du Ramadan a commencé. Actuellement, le problème des attentats fait partie des sujets prioritaires de la politique étrangère. Quels vœux voudriez-vous adresser aux musulmans?
Réponse: Je ne peux pas donner de recommandations ou de souhaits aux musulmans, car ces les fidèles de cette très ancienne religion sont autosuffisants et n'ont pas besoin de mes conseils. Vous avez parfaitement raison en disant que pour ceux qui professent le vrai islam et sont de vrais musulmans, la violation des commandements que constituent les attentats est absolument inadmissible, ce qui témoigne de la pureté et de la véracité de leurs objectifs et convictions.
Question: Jeudi 1er juin marque la Journée internationale des droits de l'enfant. Vous avez vécu votre enfance en URSS. L'enfance soviétique ne vous manque-t-elle pas du point de vue de l'éducation, du respect et de la morale?
Réponse: En ce qui concerne la Journée des droits de l'enfant et mon enfance soviétique, je peux dire que j'ai eu une enfance très intéressante. Je ne la considère pas selon l'ordre politique dans lequel nous vivions. Je pense que les enfants jugent par rapport à leur famille et à l'entourage dans lequel ils vivent. J'ai eu de la chance. Dieu m'a donné mes parents – des gens très intéressants et incroyables. Je ne divise pas mon enfance en périodes (en URSS et en Fédération de Russie). Je la définis par les opportunités uniques que m'ont offert mes parents du point de vue de l'éducation, de l'enseignement et de l'ouverture au monde - ce pour quoi je leur serai toujours reconnaissante. Mon enfance, premièrement, je l'ai eue, et deuxièmement, elle était très intéressante.
Question: Le sommet du G7 en Italie a révélé des divergences flagrantes entre le Vieux Continent et le Nouveau monde sur bien des sujets. Hier le Président américain Donald Trump et la Chancelière allemande Angela Merkel ont échangé des piques concernant les relations euro-américaines. Constate-t-on actuellement, dans le travail du Ministère russe des Affaires étrangères avec l'Europe, un affaiblissement de l'influence des USA sur les politiciens européens? Le fait que la politique européenne échappe à la volonté de Washington sera-t-elle profitable aux relations de la Russie avec les pays de l'UE?
Réponse: Ce n'est pas notable dans le travail du Ministère des Affaires étrangères. Honnêtement, nous n'avons pas cherché à savoir à quel point l'influence avait diminué ou augmenté. Nous voyons la polémique en cours, nous avons entendu les déclarations qui ont suivi les réunions. Nous avons été surpris par la déclaration selon laquelle l'Europe devait désormais s'orienter sur ses propres forces et sur elle-même. Il avait toujours semblé que l'UE était une entité absolument indépendante ayant un immense potentiel politique, économique et humain, qu'elle n'avait pas besoin de sphères d'influence et de superviseurs supplémentaires. On avait ce sentiment il y a quelque temps, quand l'UE prenait vraiment des décisions autonomes. A l'époque on pouvait parler d'une véritable politique étrangère de l'UE. Il y avait effectivement des trouvailles très intéressantes – vous vous souvenez du rôle actif de l'Union européenne notamment dans le règlement du problème nucléaire iranien. On peut dire avec certitude qu'à l'époque la diplomatie européenne jouait réellement l'un des premiers rôles. C'était un rôle autonome à part entière. Les exemples étaient nombreux, mais, malheureusement, ce sont tous des exemples du passé, du passé lointain. Ces dernières années nous n'avons pas constaté cette autonomie, c'est pourquoi il ne faut pas se référer aux déclarations. Il existe des résultats concrets, le quotidien, et nous ne remarquons pas aujourd'hui de résultats d'une politique autonome de l'UE. Pourquoi? Cette question s'adresse aux collègues européens. Je répète: il y a du potentiel, il se manifeste dans les profondes traditions de la diplomatie européenne, dans les exemples de l'histoire moderne. Il faut demander aux collègues européens pourquoi tout est devenu inefficace et non autonome, pourquoi ont-ils permis qu'on leur fasse cela ou ont-ils eux-mêmes décidé de renoncer à leur part de souveraineté dans la prise de décisions dans les affaires internationales. Je répète que le potentiel de l'Europe dans différents domaines est plus que suffisant pour qu'elle reprenne une voix autonome.
Question: Actuellement en Pologne sont activement débattues les questions relatives au crash de l'avion présidentiel en 2010. Après l'exhumation des corps il s'est avéré que de graves erreurs avaient été commises pendant leur enterrement. Qui est responsable de cette situation? Comment cela pourrait-il affecter les relations entre la Russie et la Pologne?
Réponse: J'ai vu les communiqués de presse indiquant que les autorités polonaises procédaient à l'exhumation des corps des victimes du crash de l'avion présidentiel survenu le 10 avril 2010 près de Smolensk. J'ai également vu des commentaires et des discussions frôlant la pure spéculation concernant des erreurs (même criminelles), sur un prétendu crime avec préméditation et que tout cela aurait été commis à l'époque pendant l'identification des ossements soi-disant par la faute de la Russie. Nous avons commenté plusieurs fois ce sujet.
Je voudrais rappeler une nouvelle fois notre position. Le crash de l'avion polonais avec une délégation du gouvernement polonais a été très bouleversant pour la Russie. Les meilleurs spécialistes ont participé à l'enquête et ont dû travailler dans des conditions extrêmes. J'espère que ceux qui écrivent à ce sujet en Pologne aujourd'hui savent comment tout ce qui concerne l'enquête sur le crash de cet avion a été organisé, qu'ils se souviennent du niveau de transparence du côté russe. Nous avions établi une étroite coopération avec les collègues polonais. A l'époque il n'y avait aucun problème sérieux. Vous vous souvenez tous de la transparence dont Moscou avait fait preuve. Les ossements des victimes de la tragédie de Smolensk sont restés à Moscou pendant seulement quelques jours. Leur identification a été prise en charge par des fonctionnaires polonais et les proches des victimes. Dans de nombreux cas une expertise génétique était nécessaire, pour laquelle les spécialistes russes n'avaient tout simplement pas le temps, y compris parce que la partie polonaise insistait sur un rapatriement au plus vite des corps. Je voudrais attirer l'attention de ceux qui écrivent sur ce thème en Pologne sur le fait qu'il ne faut pas seulement s'appuyer sur les faits, sur une partie matérielle, mais qu'il faut également savoir combien de temps prend une expertise génétique. Le transfert en lui-même s'est déroulé en respectant toutes les règles et formalités. Les organismes compétents russes n'avaient rien à voir avec les procédures qui ont suivi sur le territoire polonais. C'est également un fait reconnu. Nous trouvons absolument infondées et incorrectes les accusations visant les spécialistes russes qui ont rempli leur devoir professionnel honnêtement à une période difficile.
Question: Vous avez évoqué la langue russe à l'étranger. J'ignore quelle est la situation de la langue russe dans d'autres pays, mais dans le monde arabe c'est un grand problème.
J'ai récemment visité une foire du livre en Algérie et j'ai noté que beaucoup de jeunes souhaitaient apprendre le russe. Il n'y avait pas de manuels de russe à la foire. En discutant avec des diplomates russes j'ai découvert que les cours de russe avaient cessé avec la fermeture du Centre culturel russe. Il y a effectivement de nombreuses personnes en Algérie qui souhaitent apprendre le russe. Ils considèrent la Russie comme un pays ami. Mais ce problème n'existe pas seulement en Algérie. Pendant une foire du livre au Caire j'ai noté que quand on a voulu organiser un concert et qu'on a commencé à chercher des enfants apprenant le russe, on n'en a pas trouvé.
L'Ambassadeur d'Irak à Moscou a dit qu'il avait demandé plusieurs fois d'ouvrir un Centre culturel russe à Bagdad, mais il n'a toujours pas eu de réponse. Il y a un Centre culturel français, l'Institut Goethe, le Bureau d'information américain. Pourquoi a-t-on fermé le Centre culturel russe et les cours de russe?
Réponse: Je voudrais rappeler la fermeture de nos centres russes pas seulement au Moyen-Orient, notamment en Irak, mais également à travers le monde. Nous n'avions pas la possibilité de financer un tel nombre d'établissements. On n'accordait pas l'attention nécessaire à ce sujet à cause de nos problèmes intérieurs. Je comprends toute la pertinence de l'apprentissage du russe, mais vous devez comprendre comment vivait notre pays dans les années 1990. A partir de là il faut analyser les questions de fermeture et d'ouverture potentielle des centres de russe à l'étranger. Ce processus a été lancé quand l'opportunité s'est présentée.
J'ai parlé des endroits où ces centres ouvraient. Je demanderai des précisions pour connaître les perspectives d'ouverture de tels centres en Irak. Prochainement je demanderai également des précisions sur les livres et les manuels en russe. Si nous n'avons pas de projets d'ouvrir des centres, alors nous pouvons toujours y envoyer des livres. Je prends cette question en charge.