INTERVIEW ACCORDÉE À RIA "NOVOSTI" PAR ALEXANDRE YAKOVENKO, PORTE-PAROLE DU MINISTÈRE RUSSE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, À LA VEILLE DE LA PROCHAINE VISITE EN RUSSIE DU CHEF DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE DOMINIQUE GALOUZEAU DE VILLEPIN PRÉVUE POUR LES 7 ET 8 JUILLET
QUESTION : Le ministre français des Affaires étrangères, Dominique Galouzeau de Villepin est attendu à Moscou le 7 juillet prochain. Quels sont les objectifs de cette visite ?
REPONSE : Après la formation du nouveau cabinet en France, c'est la première visite du chef de la diplomatie française à Moscou. Dominique Galouzeau de Villepin a dйjà rencontré son homologue russe Igor Ivanov à Reykjavik et à Whistler (Canada). Leur prochain entretien constituera une démarche importante dans la voie vers un approfondissement du partenariat russo-français. Encore lors de sa campagne électorale, le président français Jacques Chirac avait souligné le caractère prioritaire qui revenait à ce partenariat. Le dialogue politique s'est sensiblement intensifié entre nos pays au cours de ces dernières années, et les deux parties espèrent que les nouvelles réalités de la politique intérieure française conforteront cette tendance positive.
En marge de leurs prochains pourparlers, Dominique Galouzeau de Villepin et Igor Ivanov doivent se pencher sur des problèmes actuels du paysage international et des relations bilatérales, notamment sur les activités déployées par le Conseil russo-français pour la sécurité présidé par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense et institué par les deux présidents. La Russie et la France développent des contacts sur l'arène mondiale grâce à la proximité de leurs approches à l'égard des problèmes clés de la stabilité stratégique et de la sécurité internationale et vis-à-vis du règlement des conflits régionaux, notamment au Proche-Orient, en Afghanistan et entre l'Inde et le Pakistan.
Les deux ministres doivent également procéder à un échange de vues sur l'application des décisions prises au cours des récents sommets (G-8, Russie - UE et Russie - OTAN) et à la préparation de la prochaine visite du président français Jacques Chirac en Russie.
QUESTION : Les deux diplomates envisagent-ils d'évoquer les relations entre la Russie et l'Union européenne ?
REPONSE : La promotion de la coopération russo-française, notamment des échanges économiques et commerciaux bilatéraux, sera directement en fonction de l'évolution des rapports entre la Russie et l'Union européenne. Le président français Jacques Chirac s'est prononcé plus d'une fois en faveur d'une coopération plus étroite entre l'UE et la Russie, en considérant celle-ci comme un partenaire d'importance globale pour les Quinze. Cette approche-là correspond aux intérêts tant russes qu'européens.
Par conséquent, les chefs de diplomatie russe et française doivent étudier en priorité la déclaration faite au cours du récent sommet Russie - UE par les hauts responsables de la Commission des Communautés européennes qui ont annoncé leur intention de classer la Russie parmi les pays à économie de marché. La Russie préconise, quant à elle, une application rapide de cette décision pour que ce problème soit supprimé très prochainement de l'ordre du jour des relations bilatérales.
En marge de la coopération entre la Russie et l'Union européenne, les deux parties envisagent, entre autres, d'examiner les problèmes humanitaires. Cela dit, le dernier sommet Russie-UE qui s'est déroulé à Moscou a notamment mis en évidence l'acuité du problème de Kaliningrad, région russe enclavée entre la Lituanie et la Pologne.
Un soutien de Paris dans le règlement de ce problème serait l'exemple réel d'un partenariat privilégié entre la Russie et la France. Les autorités russes estiment qu'un pays comme la France qui a ses départements et territoires d'outre-mer doit comprendre plus que quiconque les préoccupations de Moscou au sujet de Kaliningrad.
Autre problème aigu pour la Russie est la situation des russophones dans les pays baltes, notamment en rapport avec le prochain élargissement de l'Union européenne. En dépit de certaines modifications opérées notamment dans la législation lettonne sous les pressions de la Russie et de la communauté internationale, les pays baltes poursuivent leur politique d'assimilation progressive des ethnies non titulaires, sans parler du problème des non-citoyens.
QUESTION : Quelle place sera accordée à la coopération culturelle au cours des prochains pourparlers ?
REPONSE : Les deux parties doivent examiner différents volets de la coopération culturelle russo-française. La France a été parmi les premiers pays à proposer de participer aux festivités organisés en 2003 à l'occasion du 300e anniversaire de Saint-Pétersbourg. Aujourd'hui, Paris et Moscou sont en train de concerter un programme d'actions culturelles conjointes.