Commentaire de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, sur l'interdiction de diffusion d'un certain nombre de chaînes de télévision russes en France et sur le territoire de l'UE
Moscou a appris avec indignation des nouvelles mesures prises par Paris visant à introduire de plus en plus d'interdictions de diffusion, tant sur son territoire que dans l'ensemble de l'UE, des médias russes. Sous la pression évidente des autorités qui y ont impliqué des organisations de défense des droits de l'homme, Eutelsat, le plus grand opérateur de satellites en Europe (détenu à 22% par l'État français), a cessé de rediffuser dans toute l'UE, ainsi qu'en Russie, trois chaînes de télévision – Pervy Kanal, Rossiya 1 et NTV. Comme c'était le cas plus tôt, en été 2022, les Français "sont allés plus vite que la musique" et ont limité la diffusion d'une nouvelle partie de chaînes russes quelques jours avant l'entrée en vigueur du neuvième paquet de sanctions de l'UE, qui a introduit une interdiction similaire.
De telles actions laissent penser que, compte tenu du poids et de l'influence de la France dans l'UE, c'est Paris qui est le principal lobbyiste pour l'arrêt de la diffusion des chaînes de télévision russes en Europe. Une telle manifestation de russophobie, qui, malheureusement devient banale, est en même temps une volonté d'étouffer par tous les moyens une opinion alternative à la propagande européenne. En fait, on prive les Européens du droit au libre accès à l'information. Apparemment, Paris et Bruxelles ont peur que le public, ayant vu un point de vue et une image du monde différents qui ne correspondent pas au courant dominant des médias occidentaux, ne tire ses propres conclusions de ce qui se passe dans le monde et en Ukraine notamment.
Bruxelles n'a pas hésité à institutionnaliser la censure et l'interdiction des activités des médias russes. Il s’agit du "nettoyage" systématique et progressif de l'espace informatique de l'UE de toute présence de médias occidentaux alternatifs. Les décisions d'interdire la diffusion de diverses ressources d'information russes au niveau de l'UE ont été prises le 1er mars, le 3 juin et le 16 décembre 2022. Elles étaient accompagnées d'une fausse clause jésuitique selon laquelle l'introduction de telles mesures restrictives, disent-ils, "ne les empêche pas, eux et leur personnel, de mener des activités autres que la diffusion dans l'UE, y compris des investigations journalistiques (recherches) ou des interviews".
Ce n'est pas le cas. La chasse aux médias russes déclenchée dans l'UE ne se limite pas à une interdiction de diffusion, bien sûr. Avec ses décisions Bruxelles a collé l’étiquette toxique de "propagandistes" sur les journalistes russes, ce qui limite considérablement leur capacité à faire leur travail à part entière.
Cette pratique est bien sûr une violation flagrante des principes de la liberté d'expression et de l'égalité d'accès à l'information, et elle est clairement discriminatoire. L'exclusion des chaînes de télévision russes de l'espace médiatique ne fait que prouver que la doctrine occidentale de démocratisation "de référence" n'est en fait rien de plus qu'un outil pour atteindre des objectifs de politique étrangère.