Les principaux résultats de la politique étrangère russe en 2018
En 2018, la diplomatie russe s'est focalisée en priorité sur le règlement des tâches liées à la création de conditions extérieures sûres et favorables pour garantir un développement intérieur harmonieux de la Russie.
- La priorité naturelle de la politique étrangère de la Russie est l'étranger proche. Dans le cadre de l’État de l'Union de la Russie et du Belarus ont été validés les Axes prioritaires de développement à l'horizon 2022 et le Programme d'actions convenues dans le cadre de la politique étrangère pour 2018-2019. Le Plan d'actions communes à l'horizon 2021 a été adopté par la Russie et le Kazakhstan qui détermine les principaux axes de développement de la coopération interétatique bilatérale. En tenant compte des changements politiques nationaux en Arménie a été réaffirmée la disposition mutuelle à poursuivre la coopération d'alliés. Les liens politiques, commerciaux et économiques ont activement évolué avec le Kirghizistan. Un programme de coopération économique à l'horizon 2021 a été signé avec le Tadjikistan. La mise en œuvre du Plan d'action pour le développement des principaux axes de coopération à l'horizon 2024 a commencé avec l'Azerbaïdjan. Une visite officielle du Président russe a eu lieu en Ouzbékistan en octobre. L'Accord de partenariat stratégique entre la Russie et le Turkménistan est entré en vigueur en août.
Dans le cadre du dialogue politique avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, plusieurs rencontres du Président russe ont été organisées avec les dirigeants de ces républiques. La reconnaissance de leur indépendance par la Syrie a été un événement majeur.
L'année 2018 a été marquée par un progrès de l'ensemble de l'agenda d'intégration eurasien. Sous la présidence russe, l'Union économique eurasiatique (UEE) a adopté la Déclaration sur le développement des processus d'intégration dans le cadre de l'UEE, qui complète les accords déjà en vigueur pour la formation de marchés communs par des domaines de coopération tels que l'éducation et la science, la santé, le tourisme, le sport et la coopération commerciale interrégionale. Des fondations ont été posées pour le lancement de projets numériques communs. L'Acte sur le statut d’État observateur auprès de l'UEE et la décision d'accorder un tel statut à la Moldavie ont été adoptés. Dans le contexte d'élargissement de ses liens extérieurs, l'UEE a signé le Mémorandum sur l'approfondissement de la coopération entre la Commission économique eurasiatique et le Comité exécutif de la CEI, qui offre la possibilité d'harmoniser les initiatives d'intégration dans l'espace postsoviétique. Un Accord temporaire menant à la formation d'une zone de libre-échange avec l'Iran a été adopté, ainsi qu'un Accord de coopération commerciale et économique avec la Chine posant les bases contractuelles juridiques pour réunir les projets menés dans le cadre de l'UEE et de l'initiative chinoise "La Ceinture et la Route". Un pas important a été fait dans la réalisation de l'initiative russe pour la formation du Grand espace eurasiatique par la signature du Mémorandum d'entente entre la Commission économique eurasiatique et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE). La disposition à créer en Eurasie un grand partenariat a été confirmée au format de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) pendant la réunion des chefs d’État (Qingdao, juin) et de gouvernement (Douchanbé, octobre).
Dans le cadre de la coopération d'intégration au sein de la CEI, 45 décisions dans le domaine commercial, économique, social, policier, et de la sécurité ont été prises au niveau des chefs d’État et de gouvernement. La Convention relative à la coopération pour l'exploration et l'utilisation de l'espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques a été signée, ainsi que des Accords sur l'activité conjointe dans ce domaine, sur la formation et le développement du marché de la propriété intellectuelle, sur la coopération dans la lutte contre les crimes dans le secteur des technologies de l'information, et le Programme interétatique de mesures conjointes pour la lutte contre le crime pour 2019-2023. Des déclarations conjointes ont été adoptées à l'occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (au niveau des chefs d’État) et concernant l'inadmissibilité de l'érosion du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains (au niveau des ministres des Affaires étrangères).
Dans le cadre de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ont été adoptées 12 déclarations conjointes sur les questions internationales d'actualité, notamment en soutien au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), sur la situation en Afghanistan, au Moyen-Orient, au Nord de l'Afrique, en Syrie, ainsi que sur le développement de la coopération avec les organisations régionales. Les exercices conjoints pour perfectionner les composantes militaires et de maintien de la paix de la coopération, ainsi que les opérations spéciales pour lutter contre la migration illégale et le trafic de stupéfiants, se sont déroulés conformément aux plans.
- La signature de la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne lors du 5e Sommet de la mer Caspienne (Aktaou, août), après plus de 20 ans de travail, a été un grand accomplissement. Le document octroie aux pays côtiers des droits exclusifs sur ce bassin unique, ses sous-sols et autres ressources. Un régime de navigation et une procédure d'usage collectif des eaux de la mer Caspienne ont été établis, tout comme son statut pacifique et l'absence de forces armées de pays extérieurs à la région ont été garantis. Des conditions ont été mises en place pour accélérer le développement de la coopération des États de la mer Caspienne pour renforcer la prévisibilité et la stabilité dans l'une des plus importantes régions de l'Eurasie.
- En 2018, la coopération s'est nettement renforcée avec les pays de la région Asie-Pacifique, où s'est déplacé le centre de la croissance économique mondiale.
L'approfondissement du partenariat global et de la coopération stratégique avec la Chine est resté l'un des plus importants facteurs de développement socioéconomique pour nos deux pays. La coordination en politique étrangère avec Pékin, notamment à l'Onu, au sein des Brics et à l'OCS, a eu un effet stabilisant sur la politique mondiale. Les échanges bilatéraux ont dépassé pour la première fois la barre des 100 milliards de dollars. Dans le secteur énergétique, on retiendra notamment le lancement de fournitures régulières en Chine depuis l'usine de Yamal GNL, plusieurs documents intergouvernementaux et entrepreneuriaux signés pour la construction de réacteurs supplémentaires à la centrale nucléaire de Tianwan et à la nouvelle centrale nucléaire de Xudapu, ainsi que l'achèvement de la plupart des travaux pour la construction du gazoduc Sila Sibiri entre la Russie et la Chine. Les projets communs dans le secteur aéronaval et spatial ont atteint un niveau très avancé.
Dans le contexte du partenariat stratégique particulièrement privilégié avec l'Inde a été élargie la base juridique contractuelle de la coopération dans le domaine militaro-technique, commercial, économique, spatial, énergétique, agricole, culturel et de transport. La disposition à renforcer les relations est reflétée dans la déclaration conjointe "Russie-Inde: un partenariat fiable dans un monde changeant" adoptée à l'issue du sommet bilatéral (New Delhi, octobre).
Après 12 ans d'interruption a été organisé un sommet officieux au format Russie-Inde-Chine (Buenos Aires, décembre), qui a confirmé la disposition des trois pays à renforcer les bases multilatérales de l'ordre mondial, ainsi qu'à créer une architecture de sécurité égale et indivisible en Asie-Pacifique.
Les relations avec le Japon ont été marquées par une intensification des contacts sur un large éventail de questions. La dynamique insufflée à ce processus a été déclenchée par les pourparlers lors de la visite officielle du Premier ministre japonais en Russie en mai, ainsi que par les rencontres bilatérales au sommet en septembre, en novembre et en décembre en marge de différents événements internationaux. Un accord a été conclu au sommet de novembre à Singapour sur l'accélération des négociations sur le traité de paix basées sur la Déclaration conjointe soviéto-japonaise de 1956.
Sur la péninsule coréenne, la situation a évolué dans le cadre de la "feuille de route" mise au point par la Russie conjointement avec la Chine, prévoyant le règlement du problème nucléaire et d'autres en respectant les intérêts légitimes de tous les États de l'Asie du Nord-Est. Le dialogue politique de la Russie s'est activé avec la République de Corée et la République populaire démocratique de Corée, la discussion sur de grands projets d'infrastructure a repris au format trilatéral.
La coopération diversifiée s'est renforcée avec d'autres pays d'Asie-Pacifique, notamment avec le Vietnam, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et les Philippines.
Dans le cadre de l'OCS ont été prises des décisions répondant aux intérêts russes appelées à renforcer la coopération entre les pays membres, notamment en promouvant les processus d'intégration économique régionale et en coopérant dans la lutte contre le terrorisme, le séparatisme, l'extrémisme et le trafic de stupéfiants. Afin de contribuer au processus de paix en Afghanistan s'est déroulé un deuxième cycle de consultations sur l'Afghanistan au format de Moscou avec la participation de représentants du bureau politique des talibans à Doha. Le principal résultat du sommet ANASE-Russie (Singapour, novembre) est d'avoir fixé le caractère stratégique du partenariat de dialogue avec l'Association en tant qu'instrument clé pour garantir la stabilité régionale, pour créer une architecture de sécurité stable et pour le développement en Asie-Pacifique.
- Notre pays a mené une politique étrangère active dans l'Est arabo-musulman. Grâce à l'aviation russe, la majeure partie de la Syrie a été libérée des groupes terroristes. Des processus ont été initiés pour la reconstruction de l'infrastructure socioéconomique ainsi que le retour au foyer des réfugiés et des déplacés internes. Le Congrès du dialogue national syrien (Sotchi, janvier) a constitué une étape importante. Un Comité constitutionnel a été formé par Damas et des représentants de l'opposition sur décision des pays garants du processus d'Astana (Russie, Turquie, Iran) en coopération avec l'Onu, ce qui ouvre des perspectives pour procéder à des transformations politiques et parvenir à un règlement durable de la situation en Syrie.
La coopération économique avec la Turquie a reçu une puissante impulsion: la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu a commencé et la construction de la partie maritime du gazoduc Turkish Stream a été achevée. Les accords militaro-techniques ont été mis en œuvre progressivement. Le travail s'est poursuivi sur des projets importants avec l'Iran, notamment dans le domaine énergétique et des transports. La signature en octobre d'un Accord interétatique de partenariat global et de coopération stratégique avec l’Égypte a marqué une étape importante dans la coopération bilatérale. Les relations russo-saoudiennes et russo-émiraties ont évolué, notamment dans le format Opep+, tout comme les liens russo-qataris. Un dialogue de confiance a été entretenu à différents niveaux avec Israël, tout comme les contacts traditionnellement étroits avec les Palestiniens. La Russie a apporté une importante contribution à l'aboutissement à des accords sur le règlement de la situation au Yémen (Stockholm, décembre), approuvés par la résolution 2451 du Conseil de sécurité des Nations unies.
- La coopération avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes a évolué de manière constructive. Le Président russe a rencontré les dirigeants de l'Argentine, de la Bolivie, du Venezuela, de Cuba, du Panama et du Paraguay. La base contractuelle et juridique des relations bilatérales avec les pays de la région a été élargie. Un progrès a été marqué dans l'élaboration de projets de hautes technologies prometteurs dans les domaines énergétique et métallurgique, l'infrastructure, les transports et les biotechnologies. La Russie a obtenu le statut d'observateur auprès de l'organisation sous-régionale qu'est le Système d'intégration centraméricain.
- En 2018, le Président russe a rencontré les dirigeants de l'Angola, du Gabon, de la Zambie, du Zimbabwe, de Madagascar, du Mozambique, du Rwanda, du Sénégal, du Togo, de la Centrafrique et de l'Afrique du Sud. La nomenclature des échanges commerciaux s'est élargie avec les pays du continent africain. Des Mémorandums d'entente ont été signés avec la Communauté de développement d'Afrique australe sur les bases des relations et de la coopération, ainsi que pour l'entente dans le domaine de la coopération militaro-technique. Les consultations avec la Commission de l'Union africaine pour la préparation d'un mémorandum global de coopération ont été lancées.
- Dans le cadre de la coopération multilatérale en Arctique a été signé un Accord visant à prévenir la pêche non réglementée en haute mer dans l'océan Arctique central (outre les cinq États côtiers cet accord a été rejoint par l'Islande, la Chine, la République de Corée, le Japon et l'UE). L'Accord intergouvernemental pour le renforcement de la coopération scientifique internationale dans l'Arctique, élaboré sous la coprésidence de la Russie et des États-Unis au sein du Conseil de l'Arctique et signé un an plus tôt, est entré en vigueur.
- Sur l'axe euro-atlantique, les efforts de la diplomatie russe ont visé à empêcher une dégradation incontrôlée des relations avec les États-Unis et l'UE, malgré la pression grandissante de leur part contre la Russie. L'année 2018 a été marquée, entre autres, par le durcissement des sanctions, par la provocation de l'"affaire Skripal" au Royaume-Uni suivie par l'expulsion de diplomates russes des États-Unis et de plusieurs pays européens, ainsi que par le renforcement de l'activité militaire de l'Otan à proximité des frontières russes. Contrairement aux déclarations de certains dirigeants européens concernant leur aspiration à une plus grande autonomie dans les affaires étrangères, la plupart des pays de l'UE ont suivi une ligne antirusse dure, même quand cela allait à l'encontre de leurs intérêts en matière d'économie et de sécurité. Une dynamique positive de dialogue politique et de coopération commerciale et économique a tout de même été maintenue avec l'Autriche, la Finlande, l'Italie, la France, l'Allemagne, la Hongrie, la Slovaquie, la Grèce et Chypre. La coopération diversifiée s'est développée avec la Serbie. La construction du gazoduc Nord Stream 2 a respecté le calendrier fixé.
L'année qui s'est écoulée n'a pas apporté de progrès positifs dans les relations russo-américaines malgré le fait que la Russie a affiché sa disposition à un dialogue basé sur les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures et de respect des intérêts réciproques. En cause: la lutte politique intérieure qui se poursuit aux États-Unis et la ligne de l'administration actuelle visant à éroder le caractère interétatique des organisations internationales et à revoir ses engagements internationaux, qui s'est notamment traduit par le retrait du Plan d'action global commun pour le règlement de la situation autour du programme nucléaire iranien (mai) et par les déclarations sur l'intention de "suspendre" la participation des États-Unis au Traité FNI. Le dialogue politique est resté limité: un sommet bilatéral a été organisé (Helsinki, juillet), des contacts sporadiques ont eu lieu au niveau des ministères des Affaires étrangères, ainsi qu'une coordination de travail sur plusieurs questions de l'agenda international (le contrôle des armements, la Syrie, l'Afghanistan, le problème nucléaire de la péninsule coréenne). Les canaux de liaison entre les militaires pour empêcher des incidents armés ont fonctionné normalement.
- Nous avons mis à profit notre participation aux structures multilatérales clés afin de perfectionner les instruments de gestion mondiale et de chercher des solutions aux problèmes communs sur la base du droit international et dans un esprit de compromis. Sous la présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies (juin) 8 résolutions ont été adoptées et 3 déclarations du Président du Conseil de sécurité des Nations unies ont été convenues (notamment sur l'Ukraine). L'Assemblée générale des Nations unies a adopté plusieurs décisions cruciales, notamment sur la coopération entre l'Onu et la CEI et sur la sécurité internationale de l'information: la Russie a avancé la proposition d'un code de conduite des États dans l'espace de l'information et d'une discussion politique sur la lutte contre la criminalité informatique sur la plateforme de l'Assemblée générale des Nations unies. L'initiative russe sur la formation d'un large front antiterroriste a connu une évolution: près de 70 États ont signé le "Code de conduite mondial pour un monde sans terrorisme" définissant les axes de l'activité internationale dans ce domaine.
Le 10e sommet des Brics (Johannesburg, juillet) s'est déroulé sous la présidence de l'Afrique du Sud et a montré un progrès de la coopération dans les principaux domaines – politique, économique et social. La coïncidence ou la convergence des positions des membres du groupe sur la plupart des problèmes mondiaux ont été confirmées, tout comme la disposition à renforcer le rôle des Brics dans les affaires mondiales. La Nouvelle banque de développement a affiché des bénéfices et 26 projets d'investissement (dont 6 en Russie) sont déjà en cours de réalisation sous son égide pour un montant de 6,5 milliards de dollars. Un travail a été initié sur la question relative à la Quatrième révolution industrielle (numérique) afin d'adapter le développement des pays des Brics au nouvel ordre technologique.
Au sommet du G20 à Buenos Aires, la Russie a avancé une initiative visant à renforcer les capacités et la protection des droits des consommateurs dans le contexte de l'économie numérique.
- Le 6e Congrès mondial des compatriotes russes (31 octobre – 1er novembre) s'est tenu à Moscou avec la participation des représentants de 98 pays dans le cadre du travail avec les compatriotes russes à l'étranger. Le Plan complet des principales activités pour mettre en œuvre la politique d’État dans ce domaine pour 2018-2020 a été approuvé. Une attention particulière a été accordée à la consolidation de la diaspora, aux questions de protection des droits et des intérêts légitimes des compatriotes, notamment en Ukraine et dans les pays baltes. Dans le cadre du Programme public pour contribuer au rapatriement volontaire en Russie des compatriotes résidant à l'étranger, un déménagement dans notre pays a été garanti à plus de 82 000 personnes.
- Dans le cadre du travail pour élargir la présence sociale et culturelle russe dans le monde, un soutien a été accordé à un large éventail d'activités, notamment aux Années croisées et aux Journées de la Russie, ainsi qu'aux Saisons russes. Un soutien a été accordé aux pays étrangers dans la formation de cadres nationaux, et le système de sélection des citoyens étrangers souhaitant étudier dans les universités russes a été perfectionné. Le service diplomatique a apporté sa contribution à la préparation et au déroulement de la première Coupe du monde de football dans notre pays, durant laquelle la Russie a été visitée par des centaines de milliers de supporters et touristes étrangers.