Allocution et réponses aux questions du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l'Université de Belgrade, Belgrade, 22 février 2018

307-18-02-2018

 

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Recteur,

Chers amis,

Chers collègues,

Tout d'abord, merci pour cette invitation à intervenir à l'Université de Belgrade avec mon homologue Ivica Dačić, Premier Vice-Premier Ministre serbe et Ministre des Affaires étrangères, devant une audience représentative regroupant des professeurs, des maîtres de conférences et des étudiants. Nous saluons la contribution de votre université au renforcement de la coopération bilatérale entre la Serbie et la Russie.

Nous États sont unis par des liens séculaires d'amitié, des traditions d'entraide, ainsi que des racines spirituelles et culturelles communes, qui sont les piliers de notre partenariat stratégique développé actuellement sur la base de la déclaration signée par le Président russe Vladimir Poutine et le Président serbe Aleksandar Vučić à Sotchi. Les questions-clés de notre coopération ont été évoquées en détail en décembre dernier lors de la visite à Moscou du Président serbe Aleksandar Vučić, qui s'est entretenu avec le Président russe Vladimir Poutine. Aujourd'hui nous travaillons activement - notamment dans le cadre de ma visite actuelle - pour que ces ententes soient systématiquement mises en œuvre. Ivica Dačić, Premier Vice-Premier Ministre serbe et Ministre des Affaires étrangères, fait des efforts particulièrement utiles dans ce domaine en tant que coprésident serbe du Comité intergouvernemental pour le commerce et la coopération économique, scientifique et technique.

Cette année est marquée par une date importante: l'anniversaire des 180 ans de l'établissement de nos relations diplomatiques. Nous avons dédié un grand nombre d'événements à cet anniversaire. Il s'agit notamment de notre article commun avec le Ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dačić, publié hier par le quotidien Politika, d'une série d'expositions ou de l'exposition solennelle qui ouvre aujourd'hui à l'église Saint Sava. Moscou apprécie invariablement la politique étrangère indépendante et sur plusieurs axes de la Serbie, sa position de principe orientée vers le développement des relations de bon voisinage avec tous les pays, y compris avec tous les États balkaniques.

Cette politique mesurée est encore plus importante dans le contexte actuel des tensions persistantes sur le continent européen et dans le monde en général. Le potentiel de conflit ne cesse de croître et les foyers de crise se multiplient.

Nous avons souligné à plusieurs reprises que cette situation était une conséquence logique de la politique menée par les pays occidentaux - et notamment par les États-Unis - depuis la fin de la Guerre froide afin de renforcer leur hégémonie dans les affaires internationales au détriment des autres acteurs. Au lieu de construire un espace de paix, de stabilité et de sécurité égale dans tout l'espace euro-atlantique - ce à quoi la Russie appelait avec insistance - nos collègues occidentaux ont pris le chemin de l'exploitation d'un nouvel espace géopolitique, notamment par le moyen de l'expansion de l'Otan vers l'est.

Ils ont systématiquement négligé les normes fondamentales du droit international et contourné l'institution cruciale qu'est l'Onu. En 1999, ils ont bombardé la Yougoslavie pendant deux mois et demi, violant ainsi grossièrement le principe d'inviolabilité des frontières en Europe fixé par l'acte final d'Helsinki. Il y a dix ans, ils ont reconnu l'indépendance unilatérale du Kosovo pour tenter de légitimer rétroactivement leur agression. Nous continuerons d'accorder à nos partenaires serbes tout notre soutien dans la défense des droits et des intérêts légitimes de Belgrade concernant la région autonome du Kosovo en nous appuyant sur les clauses de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'Onu.

L'une des répercussions dommageables de la politique de l'Occident, qui demande sans cesse aux pays de notre région commune de faire un choix entre l'Occident et la Russie, a été le coup d'État en Ukraine, provoqué et soutenu par Washington et Bruxelles. Au lieu de tirer les leçons de cette expérience négative, nos collègues occidentaux tentent actuellement de mettre les pays des Balkans devant le même faux choix: soit ils sont avec l'Union européenne et l'Otan, soit avec la Fédération de Russie. On exige que les pays de la région fassent ce choix. On tente activement de les attirer au sein de l'Otan. Tout cela n'a clairement rien à voir avec l'objectif déclaré de renforcer la sécurité nationale des pays des Balkans: personne ne menace ces États, mais leur adhésion éventuelle à l'Alliance atlantique les forcera à prendre parti dans le bras de fer militaire et politique dont la philosophie est imposée, en Europe, par les Américains et l'Otan.  


 


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