Allocution du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov suite à son entretien avec le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, Paris, le 6 juillet 2017

1332-06-07-2017

Monsieur Le Drian,

Mesdames et messieurs,

Tout d'abord, je vous suis très reconnaissant de m'avoir invité à Paris pour cette rencontre à la veille du sommet du G20 à Hambourg. Comme Jean-Yves le Drian l'a déjà dit, notre entretien d'aujourd'hui a permis de poursuivre nos négociations de Moscou du 20 juin, qui étaient elles-mêmes la continuation de la rencontre de Versailles du 29 mai entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président français Emmanuel Macron.   

Aujourd'hui, nous avons examiné l'évolution de nos relations suite au sommet de Versailles. Nous avons constaté le rétablissement de la croissance de nos échanges - de près de 25% au premier trimestre de l'année - après une chute prolongée. Cette tendance doit être activement soutenue. Un rôle important dans ce processus revient au Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC). Nous avons intérêt à assurer le travail à plein régime de tous les mécanismes de coopération: la Commission intergouvernementale présidée par les premier ministres des deux pays, la Grande commission parlementaire, le Conseil de coopération sur la sécurité réunissant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays en format "deux plus deux". A mon avis, ce format "deux plus deux" pourrait jouer un rôle très important dans l'accomplissement de l'objectif mentionné par Jean-Yves Le Drian: traduire le plus rapidement possible notre dialogue en  actions concrètes visant à résoudre les problèmes de la communauté internationale au Moyen-Orient, en Afrique du nord et dans d'autres régions. Nous sommes prêts à le faire.   

Je suis tout à fait d'accord avec les propos de mon collègue et ami qui affirme que le terrorisme international est notre ennemi numéro un. Afin de combattre ce dernier, il est nécessaire de mettre de côté tout ce qui ne constitue pas une menace aussi importante pour tous les pays du monde. Notre victoire contre le terrorisme nous permettrait - ce qui est essentiel - d'avancer dans la résolution de nombreuses crises, y compris au Moyen-Orient et en Afrique du nord.

En ce qui concerne notre coopération dans le domaine antiterroriste, nous sommes prêts à la développer en format bilatéral - nous avons une certaine expérience en la matière - tout comme sur toutes les plates-formes internationales, notamment au sein de l'Onu.

Nous avons échangé nos points de vues et opinions sur la Syrie, analysé cette question assez longtemps et en détails. Comme vous l'avez déjà entendu, l'objectif principal est d'éliminer Daech, le Front al-Nosra et d'autres mouvements terroristes définis comme tels par les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu. Parallèlement, il est nécessaire d'avancer sur la résolution des problèmes humanitaires. Ce processus est actuellement moins compliqué, mais la situation reste grave bien qu'elle ne soit aussi catastrophique qu'au Yémen, par exemple. Il faut également aider les Syriens à s'entendre sur leur avenir sur la base d'un dialogue inclusif réunissant toutes les forces politiques, ethniques et confessionnelles. Cela prévoit l'adoption d'une nouvelle Constitution, l'organisation d'élections sous l'égide de l'Onu et, bien évidemment, le rétablissement de l'activité économique et de la vie normale dans ce pays-clé du Moyen-Orient.   

Nous avons informé en détails nos collègues français du bilan des négociations sur la Syrie qui ont pris fin hier à Astana. Il s'agit du cinquième cycle de négociations. Nous avons examiné nos approches des négociations sous l'égide de l'Onu qui devraient reprendre leur cours le 10 juillet sous la conduite de Staffan di Mistura, Envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu pour la Syrie, et réunir des représentants du gouvernement syrien et des groupes principaux d'opposition.

Nous avons évoqué la crise ukrainienne. Les deux parties ont confirmé la nécessité de mettre en œuvre les Accords de Minsk dans leur totalité, y compris en tenant compte des ententes obtenues au sommet, dans le cadre du Format Normandie à Paris en 2015 et à Berlin en 2016, et visant à débloquer la mise en œuvre de ce texte crucial validé par le Conseil de sécurité de l'Onu.   

Nous soutenons l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et sa présidence au sein du groupe de contact assurant un dialogue direct entre le gouvernement et l'opposition, aussi que le travail de la Mission spéciale de surveillance de l'OSCE que nous sommes prêts à renforcer par tous les moyens pour qu'elle assure un contrôle à part entière du cessez-le-feu, de la démarcation des parties et du stockage du matériel lourd.

Comme l'a déjà dit le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, nous avons analysé les moyens possibles de mettre en œuvre l'initiative annoncée par le Président français Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec le Président russe Vladimir Poutine le 29 mai à Versailles. Il s'agit de former un dialogue qu'on a déjà baptisé "Dialogue de Trianon". Ce forum social russo-français servira de cadre au développement de contacts entre les jeunes et les ONG, ainsi qu'à l'élargissement des échanges d'affaires, y compris entre les PME. Je pense que nous formulerons des propositions appropriées dans un avenir proche pour que nos présidents puissent les examiner.

Je suis reconnaissant envers nos hôtes français pour leur hospitalité. Je voudrais confirmer personnellement, ainsi qu'au nom de ma délégation, que nous serons toujours ravis d'accueillir Jean-Yves Le Drian et ses collègues à Moscou.     


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