Commentaire du Département de la presse et de l’information du MAE de la Russie à propos de l'accord de déploiement des éléments de la NMD stratégique des USA en Pologne
Le 20 août à Varsovie a été signé l'accord américano-polonais de déploiement sur le territoire de la Pologne de la base antimissiles des USA. L'évaluation de principe de cet accord a été donnée par D.A.Medvédev, Président de la Russie, le 15 août à la conférence de presse conjointe avec la chancelière de la RFA A.Merkel. Il a déclaré, que le déploiement des éléments de la NMD stratégique américaine en Tchéquie et en Pologne montre clairement la visée antirusse du système global antimissiles des USA.
Malgré l'opinion de la Russie et le développement réel de la situation militaro-politique en Europe, le potentiel stratégique américain approche obstinément de nos frontières. Le radar en Tchéquie pourra «scanner» pratiquement toute la partie européenne de notre pays, et les missiles intercepteurs à longue portée, déployés en Pologne, n'auront en perspective proche d'autres cibles que les missiles balistiques intercontinentaux russes.
Il est pour nous évident, et l'administration américaine ne le nie pas, que la soi-disant troisième zone de positionnement (TZP) de la NMD des USA en Europe sera étendue et modernisée. Alors, la Russie sera contrainte de réagir pas seulement par les démarches diplomatiques.
En général, les tentatives des USA de changer l'équilibre stratégique des forces en leur faveur, s'opposer au renforcement de la stabilité et de la prévisibilité dans les affaires mondiales reçoivent une expression toujours plus nette et concrète.
La TZP n'est qu'un des instruments dans la liaison extrêmement dangereuse des projets militaires américains, qui prévoient le développement unilatéral du système global de la NMD, le retrait des limitations dans le domaine des AOS, la réalisation du concept de la frappe éclair globale et le développement des projets du déploiement des armes de frappe dans l'espace.
Les «accords de Varsovie» contiennent aussi un élément nouveau – la base américaine supplémentaire des systèmes de missiles «Patriot» sur le territoire de la Pologne. Ce groupe ne peut par défaut avoir aucun rapport à la parade de la fausse menace iranienne. Et Téhéran, dont la partie américaine fait sans cesse peur aux Européens, non seulement n'est aucunement motivé, mais n'aura dans les années à venir tout simplement pas de possibilité technologique de menacer par une frappe de missiles l'Europe, sans parler dйjà des USA.
On nous a longtemps assurés, que les préparations de missiles américaines ne visent pas la Russie, promis de concerter les mesures de «transparence et de confiance», qui pourraient contribuer à atténuer les préoccupations russes. C'est bien ainsi que présentait la chose le Secrétaire d'Etat C.Rice à la récente conférence de presse à Tbilissi. La réalité est telle, que la partie américaine n'entend se charger d'aucune obligation, qui ait un sens pratique pour nous. Et les propositions, faites auparavant à ce propos, sont reprises.
Même dans cette situation compliquée, nous n'allons pas éluder le dialogue et sommes prêts à continuer le travail à ce sujet avec toutes les parties concernées. Cependant, il ne peut plus s'agir d'aucune «confiance simplifiée». On ne tiendra pas compte des déclarations trompeuses sur les intentions et des vagues promesses, mais des actions réelles et des accords interétatiques juridiquement fixés.
Nous sommes persuadés, que l'on n'arrivera pas à faire augmenter la sécurité de certains pays sans lésion ciblée de la sécurité des autres. La stabilité stratégique et le système international de la sécurité ne peuvent se baser que sur l'égalité et la mutualité.
Il faut surtout souligner, que le déploiement de la TZP en Europe à potentiel antirusse réel n'augmentera point la sécurité du continent. Ces actions provoquent la méfiance, poussent à la course aux armements sur le continent et en-dehors de ses limites. Mais ce n'est pas le choix que fait la Russie.
Et une dernière chose. Le moment même de la signature de l'accord américano-polonais, touchant la sécurité de plusieurs états européens, n'est pas selon nous choisi au hasard. Nous avons fait attention aux déclarations des personnes officielles de la Pologne, que ce sont précisément les événements au Caucase qui ont accéléré la prise de la décision sur la TZP. En formant notre attitude envers les projets antimissiles américains en Europe, nous ne pouvons naturellement pas ne pas tenir compte du fait, qu'au cours des dernières années, gonflant la Géorgie d'armes, Washington nous a assurés, que ces pas ne visaient pas la Russie. Maintenant, quand à cause des actions insensées des autorités géorgiennes, sont morts ou ont souffert des milliers de gens en Ossétie du Sud, y compris les pacificateurs russes, le prix réel de ces assurances devient encore plus évident.
Le 20 août 2008