Intervention et réponses de S.V. Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie aux questions des journalistes au cours de la conférence de presse consacrée aux résultats des négociations avec H. Zarifi, Ministre des affaires étrangères de Tadjikistan, Douchanbé, le 24 avril 2012
Je suis très heureux de venir à Tadjikistan le mois des festivités consacrées au 20ème anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays. A la fin du juin, on fêtera le 15ème anniversaire de la signature de la fin de la guerre fratricide au Tadjikistan qui a duré pendant plusieurs années et a emporté plusieurs vies. La Russie a joué un des rôles décisifs pour y mettre fin. Nous sommes contents que désormais la paix se soit installée sur le sol tadjik et les relations bilatérales ont pris la forme du partenariat et de l'alliance stratégique. Nos pays sont membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui assure la stabilité dans la région de l'Asie centrale. Nous coopérons également dans le cadre de la CEI et la CEEA. Les processus d'intégration trilatérale (Russie-Biélorussie-Kazakhstan) réalisés au sein de la CEEA sont également ouverts pour le Tadjikistan et autres pays intéressés. Je suis sûr que cette tendance se renforcera et s'intensifiera.
Au cours de notre rencontre, nous avons discuté tout l'éventail des relations bilatérales entre la Russie et le Tadjikistan. Les deux parties ont exprimé un vif intérêt à l'activité de la Commission intergouvernementale pour la coopération commerciale et économique. Il a été convenu d'initier les régions de nos pays dans la réalisation des projets bilatéraux. Aujourd'hui, moi et H. Zarifi ont signé un Accord entre le Gouvernement de la Fédération de Russie et le Gouvernement de la République de Tadjikistan de la contribution à la coopération entre les collectivités locales des deux pays. Nous avons aussi discuté les questions de la coopération humanitaire. Nous avons apprécié la ligne stricte du Président de Tadjikistan E. Rakhmon qu'il a confirmée au cours de sa rencontre de ce jour avec la délégation russe et qui est visée au maintien de la langue russe et de l'enseignement russe. Le 17 avril 2012, à Douchanbé on a ouvert la filiale de l'Université nationale technologique de recherche «MISiS». Comme a souligné le Président du Tadjikistan, cette ligne sera poursuivie. A son tour, la Russie est intéressé à renforcer la base juridique qui permettrait le travail légal des migrants travailleurs du Tadjikistan en Fédération de Russie. Il a été convenu d'accélérer l'examen des documents intergouvernementaux nécessaires.
En discutant les problèmes régionaux nous avons prêté une attention particulière à la situation en Afghanistan. Nous aspirons que les risques du terrorisme et du trafic de la drogue qui persiste dans cette région n'affectent pas nos Etats. La Russie et le Tadjikistan se sont montré très intéressés à lutter d'une manière efficace contre cette menace. A cet égard, nous avons discuté l'intention de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) de quitter la région vers 2014. Notre position commune consiste en ce que ce retrait des forces doit être adéquat à la situation réelle avec la sécurité à l'intérieur de l'Afghanistan et la capacité des forces d'ordre afghan d'assurer la sécurité dans leur pays. Pour le moment, malheureusement, ce n'est pas le cas. J'ai déjà répété plusieurs fois que nous sommes intéressés d'établir la coopération entre l'OTSC et la FIAS qui en grande partie consistent des pays de l'OTAN.
Nous avons également discuté les questions liées au cantonnement de la base militaire russe sur le territoire du Tadjikistan qui assure la sécurité collective globale dans la région dans le contexte des résolutions prises par l'OTSC. Les détachements situés sur cette base font partie des Forces collectives de réaction rapide. Aujourd'hui, les dirigeants du Tadjikistan ont confirmé leur intérêt de garder la base militaire russe ainsi que d'autres objets sur son territoire.
Nous avons aussi négocié sur les problèmes de l'interaction russo-tadjik au sein des autres organisations internationale – OCS, CEI, ONU, OSCE. Sur la majorité de points nos positions se ressemblent. Nous allons poursuivre la coordination sur la base des indications collectives aux représentants de nos Etats auprès des organisations internationales approuvées par l'OTSC au niveau des ministres des affaires étrangères.
Je suis content des résultats des négociations. Nous avons pu constater l'absence de grands problèmes dans les relations bilatérales. Tout de même, il y a des questions qui nécessitent la coordination supplémentaire dans les comités et les organismes compétents pour aboutir à des accords concrets. Cela va renforcer notre partenariat stratégique et les rapports d'alliés
Je remercie le Président du Tadjikistan E. Rakhmon et mon collègue H. Zarifi pour leur accueil chaleureux et l'organisation parfaite de cette visite.
Question: Pourriez-vous dire quelques mots sur la composante économique des relations russo-tadjiks. Où en est la réalisation des accords dans le domaine de l'industrie hydro-électrique?
S.V. Lavrov: J'ai déjà fait remarquer que les deux parties apprécient beaucoup les relations économiques entre la Russie et le Tadjikistan. Aujourd'hui, le Président de la République du Tadjikistan E. Rakhmon a appuyé sur les bons rapports dans les domaines du commerce, de la télécommunication, de l'énergie et de l'activité d'investissement. Bien entendu, la Russie est intéressée à renforcer les relations commerciales et économiques avec le Tadjikistan, car nous avons toutes les possibilités.
L'industrie hydro-électrique est un des secteurs les plus prometteurs de l'interaction bilatérale. Nos pays sont intéressés que les projets des trois centrales hydro-électrique sur les rivières du Tadjikistan prennent enfin les formes concrets et commencent à se réaliser. Je pense que dans le contexte du règlement de tous les aspects du fonctionnement de la Centrale hydro-électrique Sangtudinskaïa-1, y compris l'organisation de l'exportation de l'énergie (il y a déjà des accords qu'il faut accomplir le plus vite possible), les perspectives de la coopération russo-tadjiks dans le domaine de l'industrie hydro-électriques seront encore plus favorables.
Question: Pourriez-vous préciser à quelle étape est le projet de l'Accord sur la base militaire russe sur le territoire du Tadjikistan?
S.V. Lavrov: Ce projet est à l'étape des négociations qui seront poursuivies. Le Président du Tadjikistan E. Rakhmon a déjà donné des commissions à ce sujet afin d'accélérer ce processus. La Russie y sera déjà prête.
Question: Qu'est-ce que vous pensez de la présence des observateurs internationaux en Syrie?
S.V. Lavrov: Je suis persuadé que la présence des observateurs a déjà joué un rôle positif. J'espère que dans l'immédiat leur nombre sera porté à 300 conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU approuvée le 21 avril 2012 et initiée par la Fédération de Russie. Plus il y a d'observateurs en Syrie, plus il y aura d'informations objectives et sans spéculations. Malheureusement, maintenant, dans les mass-médias il y a beaucoup de spéculations à ce sujet. Souvent, on se réfère à des sources qui ne sont toujours pas crédibles. C'est pourquoi je pense que les observateurs en Syrie c'est un fait positif. J'espère que ceux qui essaient de faire échouer la mission des observateurs de l'ONU en Syrie ne pourront pas réaliser leurs intentions.
Question: Compte tenu du rôle dominant de la Russie dans les organisations régionales, est-ce que la Russie peut contribuer à régler tous les litiges et les différends entre le Tadjikistan et l'Ouzbékistan ?
S.V. Lavrov: Tout d'abord, je voudrais noter que la Russie ne jour pas le rôle dominant, car dans toutes les organisations régionales existe le principe de consensus, sauf dispositions contraires dans les documents constitutifs. Ce principe est bien respecté.
La Russie ne peut pas rester indifférente aux problèmes dans les relations entre le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, puisque ces deux pays sont nos partenaires stratégiques et nos voisins. Pendant longtemps nous avons vécu dans le même Etat. Il y a des milliers des ficelles qui nous lient. Nous voudrions que les relations entre le Tadjikistan et l'Ouzbékistan soient normales et de bon voisinage. Le seul moyen de résoudre tous ces problèmes c'est le dialogue auquel la Russie appelle toutes les parties concernées. Aujourd'hui, au cours de la rencontre nos amis tadjiks ont précisé qu'il y a lieu pour les contacts mutuels. Pourtant pour le moment, ils n'ont pas abouti au début d'un grand dialogue sur tous les problèmes qui préoccupent les deux parties. Je pense que tous les Etats qui veulent développer les relations du partenariat avec les pays de la région de l'Asie centrale, y compris le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, doivent encourager cette tendance – le début du dialogue et des négociations qui donneraient les résultats mutuellement acceptables sur tous les différends.