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Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, en marge du 3e Forum féminin eurasien, Saint-Pétersbourg, 14 octobre 2021

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Sur le 3e Forum féminin eurasien

 

Je suis ravie de vous saluer à Saint-Pétersbourg. Notre conférence de presse à l’extérieur se déroule aujourd'hui en marge du 3e Forum féminin eurasien.

Je rappelle que ce Forum se déroule à l'initiative de Valentina Matvienko, Présidente du Conseil de la Fédération, sous l'égide de l'Assemblée interparlementaire des États membres de la CEI et du Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie. Y participent des dirigeantes de la CEI et d'autres pays (plus de 100 États), des députées, des représentantes du pouvoir exécutif, d'organisations internationales, de milieux d'affaires, de la communauté scientifique, de structures sociales et caritatives, des activistes du mouvement féminin international, et des représentantes du secteur médiatique: des journalistes, des attachées de presse, des chargées de relations publiques.

Hier, nous avons eu un échange productif sur le partenariat efficace dans le secteur de l'information, ainsi que sur le rôle et l'influence des femmes dans la formation de la culture médiatique numérique et de l'équilibre de genre dans le journalisme.

Les discussions principales du Forum sont consacrées au rôle des femmes dans la garantie de la sécurité mondiale, au passage à de nouveaux modèles de croissance économique et de progrès social, à la lutte contre les conséquences négatives de la pandémie de coronavirus, à l'établissement d'un équilibre dans le cadre de la numérisation globale, ainsi qu’au règlement des problèmes globaux d'écologie et de climat.

Le Forum féminin eurasien peut être considéré à raison comme un mécanisme efficace d'interaction et de dialogue entre les femmes qui influencent la prise de décisions sociales, politiques et économiques.

 

Sur les liens interrégionaux de Saint-Pétersbourg et de la région de Saint-Pétersbourg

 

Saint-Pétersbourg est une plateforme importante pour le déroulement de conférences et de forums internationaux importants. Dans le respect rigoureux des exigences de sécurité épidémiologique. Ces derniers temps s'y sont déroulés le Forum économique international de Saint-Pétersbourg et d'autres grands événements internationaux. Saint-Pétersbourg est l'un des leaders du classement national du climat d'investissement. Nous soutenons les efforts des autorités de la ville pour attirer des investissements étrangers et développer le tourisme.

Le travail cohérent du gouvernement de Saint-Pétersbourg pour soutenir et développer les projets et programmes sociaux afin de promouvoir le russe dans les villes partenaires étrangères apporte une grande contribution à la défense des intérêts nationaux et à la préservation de la mémoire historique de notre pays.

Pendant sa visite le 6 septembre 2021, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a relevé le niveau élevé d'interaction du Ministère russe des Affaires étrangères avec l'administration de la ville, et notamment avec le Comité des relations extérieures de Saint-Pétersbourg qui a fêté ses 30 ans cette année.

Un facteur important ayant contribué au renforcement des contacts d'affaires et du flux touristique a été l’introduction à partir du 1er octobre 2019 de visas électroniques pour les visiteurs étrangers de Saint-Pétersbourg et de la région de Saint-Pétersbourg. Malheureusement, la situation épidémiologique a apporté ses correctives, loin d’être positives, et a compliqué la mise en œuvre de cette décision. Malgré cela, nous continuerons de contribuer à la simplification de l'entrée des touristes et des hommes d'affaires à Saint-Pétersbourg et dans la région de Saint-Pétersbourg.

La composante humanitaire des liens extérieurs de Saint-Pétersbourg dans le cadre de la lutte contre le coronavirus mérite une attention particulière. Il est impossible de surestimer la contribution du personnel médical de la ville à l'aide humanitaire aux partenaires étrangers - Chisinau, la Palestine, la Syrie, la Serbie, l'Italie, l'Ouzbékistan et bien d'autres pays.

Des accords de coopération sont mis en œuvre avec 96 villes et 30 régions étrangères, ainsi que des accords "diagonaux" avec les gouvernements de Biélorussie, du Kirghizistan, et du Turkménistan. Le 10 septembre 2021 a été conclu un accord entre le gouvernement de Saint-Pétersbourg et la mairie de Belgrade sur la coopération commerciale, économique, sociale, humanitaire et culturelle.

La région de Saint-Pétersbourg s'est affirmée parmi les régions dont les contacts interrégionaux se développent le plus activement. Les échanges de la région de Saint-Pétersbourg au premier trimestre 2021 ont atteint 2.667,7 milliards de dollars. La hausse des échanges a atteint 8,3%, sachant que les exportations ont augmenté de 4,3% et les importations de 15,6%. Nous notons un développement actif des liens sociaux de la région de Saint-Pétersbourg, notamment le travail avec les régions étrangères en matière d'initiatives environnementales et sociales.

La coopération au niveau municipal est un élément important de l'interaction entre la région de Saint-Pétersbourg et les pays européens. Actuellement, plus de 100 accords sont en vigueur. Nous continuerons d'apporter notre soutien au développement des contacts avec les pays de la CEI.

 

Sur les 25 ans de la Maison Soljenitsyne de la Russie à l'étranger

 

Lundi 18 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera à la réunion solennelle consacrée au 25e anniversaire de la Maison Soljenitsyne de la Russie à l'étranger.

En mai 2019, sur consigne du Président russe Vladimir Poutine et avec son soutien, sur la base de la Maison a été ouvert le Musée de la Russie à l'étranger. Ils forment ensemble un complexe de musée d'archives moderne qui rassemble les fonctions de bibliothèque, de maison d’édition, et de centre de recherche, d’information, de culture et d'éducation.

Aujourd'hui, la Maison Soljenitsyne de la Russie à l'étranger est un centre spirituel et intellectuel primordial pour la préservation et la promotion du patrimoine russe à l'étranger, une plateforme utile pour un dialogue productif avec les compatriotes dans le monde entier et pour préserver la mémoire de ceux qui, vivant à l'étranger, n’ont pas oublié leur Patrie et ont perpétué ses traditions.

 

Sur l'entretien à venir entre Sergueï Lavrov et Suzi Carla Barbosa, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau

 

Lundi 18 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra avec Suzi Carla Barbosa, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau, qui se rendra à Moscou en visite de travail du 17 au 19 octobre. Il est prévu d'évoquer l'intensification de la coopération bilatérale dans les domaines politique, commercial, économique, social et d'autres, de signer le Mémorandum d'entente entre le Ministère russe des Affaires étrangères et le Ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau sur les consultations politiques

Un échange d’avis en profondeur est également au programme sur l’ordre du jour régional et international, notamment le règlement des situations de crise et la lutte contre le terrorisme en Afrique. Il est prévu d'examiner en détail les perspectives de l'interaction à l'Onu et dans d'autres formats multilatéraux ainsi que les progrès de la coopération russo-africaine dans le cadre de la préparation du deuxième sommet Russie-Afrique en 2022.

 

Sur la participation à venir de Sergueï Lavrov à la réunion du club Valdaï

 

Mardi 19 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participera à la 18e réunion annuelle du Club de discussion international Valdaï, qui se tiendra à Sotchi.

Le thème de ce forum sera "Bouleversement mondial - XXI: homme, valeurs, État". Il existe de nombreuses tendances contradictoires dans le développement mondial actuel. Il y a des choses à évoquer pour les experts russes et étrangers dans ce format faisant autorité depuis des années. Depuis presque 20 ans, le Club de discussion international Valdaï existe et se développe activement.

Le Ministre partagera la vision russe des principaux aspects de l'évolution de la situation internationale et répondra traditionnellement aux questions des participants à la conférence.

 

Sur l'entretien à venir entre Sergueï Lavrov et Nikos Christodoulides, Ministre des Affaires étrangères de Chypre

 

Jeudi 21 octobre, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'entretiendra à Moscou avec Nikos Christodoulides, Ministre des Affaires étrangères de Chypre, qui se trouvera en visite de travail en Russie.

Les deux chefs de diplomatie ont l'intention d'évoquer les perspectives d'approfondissement du dialogue politique, les efforts communs pour lutter contre la prolifération du nouveau coronavirus et pour pallier ses conséquences économiques, ainsi que le renforcement des liens socioculturels.

Les deux ministres échangeront leurs avis sur l'ordre du jour régional et international en mettant l'accent sur le processus de paix chypriote, la situation en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Il est également prévu de signer une série de documents bilatéraux.

 

Sur la situation actuelle en Afghanistan

 

Nous sommes préoccupés par l'activité incessante du groupe terroriste Daech dans ce pays. Le 8 octobre, Daech a commis un grand attentat dans la mosquée chiite de Kondoz dans le Nord du pays, qui a fait près de 150 morts et 200 blessés. Les combattants du groupe ont également revendiqué l'attentat dans une école religieuse dans la province de Khost, qui a emporté sept vies. Nous espérons que les affirmations des nouvelles autorités de Kaboul concernant leur capacité à maîtriser Daech en solitaire sans soutien extérieur seront mises en pratique.

Notre attention a été attirée par la visite de deux jours au Qatar d'une délégation des talibans menée par le ministre par intérim afghan Amir Khan Muttaqi. Des entretiens ont eu lieu, notamment avec des représentants du Département d'Etat américain. La semaine prochaine, nous attendons l'arrivée à Moscou d'une délégation représentative des talibans pour la troisième réunion du format de Moscou sur l'Afghanistan.

 

Sur les résultats du sommet extraordinaire du G20 sur l'Afghanistan avec la participation d'Igor Morgoulov

 

Mardi 12 octobre s'est tenu le sommet extraordinaire du G20 sur l'Afghanistan (visioconférence) sous la présidence italienne. La délégation russe était menée par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Igor Morgoulov. Le représentant spécial du Président russe pour l'Afghanistan et directeur du 2e Département Asie, Zamir Kaboulov, y a également participé.

Les participants au sommet ont souligné la nécessité d'apporter une aide humanitaire à la population afghane pour garantir la stabilité et la sécurité dans la région dans l'ensemble. Nous avons confirmé la pertinence de la lutte contre les menaces émanant du territoire afghan - la prolifération du terrorisme et le trafic de stupéfiants.

La partie russe a mis l'accent sur l'importance de créer un gouvernement inclusif en tenant compte des intérêts de toutes les forces ethno-politiques du pays en tant que démarche clé pour mener le processus de paix en Afghanistan à son terme. Il a été noté qu'une attitude responsable en matière d'aide pour le rétablissement post-conflit de l'économie afghane était attendue de la part des États dont les 20 ans de présence se sont soldés par la situation actuelle, déplorable. Elle a appelé à unir les efforts pour empêcher une crise en Afghanistan et des conséquences négatives telles que la hausse du terrorisme et de la production de drogues dans la région et dans le monde entier, une nouvelle vague de réfugiés afghans, ainsi que les risques de pénétration dans les pays voisins, avant tout en Asie centrale, d'éléments terroristes se faisant passer pour des réfugiés.

 

Sur la situation en Ukraine

 

La situation en Ukraine est de plus en plus préoccupante. L'écart entre les propos, les déclarations et les actions du gouvernement de Kiev continue de se creuser.

En paroles, le régime de Kiev promet de régler le conflit du Donbass par la voie pacifique et parle de son attachement aux Accords de Minsk - sachant que ces déclarations alternent avec des commentaires selon lesquels les Accords de Minsk sont définitivement obsolètes. Dans les faits, tout est mis en œuvre pour pousser la situation dans une impasse. Au cours des deux dernières semaines, la Mission spéciale d'observation de l'OSCE a constaté 2.800 tirs sur la ligne de contact, et depuis juillet 2020, quand l'Ukraine a signé des mesures supplémentaires pour renforcer le cessez-le-feu, le nombre d’infractions de ce genre a dépassé les 60.000. Pensez à ces chiffres. Après le commandant de l'armée ukrainienne Valeri Zasloujny, le chef des opérations des forces alliées Alexandre Pavliouk a officiellement autorisé les militaires ukrainiens à ouvrir le feu sans concertation avec le commandement, ce qui enfreint les mesures supplémentaires mentionnées et augmente le nombre de victimes civiles à Donetsk et à Lougansk. Le parlement ukrainien examine un projet de loi sur la politique de la "période de transition", dont l'approbation tirera un trait sur le statut particulier du Donbass. Il est directement contraire aux Accords de Minsk et crée une base juridique pour que Kiev y renonce officiellement.

Sur cette toile de fond, il n'y a rien d'étonnant à ce que les réunions du Groupe de contact pour régler le conflit dans le Donbass et de ses sous-groupes, qui ont eu lieu les 12 et 13 octobre, n’ont donné résultat. Les représentants ukrainiens ont encore une fois tout fait pour en arriver là.

Compte tenu de la situation difficile dans le règlement du conflit dans l'Est de l'Ukraine, les dirigeants du Format Normandie se sont entendus, lors d'un entretien téléphonique le 11 octobre, pour charger leurs conseillers politiques et ministères des Affaires étrangères d'intensifier le travail en ce sens. De notre côté, nous poursuivrons les efforts de médiation au sein du Groupe de contact et du format Normandie, notamment au niveau du Ministère russe des Affaires étrangères, avec pour objectif d’inciter Kiev, Donetsk et Lougansk à remplir leurs engagements dans le cadre des Accords de Minsk.

Malheureusement, les superviseurs occidentaux de Kiev, au lieu d'inciter leurs protégés à réaliser les Accords de Minsk, encouragent au contraire les dirigeants ukrainiens dans leurs aspirations à rejeter sur Moscou la responsabilité du règlement du conflit ukrainien intérieur.

Le sommet UE-Ukraine du 12 octobre a été particulièrement révélateur de ce point de vue. On a l'impression que nos partenaires occidentaux se trouvaient dans une réalité parallèle. Les dirigeants de l'UE et de l'Ukraine ont appelé la Russie à "remplir les Accords de Minsk à part entière". Ils pensent visiblement que Moscou peut, au lieu de Kiev, accorder au Donbass un statut particulier au sein de l'Ukraine, proclamer l'amnistie des habitants de Donetsk et de Lougansk, mettre en œuvre en Ukraine une réforme constitutionnelle en mettant l'accent sur la décentralisation de sa structure territoriale. Est-ce vraiment ce que l'UE avait en tête? Si oui, c'est un nouveau terme dans le droit international. Je rappelle que toutes les mesures à prendre sont prévues par les Accords de Minsk, et sont des conditions clés pour un règlement politique du conflit à part entière. Seule l'Ukraine peut les mettre en œuvre si nous parlons d'une réforme constitutionnelle, de l'amnistie, etc. Pourquoi font-ils de telles déclarations?

Nous sommes préoccupés par l'examen, à Bruxelles, des plans de déploiement d’une mission d'entraînement militaire de l'UE en Ukraine. La mise en œuvre de cette initiative, qui est contraire aux Accords de Minsk, contribuera à la militarisation du pays et à l'escalade de la tension dans le Donbass, et encouragera les autorités de Kiev à saboter les Accords de Minsk. Nous appelons à renoncer à cette démarche très irréfléchie. Si cette démarche a tout de même été réfléchie, alors on voudrait savoir dans quel but.

Un autre exemple de divergence entre les paroles et les actes des autorités ukrainiennes est son attitude envers la mémoire historique, sa propre histoire et ses faits. Pendant les activités consacrées aux 80 ans de la tragédie de Babi Iar, le Président ukrainien Vladimir Zelenski a déclaré qu'un "hommage honnête à la mémoire de tous les morts était notre devoir devant les générations qui nous ont précédées". Malgré ces déclarations, en transgressant la législation nationale et le droit international, l'Ukraine continue de détruire les monuments et les cimetières des soldats soviétiques tombés pendant la Grande Guerre patriotique.

Le 30 septembre à Kolomya, dans la région d'Ivano-Frankovsk, le monument a été démantelé et les pierres tombales portant les noms des défunts ont été détruites sur la fosse commune des soldats de l'Armée rouge. Tout cela se déroule au même moment, sous le même président de l'Ukraine. Ces déclarations sont faites par les mêmes individus, et leurs actions sont commises avec la complaisance des autorités officielles qui font des déclarations sur la nécessité de préserver la mémoire des morts et des tués. Le 8 octobre dernier, le conseil municipal de Lvov a décidé de démanteler l'élément central du monument Champ de Mars, une grande copie de l'Ordre de la Guerre patriotique.

Voici les réalités. Vous croyez que le Président ukrainien Vladimir Zelenski ne le sait pas? Je n’en sais rien. Peut-être qu'il ne sait pas. Dans ce cas, on voudrait savoir comment est-il possible qu’il ne le sache pas. Cela ne lui est pas rapporté? Il a donné des directives pour que cela ne lui soit pas rapporté? Comment peut-on ignorer cela? Car en fin de compte ce n'est ni lui ni son entourage qui ont installé ou construit ces monuments. Cela a été fait par les générations précédentes.

Vladimir Zelenski parle de "l'horreur, la douleur et les souffrances causées à l'humanité par le nazisme, le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie et l'intolérance". Et que voyons-nous en pratique? Voilà en ce qui concerne la mesure dans laquelle les actes correspondent aux paroles. Chaque année, l'Ukraine vote contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et de la xénophobie. Elle le fait avec les États-Unis. Deux pays. Parfois ils recourent au soutien d'un autre État. Ils votent chaque année dans une fière solitude contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies qui propose des démarches pratiques concrètes et leur intégration dans le droit international pour empêcher la glorification du nazisme, de la xénophobie et de toutes les pratiques qui y sont associées. Il y a une explication. L'Ukraine glorifie effectivement les nazis et leurs complices, c'est pourquoi ses représentants votent contre cette résolution chaque année depuis plusieurs années. Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas lu cette résolution ou parce que leur attitude envers celle-ci est encore en formation. Cela serait possible s'il était question de quelques années, or il s'agit de décennies. Des rues sont baptisés en hommage aux fascistes et aux collaborationnistes, des monuments sont érigés en leur honneur. Dans les régions de Lvov et d'Ivano-Frankovsk, l'année 2022 a été proclamée "Année de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne". Pouvez-vous l'imaginer? Aujourd'hui le 14 octobre, l'Ukraine célèbre l'anniversaire de la création de cette organisation fasciste punitive.

Une nouvelle fois nous attirons l'attention de la communauté internationale sur la politique hypocrite des autorités ukrainiennes et appelons à faire pression sur elles afin d'inciter Kiev à remplir ses engagements pour régler le conflit dans le Donbass et préserver la mémoire historique qui s'appuie sur les faits et les réalités, et non sur des mythes ou des fakes.

 

Sur les déclarations du Premier ministre japonais Fumio Kishida

 

Notre attention a été attirée par la déclaration faite par le nouveau Premier ministre japonais Fumio Kishida au parlement japonais selon laquelle Tokyo n'accepterait pas de signer un traité de paix avec la Russie sans régler le problème territorial.

Si, par de telles déclarations d'ultimatum, le Japon cherche à conditionner le déroulement des négociations sur un traité de paix, alors en agissant ainsi nos partenaires ne font que repousser son règlement.

Nous partons immuablement du principe que la démarche primordiale doit être la reconnaissance par le Japon des résultats de la Seconde Guerre mondiale à part entière, y compris la légitimité de l'appartenance des Kouriles du Sud à la Russie. Sachant que la recherche d'une solution mutuellement acceptable sur le traité de paix doit être menée dans le cadre d'un développement global des relations russo-japonaises à travers le renforcement de la coopération commerciale, économique et d'investissement, la mise en place de mesures de confiance dans le domaine militaro-technique, et le rapprochement des positions dans les affaires internationales.

 

Sur la visite de Victoria Nuland, secrétaire d'État adjointe des Etats-Unis

 

Les pourparlers du 12 octobre avec Victoria Nuland au Ministère russe des Affaires étrangères ont été, dans l’ensemble, utiles et opportuns.

L'entretien a été très franc, sans arrondir les angles sur les nombreux problèmes et éléments "irritants" dans les relations bilatérales, notamment les obstacles artificiellement créés par Washington à l'activité des représentations diplomatiques russes et les restrictions de visa - entre autres - constamment imposées, auxquelles nous devons répondre.

Rappelons que la venue de Victoria Nuland, qui figurait sur "liste noire" (soulignons qu'il s'agit d'une liste noire russe en réponse à une liste précédemment adoptée par les Etats-Unis), est devenue possible après la délivrance par les autorités américaines d'un visa à un diplomate russe qui s'était vu refuser plusieurs fois l'entrée aux États-Unis pour des raisons professionnelles. Le visa américain lui était refusé alors qu'il s'apprêtait à se rendre à l'Onu, qui se trouve sur le territoire américain. C'est un point important. Les États-Unis ont des engagements en tant que pays hôte de cette structure internationale, notamment celui de garantir son fonctionnement normal par la délivrance de visas aux diplomates étrangers, aux personnalités publiques et aux experts qui se rendent au siège de l'Onu à New York pour travailler, pour participer aux conférences et aux symposiums. C'est une obligation directe des États-Unis. Elle ne doit pas dépendre des relations bilatérales ou d'autres facteurs de la politique des États-Unis. Elle est fixée dans des documents de référence. Et ils ne peuvent pas simplement renoncer à cette obligation. Les États-Unis ont enfreint grossièrement leurs engagements à plusieurs reprises en refusant de délivrer un visa au diplomate russe. Finalement, le diplomate russe a reçu la possibilité d'entrer aux États-Unis, un tel visa lui a été délivré. Un tel échange a permis de régler cette situation concrète, mais dans un sens plus large, comme cela a été clairement indiqué par la partie russe pendant les pourparlers, il faut lever toutes les restrictions imposées réciproquement afin que les ambassades et les consulats puissent travailler normalement.

À l'issue des consultations avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, auxquelles a participé le général Alexandre Fomine, vice-ministre de la Défense, ainsi qu'à l'issue des entretiens avec d'autres représentants officiels, on constate que malgré le potentiel de crise qui perdure dans les relations bilatérales, Moscou et Washington partagent l'aspiration à maintenir le dialogue afin de leur apporter une plus grande durabilité et prévisibilité. Dans ce contexte, l'escalade vis-à-vis de la Russie, à laquelle appellent les forces russophobes aux États-Unis (je veux parler du récent appel des congressistes antirusses à expulser 300 ou 400 diplomates russes, et d'autres choses actuellement entendues à Washington), n’est susceptible de conduire qu’à une chose: aggraver la confrontation déjà excessive entre nos pays.

Nous avons exprimé à Victoria Nuland notre disposition à établir des contacts à tous les niveaux conformément aux ententes conclues entre les présidents de la Russie et des États-Unis pendant le sommet de Genève. À titre d'exemple positif ont été mentionnés le dialogue dynamique sur la stabilité stratégique et l'interaction dans le secteur de la sécurité de l'information.

De notre côté, nous avons souligné l'absence d'alternative du côté des Etats-Unis à une approche équilibrée, et correspondant aux nouvelles réalités géopolitiques, de l'établissement des relations avec la Russie en s'appuyant sur les principes d'équité et de prise en compte des intérêts mutuels.

Pendant l'entretien avec Victoria Nuland, il a été souligné que le partenariat Aukus créé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie risquait non seulement de saper l'architecture de sécurité qui s'est établie dans la région Asie-Pacifique, mais comportait également des risques pour le régime international de non-prolifération.

À l'initiative de la partie russe a également été mentionnée l'intensification dangereuse de l’activité de l'Otan à proximité immédiate des frontières russes, notamment en Europe de l'Est et en mer Noire. Nous sommes particulièrement alarmés par la récente décision de Washington et de Varsovie de déployer en permanence sur le territoire polonais un contingent américain en rotation et d'y installer des éléments de l'ABM américain mondial.

Concernant l’ordre du jour international, une attention particulière a été accordée à la situation en Afghanistan après l'évacuation du contingent américain, qui s'est soldée par un effondrement. La Russie part du principe que malgré les changements radicaux dans la situation politique en Afghanistan, les mécanismes de la "troïka élargie" ainsi que du format de Moscou, qui inclut les principaux pays de la région et les États-Unis, restent d'actualité et peuvent contribuer efficacement au processus de réconciliation interafghane et à la constitution d'un gouvernement inclusif reflétant les intérêts de toutes les forces ethno-politiques du pays.

Il de nouveau déclaré, a été, sans équivoque que le déploiement de l'infrastructure militaire des États-Unis et de l'Otan en Asie centrale était absolument inadmissible pour la Russie. Notre position ferme à ce sujet, exprimée par le Président russe pendant le sommet de Genève, reste inchangée.

Il a été convenu de poursuivre les contacts sur tout l'éventail de problèmes figurant à l’ordre du jour russo-américain.

 

Sur les célébrations liées au 160e anniversaire de Fridtjof Nansen

 

Ces jours-ci se déroulent des événements consacrés aux 160 ans de Fridtjof Nansen, célébrés le 10 octobre 2021.

Le Norvégien Fridtjof Nansen est respecté dans le monde entier comme un explorateur polaire, un scientifique, une personnalité politique et sociale, prix Nobel de la paix et fondateur de la Société des nations. Il a apporté une importante contribution à la résolution des problèmes des réfugiés, notamment à l'aide du "passeport Nansen" destiné aux apatrides, ainsi qu’au rapatriement des prisonniers politiques et à la lutte contre la famine. Comme on le sait, le Haut-Commissaire de l'Onu pour les réfugiés décerne annuellement un prix qui porte le nom de Fridtjof Nansen.

Fridtjof Nansen est connu dans le monde entier et en Russie, pays qu'il aimait sincèrement en tant que partisan convaincu de relations respectueuses entre la Russie et la Norvège.

À l'occasion des 160 ans de Fridtjof Nansen, la Russie organise tout un éventail d'événements. Ainsi, l'Académie diplomatique a tenu une table ronde consacré aux activités diversifiées de cette personnalité légendaire. Il y a également des expositions, des conférences et des événements pédagogiques, notamment dans les régions russes. Plusieurs livres sur ce Norvégien célèbre ont également été publiés à cette date.

Nous espérons que ces commémorations non seulement rendront hommage à Fridtjof Nansen, notamment dans le contexte des relations russo-norvégiennes, mais rappelleront aussi les principes fondamentaux de l'humanisme, l'importance d’une coopération égalitaire et respectueuse, ainsi que des efforts conjoints visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le monde entier.

 

Sur le projet "Les mariages des peuples du monde: un héritage culturel"

 

Nous sommes des invités du Forum féminin eurasien. On parle beaucoup des femmes, des valeurs traditionnelles qu'on arrive à maintenir en grande partie grâce à elles. Pour la plupart des femmes, il n'y a rien de plus important que la famille, le mariage, l'éducation des enfants et la perpétuation des traditions. Dans ce contexte, je voudrais présenter un projet russe qui, à mon avis, correspond à l'esprit et aux sujets évoqués aujourd'hui au Forum.

Il existe en Russie un projet baptisé "Les mariages des peuples du monde: un héritage culturel". Quand j'ai reçu une lettre de l'initiateur de ce projet, j’ai eu un sourire, j’ai eu envie de le connaître car il s'agit d'un sujet intéressant, important et passionnant. Il se trouve à la croisée des traditions, de l'historiographie, des liens culturels et religieux, des échanges entre les pays et les peuples dans le domaine historique et ethnographique.

De qui s'agit-il? L'auteur de ce projet est Denis Kniazev. Son projet vise à préserver les traditions de mariage uniques des peuples du monde. Il a commencé par une étude de ces traditions en Russie, pour se focaliser ensuite sur les traditions - similaires ou différentes - à l'étranger.

En six ans d’existence, ce projet a permis de lancer des expéditions dans les régions les plus éloignées de la Russie pour y organiser des tournages et des reconstructions. Denis Kniazev enregistre en vidéo des objets, des costumes et des expositions de musée, et organise également des reconstructions de mariage des peuples autochtones. Il a publié deux albums consacrés aux noces des Oudmourtes et des Nenets en langues russe, anglaise et locale. Il prépare actuellement un livre sur les traditions des familles russes. Le projet est mis en œuvre avec le soutien médiatique du Ministère des Affaires étrangères. Nous avons déjà impliqué dans sa couverture la mission permanente de la Russie auprès de l'Onu à New York, parce que ces sujets rejoignent l'ordre du jour de l'organisation internationale.

L'histoire d'une famille commence d'habitude par sa formation, le mariage, les rites. Chaque peuple y lie ses propres traditions et cérémonies. Il s'agit de beaux livres, contenant des photos uniques. D'un travail incroyablement profond. Je vous recommande de prendre connaissance de ce projet.

 

Réponses aux questions:

Question: Récemment, des investigations journalistiques retentissantes ont rapporté que l'Onu avait contribué à l'organisation d'une tentative de coup d'État en août 2020 en République du Bélarus. Que pensez-vous de la réaction de l'Onu (de son silence, plutôt) à la pression économique et de sanctions des pays occidentaux sur la Biélorussie et à la contribution à la tentative de révolte?

Réponse: Je n'ai pas vu de telles investigations.

Les objectifs de l'Onu consistent à maintenir les fondements du droit international sur lesquels les États construisent leurs relations dans le respect mutuel. On soulignera l'importance et la pertinence de la non-ingérence dans les affaires réciproques, le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes dans le cadre de leur État.

La position de la Russie concernant les événements en Biélorussie est bien connue. Clairement et sans équivoque, nous avons condamné les tentatives de plusieurs pays (il s'agissait d'efforts collectifs) de s'ingérer dans les affaires intérieures de cet État souverain, les incitations aux actions et aux activités illégales et contraires aux lois fondamentales de la Biélorussie. Notre position est cohérente. Elle n'est pas liée au fait que la Biélorussie fait partie de l'État de l'Union. Certes, nous avons des relations particulières avec ce pays, avec sa population, mais c'est notre approche fondamentale, de base. Nous avons une telle attitude envers tous les pays.

Question: Commentez, s'il vous plaît, la décision prise le 11 octobre par le Conseil de l'UE d'élargir la liste des citoyens russes concernés par les sanctions de l'UE pour de prétendues "actions portant atteinte ou menaçant l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine".

Réponse: Je rappelle notre position de base, fondée sur le droit international: toutes les sanctions imposées en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies sont illégitimes du point de vue du droit international. C'est ainsi qu'il faut les voir.

Du point de vue de la science politique, ce sont de véritables "jeux de sanctions" de l'UE. Ils sont regrettables parce qu'ils ont une connotation purement politique. Ils n'ont rien à voir avec le droit, ils lui sont contraires. Les sanctions ont été imposées en prévision du sommet UE-Ukraine du 12 octobre.

C'est un signal pour Kiev, qui encourage le sabotage des Accords de Minsk. Les partenaires de l'UE nous appellent à remplir les Accords de Minsk à part entière. Tout en envoyant un signal au régime de Kiev par de telles actions qui d'une certaine manière, de leur point de vue, doivent endiguer ou blâmer la Russie. Ce n'est rien d'autre que des "intrigues" et de l'hypocrisie. Et surtout, Bruxelles ne parvient pas à comprendre une chose très simple. La crise ukrainienne intérieure, survenue avant tout à cause de l'ingérence des pays de "l'Occident collectif" et directement de Bruxelles dans la vie intérieure de l'Ukraine, et qui a dégénéré de crise en conflit armé actif, est une honte pour ces pays. Ils se sont d'abord ingéré et ont manipulé les intérêts du peuple de l'Ukraine, puis l'ont abandonné. Maintenant, par de tels actes, ils créent l'impression de leur implication dans le sort du peuple ukrainien. Ce n'est pas une implication, c'est une véritable infamie.

Nos partenaires de l'UE connaissent bien Antoine de Saint-Exupéry. Il écrivait: "Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé." Nous n’évaluerons pas les actes, nous l'avons fait plusieurs fois. Bruxelles doit être conscient de sa responsabilité pour les expériences menées sur le peuple ukrainien. Le sentiment absolument artificiellement imposé d'"apprivoisement", créé pendant des années par Bruxelles, impose une double responsabilité devant le peuple ukrainien. Aucune liste, ni leur élargissement ni l'adoption de nouvelles sanctions ni la réaffirmation d'anciennes, ne permettront de les exempter de leur responsabilité devant l'Ukraine et sa population pour toutes les manipulations dans cette direction. C'est peut-être pathétique. Nous partons du principe que Bruxelles doit entendre et comprendre qu'il est impossible de jouer avec le sort des gens pour ensuite les trahir impitoyablement. De tels choses, de tels signaux, aggravent la division intérieure, qui est vue aujourd'hui par le monde entier en Ukraine.

Ces restrictions illégitimes de l'UE portent également sur les collaborateurs des organes judiciaires de la Fédération de Russie. C'est une tentative non dissimulée de faire pression sur le pouvoir judiciaire qui exerce son activité de manière indépendante et impartiale. Comment est-ce que cela se rapporte à la déclaration du chef de la Représentation de l'UE en Russie, Markus Ederer, faite au média RBC le 8 octobre selon laquelle il n'y a "aucune ingérence de l'UE dans les affaires intérieures de la Russie"? Non? La voici.

Bien évidemment, cette démarche hostile de l'UE ne restera pas sans réaction appropriée de notre part.

Question: Le Ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré que Natalia Poklonskaïa "ne pourra pas se cacher de la justice ukrainienne en Afrique". Que pouvez-vous dire à ce sujet? Notamment sachant que l'ancien procureur général adjoint Gundouz Mamedov n'excluait pas que l'Ukraine puisse entamer une procédure d'extradition de l'ex-procureure de la Crimée. Kiev a-t-il des fondements pour agir ainsi?

Réponse: Natalia Poklonskaïa a été nommée Ambassadrice de Russie par le Président russe Vladimir Poutine. Elle représentera la Fédération de Russie à l'étranger. Cela n'a rien à voir avec l'Ukraine.

A la tête de la représentation diplomatique pour la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, Natalia Poklonskaïa possède une immunité absolue contre de telles actions, qui qu’en fût l’auteur, notamment sur le chemin de l'allée et du retour. Tout le monde doit le savoir.

Je l'ai déjà commenté hier. J'ai lu un commentaire du Ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine selon lequel la "justice ukrainienne" s'appliquerait à Natalia Poklonskaïa sur le territoire des pays d'Afrique. Nous suggérons aux partenaires ukrainiens d'essayer enfin d'appliquer la justice ukrainienne sur le territoire de l'Ukraine. Il faut commencer par le début. Dès qu'ils y arriveront, qu'ils mettront en œuvre leur propre justice sur le territoire de leur propre pays, ils pourront entamer des tâches de plus grande envergure. Pour l'instant, ils n’y arrivent pas. Qu'ils s'y efforcent.

Question: Que pense la Russie du droit de la Corée du Nord à la légitime défense, dans le contexte de la position de Pyongyang récemment exprimée à l'Onu?

Réponse: La réponse est simple, elle est basée sur le droit international. Nous partons du principe que l'article 51 de la Charte de l'Onu fixe le droit inaliénable d’un État membre de l'Organisation à la légitime défense individuelle ou collective s'il fait l'objet d'une attaque armée. Cette situation concerne à part entière tous les États membres de l'Onu, Corée du Nord y compris.

Question: Sur le Format Normandie au niveau des ministres des Affaires étrangères. Étant donné que les ententes de la réunion de Paris en 2020 ont été sabotées par Kiev, de quoi peut-on parler? Peut-on espérer que Kiev acceptera la formule Steinmeier?

Réponse: J'ai déjà abordé ce sujet en introduction. Je peux répéter que pendant l'entretien téléphonique du 11 octobre, les dirigeants de la Russie, de l'Allemagne et de la France sont convenus de charger leurs conseillers politiques et ministères des Affaires étrangères d'intensifier le travail nécessaire. Ce thème est en cours d'élaboration.

En ce qui concerne la question de savoir s'il est possible d'espérer que Kiev acceptera la formule Steinmeier, veuillez poser cette question avant tout à la partie ukrainienne. Ou, avant cela, à ceux qui supervisent depuis l'étranger les actions du régime de Kiev.

Question: Connaît-on déjà l'ordre du jour des pourparlers prévus le 20 octobre avec la délégation afghane à Moscou? Quelles sont les priorités de la Russie pour ces pourparlers? Y évoquera-t-on la protection des droits de l'homme dans ce pays et notamment la protection des droits des femmes?

Réponse: Il est prévu de mettre l'accent sur le rétablissement post-conflit du pays et la mobilisation d'une aide consolidée de la communauté internationale afin d'empêcher une crise humanitaire en Afghanistan. Les perspectives d'évolution du processus interafghan, avec un accent sur la représentation des intérêts de toutes les forces ethno-politiques de ce pays dans les nouvelles structures du pouvoir, seront un thème important. Les droits de l'homme ne font pas partie des thèmes prioritaires de l’ordre du jour mais pourraient être évoqués pendant la discussion.

Cela ne signifie pas du tout que cette question n'est pas d'actualité. Si vous suivez ce qui se passe aujourd'hui en Afghanistan, vous savez que l'activité terroriste et la situation humanitaire catastrophique affecte tout le monde, non seulement les femmes, mais également les hommes, les personnes âgées et les personnes handicapées. Voilà ce qui doit être avant tout l'objet des efforts de la communauté internationale - satisfaire les besoins fondamentaux de l'homme.

Les médias occidentaux tentent constamment de mettre en avant le fait qu’en ce sens, nous sommes différents d'eux. C'est faux. Simplement nous ne pouvons pas ignorer le droit à la vie en parlant de la priorité des droits de l'homme, parce que les droits de l'homme incluent le droit à la vie. La réalisation d'autres droits de l'homme est simplement impossible sans la vie. Si des attentats étaient commis en Afghanistan, il ne s'agirait plus du respect des droits des filles et des enfants - avant tout ce serait le règlement des problèmes fondamentaux liés à la sécurité, à la protection de l'infrastructure qui assure le fonctionnement du pays, garantit médicaments et aide médicale à la population. Mais cela ne signifie pas du tout que le thème des droits de l'homme n'est pas important ou d'actualité pour nous. J'espère que je me trompe en pensant que votre question met également un tel accent.

Question: À La Haye ont commencé les audiences sur la plainte de l'Ukraine concernant l'incident dans le détroit de Kertch en novembre 2018. Pensez-vous que ce procès est politisé? Quels sont les arguments de la Russie pour défendre sa position?

Réponse: L'initiation du procès sur "l'incident de Kertch" à l'arbitrage international de La Haye représente un nouvel abus, par Kiev, des moyens internationaux de règlement pacifique des litiges afin de contester la souveraineté sur la Crimée.

Rappelons qu'en novembre 2018, les autorités ukrainiennes, guidées uniquement par leurs intérêts politiques, faisant suite à leur approche dominante dans l'agenda international, ont organisé une provocation préméditée en utilisant des navires de la marine du pays. Les vedettes Nikopol et Berdiansk, ainsi que le remorqueur Iany Kapou, où se trouvaient des militaires exécutant un ordre, malgré l'avertissement des garde-frontières russes concernant l'interdiction d'entrée dans les eaux territoriales de la Fédération de Russie, ont poursuivi leur mouvement en provoquant un incident dangereux. Il s'est produit dans le cadre d'un sérieux renforcement par Kiev du potentiel militaire dans la région des mers d'Azov et Noire et d'autres actions provocatrices menées par le régime de Kiev cherchant à contester la souveraineté de notre pays sur la Crimée.

Pour justifier cette dangereuse aventure militaire, l'Ukraine tente d'impliquer l'arbitrage créé sur la base de la Convention de l'Onu sur le droit de la mer de 1982.

La Russie part du principe que les exigences de Kiev dans ce procès sortent du cadre de la juridiction de l'arbitrage, car conformément à la déclaration faite par notre pays lors de la ratification de la Convention sur le droit de la mer, il ne reconnaît pas les procédures prévues par la section 2 du chapitre XV de cette Convention, qui conduisent à des décisions obligatoires pour les parties concernant les litiges sur l'activité militaire, y compris l'activité militaire de navires d'État.

De plus, l'Ukraine n'a pas utilisé un échange direct d'avis en tant que moyen pour régler les différends, ce qui est une exigence obligatoire, selon l'article 283 de la Convention, pour ouvrir un procès d'arbitrage.

Question: De nombreux médias grecs, chypriotes et turcs ont de nouveau publié des informations selon lesquelles la Russie évoquerait avec la Turquie la possibilité d’une "reconnaissance réciproque" de la Crimée en tant que territoire russe et du Nord de Chypre, occupé par l’armée turque, comme un État en tant que tel. Ces publications contiennent-elles une part de vérité? De telles discussions se déroulent-elles vraiment? Ces publications se fondent principalement sur les propos du célèbre analyste Alexandre Douguine. Ce dernier est présenté comme un conseiller du président russe Vladimir Poutine. Est-il en effet un conseiller du président Poutine, d'autres représentants des autorités russes, ou s'agit-il de son opinion personnelle?

Réponse: Je connais Alexandre Douguine comme un philosophe, un politologue et une personnalité sociale. Je vous recommande d’analyser ses déclarations en cette qualité. Il pourrait probablement vous parler plus précisément de ses rôles de publiciste et de journaliste, mais c'est à lui qu'il faut adresser cette question.

Nous sommes déjà habitués à ce "passe-temps" intéressant: on injecte des fake news dans les médias grecs ou turcs (j'ai moi-même fait l'objet de plusieurs publications de ce genre) pour nous demander ensuite des explications. Je pense que les explications doivent être présentées par les médias qui publient ces informations sans avoir demandé de commentaires aux personnes concernées.

Si l'on mentionne l'approche de la Russie, la position officielle de Moscou, à mon avis (en tout cas, c'est ce qu'en dit la communauté journalistique professionnelle), il faut d'abord demander notre opinion afin d’en inclure des passages dans les articles. Mais cela ne se passe pas comme ça, bien que nous soyons ouverts à la coopération et que nous commentions tout pratiquement en direct. J'appelle les médias grecs à nous contacter. Nous commenterons tout cela avec plaisir.

La République de Crimée fait partie intégrante de la Russie, c’est l'une des régions russes affichant le développement le plus dynamique. Le territoire russe n'a jamais été et ne fera pas l'objet de marchandage. Prétendre le contraire dans les publications ressemble à une provocation.

À mon avis, tirer des parallèles entre la Crimée russe et la république turque de Chypre du Nord est incorrect, voire assez dangereux. De telles insinuations sèment la confusion auprès de l'audience internationale, torpillent la confiance et créent des émotions négatives, notamment concernant le règlement sur l’île de Chypre.

Vous connaissez parfaitement la position russe sur le problème de Chypre. La Russie l'a formulée comme un membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu, et elle reste inchangée. Nous soulignons la nécessité de résoudre la question dans le cadre juridique international posé par les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu et prévoyant la formation à Chypre d'une fédération à deux zones et à deux communautés, mais ayant un seul statut international, une seule souveraineté et une seule nationalité. Nous soutenons les efforts du Secrétaire général de l'Onu dans le cadre de la mission de "bons services" visant la reprise des négociations entre les communautés.

Nous constatons ces derniers temps l'intensification de l'activité visant la reconnaissance internationale de l'entité illégale au Nord de Chypre. Nous appelons à éviter toute initiative susceptible de se solder par une hausse des tensions entre les communautés et de déséquilibrer la situation sur l'île.

Question: Comme vous êtes actuellement à Saint-Pétersbourg (anciennement Leningrad), ma question concerne la décision retentissante du gouvernement allemand sur les pensions destinées aux survivants du siège de Leningrad et à certains autres groupes, mais uniquement d'ethnicité juive. Les compensations versées aux juifs depuis 70 ans étaient liées au travail de l'association Jewish Claims Conference, basée à New York, avec les autorités allemandes. Est-il nécessaire, selon vous, de former une association avec le soutien de l'État russe afin de rétablir la justice? Parce que cela crée l'impression qu'il n'y a qu'un seul peuple qui a souffert.

Réponse: Notre position a été présentée dans une déclaration appropriée, publiée par le ministère russe des Affaires étrangères. Nous avons également commenté cette question lors d'une conférence de presse.

Nous avons travaillé avec l'Allemagne et nous nous sommes adressés à elle pour prévenir une telle ségrégation.

Nous avons attiré l’attention sur les indemnisations versées sur ordre du président russe Vladimir Poutine.

Nous avons appelé les Allemands à prendre en considération tous les faits historiques. On ne peut pas diviser les gens selon leur ethnicité, ne soutenir qu'un groupe en ignorant le caractère commun des souffrances. On peut parler infiniment à ce sujet. Mais nous avons déjà les leçons du XXe siècle, notamment celles relatives à ces versements. Elles auraient dû nous expliquer que la ségrégation ethnique ou religieuse n'a pas de place sur notre planète. Là où existe la moindre suspicion d'une telle séparation, il faut entreprendre tous les efforts nécessaires pour l’empêcher.

Nous avons longuement parlé avec la partie allemande. Ces négociations ont duré longtemps. Ils ont fait ce qu'ils ont fait. Nous avons exprimé notre position dans notre déclaration et nos commentaires. Vous pouvez en prendre connaissance. Mais il faut tirer les conclusions qui s’imposent des leçons tragiques du passé, afin de ne pas répéter ces erreurs.  

Questions: Le Président russe Vladimir Poutine s'est entretenu cette semaine avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Ce dernier a qualifié la rencontre de "productive". Il a également souligné que le conflit dans le Haut-Karabagh n’était pas résolu et qu'il était encore prématuré de parler de stabilisation de la situation. Quelle est la position du Ministère russe des Affaires étrangères sur le bilan de cette rencontre? Quelle sera, selon vous, l'évolution future des relations des pays compte tenu de l'objectif du règlement de la situation dans la région?

Réponse: Les estimations de principe sur les rencontres au sommet sont présentées par l'Administration du Président russe. Il existe une séparation des fonctions.

En ce qui concerne la situation en général, la Russie promeut de manière cohérente un respect absolu de toutes les clauses des ententes tripartites entre les leaders russe, azerbaidjanais et arménien du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021.

Nous espérons que cela permettra de réunir les conditions nécessaires pour normaliser les relations entre Bakou et Erevan, notamment sur les questions bilatérales compliquées.

Question: Que pense la Russie de la rencontre entre le Patriarche Cyrille, le cheikh al-islam Allahchukur Pachazadé et le patriarche catholicos Garéguine II pour le règlement après-guerre des relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie?

Réponse: Il ne s'agit pas de la première réunion entre le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, le patriarche catholicos de tous les Arméniens Garéguine II, et le cheikh al-islam Allahchukur Pachazadé, président du Conseil des musulmans du Caucase. Les contacts entre les guides religieux sont entretenus depuis des décennies et se distinguent par la confiance qui les caractérise, selon leur propre avis. Nous voyons que c'est un format unique. Il contribue sans aucun doute à l'approfondissement de l'entente entre les parties et au progrès du dialogue interconfessionnel.

Nous partons du principe que la réunion du 13 octobre à Moscou contribuera à normaliser les relations azéro-arméniennes et la situation générale en Transcaucasie, notamment pour le renforcement de la confiance, le règlement des problèmes humanitaires et la préservation des sites du patrimoine culturel et religieux. C'est un autre format important pour surmonter les problèmes et créer une atmosphère de confiance et de dialogue.

Question: Un tireur d'élite azéri a récemment abattu un civil travaillant dans son jardin au Haut-Karabakh, sous les yeux des militaires russes. Comment la Russie compte-elle, dans le cadre de sa mission de maintien de la paix et de garantie de la sécurité de la population du Haut-Karabakh, appeler l'Azerbaïdjan à remplir les termes de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020?

Réponse: En effet, le 9 octobre dans la région de Mardakert, les tirs du côté azéri ont mortellement blessé un civil du village de Madagiz. Nous présentons nos profondes condoléances à la famille et aux proches du défunt.

Le commandement du contingent russe de maintien de la paix mène une enquête à laquelle participent des représentants des deux parties. Les casques bleus russes sont en contact permanent avec les états-majors des forces armées arméniennes et azéries pour coordonner les efforts afin d'empêcher les incidents dans leur zone de responsabilité.

Cet événement tragique confirme l'importance du respect rigoureux de tous les termes des déclarations des dirigeants de la Russie, de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021. Nous appelons les deux parties à éliminer au plus vite les éléments irritants réciproques dans le cadre humanitaire, en échangeant les prisonniers de guerre selon la formule "tous contre tous", et les cartes des champs de mines dans leur intégralité.

Question: Le 12 septembre à l'aéroport de Prague a été arrêté le citoyen russe Alexandre Frantchetti, accusé de terrorisme par l'Ukraine. Le Ministère russe des Affaires étrangères a-t-il de nouvelles informations à ce sujet?

Réponse: Nous suivons cette situation et tous les thèmes similaires liés à l'interpellation, à l'arrestation et aux difficultés de ce genre touchant les citoyens russes. L'Ambassade de Russie à Prague a reçu des consignes en ce sens. Les diplomates ont mis en place une interaction de travail avec les représentants de la défense, les forces de l'ordre tchèques et la fille d'Alexandre Frantchetti, qui se trouve en République tchèque.

Compte tenu de la décision prise le 14 septembre 2021 par le tribunal municipal de Prague de placer le citoyen russe en détention, une attention particulière est accordée au respect de ses droits légitimes, notamment compte tenu de son état de santé actuel.

De plus, les collaborateurs du Ministère russe des Affaires étrangères sont en contact avec sa sœur qui vit à Voronej.

Nous exigeons la libération au plus vite du citoyen russe. La défense du détenu partage la même disposition.

Question: Je voudrais revenir sur le Forum féminin. L'une des sessions d'aujourd'hui a pour thématique "La mission des femmes dans la diplomatie mondiale". D'après vous, existe-t-il une mission féminine particulière dans la diplomatie? En quoi consiste-t-elle? Quels "braises", dont vous avez parlé aujourd'hui, peuvent être éteintes par cette "puissance douce" (si elle est "douce", bien sûr)?

Réponse: Participez à la session, écoutez quel est le rôle et la mission particulière des femmes, si elle existe dans le cadre des relations internationales. Pourquoi anticiper cette discussion très intéressante?

Si vous me demandez mon avis personnel, j'en ai parlé plusieurs fois. Bien évidemment, nous (les femmes) avons notre propre vision du monde. Je pense qu'elle pourrait être un complément important sur plusieurs thèmes et problèmes quotidiens et d'actualité. C'est la sécurité sociale, notamment des familles, de la maternité et de l'enfance.

Cela ne signifie pas du tout que la contribution des hommes diplomates, experts et spécialistes n'est pas importante. Beaucoup de choses qui ont été faites ont été élaborées et proposées par des hommes. Mais les compléments, les visions et l'expérience que les femmes pourraient partager sont effectivement inestimables. Cela concerne le dossier humanitaire, les questions d'équité entre les hommes et les femmes, les nouveaux défis et leur impact sur la vie des filles, des femmes, etc.

Sachant qu'au Ministère des Affaires étrangères nous travaillons ensemble. Nous n'avons pas de "brigades" féminines ou masculines. Nous travaillons dans un collectif mixte, nous sommes unis par nos objectifs communs. C'est une cohésion basée sur les différents points de vue et leur union. D'après moi, cela améliore l'efficacité de notre travail commun.


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