Réponse du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à une question du journal «Argumenty i fakti», publiée le 16 avril 2014
Question: Pourquoi la Russie insiste-t-elle sur la fédéralisation de l'Ukraine, qu'est-ce qu'elle cherche et quel est le sens de cette idée?
Lavrov: La crise politique à grande échelle en Ukraine a démontré les profondes divergences entre le Sud-Est et de l'Ouest du pays dans leur choix du vecteur du développement ultérieur. Cela témoigne de l'instabilité du modèle d'État précédemment sélectionné par Kiev.
En fait, un Etat unitaire a cessé de fonctionner en Ukraine. Ses fondations ont été brisées par des bouleversements politiques qui avaient secoué le pays depuis de nombreuses années. L'absence en Ukraine d'une Loi fondamentale équilibrée, prenant en compte les intérêts de tous les groupes linguistiques et nationales, garantissant les droits et intérêts de tous les citoyens de l'Ukraine, est une des principales raisons de cette situation.
On ne peut pas considérer de normale la situation où après chaque élections présidentielles on changait la Constitution, en modifiant la forme de gouvernance selon le désir des forces politiques qui arrivaient au pouvoir. Pour cette raison la fédéralisation est une façon d'assurer le comfort de chaque région, de garantir leurs droits, de protéger les traditions et mode de vie habituel.
Bien sûr, personne ne peut imposer à la partie ukrainienne le modèle de l'organisation de l'Etat. Mais les Ukrainiens doivent entamer un dialogue, en assurant son caractère inclusif et global. Toutes les régions et forces politiques en Ukraine doivent y participer sur un pied d'égalité, avec les mêmes droits dans la solution des problèmes urgents.
Tout cela doit être reflété dans la Constitution révisée, qui serait perçu par la société ukrainienne multiethnique comme une base solide d'un Etat de droit pour une longue perspective. Je suis convaincu que, sans cela il serait difficile à l'Ukraine de maintenir son unité et de résoudre les problèmes urgents afin de sortir de la grave crise actuelle.