Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 25 août 2016
Comme vous le savez, nos conférences de presse sont retransmises en direct par les chaînes Rossiya 24 et Russia Today, ainsi que sur nos pages sur les réseaux sociaux. Je voudrais saluer spécialement ceux qui nous regardent sur Facebook, qui indiquent souvent en commentaire depuis quelle ville ils nous regardent. Cela nous plaît beaucoup car cela montre à quel point notre audience est globale. Merci à vous.
Sur la rencontre du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le secrétaire d’État américain John Kerry
Une délégation présidée par Sergueï Lavrov, Ministre russe des Affaires étrangères, s'est envolée aujourd'hui vers Genève pour participer, vendredi 26 août, à des négociations avec John Kerry, secrétaire d’État américain. Cette rencontre avait été fixée au cours de leur entretien téléphonique d'hier.
Ils devraient évoquer le règlement de la crise syrienne et notamment la mise en place d'une coordination étroite entre les actions de la Fédération de Russie et des États-Unis dans la lutte contre les groupes terroristes sévissant actuellement en Syrie. Ils pourraient débattre également d'autres questions d'actualité internationale telles que la situation en Ukraine, et aborder des sujets relatifs aux relations bilatérales. Nous vous tiendrons informés de toutes ces activités de Genève le plus exhaustivement possible.
Sur la rencontre traditionnelle du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
avec les étudiants et les enseignants de l'Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO)
auprès du Ministère russe des Affaires étrangères
Jeudi 1er septembre, Sergueï Lavrov, Ministre russe des Affaires étrangères, prononcera son discours traditionnel devant les enseignants et les étudiants de l'Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO) auprès du Ministère russe des Affaires étrangères.
Comme vous le savez, cette université est depuis plus de 70 ans l'alma mater de nombreux hommes d’État et politiques, diplomates, scientifiques, journalistes, entrepreneurs et représentants d'autres domaines d'activité de Russie et de pays étrangers.
Le MGIMO est justement considéré comme l'un des principaux centres mondiaux d'expertise et d'analyse, doté d'un collectif enseignant merveilleux.
Ces rencontres avec Sergueï Lavrov, Ministre russe des Affaires étrangères, donnent aux étudiants de l'énergie pour l'année à venir et ne sont pas une simple étape formelle du calendrier protocolaire du Ministre, un événement routinier: l'importance de ces rencontres est soulignée notamment par les étudiants venant par la suite effectuer un stage au Ministère des Affaires étrangères, qui considèrent ces moments d'échange avec le Ministre comme un jalon de leur nouvelle vie au sein du MGIMO, de la formation de leur carrière professionnelle.
Comme d'habitude, selon la tradition instituée ces dernières années, ce discours sera retransmis par les médias, ainsi que via le site officiel du Ministère et sur nos pages sur les réseaux sociaux.
Sur le sommet informel du conseil des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OSCE à Potsdam
Nous avons reçu beaucoup de questions relatives à notre participation à la rencontre in-formelle des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OSCE à Potsdam (Allemagne). Je peux vous informer que la Russie sera représentée par Alexeï Mechkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères.
Le dernier événement de ce genre avait eu lieu du 16 au 17 juillet 2010 à Alma-Ata. C'est probablement cette rencontre qui avait permis au gouvernement kazakh d'organiser ensuite avec succès le sommet de l'OSCE à Astana et de faire adopter la déclaration d'Astana soulignant l'attachement des États membres de l'organisation à une sécurité universelle, égale et indivisible fondée sur la coopération.
Je vous rappelle ces faits pour que vous compreniez de quel événement il s'agit.
Nous espérons que la rencontre de Potsdam, présidée par l'Allemagne, sera elle-aussi un succès. Nous sommes prêts à un dialogue ouvert, riche et substantiel, ainsi qu'à une recherche de réponses conjointes aux défis communs.
Félicitations à la sélection olympique de la Fédération de Russie
Le centre de Moscou était aujourd'hui bondé, on a vu beaucoup d'embouteillages. Et pour cause: le Kremlin accueillait la sélection olympique russe de retour de Rio. Nous félicitons nos héros pour leur résultat merveilleux, leur capacité à montrer leur force de caractère - de notre caractère - malgré toutes les pressions et toutes les attaques. Ils ont utilisé toute l'énergie transmise par notre pays. Au nom du collectif du Ministère des Affaires étrangères, nous voudrions les féliciter, leur dire que nous sommes fiers d'eux et de leurs accomplissements.
Sur la décision du Tribunal arbitral du sport concernant la sélection paralympique russe
On ne peut pas rester silencieux sur la décision qui a frappé la sélection paralympique russe. Nous considérons ce verdict du Tribunal arbitral du sport (TAS), qui a privé nos athlètes de Jeux, comme dégoûtant et inhumain. La décision-même et les déclarations des responsables qui l'ont accompagnée frappent par leur manque d'objectivité et leur hypocrisie sans précédent. Il s'agit d'une tentative de priver nos sportifs paralympiques du rêve au nom duquel ils vivent et travaillent.
La décision du TAS contredit absolument les valeurs olympiques et paralympiques fondamentales. Elle punit des athlètes et des gens tout à fait innocents. Qui plus est, cela vise des personnes à mobilité réduite. Toutes ces saletés sont manifestement très éloignées des principes humanistes et des concepts fondamentaux du droit.
Il s'agit, de fait, d'une punition collective pour des crimes non-prouvés. Ces éléments - punition collective et crimes non-prouvés - constituent un non-sens absolu pour les États qui se veulent civilisés et pensent s'inscrire dans le champ du droit. Ici, nous constatons pourtant une combinaison de ces deux facteurs. La mise en œuvre de cette approche se solde par reconnaissance de la peine collective et des punitions non-individuelles en tant que pratique tout à fait normale.
Comme on le sait, la Commission exécutive du Comité international paralympique a décidé de suspendre le Comité paralympique russe en tant que membre de l'organisation suite au rapport mal fondé de Richard McLaren qui avait suscité une réaction ambiguë de la communauté sportive. Certaines fédérations internationales des sports paralympiques telles que la Fédération Internationale des sports en fauteuil et pour amputés, la Fédération mondiale de tir à l'arc, la Fédération équestre internationale et l'Union européenne de para-taekwondo ont soutenu la participation des athlètes russes aux jeux paralympiques de Rio.
La Convention de l'Onu sur les droits des handicapés pose l'égalité des droits des handicapés et des non-handicapés comme un principe fondamental. Dans ce contexte, nous voudrions souligner le fait que contrairement aux olympiens russes, auxquels le TAS a permis de prendre part aux JO de Rio, les paralympiens russes ont été privés de cette possibilité dans le cadre des Jeux paralympiques de 2016, ce qui constitue une violation grave du principe fondamental de la Convention de l'Onu relative aux droits des personnes handicapées.
La Russie est profondément préoccupée par cette limitation inhumaine et sans précédent des valeurs honorables du mouvement paralympique et des droits des athlètes honnêtes que sont les personnes à mobilité réduite. A notre avis, il est évident que la décision du Comité international paralympique contredit le principe de non-discrimination sur tous les plans.
Reste encore à mener une analyse juridique de la décision du TAS concernant la sélection paralympique russe. Nous sommes sûrs que nous apprendrons dans le futur la vérité sur cette décision et ses motivations. Comme d'habitude, nous apprendrons les noms de ceux qui étaient derrière cette initiative et ont élaboré ses mécanismes. Dans un certain temps, on reconnaîtra que tout cela était une erreur. Mais nous connaissons très bien le prix des erreurs actuelles. Tout sera analysé de manière très méticuleuse. Aujourd'hui, on peut déjà assurément souligner que, d'un point de vue moral, cette décision est injuste et inhumaine.
Sur le séisme en Italie
Nous sommes bouleversés par les informations qui nous parviennent d'Italie centrale après le séisme dévastateur qui a frappé la région. Le Président russe Vladimir Poutine a adressé hier ses condoléances au premier ministre italien Matteo Renzi. Il a également souligné la volonté de la Russie d'octroyer toute l'aide nécessaire dans la lutte contre les conséquences de cette catastrophe. Le Gouvernement et le Conseil de la Fédération du Parlement de la Fédération de Russie ont également envoyé des messages similaires.
Le Ministère russe des Situations d'urgence est actuellement disponible pour aider la région italienne sinistrée et pourra envoyer vers l'Italie ses sauveteurs, ses équipements et son aide humanitaire dès que les autorités du pays rédigeront une demande en ce sens.
A l'heure de cette épreuve difficile pour l'Italie et son peuple, nous voudrions exprimer cordialement notre solidarité et notre soutien. Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et souhaitons un rétablissement rapide aux blessés.
La catastrophe naturelle a pratiquement détruit la ville d'Amatrice et causé des dégâts considérables dans d'autres localités. Les informations venues d'Italie nous touchent au cœur, car il s'agit de vies humaines. Qui plus est, l'Italie est un véritable pays-musée à ciel ouvert. Beaucoup de monuments ont subi des dommages. Nous espérons qu'il sera possible de prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir les sites culturels et architecturaux situés dans la zone touchée par le séisme.
Selon nos informations, aucun citoyen russe ne fait partie des victimes du tremblement de terre. L'ambassade russe à Rome a confirmé hier ces informations, que nous allons encore vérifier pendant les jours qui viennent.
Sur les explosions au sud de la Thaïlande
Dans la soirée du mardi 23 août, la ville de Pattani, centre administratif de la province du même nom au sud de la Thaïlande, a subi trois explosions qui ont tué une citoyenne thaïlandaise et blessé 29 personnes. Aucun ressortissant étranger n'a été touché.
Pattani, tout comme les provinces voisines de Yala et de Narathiwat, fait partie de la zone du sud de la Thaïlande, limitrophe de la Malaisie et peuplée principalement par des Malaisiens ethniques de confession musulmane. Depuis 2004, la région est en état d'urgence en lien avec les opérations spéciales des forces de sécurité thaïlandaises contre des groupes séparatistes locaux. Ces dernières années, explosions et fusillades sont monnaie courante dans la région.
La province de Pattani n'est pas une zone touristique et n'attire pas de touristes étrangers, notamment russes. Qui plus est, l'accès des étrangers à certaines régions du sud du pays a été limité. Dans ce contexte, nous confirmons nos recommandations précédentes aux citoyens russes de s'abstenir de déplacements vers les provinces thaïlandaises méridionales.
Par ailleurs, la situation sur le reste du territoire du royaume - y compris dans les zones touristiques traditionnelles - demeure stable et calme. Les autorités thaïlandaises affirment avoir pris toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des ressortissants étrangers qui séjournent dans le pays.
Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et notre compassion à celles des blessés.
Sur la session du Conseil de sécurité de l'Onu consacrée à la situation humanitaire en Syrie
Lundi 22 août à New York, le Conseil de sécurité des Nations Unies s'est de nouveau réuni pour évoquer la situation humanitaire en Syrie. Steven O'Brien, secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, a présenté un rapport aux membres du Conseil.
Malheureusement cette rencontre a démontré encore une fois que certains acteurs internationaux, y compris certains des principaux États occidentaux, tentaient toujours d'utiliser le Conseil à des fins propagandistes et politisées dans le cadre de leurs stratégies déployées ces dernières années pour changer le régime au pouvoir à Damas. Nous avons de nouveau entendu des accusations infondées et manifestement fausses contre les militaires russes qui aident les autorités syriennes à lutter contre la menace terroriste. Nous regrettons que les adversaires de Damas ne concourent en aucune façon à une amélioration réelle de la situation en Syrie et à la promotion du processus de paix.
La Russie a souligné les raisons réelles de la situation humanitaire très compliqué en Syrie, notamment la politique destructrice des pays occidentaux au Proche et au Moyen-Orient qui a provoqué un sursaut d'activité terroriste. Sur le plan pratique, nous avons attiré l'attention sur l'initiative russe visant à introduire une pause humanitaire de 48 heures et appelé à lever toutes les sanctions unilatérales contre Damas qui affectent de manière très négative la situation de la population civile syrienne.
Sur le rapport du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie
Nous saluons la publication du rapport du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Nous constatons que le mécanisme conjoint a fait un travail considérable, malgré la poursuite du conflit intérieur en Syrie et les brefs délais fixés par la résolution 2235 du Conseil de sécurité de l'Onu. Nous espérons que ces circonstances n'ont pas affecté la collecte d'informations complètes, objectives et authentiques.
La Russie va examiner en détail ce rapport et analyser les conclusions des experts, qui prévoient d'organiser mardi 30 août des discussions à ce sujet au Conseil de sécurité de l'Onu. Nous pouvons déjà souligner que nous ne sommes pas étonnés du fait que Daech possède des armes chimiques et les utilise non seulement en Irak, mais aussi en Syrie. La Russie, qui a plus d'une fois évoqué ces faits et prévenu ses partenaires, a même lancé des initiatives en ce sens au Conseil. Aujourd'hui, tout cela est confirmé par ce rapport.
Je répète encore une fois qu'il faut prendre au sérieux tous les faits et conclusions du rapport. Comme vous le savez, nous avons souligné dès le début la nécessité d'analyser tous les cas suspects d'utilisation d'armes chimiques en Syrie dans le cadre d'une enquête internationale indépendante et méticuleuse. Malheureusement, nos partenaires ont évité le sujet pendant longtemps, empêchant de tirer des conclusions univoques et de désigner les coupables.
Comme je l'ai déjà dit, nous avons enfin confirmé la présence chez les forces antigouvernementales - et notamment Daech - de moyens permettant de lancer des attaques chimiques. Tous les faits présentés dans ce rapport doivent être vérifiés, il faut les examiner. Mais il est crucial d'éviter une approche sélective et des conclusions politisées avant qu'on ne dispose d'une image globale. A notre avis, l'enquête doit couvrir tous les cas et pas seulement ceux où les soupçons visent les militaires syriens. De nombreuses accusations d'utilisation d'armes chimiques sont proférées. Il y a malheureusement trop de cas. Dans la seule période de décembre 2015 à août 2016, on déplore 13 attaques au gaz sarin, 12 attaques au gaz moutarde (ou ypérite), 41 attaques au chlore et 61 attaques aux toxines chimiques. Il faut analyser tous ces cas.
Sur la crise migratoire en Europe
Nous suivons attentivement la situation liée à l'arrivée massive en Europe de réfugiés du Proche-Orient et d'Afrique du Nord.
D'après le Bureau européen d'appui en matière d'asile, il serait encore trop tôt pour dire que la crise est réglée malgré une réduction du nombre des migrants arrivant depuis la Turquie. On constate toujours une augmentation inexorable voire systémique du nombre de demandeurs d'asile qui s'introduisent souvent sur le territoire européen en contournant les itinéraires connus par Bruxelles. En juin seulement, l'UE a enregistré plus de 120 000 demandes d'asile - ce qui constitue une croissance de 21% par rapport au mois de mai. Au total, les pays membres de l'UE ont reçu plus de 630 000 demandes d'asile au premier semestre 2016 - soit une hausse de 200 000 en glissement annuel.
Dans le contexte de cet afflux croissant de demandeurs d'asile, les pays membres de l'UE sont toujours incapables d'assurer un traitement est une analyse adéquats de ces requêtes. A la fin du mois de juin, le nombre de demandes non-traitées a atteint 990 000 - un chiffre sans précédent.
La situation relative à la migration illégale vers l'UE via la Méditerranée centrale est elle aussi loin d'être normalisée. Selon les données de l'agence européenne Frontex, en juin 2016 le nombre de migrants arrêtés alors qu'ils essayaient de s'introduire illégalement en Italie par la mer s'est chiffré à plus de 25 000 personnes - une augmentation de 12% en glissement annuel. Au cours des sept premiers mois de l'année, les autorités ont enregistré en Méditerranée centrale plus de 95 000 immigrés illégaux, dont la plupart étaient originaires des pays d'Afrique.
Nous sommes très préoccupés par le nombre croissant des morts de migrants en mer, malgré tous les efforts de l'UE en la matière. Selon l'Organisation mondiale pour les migrations, 3 100 personnes sont mortes au cours des sept premiers mois de l'année contre 1 900 personnes à la même période de 2015.
L'OSCE a un certain potentiel pour la résolution de la crise actuelle des réfugiés en Europe, compte tenu du concept universel de sécurité de l'organisation.
Les structures exécutives de l'UE (secrétariat, Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme, haut-commissaire pour les minorités nationales) pourraient mener une analyse détaillée de la situation aux frontières intérieures et extérieures de l'Union, estimer les risques de l'apparition de conflits et de crises, rédiger des recommandations pour les pays membres intéressés ou encore examiner le respect des libertés et des droits de l'homme dans les pays de transit et d'arrivée des réfugiés.
Nous sommes également préoccupés par le fait que la vague migratoire en UE est intrinsèquement liée aux groupes criminels. Selon Europol et Interpol, les revenus générés par ce secteur atteignent de 5 à 6 milliards de dollars seulement pour l'année en cours. Les immigrés illégaux dans les pays de l'UE pourraient faire l'objet d'exploitation (sexuelle ou de travail, via une participation forcée au trafic de drogues et d'autres formes de crime organisé).
Il est donc évident que le représentant spécial et coordinateur de l'OSCE pour la lutte contre la traite des êtres humains doit prendre des mesures en ce sens. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables des réfugiés. D'après Europol, plus de 10 000 enfants réfugiés ont disparu ces deux dernières années après être arrivés en Europe sans l'accompagnement d'adultes. Il y a quelques mois, nous avons déjà souligné cette question et annoncé ces chiffres lors d'une conférence de presse. Il s'agit des statistiques de ces deux dernières années. Selon nos données, beaucoup de ces enfants ont été victimes d'exploitation sexuelle ou de travail forcé.
Nous voudrions encore appeler nos collègues européens à faire preuve de plus de responsabilité concernant leurs obligations internationales en matière de protection des immigrés et à ne pas diluer l'institut d'asile. Il est également important de créer des canaux supplémentaires de migration légale, d'assurer un contrôle adéquat des flux migratoires et de mettre en œuvre des mécanismes de réadmission. En parallèle, il faut tout faire pour éviter l'introduction dans les pays européens de terroristes parmi les gens qui ont réellement besoin d'aide.
Nous rappelons que la Russie se prononce régulièrement pour la coordination des efforts internationaux visant à éliminer les sources de la crise actuelle des réfugiés, notamment via le processus de paix en Syrie, en Libye et en Irak.
Sur la publication par le journal britannique The Guardian d'un article sur la situation difficile des immigrés
illégaux dans les centres australiens de réfugiés en République de Nauru et sur l'île de Manus
La situation dans les centres australiens de réfugiés sur l'île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et en République de Nauru, décrite par le quotidien britannique The Guardian, est tout sauf nouvelle. L'Australie applique depuis longtemps une politique dure visant à réduire le flux d'immigrés illégaux vers son territoire.
Les organisations spécialisées de l'Onu et les ONG - notamment Amnesty International et Human Rights Watch - critiquent surtout une rétention illimitée des immigrés (selon les données de juillet 2016, Nauru accueille 1 200 personnes), dont beaucoup restent cantonnés dans ces centres depuis plus de trois ans. Qui plus est, les réfugiés parlent de conditions de vie très difficiles.
Dans ce contexte, le dernier Examen périodique universel du Haut-Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme (novembre 2015) a analysé la politique migratoire australienne et souligné sa violation des engagements internationaux en matière de protection des droits des réfugiés.
Sur les relations entre les deux Corées
Malheureusement, force est de constater l'absence de perspectives de normalisation de la situation sur la péninsule coréenne. Il est douteux que la responsabilité n'incombe qu'à une seule partie. Nous estimons que les raisons du contexte actuel sont liées au manque de confiance entre les acteurs et à leur attachement à des arguments musclés. Les démonstrations de force militaire, qui remplacent les tentatives de trouver une solution pacifique négociée, ne favorisent pas non plus la stabilité. Mais vous avez déjà plus d'une fois entendu nos arguments, ils ne sont pas nouveaux.
D'après nous, la décision des États-Unis et de la Corée du Sud de déployer leur système de DCA THAAD au sud de la péninsule a aggravé la situation. L'installation de ces armements en Corée du Sud dépasse manifestement la simple volonté "d'endiguement" de la prétendue "menace nord-coréenne". Nous sommes certains que les États-Unis et leurs alliés continuent de renforcer le potentiel du segment Asie-Pacifique du bouclier antimissile global, ce qui torpillera sans doute l'équilibre géostratégique existant et compliquera la situation sur la péninsule coréenne et dans la région en général.
Comme vous le savez bien, la Russie a plusieurs fois appelé toutes les parties prenantes du dossier coréen à faire preuve de retenue dans le domaine militaire. Cela signifie un renoncement aux tests nucléaires et un arrêt des livraisons superflues d'armes et de matériel militaire vers la péninsule, ainsi que la réduction de l'envergure des exercices militaires qui ont lieu en Corée.
Dans ce contexte, nous sommes très préoccupés par les exercices américano-sud-coréens lancés il y quelques jours et qui ont déjà provoqué une réaction très négative de la Corée du Nord. Nous craignons que compte tenu de l'escalade des tensions sur la péninsule, de tels entraînements militaires puissent faire incendie.
Ces événements confirment la justesse de notre approche, selon laquelle la dénucléarisation de la péninsule coréenne doit se dérouler dans le cadre d'une détente militaro-politique générale en Asie du Nord-Est, d'une baisse de la confrontation militaire et de la création de bases de confiance mutuelle entre les États de la région.
La Russie est toujours prête à un dialogue étroit avec tous les pays intéressés afin d'assurer la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est et d'obtenir un règlement global de la crise nucléaire sur la base de négociations d'égal-à-égal et non-discriminatoires entre toutes les parties prenantes.
Notre position de principe sur les tests nucléaires de la Corée du Nord est très bien connue depuis longtemps et se fonde sur la nécessité de respecter les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu.
Je voudrais notamment souligner que compte tenu de la situation actuelle compliquée sur la péninsule coréenne, toutes les parties intéressées doivent faire preuve de retenue et éviter toute action susceptible d'attiser les tensions.
Sur le lancement de la version bêta du système informatique fédéral d’État de données personnelles
"Logiciel de gestion des situations de crise du Centre des Situations de crise du Ministère russe des Affaires étrangères"
Mardi 30 août, le Département de l'Information et de la Presse et le Centre des Situations de crise vont organiser la présentation officielle - dans ce cas précis le Département n'assumera que des fonctions techniques, et c'est le Centre qui jouera le rôle principal - d'un système spécialisé de recherche, d'information et de notification d'urgence destiné aux ressortissants russes se trouvant à l'étranger en cas de situations de crise et de force majeure susceptibles de menacer leur vie et leur sécurité dans les pays où ils séjournent.
La présentation du système, de ses éléments principaux d'utilisation - notamment l'application mobile du Ministère "Assistant étranger" - et d'un centre d'appels multicanal 24h/24 du Centre des Situations de crise est organisée à l'occasion du lancement de son exploitation d'essai sur le territoire de 144 pays du monde.
L'application mobile "Assistant étranger" est déjà disponible sur le lien publié sur la page d'accueil du site officiel du Ministère. Elle servira à interagir avec nos citoyens à l'étranger, ainsi qu'à les informer sur des situations d'urgence potentielles ou existantes dans leur pays de séjour. Qui plus est, cette application permet d'accéder à toutes les informations concernant les pays, les institutions russes à l'étranger et d'autres renseignements utiles. Elle est conçue pour fonctionner sur la plupart des types d'appareils. Nous recommandons à tous ceux qui envisagent de se rendre à l'étranger pour des raisons différentes - tourisme, affaires, etc. - de télécharger cette application sur leurs smartphones, ordinateurs ou tablettes pour assurer leur sécurité.
L'accréditation pour cet événement s'effectuera sur le site officiel du Ministère.
Sur les commémorations des 75 ans de l'arrivée en URSS du premier Convoi de l'Arctique
Comme nous l'avons déjà indiqué, du 29 août au 1er septembre les régions septentrionales de Russie organiseront des événements commémoratifs consacrés aux 75 ans de l'arrivée en URSS du premier convoi des Alliés baptisé Derviche, transportant des munitions et des aliments.
Je voudrais seulement ajouter qu'Arkhangelsk accueillera dans ce contexte une réunion de la Commission interministérielle pour l'héritage maritime du Collège maritime auprès du gouvernement russe, le VIe Forum international "Pour la gloire de la flotte et de la patrie!", la conférence internationale scientifique et pratique "Le Lend-Lease et les Convois de l'Arctique", une séance du Conseil pour la coopération entre la jeunesse des villes portuaires maritimes et fluviales, ainsi que les grands rassemblements "Couronne maritime de gloire" et "Salutations au brise-glace Krassine, participant aux convois alliés".
Sur la décision de considérer l'activité de certaines ONG américaines comme indésirable en Russie
Lundi 22 août, conformément à la loi fédérale russe №129-F3 du 23.05.2015 "Sur la modification de certains actes législatifs de la Fédération de Russie", le Ministère russe de la Justice a élargi la liste des organisations non-gouvernementales étrangères et internationales dont l'activité sur le territoire russe était considérée comme indésirable selon la décision du vice-procureur général de la Fédération de Russie. Il s'agit du Media Development Investment Fund et de l'International Republican Institute, basés aux États-Unis.
Les propos du Département d’État américain faisant savoir sa "préoccupation profonde" quant au caractère indésirable de l'activité de le Media Development Investment Fund et de l'International Republican Institute sur le territoire russe nous laissent franchement songeurs. Tout le monde sait parfaitement ce que font ces organisations officiellement indépendantes de l’État américain à l'international.
Sous prétexte d'aider le développement de liens scientifiques, sociaux et médiatiques via des bourses, ces organisations agissent sous les ordres de Washington en utilisant les fonds considérables octroyés par le budget fédéral américain. Les slogans de promotion de la démocratie et de ses valeurs cachent en réalité une ingérence dans les affaires d’États étrangers, visant à déstabiliser leur politique intérieure si cette dernière n'est pas conforme aux critères établis par Washington.
Ainsi, l'International Republican Institute reçoit son financement directement du National Endowment for Democracy - déjà indésirable en Russie - et de l'USAID, une structure d’État.
Le Media Development Investment Fund suit le même schéma.
Ces décisions russes - notamment concernant le caractère indésirable des activités de certaines organisations sur le territoire du pays - sont tout sauf extraordinaires. Il s'agit de mesures tout à fait ordinaires car dans n'importe quel pays, toute ingérence étrangère dans la politique intérieure attire une attention particulière de structures d’État.
Nous saluons les activités des ONG qui veulent vraiment travailler de manière constructive et en conformité avec leurs objectifs fixés. Se tenir aux objectifs affichés est primordial. Mais toute tentative de nous imposer de l'étranger des moyens de "développer et de renforcer la démocratie" est, pour nous, absolument inacceptable.
Sur la violation de l'espace aérien suédois par l'aviation de l'Otan
Ce dossier n'est pas directement lié à la Russie puisque ses principaux protagonistes sont la Suède et l'Otan, mais le sujet ne nous est pas étranger. Le fait est qu'encore récemment, après l'apparition d'informations similaires sur de prétendues violations de l'espace aérien suédois par la Fédération de Russie, les journalistes nous posaient beaucoup de questions. Nous avons donc remarqué les informations publiées par les forces armées suédoises début août concernant l'introduction dans l'espace aérien du pays d'un avion stratégique de renseignement américain RC-135U. Cette nouvelle n'a suscité aucune réaction de la part des médias nationaux et des experts locaux, bien qu'il s'agisse du sixième cas - au moins - enregistré et rendu public de violation de la frontière du pays impliquant des unités aériennes des États membres de l'Otan depuis le début de l'année. Stockholm n'a pas du tout fait preuve de la même impassibilité ces dernières années quand la presse suédoise publiait des informations sur des cas isolés de violations de la frontière par des avions russes au-dessus de la mer Baltique.
Le renforcement des activités militaires de l'Otan et des États-Unis dans la région baltique considérée traditionnellement comme une zone de paix et de stabilité, qui plus est de telles incursions dans l'espace aérien de la Suède - pays ne participant à aucune alliance militaire - ne favorisent en aucune façon la création et le maintien d'un climat de coopération et de sécurité au nord de l'Europe. Ces pratiques sont regrettables et inquiétantes.
Sur la saison estivale en Crimée
Parmi les réactions et autres publications récentes des médias étrangers, nous avons remarqué un article de l'agence Reuters consacré à la situation en Crimée. Je ne vais pas vous le lire. La publication contient beaucoup de propos qui contredisent les faits. Il ne s'agit pas d'un travail journalistique mais plutôt d'un certain portrait créé sur commande. A notre avis, les journalistes ont écrit ce qu'on leur a dit d'écrire. Cet article parle notamment d'un prétendu "échec de la saison touristique". Mais on ne peut pas décrire ce qui n'existe pas. Le sujet du développement du tourisme en Crimée n'est pas tout à fait le nôtre. Il existe des structures et des organes spécialisés qui s'occupent du domaine touristique, et des administrations régionales et locales capables de fournir toutes les informations détaillées. Ainsi, moi, je ne peux pas ne pas commenter cette publication.
Selon les statistiques, la Crimée reste toujours l'un des lieux préférés et les plus demandés des Russes et des Ukrainiens - ce qui ne plaît évidemment pas à tout le monde. Et le nombre de touristes ne cesse de croître d'année en année.
La péninsule a déjà accueilli près de 4 millions de touristes en 2016, soit 26,1% plus que sur toute l'année 2015. Ce chiffre devrait atteindre 6 millions d'ici la fin de l'année. Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais je suis certaine qu'il est réaliste.
Cet été j'ai été en Crimée, et je veux dire que cette tendance est parfaitement visible.
Le taux de remplissage moyen des maisons de repos et des hôtels criméens se chiffre à 75%.
Le nombre de touristes ukrainiens ne cesse de croître. Le nombre de voyageurs ayant traversé la frontière ukrainienne a été multiplié cette année par 2,2 pour atteindre 1,7 millions de personnes selon les données du 1er août. On constate également une hausse de la part des touristes ukrainiens, qui représentent aujourd'hui 15% de tous les visiteurs de la péninsule contre 10% en 2015. Nous ne comprenons donc pas comment Reuters a pu tirer ses conclusions sur "l'échec de la saison touristique" avec de telles données - peut-être que les journalistes n'en avaient pas?
On ne sait pas non plus comment notre collègue de Reuters est arrivé à jauger la fréquentation des restaurants. Oui, l'article en parle également. Il les a probablement visités l'après-midi, quand tout le monde était à la plage. Comme la Crimée se trouve au bord de la mer, de nombreuses personnes préfèrent se baigner pendant la journée. Mais il est pratiquement impossible de trouver une table non-réservée dans la soirée à Alouchta.
Les données concernant le flux de transport sont également importantes. L'aéroport de Simféropol a déjà accueilli 3,5 millions de passagers, soit 5% de plus qu'en 2015, année record. Tout cela sans compter la fin du mois d'août, septembre et octobre, qui sont des mois assez actifs.
Nous pouvons même suivre ensemble la saison touristique en Crimée, je suis prête à ouvrir une rubrique spéciale. Nous pouvons faire des reportages, parler des restaurants criméens. Si Reuters en a besoin, nous le ferons.
Réponses aux questions:
Question: On a pu lire que lors de sa dernière visite à Moscou, le secrétaire d’État américain John Kerry avait proposé à la Russie un leadership total dans le règlement du conflit du Haut-Karabagh en échange de concessions sur la Syrie. Est-ce vrai?
Réponse: Que les États-Unis nous offrent un leadership complet? Je n'y crois pas. Cela serait une percée.
Question: Le 20 août, les douaniers de Sakhaline ont arrêté sur l'île de Kounachir un Japonais arrivé dans le cadre du programme d'échanges sans visa entre la Russie et le Japon. Il est accusé d'avoir voulu faire sortir de la Russie 4 millions de yens qu'il n'avait pas déclaré selon les règles douanières en vigueur. Nous voudrions nous renseigner sur la situation. Des informations indiquent qu'il aurait été reconnu innocent. Est-ce le cas? Quand pourra-t-il revenir au Japon?
Réponse: D'après nos informations, une inspection douanière menée le 20 août à Ioujno-Sakhalinsk (île de Kounachir) a révélé une somme considérable d'argent non-déclaré appartenant à un Japonais d'un groupe de voyageurs sans visas. Actuellement, il fait l'objet des procédures d'enquête prévues par la législation russe. Le 22 août, le Ministère russe des Affaires étrangères a envoyé une note sur ce sujet à l'Ambassade japonaise à Moscou.
Nous allons évidemment suivre ces événements et commenter la situation autour de ce citoyen japonais.
Question: Des consultations russo-japonaises vont avoir lieu demain au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères pour préparer la signature d'un accord de paix entre la Russie et le Japon. Le mois prochain, le président russe Vladimir Poutine devrait rencontrer le premier ministre japonais Shinzo Abe. Peut-on s'attendre à des progrès dans la résolution du problème des territoires litigieux?
Réponse: En ce qui concerne les visites et les négociations du chef de l’État, comme vous le savez, ces questions sont une prérogative du service de presse de l'Administration du président russe. Quant aux négociations du 26 août réunissant Igor Morgoulov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, nous espérons qu'elles seront productives et constructives. La dernière rencontre des leaders des deux pays a donné une impulsion à ce processus. Le travail est en cours.
Question: Quelle est la position du Ministère russe des Affaires étrangères sur les événements dans la ville syrienne de Hassaké, théâtre d'affrontements entre les Kurdes et les forces syriennes depuis plusieurs jours? Pouvez-vous ajouter quelque chose à la position du Ministère concernant l'opération turque à la frontière syrienne? Est-ce que Moscou était au courant des plans d'Ankara? Cette opération illustre-t-elle un changement des rapports de force?
Réponse: Concernant la deuxième partie de votre question, je peux vous dire que le Ministère a publié hier un communiqué très détaillé sur ce sujet. Il vaut mieux donc que vous le consultiez.
Quant à Hassaké, nous sommes très préoccupés par l'escalade rapide de la violence entre les forces gouvernementales et les milices kurdes dans cette ville du nord-ouest de la Syrie. La Russie entreprend des efforts actifs par de nombreux canaux afin d'arrêter le plus rapidement possible ces affrontements fratricides qui font le jeu des terroristes et de ceux qui veulent détruire la Syrie de manière définitive. Nous appelons les parties à faire preuve de retenue, de sagesse et de responsabilité politique, à comprendre que tous les patriotes syriens - arabes ou kurdes - ont aujourd'hui un seul ennemi commun: les terroristes. C'est le terrorisme qui est l'ennemi commun de tous les Syriens. Ces derniers ont également un objectif commun: sauver la Syrie, leur patrie où tous les citoyens - indépendamment de leurs origines religieuses ou ethniques - doivent se sentir à l'aise, participer à la gestion de l’État de manière égalitaire, avoir la possibilité de mettre en œuvre leurs intérêts et leurs droits légitimes.
Question: Hier, les autorités polonaises ont décidé de ne pas rétablir la coopération frontalière avec la région de Kaliningrad pour des raisons de sécurité. La Pologne affirme que cela "aide à éviter des provocations de la partie russe".
Réponse: En ce qui concerne la coopération frontalière, je dois d'abord préciser ces informations auprès de nos experts qui s'occupent de cette question et des relations russo-polonaises. Mais si ce que vous dites est avéré, si la coopération a été limitée à cause de "provocations éventuelles", ce serait assez étrange. Et partial. Je ne comprends pas non plus de quelles prétendues "provocations russes" il s'agit. Nous avons une base législative très développée dans ce domaine. Encore une fois, je ne peux pas pour le moment donner mon opinion car je dois prendre connaissance des détails mais il serait dommage que la coopération frontalière, qui a fait l'objet de tellement d'attention ces dernières années, soit interrompue.
Question: Le Ministère polonais de la Défense a réagi aux contrôles-surprise de l'opérationnalité des troupes russes. Il a même organisé une réunion spéciale à ce sujet.
Réponse: Mais la Pologne organise aussi des contrôles similaires, n'est-ce pas? Ils ont lieu dans n'importe quel pays, y compris dans le nôtre. Franchement, il s'agit d'une pratique tout à fait normale.
Question: Toujours sur la question polonaise, je voudrais citer Mariusz Błaszczak, ministre polonais de l'Intérieur, qui affirme que la "suspension de la coopération frontalière avec la région de Kaliningrad signifie que les provocations constantes russes sur le territoire polonais seront désormais impossibles". Dans le même registre, je peux également citer ses propos sur la ville de Pieniężno, où se trouve le monument du général soviétique Tcherniakhovski. Selon Mariusz Błaszczak, on a installé à Pieniężno le monument d'un "bandit, le général soviétique Tcherniakhovski", et un "groupe de Russes a nettoyé ce monument et organisé une manifestation près de ce dernier. Des provocations de ce genre seront impossibles après la suspension de la coopération frontalière". Pouvez-vous commenter ses propos sur "le bandit", comme il appelle le général soviétique Tcherniakhovski?
Réponse: Dans le cadre du développement normal des relations bilatérales, ce sont de tels propos qui constituent la provocation la plus importante. C'est de la provocation, rien de plus.
Question: Le président Vladimir Poutine se rendra en septembre en Chine pour prendre part au sommet du G20, en marge duquel devrait avoir lieu sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping. D'après vous, comment cette rencontre pourrait-elle influer sur les relations russo-chinoises? Et quelle est la position russe sur le fait que ce sommet se déroule en Chine? Pourrait-il pousser en avant le développement de l'économie mondiale?
Réponse: Vous venez apparemment assez rarement chez nous. Nous avons une règle qui distingue nos conférences de celles du Ministère chinois des Affaires étrangères: nous nous abstenons de commenter les rencontres bilatérales du président russe, les sommets auxquels il participe, etc. C'est la fonction du service de presse de l'Administration du président russe. C'est à eux qu'il vous faut vous adresser si vous voulez vous informer sur le calendrier du président russe, ainsi que sur les perspectives et les résultats des sommets auxquels il prend part. Pour ma part, je peux dire que les relations russo-chinoises ont atteint un niveau sans précédent. Nous espérons qu'elles se maintiendront à ce niveau et se développeront de manière dynamique.
Question: Aujourd'hui, les autorités turques ont donné des explications concernant l'opération "Bouclier de l'Euphrate", notamment sur sa durée et les délais de retrait des troupes. Est-ce que cela a permis de dissiper l'inquiétude de la partie russe?
Réponse: Comme je l'ai déjà dit, nous avons publié hier un communiqué sur ce sujet, qui explique tout de manière parfaitement claire. Tous les commentaires d'Ankara sont pris en considération. Concernant l'opération militaire, elle est analysée par le Ministère russe de la Défense.
Question: Certains experts estiment que les États-Unis pourraient tenter de créer des zones d'exclusion aérienne en Syrie sans l'approbation du gouvernement syrien, sous prétexte de défendre leurs forces spéciales et certains groupes kurdes dans plusieurs régions.
Réponse: On a déjà connu ce genre de scénario, notamment en Libye. Tout le monde a vu le résultat. Nous n'avons pas oublié qui était à l'origine de tout cela. Qui plus est, ils avaient même obtenu l'approbation du Conseil de sécurité de l'Onu. Après la mise en place de ces zones, il est devenu très difficile de parler de l'utilité des actions unilatérales qui avaient poussé à les créer. Concernant les actions sur le territoire syrien, elles doivent se dérouler en conformité avec le droit international et en coordination avec Damas sur la base des décisions qui ont été adoptées dans le cadre du Groupe international de soutien à la Syrie et du Conseil de sécurité de l'Onu. C'est la seule base qui permettra aux initiatives visant à combattre le terrorisme et à obtenir une solution pacifique au conflit syrien d'être efficaces et d'atteindre notre objectif commun: le règlement du conflit syrien.
Question: Concernant l'opération turque sur le territoire syrien, le communiqué publié hier par le Ministère russe des Affaires étrangères sur son site souligne son "inquiétude" et sa "préoccupation". C'est une réaction assez douce. Pourquoi? Pouvez-vous indiquer l'heure précise des négociations entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain John Kerry?
Réponse: Je peux vous dire que les négociations devraient avoir lieu dans la matinée, avant midi. Je pense que nous pourrons fournir des informations plus détaillées à ceux qui veulent participer à la couverture de cet événement un peu plus tard.
Concernant la nature de notre réaction, à mon avis, si le Ministère est préoccupé cela peut déjà susciter de l'inquiétude chez de nombreuses personnes. C'est pourquoi ces formules ne sont pas aussi "douces" que vous les décrivez. La préoccupation prévoit quand-même une réaction réfléchie et analysée.
Question: Les relations russo-turques ont repris la voie de la normalisation. L'agence Sputnik a récemment repris son travail en Turquie. Toutefois Toural Kerimov, rédacteur en chef de l'antenne locale de l'agence, fait toujours l'objet d'une interdiction de séjour. Comment pouvez-vous commenter la situation? Et que pensez-vous de la déclaration récente de la Turquie concernant sa volonté de rejoindre l'UEEA?
Réponse: La normalisation des relations ne peut pas se faire en un jour mais par contre, il est très facile de ruiner des rapports. En pratique, cela ne prend que quelques heures. En cas d'erreurs de ce genre, le rétablissement des relations au niveau d'avant-crise peut prendre énormément de temps. C'est le processus dont nous nous occupons actuellement.
Récemment, on m'a demandé pourquoi la Fédération de Russie avait si rapidement pardonné la Turquie. D'autres demandent au contraire pourquoi le processus de normalisation se déroule si lentement. C'est une question de perspective. Cette question ne doit pas avoir de limites temporelles. Ici, ce qui importe n'est pas le temps mais un rétablissement global qui prendrait en considération les intérêts mutuels et la situation réelle, qui ne dépendrait pas de la conjoncture du moment mais permettrait de résoudre les questions les plus compliquées de manière constructive. C'est ce que nous voulons obtenir.
En ce qui concerne les questions encore non-résolues dans le domaine de l'information et de la presse entre la Russie et la Turquie, comme vous le savez, le Ministère russe des Affaires étrangères a fait beaucoup d'efforts pour débloquer notamment le travail de l'agence Sputnik. Nous voudrions que les parties prennent en considération le facteur temps car il faut faire tout cela le plus rapidement possible.
Question: Quelle est votre réaction aux accusations du Ministère iranien de la Défense, qui affirme que Moscou a dévoilé des informations sur l'utilisation de la base militaire de Hamadan sans avoir prévenu la partie iranienne?
Réponse: Tout d'abord, il faut établir si cette déclaration est officielle et reflète le point de vue commun des autorités du pays.
Nous maintenons des contacts avec Téhéran et les responsables du pays à tous les niveaux. Nos actions sont concertées. En ce qui concerne des propos de certains hommes politiques ou représentants d'une élite, il faut tout d'abord comprendre s'ils reflètent la position officielle du pays. Nous nous sommes habitués à agir de manière officielle.
Question: Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont entendus à Saint-Pétersbourg pour lutter contre le terrorisme sur le territoire syrien. Le Ministère russe des Affaires étrangères a pourtant souligné hier sa préoccupation concernant la situation dans le pays suite au lancement des opérations militaires turques au nord de la Syrie. N'y a-t-il pas de contradiction?
Réponse: Non. Le communiqué indique clairement par quoi nous sommes préoccupés: par le fait que toutes les actions - comme je viens de le souligner - doivent se dérouler dans le cadre de la base déjà existante du droit international. Il s'agit notamment des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu et des décisions du Groupe international de soutien à la Syrie. Tout est parfaitement clair. Il ne s'agit pas d'une déclaration politique "douce" ou "pas douce", comme il a été déjà indiqué, mais d'une compréhension claire des moyens nécessaires pour procéder à des actions de ce genre. Nous avons présenté une vision objective.
Comme vous l'avez remarqué avec justesse, suite à la relance des relations bilatérales en rapport avec les initiatives d'Ankara en ce sens, ces questions ont été débattues au sommet et par d'autres représentants officiels russes et turcs. Notre dialogue concerne également la lutte contre le terrorisme dans la région. Nous maintenons ce dialogue. Nous estimons que c'est la bonne voie dans le processus de négociations et dans nos contacts, bien que des divergences puissent apparaître.
Question: Concernant les accusations iraniennes: vous avez dit qu'il ne s'agissait pas d'une déclaration officielle?
Réponse: Non, j'ai dit que pour travailler nous nous basons sur les déclarations officielles de Téhéran et concertons nos actions avec les autorités officielles du pays. Des déclarations isolées de certains hommes politiques sont toutefois possibles. Mais c'est naturel.
Question: Le Conseil de sécurité de l'Onu prévoit d'examiner une résolution condamnant les actions de la Corée du Nord après une série de lancements de missiles. Quelle est la position russe? Est-il nécessaire, selon vous, d'introduire des sanctions supplémentaires?
Réponse: J'ai déjà évoqué en détail notre position sur les lancements nord-coréens. Les sanctions sont une prérogative du Conseil de sécurité de l'Onu qui examine tous les faits et organise des consultations avant de prendre des décisions adéquates.