Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lord d'une conférence de presse conjointe à l'issue de son entretien avec le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, Paris, mercredi 29 juin 2016
Mesdames et Messieurs,
Je suis très satisfait de notre entretien, qui s'est déroulé dans l'atmosphère constructive caractéristique des relations franco-russes. Il s'agit de notre troisième rencontre en quelques mois. J'apprécie le dialogue constructif que nous développons avec le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault pour promouvoir la coopération entre la Russie et la France aussi bien dans les affaires bilatérales que sur des problèmes régionaux et internationaux.
Nous avons évoqué le calendrier des contacts bilatéraux, notamment au sommet et à haut niveau entre les présidents de nos parlements. Des deux côtés, nous voulons surmonter les tendances négatives à l’œuvre sur le plan commercial et économique. Toutes les raisons sont réunies pour entreprendre ensemble des démarches qui feraient revenir notre coopération dans ces domaines vers un développement progressif.
Nous apprécions grandement notre coopération dans le secteur des hautes technologies, notamment la construction aéronautique, l'énergie nucléaire, la construction automobile, la sophistication des transports et de l'infrastructure pétrolière et gazière. Des projets concrets sont mis en œuvre dans ces domaines avec la participation des milieux d'affaires russes et français.
Cette année, nous célébrons le 50e anniversaire de notre coopération dans le domaine spatial. Le lancement du vaisseau Soyouz transportant le cosmonaute français Thomas Pesquet est prévu le 16 novembre 2016 depuis le cosmodrome de Baïkonour.
Nos liens culturels et humains sont très étroits et traditionnellement riches. En ce moment, nous mettons en œuvre le programme de l'Année du tourisme culturel. L'an prochain, nous célébrerons le 300e anniversaire de la visite de Pierre le Grand en France. A cette date sera associée une série d'événements, notamment une exposition à Versailles des collections de l'Ermitage et des musées du Kremlin de Moscou. Cet automne, sur le quai Branly de Paris, sera inauguré le Centre spirituel et culturel russe.
Concernant les affaires internationales, nous avons accordé beaucoup d'attention à la nécessité d'une lutte plus efficace contre le terrorisme. Les horribles attentats commis à l'aéroport d'Istanbul méritent la plus ferme des condamnations. Nous comprenons que les condamnations ne suffisent pas pour combattre le terrorisme et qu'il faut engager des actions concrètes pour unir les efforts de tous les États dans la lutte contre ce mal. Avec nos amis français, nous apporterons une contribution à ce travail. En particulier, le groupe franco-russe pour combattre les nouveaux risques et défis a repris son activité, qui a pour mission première de rechercher des solutions plus efficaces dans la lutte antiterroriste.
Comme l'a déclaré mon homologue français Jean-Marc Ayrault, nous avons également échangé nos points de vue sur la situation dans la région du Haut Karabagh. Nos deux pays et les USA sont coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE et établissent régulièrement des contacts avec les dirigeants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan. En automne 2015, ils se sont tenus avec la participation du Président français François Hollande et il y a quelques jours le Président russe Vladimir Poutine a invité ses homologues arménien et azerbaïdjanais à se réunir pour évoquer les moyens permettant d'augmenter la sécurité dans la région et créer les conditions pour faire avancer le processus de paix.
Nous avons également parlé de la Syrie, dossier sur lequel existe aussi un format international où la Russie et la France sont représentées et coopèrent étroitement: le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS). Éradiquer le foyer terroriste sur le territoire syrien, assurer un plus large accès de l'aide humanitaire aux civils vivant dans la zone de conflit et contribuer au processus de paix par l'intermédiaire d'un dialogue intersyrien réellement inclusif est toujours aussi urgent.
Nous sommes d'accord pour dire que des efforts supplémentaires de la communauté internationale sont nécessaires dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, l'Initiative de paix arabe et les Principes de Madrid restent la base du processus de paix au Proche-Orient. Nous avons apprécié la réunion ministérielle sur le conflit israélo-palestinien qui s'est tenue début juin à Paris. Nous avons échangé nos points de vue sur le rapport actuellement en préparation par les représentants du Quartet pour le Moyen-Orient (Russie, USA, Onu, UE), qui met l'accent sur le processus de paix.
Parmi d'autres questions liées aux crises et conflits régionaux, nous avons évoqué le processus de paix en Libye, la situation au Liban et dans la région Sahara-Sahel où la France s'efforce de contribuer à la normalisation de la situation dans plusieurs États.
Nous avons aussi abordé les relations UE-Russie. Nos collègues français ont partagé avec nous leur avis sur le récent référendum britannique. Nous estimons que ce vote est une affaire purement intérieure du Royaume-Uni et de l'UE. Mais, évidemment, nous suivons attentivement l'évolution de la situation car nous ne sommes pas indifférents quant à son impact éventuel sur les relations de la Russie aussi bien avec l'UE qu'avec le Royaume-Uni.
Nous avons ensuite évoqué les relations entre la Russie et l'Otan. On étudie actuellement la possibilité d'organiser un Conseil Otan-Russie au niveau des représentants permanents à Bruxelles. Nous suivrons le déroulement des discussions au prochain sommet de l'Otan à Varsovie, notamment dans le contexte de l'accroissement de l'activité militaire de l'Alliance et de la présence militaire de l'Otan près de nos frontières. Cela concerne également le problème de la défense antimissile. Nous partons du fait que ces questions doivent être discutées franchement et considérons que chacun doit expliquer ses actes et chercher à comprendre l'autre. Mais, indiscutablement, la situation des relations entre la Russie et l'Otan n'est pas réjouissante. Vous savez que ces contacts ont été pratiquement gelées par l'Alliance.
Bien sûr, nous avons parlé de l'Ukraine. Il y a également un cadre, le "Format Normandie", où la Russie et la France coopèrent étroitement au niveau des ministères des Affaires étrangères et des conseillers des dirigeants des quatre pays membres. Ces derniers jours et semaines, les contacts sont devenus plus actifs pour faire avancer la mise en œuvre des Accords de Minsk, y compris compte tenu des décisions prises le 2 octobre 2015 à Paris pendant la réunion des présidents de la Russie Vladimir Poutine, de la France François Hollande, de l'Ukraine Petro Porochenko et de la Chancelière allemande Angela Merkel. La condition primordiale du progrès, tel que c'est écrit dans les Accords de Minsk et dans les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, est l'établissement d'un dialogue direct entre Kiev et le Donbass sur toutes les questions relatives au processus de paix.
Nous avons convenu de poursuivre le dialogue sur tous les sujets évoqués aujourd'hui, ainsi que sur d'autres questions. Je voudrais remercier le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault pour son invitation et l'organisation de cet entretien ouvert, très utile et mené dans un esprit de confiance. Nous voyons que la France pense stratégiquement et regarde vers l'avenir de la coopération paneuropéenne. Nous l'apprécions.
Question: Aujourd'hui, tout le monde aspire au cessez-le-feu en Syrie: la Russie, les Américains et différents groupes de soutien à la Syrie. Quel maillon manque à cette chaîne pour y parvenir réellement? La Russie, en tant qu'actrice de ce processus, est-elle prête à exercer une forte pression sur l'une ou l'autre des parties pour parvenir au plus vite à un cessez-le-feu? Pensez-vous que la reprise des relations avec la Turquie pourrait accélérer ce processus?
Sergueï Lavrov: En ce qui concerne le cessez-le-feu, tout est théoriquement très simple et clair. Malheureusement, cette simplicité ne s'est pas encore traduite en pratique. Dans le cadre du GISS et du Conseil de sécurité des Nations unies, nous nous sommes entendus pour que le cessez-le-feu soit établi sur tout le territoire syrien à l'exception des régions contrôlées par Daech et le Front al-Nosra. C'est écrit clairement noir sur blanc dans la résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Quand cette décision était en cours d'examen, on a fait remarquer que des troupes de l'"opposition patriotique" qui a adhéré au cessez-le-feu se trouvaient sur les territoires contrôlés par les terroristes, notamment le Front al-Nosra. A cette étape, nos collègues américains, y compris mon ami le Secrétaire d’État américain John Kerry, ont publiquement appelé tous les opposants non extrémistes à quitter les positions occupées par le Front al-Nosra et Daech. C'était fin janvier-début février. Il n'y a eu aucun progrès depuis. Étant donné que les opposants patriotiques ne quittent pas les territoires contrôlés, on nous propose de marquer une pause et de ne pas employer la force contre le Front al-Nosra et d'autres terroristes. Mais l'expérience nous a déjà montré à quoi menaient de telles "trêves": le Front al-Nosra et ses semblables recevaient alors un nouveau soutien en combattants, en armes et en argent, leur permettant ainsi de renforcer leurs positions en Syrie. C'est pourquoi ma réponse à votre question est très simple: pour que le cessez-le-feu soit instauré sur tout le territoire syrien, il faut que nos partenaires aux USA, dans la région et en Europe qui exercent une influence sur les opposants ayant rejoint le cessez-le-feu les poussent à quitter les positions du Front al-Nosra. Sinon, cela pourrait donner l'impression que cette situation est utilisée pour préserver d'une certaine manière le Front al-Nosra, pour ne pas l'inquiéter, ce qui est évidemment une grossière violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unie qui ont désigné le Front al-Nosra et Daech comme des organisations terroristes.
Nous avons évoqué plusieurs fois ce sujet avec nos collègues américains car les USA sont à la tête de ce qu'on appelle la "coalition antiterroriste". Ils affirmaient qu'ils régleraient sous peu cette question et retireraient des positions terroristes les troupes avec lesquelles ils collaborent. Cela n'a toujours pas été fait. Nos contacts avec les Américains à ce sujet se poursuivent aussi bien en visioconférence entre la base aérienne russe de Hmeimim et Amman, où se trouvent des représentants américains, que dans le cadre du Centre commun de réaction rapide aux incidents qui officie à Genève avec la participation des militaires russes et américains.
En ce qui concerne la capacité de la Russie à exercer une pression sur le régime syrien pour qu'il respecte le cessez-le-feu, nous avons convenu de travailler collectivement. Les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies appellent clairement tous les pays sans exception ayant de l'influence sur telle ou telle partie syrienne à les pousser à coopérer pour remplir les trois aspects du plan de paix: la fin des activités militaires, la livraison de l'aide humanitaire et le processus de paix, ainsi que les réformes politiques.
En ce qui concerne la fin des activités militaires, je vous ai déjà expliqué quels étaient les principaux problèmes. J'espère que les opposants qui coopèrent avec nos partenaires quitteront enfin les territoires contrôlés par les terroristes pour qu'il n'y ait plus aucun prétexte de ne pas mener efficacement la lutte antiterroriste.
En ce qui concerne l'aide humanitaire, l'an dernier seulement deux ou trois des 18 régions assiégées ont pu en bénéficier. Cette année, 16 de ces 18 régions ont pu recevoir l'assistance des organisations humanitaires de l'Onu. En l'occurrence, le jeu ne peut pas être à sens unique. Il reste encore des problèmes pour fournir une aide humanitaire à Foua et à Kefraya, contrôlées par l'opposition. Ceux qui ont affaire à cette opposition n'arrivent pas, depuis des mois, à la convaincre d'ouvrir l'accès humanitaire à cette région. Le poste de contrôle turco-syrien de Qamichli reste fermé, or d'après l'Onu la situation humanitaire sur de vastes territoires syriens dépend directement de son fonctionnement.
Troisième aspect: le processus de paix. Nous répondons de l'approche constructive des acteurs avec lesquels nous coopérons en Syrie, c'est-à-dire le Gouvernement et tous les opposants sans exception. Le gouvernement syrien, les groupes d'opposition de Moscou et du Caire ainsi que l'opposition intérieure sont tous prêts à participer et ont déjà participé à Genève aux négociations sous l'égide de l'Onu. Tous ces groupes ont présenté leurs idées concrètes sur la transition politique dont parlent tous nos partenaires, et qui est fixée dans les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies comme une condition nécessaire pour avancer. On y souligne que les paramètres de la transition doivent être convenus entre le Gouvernement et tout l'éventail de l'opposition. L'opposition avec laquelle nous travaillons (j'en ai énuméré les groupes) a soumis ses propositions de réformes politiques. Par contre, l'opposition qui se fait appeler "Haut comité des négociations" adopte une position complètement non constructive et catégorique, refuse absolument de s'asseoir à la même table que d'autres parties du dossier syrien et n'apporte aucune proposition. Tout ce qu'ils disent, est qu'ils n'ont pas l'intention de s'entendre avec qui que ce soit tant que le Président syrien Bachar al-Assad sera au pouvoir. A cause de cela, le cycle des négociations de janvier a été annulé et reporté au mois d'avril. Il n'a pas été inutile. Du moins, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura et son équipe ont établi une liste relativement concrète des thèmes sur lesquels il fallait continuer d'avancer après cette rencontre. Puis la situation s'est bloquée. On nous avait promis qu'un nouveau cycle de négociations se déroulerait fin mai, puis on a parlé du mois de juin. Aujourd'hui on nous promet juillet, tout simplement parce qu'un groupe d'opposition, à savoir le Haut comité des négociations, avance des exigences absolument indéfendables et transgressant les positions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous sommes pourtant prêts à coopérer avec ce "Haut comité". Nous l'avons invité à Moscou. Certains membres de ce groupe sont venus. La Russie est prête à poursuivre le travail avec eux mais les USA et d'autres membres de la coalition américaine exercent la principale influence sur ce groupe.
Je pense que tout le monde doit tenir ses promesses. Nous – je suis prêt à en rendre compte et viens de le faire – faisons tout ce qui a été convenu. Bien sûr, nous sommes prêts à coopérer comme nous le faisions jusque-là, avec les USA, la France, d'autres pays européens et, évidemment, avec tous les États de la région sans exception. Nous avions des contacts très étroits avec les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar. Jusqu'à récemment, c'était le cas aussi avec la Turquie avant qu'ils ne soient interrompus pour des raisons évidentes. Aujourd'hui que le Président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté des excuses au Président russe Vladimir Poutine, ils ont évoqué par téléphone les possibilités de normalisation de nos relations et je pense qu'avec nos partenaires turcs nous rétablirons la coopération dans la recherche des solutions à la crise syrienne. D'autant que, comme vous le savez, beaucoup de choses dépendent de la Turquie. Les décisions de l'Onu appellent tous les pays à aider les puissances régionales à empêcher l'utilisation de leur territoire par les terroristes et ceux qui alimentent les terroristes en Syrie, en Irak et ailleurs. Le Conseil des ministres de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire, dont la Russie et la Turquie sont membres, se réunira à Sotchi après-demain. C'est en tant que présidents que nous l'accueillons dans la capitale du sud de la Russie. Une réunion bilatérale y est préalablement prévue à la demande de mon homologue turc et nous y évoquerons cette question.
Question: Les négociations de Genève n'ont pas permis de lever tous les obstacles. Pensez-vous que le représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura pourrait vous aider dans cette voie?
Sergueï Lavrov: J'ai déjà répondu en détail à cette question. Premièrement, je ne peux pas dire que la réunion du GISS en mai à Vienne n'a rien apporté. Elle a permis d'aboutir à un accord très important sur la manière d'approcher le problème des violations du cessez-le-feu. Deuxièmement, cette réunion a fixé la promesse du représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura de réunir un nouveau cycle de négociations entre les parties syriennes avant fin mai. J'ai expliqué ce qui s'était produit: il a reporté ce cycle à juin. Aujourd'hui on parle déjà de juillet, dans le même temps on mentionne une certaine date symbolique – le 1er août. Elle est mentionnée par ceux qui disent que la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies établit que la première étape du processus de paix, qui devait se terminer par la formation entre le Gouvernement et l'opposition d'un organisme commun, devait prendre environ six mois. Si l'on compte à partir de janvier, cela fera effectivement fin juillet-début août. Cependant, un seul cycle de négociations s'est tenu durant cette période. Toutes les autres tentatives de réunion ont buté sur les ultimatums de ce fameux groupe qui se fait appeler "Haut comité des négociations", qui ne veut remplir ni la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, ni les accords du GISS. Ses membres exigent seulement la démission du Président syrien Bachar al-Assad, ce qui n'est prévu par aucune résolution. La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies a clairement établi que seuls les Syriens pouvaient décider du sort de la Syrie dans tous ses aspects. Pour cela il faut s'asseoir à la table des négociations.
Je ne veux pas critiquer le représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura – lui et ses collègues sont dans une situation compliquée – mais nous suggérons d'user des pouvoirs accordés par le Conseil de sécurité des Nations unies pour inviter régulièrement tous les Syriens aux négociations. Si certains disent qu'ils ne peuvent pas participer car leur vision est différente des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, qu'ils ne viennent pas.
Telle est notre position. J'espère que nos collègues américains, en tant que coprésidents du GISS, envoient aussi des signaux à Staffan de Mistura et à son équipe pour qu'il ne soit pas pris en otage des caprices d'un segment isolé de l'opposition syrienne.
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