Республика Вануату
Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue de son entretien avec Sato Kilman, Ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur de la République du Vanuatu, Moscou, le 31 mars 2015
Mesdames et Messieurs,
Avec mon homologue Sato Kilman, nous venons d'évoquer nos liens bilatéraux et dans l'ensemble le développement des relations entre la Fédération de Russie avec les États insulaires du sud de l'océan Pacifique, élément important de l'ordre du jour de notre pays en Asie-Pacifique (APAC).
Nous avons exprimé nos condoléances à nos amis concernant les conséquences tragiques du cyclone tropical Pam. La Russie apporte son aide à la population touchée. Demain matin, heure de Moscou, deux avions du Ministère des Situations d'urgence atterriront à Port-Vila pour transmettre au Vanuatu des groupes électrogènes,, des tentes et des produits alimentaires. Sur un plan plus large, nous étudierons la possibilité d'apporter via des organisations internationales une contribution systémique pour accroître le potentiel des pays insulaire du sud du Pacifique, y compris le Vanuatu, en termes de réaction rapide et de préparation aux catastrophes naturelles.
Nous avons évoqué aujourd'hui les perspectives du dialogue politique bilatéral. Nous nous rencontrons régulièrement en marge des événements internationaux, notamment des sessions de l'Assemblée générale des Nations unies. Nous avons décidé de poursuivre cette pratique.
Nous terminons la préparation de plusieurs nouveaux documents dans le cadre du renforcement de la base contractuelle et juridique, y compris le projet d'accord sur les voyages sans visa pour les citoyens de nos pays et sur la coopération entre le Service fédéral de suivi financier (Rosfinmonitoring) et les services de renseignements financiers du Vanuatu.
Il existe également des perspectives de travail conjoint dans le domaine de l'agriculture, de la pêche et des dérivés du poisson, de la construction d'infrastructure et du tourisme.
Nous avons une bonne expérience de coopération dans le domaine de l'éducation. Hormis l'enseignement dans les universités russes, nos amis du Vanuatu souhaitent améliorer la qualification des policiers dans le cadre de formations en Russie et préparer des casques bleus aux actions menées dans le cadre de l'Onu. Les diplomates du Vanuatu ont déjà suivi un stage à l'Académie diplomatique du Ministère russe des Affaires étrangères. Nous avons convenu de poursuivre cette pratique.
Nous sommes unanimes quant au fait qu'il faille empêcher tout conflit armé en Asie-Pacifique, régler de manière exclusivement pacifique tous les litiges, qui sont, malheureusement, nombreux dans la région. A cet égard, nos amis du Vanuatu soutiennent l'initiative russe avancée avec la Chine et Brunei-Darussalam dans le cadre du mécanisme des Sommets de l'Asie orientale pour définir des approches communes de l'architecture de sécurité et de coopération en Asie-Pacifique.
Nous nous sommes entendus pour poursuivre la coopération de nos délégations à l'Onu. Nous remercions le Vanuatu pour son soutien aux initiatives russes sur de nombreuses questions dont le renforcement de la confiance dans l'espace, la sécurité informatique internationale et la sécurité routière. La République du Vanuatu faisait partie des pays à soutenir la résolution sur l'organisation d'activités spéciales consacrées au 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes également reconnaissants pour le soutien des candidats russes aux élections dans divers organismes de l'Onu.Dans l'ensemble, nous sommes très satisfaits par cet entretien qui contribuera, sans doute, au développement positif des relations entre nos deux pays.
Question: Comptez-vous revenir aujourd'hui à Lausanne pour poursuivre les négociations sur le programme nucléaire iranien? Quelles sont les perspectives, selon vous, du règlement de ce problème? Quelle est la position de la Russie concernant la levée des sanctions contre l'Iran en cas d'accord?
Sergueï Lavrov: Je compte effectivement revenir pour participer à la partie finale de la réunion ministérielle des Six. Ce cycle de négociations a de bonnes perspectives, je dirais. Les chances d'aboutir à un accord sont grandes, mais il n'existe jamais de certitude à cent pour cent. Ces chances sont plausibles à condition qu'aucun des participants ne décide au dernier moment de faire monter les enchères dans l'espoir d'obtenir in extremis quelque chose de plus au lieu d'aspirer à maintenir l'équilibre des intérêts. Il ne faut surtout pas que l'équilibre qui s'établit soit rompu. Il me semble que les perspectives sont très bonnes.
En ce qui concerne notre position vis-à-vis des sanctions, je pense qu'elles doivent être suspendues et levées en parvenant à un accord. Il existe plusieurs options pour cela – leur annulation totale ou leur suspension, puis leur annulation juridique. En pratique, le but est que les sanctions soient abrogées et cessent d'empêcher le développement d'une activité commerciale et économique légale entre l'Iran et ses partenaires étrangers. Cela concerne les restrictions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Alors que nous ne reconnaissons pas la légitimité des sanctions des USA, des États européens et autres – qu'il s'agisse de l'Iran ou d'un autre pays. Mais c'est une question d'interaction entre l'Iran et ces pays.
Question: L'opération militaire au Yémen prend de l'ampleur, emportant de plus en plus de vies. Les USA soutiennent la coalition arabe et les discussions sur la reprise d'un dialogue entre les Yéménites ont cessé. Que faut-il faire aujourd'hui pour éviter l'escalade du conflit? Est-ce que la Russie mène un dialogue avec l’Égypte, par exemple, pour faire cesser le feu au Yémen? Voyez-vous un lien entre les événements au Yémen et le règlement du dossier nucléaire iranien à l'heure actuelle?
Sergueï Lavrov: Nous sommes profondément préoccupés par les événements au Yémen. La situation ne doit pas échapper au contrôle. Notre approche vise à prévenir tout usage de la force. L'organisation Ansar Allah doit cesser les opérations dans le sud du Yémen, et la coalition doit suspendre les attaques sur le territoire yéménite. Les deux parties (celle du Président Hadi qui a fui le pays et les Houthis) doivent reprendre les négociations – elles avaient des contacts avant le passage du conflit en phase chaude. Il est clair d'ores et déjà que les négociations doivent se tenir sur un territoire neutre, comme le préconise le Représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu pour le Yémen.
Nous évoquons ces questions avec tous nos partenaires. J'en ai parlé hier à Lausanne avec le Secrétaire d’État américain John Kerry, le Ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, le Ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et la Haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Federica Mogherini. Nous avons les mêmes préoccupations. En observant la situation sur le plan régional et géopolitique, il faut empêcher que le conflit sunnite-chiite se dégrade.
Nous parlons du danger de la division au sein de l'islam pratiquement depuis le début du Printemps arabe. A cette époque, nous n'étions pas entendus ou pris au sérieux. Ceux qui conduisent aujourd'hui la situation vers un conflit, vers une exacerbation des différends entre les sunnites et les chiites, endossent une responsabilité colossale. Nous ne pouvons pas l'admettre, qui plus est nous ne pouvons pas admettre la transformation de cette situation en conflit ouvert entre les Arabes et l'Iran. Nous ferons tout pour que cela ne se produise pas.
L’Égypte et la Russie sont évidemment en contact permanent à ce sujet, sur la Syrie et bien d'autres questions. Nous entretenons également des contacts réguliers avec l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe.