Корейская Народно-Демократическая Республика
INTERVIEW D'I.S.IVANOV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE, PUBLIÉ SOUS LE TITRE «IGOR IVANOV: ON DOIT GAGNER SANS TRICHER » À LA «ROSSIYSAKYA GAZÉTA » LE 25 JUILLET 2002
Traduction non-officielle du russe
Question: La Russie a intensifié ses efforts de règlement proche-oriental. Que pouvons-nous faire, et que peut-on y faire en général?
Réponse: Avant tout, je crois que les événements des derniers temps, des deux dernières années, depuis septembre 2000, montrent que seul à seul personne ne pourra rien faire.
Grâce à cette compréhension, a apparu le quatuor: Russie, USA, Union Européenne, ONU. Au cours des consultations conjointes, tous en sont arrivés à la conclusion que le besoin est venu d'unir les efforts des pays et organisations qui participent le plus activement à la recherche du règlement.
Ceci dit, le "quatuor" n'aspire nullement au monopole dans la solution du problème proche-oriental. Il est ouvert à la coopération tant avec les états arabes qu'avec les autres. Par exemple, actuellement, on prépare le programme du rétablissement économique de la Palestine. Le Japon, la Norvège, le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale commencent à y participer activement. Le "quatuor" génère les idées et essaie d'unir les efforts de la communauté internationale. Il faut parallèlement résoudre trois tâches. La première est le problème de la sécurité, ce qui est également important pour la Palestine et pour Israël. C'est pourquoi nous avons par tous les moyens contribué à la reprise de contacts entre les services spéciaux d'Israël et de la Palestine. Qui plus est, le "quatuor" mène un travail actif pour prêter assistance aux autorités palestiniennes à la réorganisation des services de sécurité, à la création d'un système de sécurité uni, contrôlable par les organes d'état correspondants.
Certes, nous ne pouvons justifier le terrorisme sous aucune forme. Sous aucune forme, nous ne pouvons justifier les agissements des kamikazes causant la mort des dizaines, des centaines de civils, d'enfants. Mais parallèlement aux garanties de la sécurité, doit aller le processus de la solution des problèmes humanitaires, économiques sur les territoires palestiniens. Il faut faire sortir la Palestine de l'état de la désolation - tant politique, du point de vue de la formation de son propre état, qu'économique. Plus on aura d'emplois, moins il y aura de gens désireux de se tourner vers mitraillettes et bombes.
Fin août, le groupe ciblé formé par le "quatuor" avec la participation de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, du Japon et de la Norvège, préparera des initiatives concrètes de reconstruction économique de l'infrastructure en Palestine.
Et la troisième piste, la plus compliquée - le règlement politique. Compliquée, puisqu'ici existent des positions contraires. D'une part, et Israël, et les dirigeants de l'Autorité Palestinienne, et la communauté internationale prônent la tenue des élections démocratique en Palestine. Les dirigeants palestiniens ont déclaré qu'ils étaient prêts, au début de l'année suivante, de tenir ces élections. Mais pour organiser les élections, on a besoin de conditions appropriées. L'une d'elles est la liquidation de l'occupation. Dans les conditions de l'occupation, il est très difficile de parler des élections démocratiques. Comment départager ces circonstances contraires - le problème persiste.
Ces derniers jours, sont apparus des moments qui donnent de l'espoir. J'ai parlé à notre ambassadeur itinérant Andréy Vdovine. Il m'avait appelé de Gaza, où se tenaient les pourparlers, où il avait rencontré et les leaders palestiniens, et les représentants d'Israël, qui ont noué des contacts, commencé à discuter des problèmes réels. Et tout à coup - ce raid nocturne d'Israël contre les quartiers résidentiels de Gaza. Bien sûr que cela profite à ceux qui voudraient faire basculer tout vers les solutions de force. Et une solution de force, cela est reconnu et par les Etats-Unis, et par l'Europe, et par la Russie, n'existe pas. Il ne pourra y avoir qu'une solution: l'existence deux états souverains - israélien et palestinien, dans les frontières mondialement reconnues et sures. Si pour Israël c'est la sécurité des frontières qui occupe la première place, pour la Palestine, ce sont les frontières mondialement reconnues, puisqu'elles n'existent en fait pas encore.
Question: Et est-ce que le problème d'Arafat persiste?
Réponse: Les Etats-Unis ont fixé leur position: ils sont désespérés par l'activité du président Arafat et estiment qu'il serait mieux pour le peuple palestinien d'avoir un autre leader. C'est l'avis des Etats-Unis, ils sont en droit de définir leur position.
La position de l'Organisation des Nations Unies, de l'Union Européenne, de la Russie, de la majorité écrasante des autres états consiste en ce que c'est l'affaire de la population palestinienne - élire ses leaders. Au début de l'année prochaine se tiendront les élections. Si l'on élit Arafat, donc, ce sera Arafat. Si l'on en élit un autre - eh bien, ce sera un autre. À propos, je veux rappeler qu'en 1986, Arafat ne s'est pas nommé tout seul. Il est devenu président en résultat des élections reconnues par la communauté internationale.
Les nouvelles élections se passeront suivant les critères démocratiques, avec les observateurs internationaux. Si nous reconnaissons ces élections, nous reconnaîtrons celui qui sera élu par le peuple palestinien.
Mais aujourd'hui, nous ne pouvons pas prendre une pause et attendre les élections. Aujourd'hui, nous devons parler avec celui qui représente réellement les autorités.
Question: Vous avez dit que dans les conditions de l'occupation, les élections démocratiques sur les territoires palestiniens sont impossibles. Mais elles sont impossibles aussi dans les conditions où les organisations terroristes y agissent pratiquement en légalité.
Réponse: Ce n'est pas par hasard que j'ai commencé par les problèmes de la sécurité. Il s'agit précisément de créer, pendant le temps qui reste avant les élections, une structure de la sécurité qui puisse isoler les groupes extrémistes et garantir la liberté de l'expression de volonté.
Question: Pourquoi la Russie ne pose pas formellement la question de son adhésion à l'Union Européenne?
Réponse: Nous ne posons pas non plus celle de l'adhésion à l'OTAN. Il faut partir de l'analyse réelle de la situation. L'Union Européenne possède non seulement la dimension économique, mais aussi politique, et, peut-être, elle aura aussi la dimension militaire. Parler aujourd'hui de l'intégration en ne pensant qu'aux critères économiques est irréel.
A propos, il n'est pas encore clair, comment l'Union Européenne survivra à la période actuelle de l'extension. Voyez, que de problèmes liés, par exemple, avec la Pologne. Les principaux en sont l'agriculture et la main-d'њuvre. Son adhésion est toujours remise à plus tard.
J'ai travaillé en Espagne à l'époque du processus de son adhésion à l'UE. Dix ans lui ont fallu pour s'adapter. Et prenez la Russie avec tous ses problèmes!
Et encore une chose. Il faudra calculer ce qui profitera à la Russie, ce qui ne profitera pas, il faut faire de froids calculs économiques. Cela concerne aussi l'Union Européenne et l'Organisation mondiale du commerce.
Je ne suis toujours pas persuadé que l'adhésion nous donnera plus que ne donnera un large partenariat sans aucune barrière artificielle.
Question: Comment appréciez-vous la situation au sein de la Communauté des états indépendants?
Réponse: Nous reconnaissons entièrement leur souveraineté et, conformément, construisons nos rapports avec eux comme avec les états souverains. Tout simplement certains états sont plus proches, d'autres plus éloignés. Non seulement géographiquement, mais aussi politiquement.
Je crois que la CEI a joué à la première étape un rôle très important. Elle a permis de ne pas se "disloquer" au point de rendre impossible le contre-processus de l'intégration. Bien que ce processus avance de manière très douloureuse et épineuse. Les pays ont emprunté dans leur développement les voies tellement différentes qu'aujourd'hui, l'intégration ne leur réussit pas sans peine.
A la première étape, la CEI avait amorti certains problèmes et conflits, maintenu l'espace uni, pour le moins politique.
Aujourd'hui, sont posées des tâches plus concrètes. Les dirigeants de la CEI ont proposé à la Russie de présider le groupe de travail et de préparer des initiatives pour optimiser l'activité des organes de la CEI pour le sommet suivant qui aura lieu le 7 octobre à Kichinev.
Il faut dès maintenant - l'expérience aidant - voir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas. Et éliminer progressivement tout ce qui ne fonctionne pas. Et faire sortir l'essentiel. Au centre de notre coopération devra tout de même être placée l'économie. Et nous croyons que besoin est de continuer à consolider et à développer la CEEurAs.
C'est une organisation viable, qui peut réellement résoudre les problèmes qui se posent devant nos pays.
La CEI est une sorte de contour. Dans son cadre, les processus d'intégration vont à vitesse inégale, à niveaux différents, dans des formats différents.
La Russie et la Biélorussie, par exemple, ont décidé d'aller plus loin et de créer un état fédéral.
Dans tous les cas, il est très difficile d'arrêter les processus d'intégration. Ils continueront quand même d'évoluer. Car nous travaillons sur le marché unique, dans un espace économique unique.
Question: Comment s'est passée la récente rencontre du Président avec les ambassadeurs?
Réponse: L'intervention du Président à la réunion avec les ambassadeurs figure sur le site du Président, donc, son texte est connu. Certes, avant tout, ont été posées les tâches politiques - du point de vue de la définition de la place et des intérêts de la Russie au sein de la communauté internationale. Aussi, en développement de cela, ont été définies plusieurs pistes concrètes, et l'économie, le soutien du business russe est une des priorités. Aujourd'hui, nous avons un business dйjà assez mûr, et on a dйjà de puissantes compagnies tout à fait capables de faire la concurrence aux importantes sociétés occidentales. Elles n'ont pas du tout besoin du soutien et de l'aide qui était nécessaire, disons, au temps de l'Union Soviétique, dans les conditions du monopole du commerce étranger. Aujourd'hui, on a besoin du soutien professionnel, mais plus encore politique, c'est pourquoi l'importance de l'Office de politique étrangère augmente. Nos compagnies peuvent engager n'importe quel juriste ou économiste, mais le soutien politique ne peut venir que des structures d'état appropriées. Le Président ne perd jamais ces problèmes de vue. Ce n'est pas par hasard que le Président de la Russie et le Président de la France se rencontrent et parlent de l'Airbus.
C'est normal.
Question: Et vous aussi, avez-vous à "faire du business"?
Réponse: Oui. Aujourd'hui, les ambassades sont orientés à faire le lobbying des projets dans le bon sens du terme. Disons, c'est un appel d'offres dans un pays. Et là, beaucoup dépend du degré de l'utilisation des leviers politiques. C'est pourquoi nous avons des rapports très étroits avec la majorité écrasante des grandes compagnies qui travaillent tant en Russie qu'à l'étranger. Naturellement, nous coopérons avec le Ministère de l'économie et du développement. Puis, se pose le problème de la façon à faire optimiser nos ressources, je veux dire - professionnelles et financières. Pour éviter de doubler les uns les autres, nous devons trouver des formes qui permettent de réunir les faibles ressources qu'on a, et de les utiliser efficacement. Je pense qu'ensemble avec le Ministère de l'économie et du développement, on trouvera la solution.
Le problème n'est pas de savoir qui supervisera telle ou telle structure économique - le Ministère de l'économie et du développement ou le MAE. Certes, le Ministère de l'économie et du développement devra déterminer l'idéologie. Il élabore les approches à l'économie, au commerce, aux autres problèmes liés avec l'activité de commerce extérieur. Mais à l'étranger doit exister une seule poigne, la coordination unique. C'est pourquoi c'est l'ambassadeur qui doit coordonner tout le travail: il est le fonctionnaire supérieur représentant les intérêts de la Russie à l'étranger, il est désigné par l'Ukase du Président.
Question: Le MAE est une structure conservatrice. Est-ce que les diplomates eux-mêmes sont prêts à ces nouvelles fonctions?
Réponse: Aujourd'hui, beaucoup de problèmes se trouvent en porte-à-faux entre différents départements. C'est pourquoi dans nos ambassades sont les représentants de différentes structures: du Ministère de l'agriculture, du Ministère de l'économie, du Ministère des finances, et ainsi de suite. C'est une forme normale.
Question: Comment appréciez-vous l'activité des structures d'état chargées de faire l'inventaire de la propriété à l'étranger et d'organiser sa gestion?
Réponse: En conformité avec l'oukase du Président, ce sont deux départements qui répondent aujourd'hui de notre propriété à l'étranger. Le MAE répond de la propriété qui appartient aux ambassades, Consulats généraux et consulats. Là, nous avons l'inventaire complet, le fichier complet. Et nous ne pouvons utiliser cette propriété dans aucun autre but sauf ceux que remplissent les représentations diplomatiques. La deuxième partie est tout ce qui a été utilisé par des dizaines de ministères et départements et qui est réuni actuellement sous le toit du Secrétariat du Président. Il mène actuellement un grand travail de l'établissement des passeports de toute cette propriété - que ce soit de l'immobilier ou de la propriété foncière, - afin de définir dans l'avenir la manière rationnelle de son utilisation. C'est un travail très difficile, et il n'est pas encore achevé. Il s'agit justement de l'utilisation rationnelle, pas de la vente. Je crois que la propriété étrangère ne doit pas être vendue. Car ensuite, on devra l'acheter deux-trois fois plus cher. Nous en avons plusieurs fois eu la preuve, en Israël par exemple.
Question: Toute cette histoire avec la société "Noga". Cela relève dйjà du marasme - nous ne pouvons pas présenter nos avions aux salons aéronautiques.
Réponse: Ce n'est pas mon problème. C'est de la compétence du Ministère des finances. Je peux énoncer mon point de vue: il faut trouver une solution à ce problème. Quelle doit être cette solution - cela concerne directement ceux qui ont mené et continuent de mener les négociations. Mais il est incontestable qu'une solution juridique devra être trouvée.
Question: Vous vous êtes plusieurs fois prononcé en faveur de l'adoption d'une loi spéciale sur le Service diplomatique. Combien est-ce actuel?
Réponse: Le MAE, le service diplomatique ont leur spécificité, et la majorité des états qui travaillent activement dans l'arène internationale, ont des lois spécifiques sur le service diplomatique. Elles reflètent la spécificité de l'Office et beaucoup de problèmes liés à la protection sociale des diplomates. Nous voulons que le service diplomatique soit attrayant, que la voie du service diplomatique ne soit pas empruntée par ceux qui ne peuvent pas trouver du travail ailleurs, mais par les juristes, politologues, économistes hautement qualifiés. Le facteur moral est, certes, élevé, il est maintenu et travaille chez nous, mais il doit être complété par la protection. Un diplomate doit, tout comme un autre fonctionnaire public, savoir que pour avoir rempli ses tâches, il aura la compensation appropriée.
Question: Avant, on disait que l'IEREM est un institut des fils à papa. Et est-ce que maintenant, les fonctionnaires du MAE ont-ils toujours envie de faire entrer leurs enfants à l'IEREM?
Réponse: Au milieu des années 80, avec le début de la perestroïka, chez d'aucuns est apparue l'idée de lutter contre le népotisme, le protectionnisme, y compris dans le cadre de notre office. Je n'ai pas de fils, mais si j'en avais un, j'aurais voulu qu'il règle son pas sur le mien. Je n'aurais fait que le saluer. Nous avons inauguré le musée "Histoire du service diplomatique", et il y a là une photo très intéressante: à côté de Troyanovski, notre ambassadeur au Japon, est un petit garçon, de 10-11 ans. Par la suite, ce garçon est devenu diplomate éminent et ambassadeur au Japon lui aussi. Qu'y a-t-il de mal? Au contraire, c'est bien. Tu es formé dans ce milieu, tu sens beaucoup de ce qu'il est impossible de sentir de l'extérieur. Il est vrai qu'il ne faut pas créer des conditions exceptionnelles pour les enfants des diplomates, ils doivent y entrer au même titre que les autres. Les enfants de beaucoup de nos diplomates font leurs études à l'IEREM. Et non seulement de diplomates, mais de fonctionnaires des autres structures d'état.
Il y a eu un temps, dans la première moitié des années 90, où les promus de l'IEREM étaient attirés par les structures commerciales et bancaires. Mais en ces quatre-cinq dernières années, la situation a changé, et ils aspirent au MAE. Nous embauchons annuellement 100-130 personnes, la moitié venant de l'IEREM, l'autre moitié - des autres écoles supérieures comme l'UEM, l'Ecole des langues étrangères. Et maintenant, il y a un concours sérieux pour venir travailleur au MAE - trois-quatre personne pour un poste. Donc, nous infusons pas mal de sang nouveau, c'est une rotation vive du personnel.
Question: Comment expliquez-vous cet intérêt accru?
Réponse: La fonction publique n'offre jamais un salaire plus élevé que les structures commerciales, - ni chez nous, ni dans aucun autre pays. C'est pourquoi l'essentiel est le prestige. Et l'intérêt professionnel. De plus, se fait sentir la nette intensification, ces dernières années, de l'activité de la Russie en politique étrangère, l'augmentation de notre rôle dans les affaires mondiales. Mais parallèlement, nous prenons des mesures pour solutionner des problèmes des garanties sociales à nos collaborateurs. À l'étranger, je crois, nos diplomates ont un salaire qui leur permet de vivre décemment.
Question: Dans les temps soviétiques, vous avez été ambassadeur en Espagne. Si l'on compare ce temps-là et le temps actuel: quand est-ce que le travail diplomatique a été plus intéressant?
Réponse: Je crois que ce travail a toujours été et reste intéressant. La période la plus compliquée a été celle qui a suivi la désintégration de l'Union Soviétique. Compliquée, puisque tu ne recevais pratiquement aucune instruction, et les représentants des dirigeants faisaient parfois des déclarations diamétralement opposées. Et il fallait trouver la décision qui réponde aux intérêts nationaux.
Aujourd'hui, certes, la situation a radicalement changé. Aujourd'hui, la coordination est totale. Aujourd'hui, il y a le Président qui définit la politique étrangère. Mais néanmoins, certes, de nouvelles tâches apparaissent. Il faut trouver, définir la nouvelle place de la Russie dans l'arène internationale compte tenu de tous les facteurs - tant internes qu'internationaux. Et, certes, là beaucoup dépend du degré du professionnalisme et de la compétence, dont les diplomates formuleront leurs initiatives.
Le déficit en effectifs hautement qualifiés est ressenti par tous les services diplomatiques du monde. Et c'est compréhensible. Aujourd'hui, la diplomatie a à résoudre plusieurs problèmes nouveaux, "non traditionnels" pour elle: depuis l'écologie et l'espace jusqu'à la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et autres menaces et défis modernes.
Sur le fond général, la diplomatie russe a l'air tout à fait décente. A toutes les principales négociations, nos diplomates défendent professionnellement les intérêts de la Russie. Et ce professionnalisme est remarqué et reconnu par nos partenaires.
Notre corps diplomatique compte aujourd'hui près de trois mille collaborateurs, dont plus de la moitié travaillent dans les représentations à l'étranger.
Dans sa majorité écrasante, le système du MAE de la Russie se forme des diplomates professionnels. A propos, pour former un diplomate qui puisse de lui-même mener les pourparlers et remplir d'autres fonctions, il faut au moins 12-15 ans. C'est pourquoi nous prêtons une grande attention au travail avec les jeunes. La politique des effectifs du MAE nous permet non seulement de résoudre les tâches du ministère proprement dites, mais aussi, le cas échéant, de pourvoir en experts en politique internationale les autres structures d'état. Nos diplomates travaillent avec succès dans les appareils du Gouvernement et de l'Assemblée Fédérale.
Plusieurs de nos collègues travaillent à l'Administration du Président, avant tout au Département de politique étrangère, qui a à sa tête le diplomate de carrière S.Prikhodko. Un diplomate est aussi à la tête du service de presse du Président - A.Gromov.
Tous, ils restent en réserves des effectifs de notre ministère et composent la grande "famille" du MAE.
Le MAE a aussi ouvert le chemin de la vie à plusieurs hommes d'affaires russes, qui aujourd'hui dirigent avec succès les plus importantes compagnies et banques du pays, aux journalistes spécialisés en affaires internationales. Il y a des diplomates parmi le corps des députés aussi.
Tout cela confirme précisément de manière convaincante ce que seule une personne ayant de profondes connaissances variées et un horizon large peut devenir un diplomate moderne.
Question: Vous allez bientôt en Corée du Nord et du Sud. C'est une sorte de diplomatie de la navette qui vous attend?
Réponse: Ces visites sont prévues dans le cadre d'une plus large tournée à travers les pays asiatiques. Après la visite du Président Poutine en Corée du Nord, le processus du règlement entre les deux Corées est sensiblement intensifié. En fait, la visite de Poutine a ouvert une étape très importante de la reconnaissance mondiale de la Corée du Nord. Ont suivi plusieurs établissement de relations diplomatiques, y compris celles avec l'Union Européenne. Notre approche consiste en ceci: la Corée du Nord doit s'intégrer activement aux processus internationaux. Ce sera aussi un pas dans le sens du règlement coréen. Nous avons toujours salué le dialogue du Sud et du Nord. Récemment, dans la Mer Jaune a eu lieu un incident qui a quelque peu aggravé les contacts entre Séoul et Pyongyang. Nous croyons qu'il faut faire tout - et la Russie, pour sa part, déploie des efforts pour cela, - pour que le dialogue ne soit pas interrompu, mais, au contraire, s'élargisse. C'est important et pour nous, et pour nos voisins, pour l'Asie-Pacifique en général.
Certes, comme pour le Proche-Orient, nous ne prétendons pas au rôle monopole dans les rapports avec la Corée du Nord. Nous croyons qu'il faut établir un dialogue entre Washington et Pyongyang, entre Tokyo et Pyongyang. Tous les états intéressés doivent participer activement à ce processus.
Question: Nous jouons un rôle spécifique, une sorte de médiateur...
Réponse: Pas spécifique, mais actif, à initiatives. Nous ne lésons personne. Si quelqu'un veut participer à ce processus aussi activement, nous ne ferons que le saluer. Nous en avons parlé et à Washington, et à Tokyo.
A propos, mon adjoint Alexandre Losyukov est parti pour Tokyo à proprement dit pour faire reprendre les consultations sur le traité de paix. Nous avons toujours prôné la continuité de ce dialogue. Malheureusement, à force de plusieurs circonstances, pendant presque un an, ces consultations n'avaient pas eu lieu. Aujourd'hui, nous les reprenons, et il est important que Tokyo ait aussi adopté la position constructive. J'espère que suivra la visite du Ministre des affaires étrangères du Japon en Russie en octobre prochain, ce dont nous nous sommes entendus au préalable, pour continuer les négociations sur tout l'ensemble des relations bilatérales, y compris le traité de paix. Et cela va créer les bases nécessaires pour la rencontre ultérieure au sommet.
Question: Votre autre adjoint, Alexandre Saltanov, est parti dans la région du Golfe...
Réponse: Il tiendra des consultations en Irak, au Koweït, en Arabie Saoudite. On va discuter entre autres les problèmes du règlement de la situation autour de l'Irak. L'Irak est actuellement le point le plus vulnérable. Il y a tous les indices de ce que les Américains s'activent. Je crois qu'au Conseil de Sécurité peut commencer un mouvement pour préparer l'opinion au tour dangereux des événements. Cependant, nous croyons que le potentiel politico-diplomatique du règlement de la situation autour de l'Irak est encore loin d'avoir été pleinement utilisé. Et on a besoin de mener un travail actif tant avec l'Irak qu'avec les autres états, afin d'aboutir, d'une part, à l'application entière des résolutions correspondantes du Conseil de Sécurité qui garantissent que l'Irak ne possède pas d'armes d'extermination massive et de potentiel pour leur création, d'autre part - l'Irak doit avoir la perspective de la levée des sanctions. Ce sont deux pistes, sur lesquelles on a besoin de travailler. Et nous y travaillons. Il serait très important que l'Irak accueille sous peu les observateurs internationaux qui, en conformité avec la résolution du Conseil de Sécurité, puissent remplir le volume du travail qui confirmerait les déclarations des autorités irakiennes sur l'absence véritable des armes d'extermination massive, tout comme celle du programme de la création de ces armes. Et cette conclusion positive de la commission ouvrirait la voie à la levée des sanctions contre l'Irak. Nous croyons que seules les voies diplomatiques permettront de sortir de l'impasse, dans laquelle, malheureusement, se trouve, ces dernières années, le règlement irakien.
Question: Y a-t-il des politiciens que vous aimez ou, au contraire, n'aimez pas rencontrer?
Réponse: Tu ne choisis pas tes interlocuteurs. Tu mènes des pourparlers avec tous ceux, avec qui tu as à mener des pourparlers. C'est autre chose qu'après certaines négociations, tu es d'une certaine humeur, après d'autres, tu en es d'une autre. Et ta tâche est de ne pas montrer cette humeur. Certes, il y a des gens, avec qui il est plus agréable de mener des pourparlers. Et pas parce qu'il acquiesce toujours. C'est aussi intéressant avec un partenaire difficile, s'il est un vrai professionnel, et pas simplement une tête forte qui ne veut pas t'entendre et ne veut pas étaler ses raisons. Il est toujours agréable, quand tu as mené des pourparlers contre un "adversaire", un partenaire fort, et as obtenu ce que tu voulais. Parce que souvent il ne connaît pas les tâches que tu t'es assignées, puisque parfois, elles sont invisibles. Et quand, au cours d'une polémique compliquée, tu as obtenu ce que tu voulais, certes, tu sens une satisfaction intérieure. Et avec ceux qui ne sont pas tellement réceptifs à tes arguments, qui évitent la polémique, tu as quand même à parler, il n'y a pas d'autre solution. Aujourd'hui, l'intensité des contacts a tellement accru que, certes, il vaut mieux avoir avec tes partenaires, en plus des rapports de service, des rapports purement personnels. Mais ce n'est pas du tout obligatoire. Malheureusement, il arrive que tu es obligé de ne pas dire que des choses agréables, mais des peu agréables aussi. Et quand tu as avec ton partenaire des rapports qui se sont dйjà formés, c'est un bon "amortisseur", vous vous comprenez plus vite.
Il existe des principes qu'il ne faut jamais violer. Avant tout, jamais il ne faut jouer un mauvais tour au partenaire, même si vos approches sont diamétralement opposées. Jamais il ne faut le désinformer. Tu le mets en porte-à-faux, et au bout d'un jour, tu devras le rencontrer de nouveau. Il doit y avoir des rapports normaux de partenariat, entre gentlemen. Si cela se transforme en amitié - c'est bien, mais ça vient dйjà en second.
Question: Merci pour l'entretien, Igor Serguéiévitch.