13:43

Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de la conférence de presse suivant son entretien avec Vladimir Makeï, son homologue biélorusse, Moscou, le 8 juin 2015

Mesdames et Messieurs,

Notre entretien a permis d'aborder un grand nombre de questions. Nos contacts sont réguliers et fructueux. Nous avons réitéré la vivacité de notre alliance, assurée constamment par un dialogue au sommet. Elle est aussi de mise dans le travail des ministères des Affaires étrangères de nos pays. Nous échangeons chaque année des visites de travail et organisons des réunions collégiales communes entre les ministères des Affaires étrangères de la Russie et de la Biélorussie.

Nous avons constaté aujourd'hui le potentiel important de la Biélorussie alliée dans divers domaines, dont la politique étrangère. Nous avons évoqué les questions relatives à la réalisation du Programme d'actions communes en politique étrangère pour 2014-2015. Nous avons parlé de la progression du travail sur ce même Programme pour 2016-2017.

Nous avons examiné la préparation de la prochaine réunion collégiale commune des ministères des Affaires étrangères qui se déroulera à Moscou. Nous avons étudié la mise en œuvre des accords convenus lors de la réunion collégiale précédente à Minsk en novembre 2014. En particulier, nous avons apprécié la mise en œuvre du Plan de réalisation sur l'arène internationale des initiatives consacrées au 70e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique, adopté à l'époque. Nous accroissons progressivement nos efforts communs pour contrer les tentatives de falsifier l'histoire et de revoir les résultats de la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes tombés d'accord aujourd'hui sur le fait que ce travail ne s'arrête pas à cette année anniversaire et sera poursuivi à l'avenir.

Nous apprécions grandement le travail effectué par Minsk en tant que président de l'Union économique eurasiatique (UEE). Dans le contexte des dernières décisions prises à la réunion du Conseil économique eurasiatique suprême du 8 mai, nous sommes disposés à poursuivre les efforts communs pour l'accompagnement diplomatique de l'intégration eurasiatique. Nous espérons qu'au cours de la 70e session de l'Assemblée générale de l'Onu, l'UEE recevra le statut d'observateur. Nous coordonnons le travail pour promouvoir à l'Onu un projet de résolution en ce sens avec nos amis biélorusses, kazakhs, arméniens et kirghizs.

Nous avons évoqué aujourd'hui le développement de notre coopération dans le cadre de l'OTSC et de la CEI.

Bien sûr, nous avons abordé en détails la situation en Ukraine. Nous sommes d'accord pour dire que l'accomplissement à part entière des accords de Minsk du 12 février dernier, qui implique l'établissement d'un dialogue direct entre Kiev, Donetsk et Lougansk, est la clé pour régler la crise en Ukraine. L'accord convenu le 6 mai à la réunion du Groupe de contact à Minsk sur la création de sous-groupes de travail, qui se sont déjà mis en activité et se sont réunis à Minsk le 2 juin pour convenir du calendrier des contacts à venir, est appelé à y contribuer.

Je voudrais profiter de l'occasion pour exprimer ma sincère reconnaissance envers nos amis biélorusses pour leur contribution au fonctionnement du Groupe de contact, la mise à disposition d'une plateforme pratique et traditionnellement hospitalière pour les contacts, ainsi que l'organisation et l'accompagnement technique de toutes les activités. Tous les observateurs ne l'ont pas forcément constaté, mais nous savons à quel point il est important d'avoir une contribution claire et ininterrompue de la part des organisateurs de tels événements.

Nous avons réaffirmé notre intérêt mutuel à coordonner davantage les actions sur l'arène internationale, y compris à l'Onu, à l'OSCE, au Conseil de l'Europe et au sein de ce qu'on appelle la Dimension septentrionale. Nous avons échangé nos vues sur l'issue du sommet du Partenariat oriental de Riga. Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut éviter par tous les moyens la création de nouvelles lignes de démarcation en Europe et qu'au contraire, nous devons effacer celles qui restent. Nous sommes d'avis que dans l'intérêt de la stabilité et de la prospérité de l'ensemble du Continent européen il est important d'entamer un dialogue franc et informel sur les possibilités de former un espace économique et humanitaire commun de Lisbonne à Vladivostok en s'appuyant sur les principes d'une sécurité équitable et indivisible. Nous avons également noté que les signaux envoyés par l'UEE à l'Union européenne pour établir des contacts entre les deux structures commençaient à être pris de plus en plus au sérieux.

Dans l'ensemble, nous sommes satisfaits par l'issue de cet entretien, qui a réaffirmé notre intérêt mutuel dans l'approfondissement du partenariat russo-biélorusse.

Question: De nombreux observateurs associent la démission de Heidi Tagliavini - du poste de représentante spéciale de l'OSCE au Groupe de contact pour l'Ukraine - à son insatisfaction face à la manière dont sont mis en œuvre les accords de Minsk. Compte tenu de la situation dans le Sud-Est de l'Ukraine, peut-on dire d'après vous que ces accords ne fonctionnent pas et que la situation est dans l'impasse?

Sergueï Lavrov: Je ne dirais pas que le départ de Heidi Tagliavini est dû à sa déception quant aux perspectives d'accomplissement des accords de Minsk. Elle a certainement des raisons personnelles. Elle travaille depuis longtemps comme médiatrice dans divers domaines de la politique européenne.

Je ne dirais pas que le processus a ralenti lors des réunions des sous-groupes du 2 juin à Minsk. Au contraire, nous avons eu droit à une discussion professionnelle très intéressée. On constate certains progrès dans le groupe pour la sécurité, ainsi que dans celui chargé des questions politiques. Les parties ont réussi à convenir de certains aspects préalablement, d'autres questions ont été laissées pour les prochains contacts. Bien évidemment, il est très difficile, après une période de confrontation et d'accusations réciproques, de passer immédiatement à un travail sans aucun problème. Les négociations ont été utiles et ont posé de bonnes bases pour parvenir à diverses ententes prévues dans les accords de Minsk. En revanche, beaucoup déplorent le fait qu'immédiatement après les réunions des sous-groupes du 2 juin à Minsk, on ait constaté une forte escalade de violence: les tirs ont repris et Kiev s'est mis à faire des déclarations agressives et belliqueuses comme "on ne parlera pas avec Donetsk et Lougansk et on ne lèvera pas le blocus économique tant qu'on ne changera pas le pouvoir dans le Donbass", etc. Cela va directement à l'encontre des accords de Minsk, nous y voyons un lien avec le déroulement du sommet du G7 actuellement. Ils voulaient probablement exacerber la situation au maximum avant son ouverture en gardant à l'esprit que les membres du G7 avaient annoncé que les sanctions antirusses resteraient en vigueur tant que la Russie ne remplirait pas les accords de Minsk.

C'est une sorte de joker dans les mains des autorités ukrainiennes – nous, les Ukrainiens, saboterons les accords de Minsk, mais c'est la Russie qui en souffrira parce que les sanctions seront maintenues contre elle. En adoptant une telle position et en associant les sanctions contre notre pays à l'accomplissement par la Russie à elle seule des accords de Minsk, nos partenaires occidentaux sont devenus otages du gouvernement ukrainien actuel. C'est pourquoi nous partons du fait que l'Allemagne, la France et d'autres collègues de l'UE, ainsi que les USA (du moins le Secrétaire d’État John Kerry à Sotchi le 12 mai) nous ont affirmé qu'ils travailleraient avec les autorités ukrainiennes pour les pousser à remplir honnêtement et complètement les accords de Minsk. Nous pensons que c'est désormais leur obligation, de la même manière que nous continuerons de travailler avec Donetsk et Lougansk pour qu'ils continuent à prôner de manière constructive la mise en œuvre à part entière de Minsk 2. Seuls les efforts communs, quand tous ceux qui influent sur les parties en conflit de l'extérieur "frappent au même point" – la mise en œuvre des accords de Minsk – permettront de parvenir à un résultat et de régler la crise de manière pacifique. L'alternative, dont parle parfois Kiev, est le scénario militaire. Nous appelons nos collègues occidentaux à empêcher tout nouveau recours à la force.

Question: Quelles seront les répercussions de la démission de Heidi Tagliavini sur le processus de paix en Ukraine?

Sergueï Lavrov: Elle sera, bien sûr, remplacée. C'est la tâche de l'OSCE. Elle est la représentante spéciale du Président actuel de l'OSCE. A l'heure actuelle, des candidatures sont étudiées. Quand Heidi Tagliavini avait été nommée, bien qu'on la connaisse bien et depuis longtemps, elle s'était rendue à Moscou pour présenter sa vision du travail à venir, elle avait expliqué comment elle comptait l'organiser. Nous espérons évidemment que son successeur se rendra également à Moscou et à Kiev et entretiendra des contacts avec Donetsk et Lougansk. Un nouvel homme ne peut probablement pas assurer immédiatement la continuité du travail, mais nous espérons que Heidi Tagliavini aidera son successeur pendant la période de transition.

Question (adressée à Vladimir Makeï): Les sommets du groupe des Brics et de l'OCS se tiendront à Oufa en juillet. Qu'attendez-vous de ces événéments compte tenu du statut de la Biélorussie comme partenaire de dialogue à l'OCS?

Sergueï Lavrov (ajoute après Vladimir Makeï): Lors de la dernière réunion entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président chinois Xi Jinping à Moscou, ils ont notamment approuvé une déclaration où la Russie et la Chine se prononçaient pour la conjugaison des processus d'intégration économique eurasiatique et l'initiative de Pékin sur la "ceinture économique de la Route de la soie". Nos partenaires de l'UEE sont favorables à cette logique. D'autant que, comme vient de le dire Vladimir Makeï, nous voyons avec nos amis biélorusses le grand potentiel de l'Organisation de coopération de Shanghai dans ce contexte. Nous saluons le rôle actif de la Biélorussie dans l'accumulation d'idées concrètes pour réaliser un tel projet d'envergure. La Russie soutient activement la demande biélorusse d'accéder au statut d'observateur à l'OCS.

Question: Si auparavant, à l'issue du travail du Groupe de contact à Minsk, on organisait de véritables conférences de presse, ces réunions deviennent aujourd'hui de plus en plus fermées à la presse: elles se tiennent à huis clos avec de brèves déclarations à la fin des pourparlers. Cette opacité indique-t-elle que les démarches entreprises pour la désescalade du conflit ukrainien deviennent de moins en moins notables?

Sergueï Lavrov: Je pense qu'au contraire c'est un bon signe. Je me souviens des contacts précédents à Minsk entre les participants à ce processus. À ce stade (hormis la réunion du 12 février dernier quand ont été adoptés les documents rendus publics immédiatement) les négociations n'aboutissaient à rien, les participants montaient à la tribune pour accuser l'autre partie d'absence de progrès. Je perçois l'annonce de certaines informations à la presse après les réunions des sous-groupes de travail du 2 juin comme un signal de progrès, qui montre que toutes les parties ont une approche responsable du moins de l'entente préalable, ainsi que de la nécessité de mettre au point certaines choses, et qu'elles ne veulent pas que les appréciations hâtives nuisent aux négociations. J'ai des raisons de croire que c'est le cas parce que, comme je l'ai déjà dit, des accords mutuels se dessinent dans les groupes pour la sécurité et pour le règlement politique qui demandent encore des mises au point supplémentaires sérieuses, mais tout cela est entre les mains des participants et est parfaitement réalisable. J'espère que les dernières provocations autour de Marinovka et les déclarations belliqueuses dans l'espace public ne saboteront pas ce processus et que les sous-groupes de travail se réuniront prochainement, comme prévu, pour poursuivre leur travail.

Дополнительные материалы

  • Видео

  • Фото

Фотоальбом

1 из 2 фотографий в альбоме

  • Общие сведения

    Загранучреждения МИД РФ

    Беларусь

    Посольство России в Белоруссии (Минск)

    Адрес :

    220053, г.Минск, ул. Нововиленская, д. 1А

    Чрезвычайный и Полномочный Посол Российской Федерации в Республике Белоруссия - ГРЫЗЛОВ Борис Вячеславович

    Советник-посланник - ФРОЛОВ Петр Валерьевич

    Телефон :

    +375 17 233-35-90
    +375 17 233-15-58
    +375 17 233-20-47

    Горячая линия :

    +375 29 770-07-62

    Факс

    +375 17 233-35-97

    E-mail

    embrusbelarus@mid.ru

    Web

    https://belarus.mid.ru/

    Twitter 

    Facebook 

    Youtube 

    Instagram 

    Вконтакте 

    Telegram 

    Беларусь

    Консульский отдел Посольства России

    Адрес :

    220053, г.Минск, ул. Нововиленская, д. 1А

    Заведующий консульским отделом - КОБЫЛЯЦКИЙ Андрей Юрьевич

    Телефон :

    +375-17-317-49-85

    Горячая линия :

    +375 29 770-07-62

    Факс

    +375 17 222-49-80

    E-mail

    consrusbelarus@mid.ru

    Беларусь

    Генеральное консульство России в Бресте

    Адрес :

    224005, Республика Беларусь, г. Брест, ул. Пушкинская, д. 10

    Генеральный консул - МУРАШЕВ Олег Юрьевич

    Телефон :

    +375 162 53-78-42

    Горячая линия :

    +375 29 723-60-78

    Факс

    +375 162 21-04-73

    E-mail

    brestcons@mid.ru

    Web

    https://brest.mid.ru/

    Twitter 

    Facebook 

    Telegram 

    Беларусь

    Генеральное консульство России в Гродно

    Адрес :

    230023 Республика Беларусь, г. Гродно, ул. Цегляная, д.2/2

    Генеральный консул - ВЛАДЫШЕВСКИЙ Феодосий Александрович

    Телефон :

    +375-29-768-3378

    Горячая линия :

    +375-29-768-3378

    E-mail

    grodno@mid.ru

    Web

    https://grodno.mid.ru

    Telegram 

    Вконтакте 

    Беларусь

    Постоянное представительство России при уставных и других органах СНГ в Минске

    Адрес :

    220050, Минск, ул.Кирова, 17

    Постоянный представитель - ГРОЗОВ Андрей Юрьевич

    Зам. постоянного представителя - СТЕПАНЮК Вадим Анатольевич

    Телефон :

    +375 17 222-34-65

    Горячая линия :

    +375 44 471-45-55

    Факс

    +375 17 222-34-65

    E-mail

    cismission@mid.ru

    russia@cis.minsk.by

    Web

    https://cismission.mid.ru

    Twitter 

    Facebook 

    Горячая линия

    phone
    • +375 29 770-07-62
    Телефон горячей линии для граждан за рубежом, попавших в экстренную ситуацию.

    Представительства в РФ

    Беларусь

    Посольство Белоруссии в России (Москва)

    Адрес:

    101990, г. Москва, ул. Маросейка, 17/6

    Телефон:

    +7 495 777-66-44
    +7 495 624-70-31

    Факс

    +7 495 777-66-33

    Фоторепортаж

    • Беларусь
    • Беларусь
    • Беларусь
    • Беларусь
    • Беларусь
    • Беларусь