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Discours et réponse à une question des médias du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Russie et de l'Alliance des États du Sahel, Moscou, 3 avril 2025

533-03-04-2025

Chers représentants des médias,

Avec nos amis du Mali, du Burkina Faso et du Niger, nous avons tenu la première réunion dans un nouveau format: Russie-Alliance des États du Sahel. Je voudrais une fois de plus souhaiter la bienvenue à Moscou à mes homologues qui représentent cette association jeune mais en plein développement, créée il y a moins d'un an.

Nous considérons la création de l'Alliance comme une manifestation de la détermination des trois États du Sahel à construire une nouvelle architecture de sécurité régionale et, dans l'ensemble, à poursuivre une politique étrangère indépendante appuyée sur les intérêts nationaux et leur propre potentiel. L'Alliance des États du Sahel est une preuve claire du "second réveil" de l'Afrique, du désir des Africains de jouer un rôle actif et indépendant dans les affaires mondiales et de se débarrasser des vestiges de la dépendance coloniale.

Pour ma part, je voudrais souligner que nous soutiendrons pleinement le renforcement de la position du continent à l'avenir et que nous contribuerons à l'émergence d'un ordre mondial multipolaire plus juste, dans lequel le continent africain et les structures d'intégration en Afrique devraient occuper une place digne.

Nous avons noté avec satisfaction la disposition générale à renforcer notre partenariat basé sur la confiance mutuelle, le respect et le bénéfice mutuel. J' ai également noté la volonté de la Russie de fournir une assistance entière à l'Alliance dans les trois domaines prioritaires de ses activités. Premièrement, il s'agit de la défense et de la sécurité, deuxièmement, de l'économie et, troisièmement, de la diplomatie au sens de la participation aux processus internationaux.

La région sahélo-saharienne est aujourd'hui confrontée à des manifestations de terrorisme. Il a été souligné que les causes des problèmes trouvent leurs racines en grande partie dans le passé colonial. Par exemple, par la volonté des métropoles (nous le savons tous bien par l'histoire), les frontières en Afrique ont été tracées sans demander l'avis de la population vivant dans les territoires correspondants, séparant littéralement les peuples et les groupes ethniques, les laissant dans des États différents. Cet héritage a encore aujourd'hui des conséquences négatives.

Certains acteurs extrarégionaux continuent aujourd'hui de tenter de déstabiliser la région. Parmi eux, outre les anciens colonisateurs, est apparu récemment le régime de Kiev, qui, avec la pleine connivence de ses sponsors occidentaux, soutient ouvertement les groupes terroristes dans cette partie de l'Afrique.

J'ai souligné la volonté de Moscou de contribuer par tous les moyens au renforcement du potentiel des Forces alliées des États du Sahel, à l'augmentation de la capacité opérationnelle des forces armées nationales de chacun des trois pays et à la formation du personnel militaire et des agents des forces de l'ordre.

Nous continuons également à fournir une assistance globale aux pays de l'Alliance des États du Sahel dans d'autres domaines. Nous fournissons régulièrement des produits agricoles, des engrais, des hydrocarbures et d'autres produits essentiels. Nous comprenons bien l'importance de ces approvisionnements, principalement alimentaires à ce stade, pour le développement socio-économique des États africains.

Le volume des échanges commerciaux a augmenté de plus de 10 fois au cours de l'année. Mais il n'y a aucune raison de se relâcher. Les chiffres absolus sont très modestes et ne correspondent pas aux opportunités disponibles. Cela a été discuté en détail aujourd'hui. Nous sommes convenus, afin de renforcer la base matérielle de notre coopération, de prendre des mesures spécifiques supplémentaires (elles sont déjà en cours d'élaboration) pour mettre en œuvre des projets économiques communs prometteurs, tant dans le cadre des relations bilatérales de la Russie avec chacun des trois pays que dans le cadre du format quadripartite, en tenant compte de la formation de mécanismes d'intégration intéressants et efficaces au sein de l'Alliance.

Nous avons examiné avec des positions coïncidentes les questions d'actualité à l'ordre du jour régional et mondial. Nous sommes unis par notre engagement aux principes fondamentaux du droit international, tels que l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, le respect du droit des peuples à déterminer leur propre sort et les modèles de développement politique et socio-économique. Bien sûr, nous sommes unis par le respect d'un autre principe important de la Charte des Nations unies, qui concerne le respect des droits de l'homme sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.

Nous sommes catégoriquement contre la politisation des questions relatives aux droits de l'homme, à laquelle nos collègues occidentaux se laissent constamment emporter dans les institutions du système des Nations unies, politisant le travail dans des cas où il est nécessaire de simplement chercher à garantir les droits de personnes isolées, qui sont violés en permanence, y compris récemment en Europe.

Nous avons abordé les questions liées au retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Nous avons discuté des principes d'établissement de la coexistence entre les deux associations. La Russie est prête à contribuer à l'établissement d'un dialogue constructif et égalitaire à cette fin. Si nos services sont demandés, nous serons heureux de vous aider.

Nous sommes d'accord sur le fait que le dialogue au format Russie-Alliance des États du Sahel donnera un élan supplémentaire à la promotion des relations bilatérales et à la mise en place de mécanismes de coopération quadrilatéraux. Tout cela contribuera à une coopération et une interaction globales dans le cadre du Forum de partenariat Russie-Afrique au niveau des ministres des Affaires étrangères. Nous nous préparons à sa deuxième réunion.

Pour conclure, je voudrais dire que, comme me l'a dit mon ami, le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale de la République du Mali, Abdoulaye Diop, c'est la première fois que ce drapeau de l'Alliance des Etats du Sahel est déployé en dehors de la région. Si vous faites attention, il s'agit d'un tissu sur lequel est représenté un baobab. Selon la tradition ouest-africaine, c'est un arbre de réconciliation. Ce symbole reflète les aspirations de nos peuples, cela ne fait aucun doute. Je souhaite à tous les peuples et à tous vos pays une vie paisible, du bien-être, de la prospérité et un développement réussi et fructueux de l'Alliance.

Il mérite déjà une autorité et une réputation positive. D'autres pays manifestent également leur intérêt à participer au travail de l'Alliance des États du Sahel. Je pense que son rôle dans la promotion de programmes à vocation nationale sur le continent africain ne fera que se renforcer. La Russie sera heureuse de contribuer à ces efforts.

Nous avons adopté un communiqué à l'issue de notre réunion. Il sera publié. Il fait état de notre accord de rendre régulières ces réunions quadripartites et de nous réunir annuellement à tour de rôle en Russie ou sur le territoire de l'Alliance des Etats du Sahel.

Question (traduite du français): Quelles décisions ont été prises à l'issue de la réunion d'aujourd'hui pour renforcer le nouveau partenariat entre la Russie et l'Alliance des États du Sahel, notamment dans le domaine de la diplomatie, de la défense et du développement?

Sergueï Lavrov: Nous avons approuvé le communiqué. Il sera bientôt publié. Il a porté essentiellement sur les questions de défense et de sécurité dans le cadre de la garantie de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des trois États qui ont formé l'Alliance des États du Sahel.

Les Forces alliées de l'Alliance sont en cours de création. La Russie a confirmé aujourd'hui qu'elle serait prête, en plus de la coopération dans le renforcement des capacités de défense des trois pays par des voies bilatérales, à aider la formation de ces forces armées alliées de l'Alliance des États du Sahel en fournissant des services de conseil. Nous avons de l'expérience avec nos voisins, la République de Biélorussie en premier lieu, ainsi qu'avec les États membres de l'Organisation du Traité de sécurité collective. Je suis convaincu que cette expérience peut être utile à la formation des Forces armées alliées de l'Alliance des États du Sahel.

Nous sommes prêts à transmettre cette expérience en organisant des formations spéciales et en faisant appel à nos instructeurs, qui travaillent déjà en nombre significatif dans les pays représentés ici. L'approvisionnement en produits militaires est également une étape nécessaire au développement des forces armées dans un format trilatéral.

Nos spécialistes peuvent vous aider à élaborer un plan visant à doter ces forces armées avec des types spécifiques d'armes et d'équipements. Nous avons des accords assez précis pour développer ce qui a été fait et ce qui se fait sur une base bilatérale. Désormais, le format quadripartite enrichira également nos liens dans le domaine militaro-technique.

En ce que concerne la diplomatie. Nous avons confirmé aujourd'hui la coïncidence de nos positions sur toutes les questions fondamentales de la vie internationale. Nous coordonnons nos démarches aux Nations unies. Les pays amis représentés ici soutiennent toutes nos initiatives et sont co-auteurs de nombre d'entre elles dans le cadre du travail de l'Assemblée générale des Nations unies. Nous soutenons les aspirations justes des dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ils cherchent à faire respecter les intérêts nationaux de leur pays, leur indépendance et leur autonomie. Nous ne soutenons pas cela seulement moralement et politiquement. Lorsque on tente au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer des décisions qui ne conviennent pas aux pays de l'Alliance des États du Sahel, la Fédération de Russie ne les laisse pas passer.

On peut parler longuement de domaines spécifiques de notre coopération au sein de l'ONU. Bien sûr, nous sommes solidaires dans les élections à diverses structures. L'ONU ne soutient pas toujours les candidats proposés par l'un de nos pays.

Vous pourrez en savoir plus dans le communiqué qui a été approuvé aujourd'hui et qui reflète notre engagement à continuer à travailler dans ce format.

 

 

 

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