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Allocution et réponses à la presse de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de son entretien avec António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, Moscou, 12 mai 2021

 

Mesdames et messieurs,

Nous avons mené avec le Secrétaire général des Nations unies António Guterres des pourparlers substantiels et riches. La situation des relations internationales était au centre de notre attention. Elle est très compliquée. Nous avons profité de cette opportunité pour parler de la coopération, de l'assistance supplémentaire que la Russie, conformément à la Charte de l'Onu, pourrait apporter à l'Organisation pour remplir ses objectifs.

Nous avons noté que, selon la Russie, l'un des principaux problèmes résidait dans les tentatives de certains pays occidentaux de promouvoir des approches unilatérales en contournant les mécanismes collectifs établis pour l'élaboration de solutions basées sur le droit international. Nous jugeons inadmissible et dangereux le fait que des "règles" sont élaborées dans le dos de la majorité de la communauté internationale puis imposées aux autres en tant que normes universelles.

Nous voyons qu'en dehors du cadre de l'Onu sont formées des coalitions situationnelles, des partenariats qui s'octroient le droit de parler et d'agir au nom de tous les autres. Tout cela s'accompagne d'une critique envers l'Onu qui serait insuffisamment efficace.

Nous avons souligné que le concept d'un "ordre basé sur des règles" prôné par les collègues occidentaux, selon la Fédération de Russie, n'avait rien à voir avec le droit ou la morale humaine, et allait à l'encontre des tendances objectives de démocratisation de l'interaction interétatique et de formation d'un ordre mondial plus juste, inclusif et polycentrique. C'est dans le cadre d'un tel ordre mondial démocratique que la voix de chaque pays, indépendamment de sa taille, du potentiel militaire et économique, doit être entendue. La mise en œuvre de la conception de ces prétendues "règles" inflige un sérieux préjudice au rôle de coordination central de l'Onu dans les affaires mondiales, déstabilise l'architecture de gouvernance mondiale et est directement contraire aux intérêts de toute la communauté internationale.

Nous constatons des risques tout aussi importants dans d'autres actions illégitimes commises en contournant l'Onu, notamment l'usage de la force sans l'approbation du Conseil de sécurité des Nations unies, ou encore les sanctions économiques unilatérales qui affectent généralement les couches les plus vulnérables de la population et mènent seulement la situation dans une impasse.

En tant qu’État fondateur de l'Organisation des Nations unies et membre permanent de son Conseil de sécurité, la Russie soutient immuablement l'activité de l'Onu. Nous partons du principe qu'elle est une structure porteuse du système du droit international établi à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. C'est le seul mécanisme interétatique véritablement universel capable d'exprimer la volonté de toute l'humanité, et possédant à ce titre une légitimité unique. Nous sommes convaincus que la grande majorité des pays partage ce point de vue.

Dans la pratique, la Russie confirme sa position en faveur du renforcement de l'Onu. Les initiatives avancées par la Russie en politique étrangère, en règle générale, sont à caractère Onu-centré. C'était notamment le cas de l'initiative du Président russe Vladimir Poutine de réunir un sommet des États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies qui, nous l'espérons, se tiendra après la normalisation de la situation épidémiologique dans le monde.

Nous partageons avec le Secrétaire général la conviction que c'est seulement en unissant ses efforts que la communauté internationale pourra faire face aux menaces et aux défis actuels, aux conflits régionaux, aux pandémies (telles que le coronavirus), au terrorisme, à d'autres crimes transfrontaliers et, bien sûr, aux phénomènes tels que les changements climatiques. Nous avons également des objectifs de développement socioéconomique, notamment des pays émergents. L'union des efforts des États membres dans un esprit de multipolarité doit se dérouler sur la base des objectifs et des principes de la Charte de l'Onu. C'est notre position commune.

Nous avons évoqué en détail les situations conflictuelles concrètes à l'ordre du jour de l'Onu, notamment du Conseil de sécurité: la situation en Syrie, en Libye, en Afghanistan, au Yémen. Nous avons analysé le problème assez compliqué du processus de paix à Chypre.

La Russie partage entièrement la disposition du Secrétaire général à régler les crises par des méthodes politiques et diplomatiques, notamment par le biais d'efforts de médiation. Nous apprécions également la disposition du Secrétaire général à surmonter les différends à travers une approche équitable, impartiale, envers les parties au conflit et en tenant compte de tous les avis des États membres. Nous avons l'intention de soutenir pleinement António Guterres en ce sens. Nous remercions le Secrétaire général pour sa disposition à accepter notre contribution à ses efforts.

Nous sommes d'accord pour dire qu'il est dans l'intérêt commun d'assurer l'efficacité et l'impartialité du travail des structures de l'Onu. Le Secrétaire général confirme l'importance de l'attachement de la direction de l'Onu, notamment de son Secrétariat, aux approches équilibrées, et au fait qu'elle agisse uniquement dans le cadre des décisions prises par les États membres de manière collégiale.

Nous sommes convenus de travailler à l'élargissement de la représentation de la Fédération de Russie au Secrétariat de l'Onu en matière de personnel. Des démarches concrètes ont déjà été entreprises en ce sens. Nous en sommes reconnaissants.

Pour conclure, je voudrais remercier notre cher Secrétaire général pour cette coopération de longue date, et lui souhaiter de la réussite.

Question (adressée à Sergueï Lavrov): La Russie entretient de bonnes relations avec les deux parties du conflit israélo-palestinien. Quelles démarches pourraient être entreprises par Moscou pour la désescalade de la tension? Plus tôt, vous avez également appelé à unir les efforts du Quartet des médiateurs internationaux et arabes. Dans quelle mesure cela reste-t-il d'actualité?

Sergueï Lavrov: Nous  en avons parlé en détail aujourd'hui. En effet, beaucoup de problèmes se sont accumulés dans la région. Plusieurs d'entre eux sont interconnectés. On ne peut pas à régler l'un d'eux en oubliant les autres.

Quand le processus de normalisation des relations des pays arabes avec Israël a commencé, nous l'avons salué, comme tout mouvement positif dans les relations entre les membres de la communauté internationale. Mais, comme d'autres pays observant ce processus, nous avons souligné que la normalisation entre les pays arabes et Israël ne devait pas se dérouler au détriment du règlement du problème palestinien conformément au principe de "deux États" fixé dans les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Des événements ont eu lieu récemment, et continuent malheureusement. Des gens meurent des deux côtés. Des actions unilatérales ont repris, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies et le Quartet des médiateurs internationaux ont appelé plusieurs fois à les éviter.

Nous nous sommes mis d'accord aujourd'hui sur le fait que l'objectif le plus pertinent était de réunir le Quartet des médiateurs internationaux: la Russie, les États-Unis, l'Onu et l'UE. Nous faisons confiance au Secrétaire général, en tant que coordinateur du Quartet, pour qu'en travaillant avec les parties il organise au plus vite une telle rencontre. Nous avons dit qu'il était préférable de l'organiser au niveau des ministres des Affaires étrangères.

Nous promouvons l'utilité de l'établissement d'un dialogue entre le Quartet et les pays arabes qui ont normalisé les relations avec Israël et entretiennent des relations diplomatiques avec lui. Plus les Palestiniens et les Israéliens. Nous avons pensé à "l'auteur" de l'Initiative de paix arabe, l'Arabie saoudite, en tant qu'autre participant à cette réunion éventuelle. A l'étape actuelle, la question la plus simple et urgente est la réunion du Quartet. C'est plus facile à faire que de réunir des configurations plus larges. J'espère que le Secrétaire général, avec son expérience et son art diplomatique, parviendra à créer les conditions nécessaires pour cela.

Question (adressée à António Guterres, traduite de l'anglais): Vous avez beaucoup critiqué la politique de "nationalisme vaccinal". Mène-t-on des discussions au niveau mondial sur le fait que des producteurs pourraient renoncer à leurs droits pour une diffusion simplifiée des vaccins à travers le monde? Quelles sont les perspectives du médicament russe Sputnik V en ce qui concerne son approbation par le régulateur européen?

Sergueï Lavrov (ajoute après António Guterres): Plusieurs dizaines d'accords ont été signés, le vaccin Sputnik V est enregistré dans plus de 60 pays, dans la plupart desquels sont déjà acheminés les premières cargaisons. Nous avons souligné plusieurs fois que nous étions très ouverts à la coopération avec d'autres fabricants de vaccins. S'ils exprimaient un intérêt réciproque, nous pourrions déboucher sur un processus de coopération positif.

Récemment, le Président russe Vladimir Poutine a réagi positivement lors d'une réunion à l'idée de renoncer aux brevets pour tous les producteurs de vaccins, pour une certaine période, afin que les génériques puissent rapidement remplir le marché.

Question (adressée à António Guterres): Je voudrais profiter de l'occasion pour attirer votre attention sur la situation en Lettonie. Depuis 2020, on y persécute les journalistes qui ont collaboré avec des médias russes. Il s'agit d'une persécution massive: plus de 10 personnes sont poursuivies pénalement, leurs domiciles ont été perquisitionnés, leurs documents et leur matériel ont été saisis, ils sont assignés à résidence. Ils sont formellement accusés d'infraction aux sanctions, alors qu'ils ne sont concernés par aucune sanction, tout comme ces journalistes n'ont rien à voir avec les sanctions. Selon moi, c'est une persécution politique. Le 3 mai 2021, pendant la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons envoyé un message vidéo de l'un de ces journalistes à votre nom. Êtes-vous au courant de la situation en Lettonie? Êtes-vous prêt à la placer sous votre contrôle, à contribuer au respect par les autorités lettones des documents fondamentaux de l'Onu, au moins de la Déclaration universelle des droits de l'homme, et ainsi empêcher que des obstacles administratifs et pénaux soient dressés pour empêcher le travail des journalistes sur le territoire letton?

Sergueï Lavrov (ajoute après António Guterres): Hormis le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le Secrétaire général de l'Onu a également un assistant dans ce domaine. Il est précisément Letton. Je pense que si cette vidéo lui était transmise, ce serait important pour traiter votre requête.

Question (adressée à António Guterres): Le blocus de Cuba par les États-Unis s'est durci ces dernières années, notamment pendant la pandémie de coronavirus, et il perdure sous le nouveau gouvernement américain. Quel est votre avis concernant la politique des États-Unis vis-à-vis de Cuba?

Sergueï Lavrov (ajoute après António Guterres): Hormis la situation concrète provoquée par les difficultés supplémentaires dues à la pandémie de coronavirus, il existe un problème systémique concernant le blocus de Cuba par les États-Unis. L'Assemblée générale des Nations unies adopte tous les ans à cet égard une résolution par une grande majorité de voix. Deux ou trois pays, dont les États-Unis, ne la soutiennent pas. Tous les autres votent pour. La politique de l'Onu est reflétée dans ces résolutions.

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