la República de Guinea
L’intervention et les réponses du Ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Lavrov aux questions des médias lors de la conférence de presse conjointe suite aux pourparlers avec le Ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l'Étranger de la République de Guinée François Louncény Fall, Moscou, le 22 avril 2013
Mesdames et Messieurs,
Nous avons eu de bonnes pourparlers avec mon homologue guinéen, Monsieur François Louncény Fall. Moscou apprécie hautement les relations traditionnellement amicales avec la République de Guinée. Cette année, nous célébrons le 55-ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos pays - une période considérable, marquée par de très bons résultats. Mais notre position commune est qu'il faut faire encore plus, notamment dans le domaine de l'approfondissement de la coopération économique et commerciale entre les deux pays.
Nous sommes satisfaits qu'il y a quelques jours une réunion de la Commission intergouvernementale russo-guinéenne sur la coopération économique, scientifique, technique et commerciale a eu lieu. Elle a été très fructueuse. Les décisions concrètes sur l'intensification de la préparation d'un nombre d'accords intergouvernementaux importants, y compris l'Accord bilatéral d'encouragement et de protection réciproques des investissements, ont été prises. Des plans concrets touchant les intérêts des milieux d'affaires de Russie et la République de Guinée ont également été discutés. Il s'agit des projets dans les secteurs comme l'énergie, les mines, la pêche, l'agriculture, l'éducation et la science. Nous avons une compréhension mutuelle dans le problème d'assurer le meilleur environnement possible pour le business, y compris, bien sûr, les activités des entreprises russes en Guinée. Nous encourageons les contacts directs entre les les milieux d'affaires des deux pays et au niveau ses Chambres de Commerce.
La coopération humanitaire se développe également bien - le nombre d'étudiants guinéens qui font leurs études en Russie est en hausse. A partir de la nouvelle année scolaire, la République de Guinée aura droit à 50 bourses d'études du gouvernement par an. Les bonnes traditions sont préservées dans les domaines de la coopération militaire et technique, la formation des cadres pour l'armée guinéenne et la police dans les établissements d'enseignement supérieur du Ministère de la Défense et du Ministère des Affaires intérieures de la Russie. Nous allons poursuivre ces formes de coopération.
Aujourd'hui nous avons discuté des questions régionales, en particulier la situation au Mali, en Guinée-Bissau, en République centrafricaine et en Républiques Démocratique du Congo. L'avis de la République de Guinée sur tous ces conflits est très important pour nous, pour que nous puissions formuler notre propre position là-dessus. En général, nos approches sont basées sur la nécessité d'appuyer des solutions africaines des problèmes qui apparaissent sur le continent. Nous sommes satisfaits de l'interaction entre les délégations de nos pays à l'ONU et dans d'autres organisations.
Je suis convaincu que cette réunion favorisera la coordination ultérieure des activités des Ministères des Affaires étrangères. Nous avons convenu de mener des consultations interministeriels annuelles de grand format.
Je suis reconnaissant à mon collègue pour une conversation substantielle et analytique.
Question: Nos partenaires occidentaux parlent toujours de la nécessité d'un dialogue politique pour résoudre la question syrienne. En fait, si nous prenons l'exemple de la récente décision d'envoyer des troupes américaines en Jordanie, les plans de l'UE de lever l'embargo sur la livraison des armes à l'opposition syrienne, la possibilité de l'achat de pétrole syrien chez les rebelles, nous voyons le contraire. Comment pourriez-vous commenter ces pas?
Lavrov: Il est toujours mal quand les paroles ne correspondent pas aux actes, surtout quand la situation est liée à un conflit sanglant. La partie russe tient sa parole. Le 30 juin 2012 à Genève, un accord a été conclu sur la nécessité d'influencer toutes les parties du conflit pour arrêter la violence des deux côtés, de mettre le gouvernement et l'opposition à la table des négociations afin de déterminer les termes et les paramètres de la période transitoire. Depuis lors, nous ne nous sommes pas écartés d'un pas de cette approche. Au contraire - dans tous nos contacts avec les parties syriennes, y compris le gouvernement, les groupes de l'opposition, les pays de la région, les Européens et les Américains, nous sommes toujours à la recherche de la transition à la réalisation pratique du communiqué de Genève.
J'espère que cette vision sera renforcée. Malheureusement, nombreux sont ceux qui veulent porter atteinte à cette tendance. Avant-hier lors d'une conversation téléphonique avec la secrétaire d'Etat américain John Kerry j'ai senti la confirmation de son orientation vers une recherche d'un dénouement politique le plus rapide et le transfert de la situation dans la voie de négociations entre le gouvernement et l'opposition, qui s'était manifesté au cours de mes contacts précédents avec lui.
Il faut comprendre ceux qui représentent l'opposition, car la coalition, créée fin 2012 à Doha, n'en est qu'une partie. Il faut clarifier les choses. C'était un but que nos partenaires occidentaux, en coopération avec certains pays de la région, se sont engagées à atteindre et rassembler tous les groupes de l'opposition sur une plateforme de leur disponibilité au dialogue, conformément au communiqué de Genève. Pour le moment le mouvement dans cette direction n'est pas suffisant.
Je le répète encore une fois, nous avons bien parlé avec John Kerry samedi lors d'une conversation téléphonique, nous avons convenu de se rencontrer le 23 avril à Bruxelles en marge du Conseil Russie-OTAN pour discuter ce que la Russie et les Etats-Unis peuvent faire pour encourager les sceptiques ou les résistants au processus de paix de modifier leur position et de prendre le chemin des accords de Genève.
En ce qui concerne l'embargo sur la livraison des armes à l'opposition syrienne de la part de l'Union européenne, il ne fallait pas l'introduire, car cela est interdit par le droit international. Même au cas de la levée publique de l'embargo - si tel sera le cas (à l'UE, il y a beaucoup d'états raisonnables qui expriment leurs préoccupations sérieuses concernant une telle démarche) - les obligations internationales des États membres de l'UE, interdisant la livraison d'armes et de munitions au sujet non étatiques, resteront.
Question: Certains médias, se référant à des représentants du FBI américain, ont signalé qu'en 2011 les services de sécurité russes ont formulé une demande d'un interrogatoire de T.Tsarnaev. Pensez-vous que la partie américaine n'a pas mené une enquête suffiamment sérieuse?
Lavrov: Cette question est hors de la compétence du Ministère des Affaires étrangères. Les sources dans les services secrets américains et russes ont déjà fait leurs commentaires. Je n'ai rien à ajouter sur cet épisode. Je peux seulement souligner que le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine et le président américain Barack Obama lors d'une récente conversation téléphonique ont confirmé leur intérêt pour l'approfondissement de la coordination des services spéciaux.