the Republic of Poland
Sténogramme de l'intervention et des réponses aux questions des médias de S.V.Lavrov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, à la conférence de presse conjointe à l'issue des négociations avec R.Sikorski, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, et de la 5e séance du Comité pour la stratégie de la coopération russo-polonaise, Moscou, le 6 mai 2009
Chers collègues,
Nous avons eu avec mon homologue Monsieur R.Sikorski les pourparlers francs et réellement d'affaires tant au format «restreint» que dans le cadre de la séance du Comité pour la stratégie de la coopération russo-polonaise.
Les deux parties ont constaté l'intérêt réciproque au dialogue ciblé et à la création du climat politique favorable pour développer les relations bilatérales. Nous avons souligné, que nous sommes réciproquement prêts à faire des pas en retour, à travailler en commun pour mettre en pratique les accords, obtenus au cours de la visite de D.Tusk, Premier Ministre de la Pologne, à Moscou en février 2008, ainsi que lors de la rencontre des chefs des gouvernements de nos pays en janvier dernier à Davos.
Le dialogue russo-polonais comprend plusieurs sujets, avant tout bilatéraux, ainsi que régionaux et internationaux. Aujourd'hui, nous en avons discuté en détail quelques-uns, y compris dans le contexte des initiatives russes dans le domaine énergétique, ainsi dans celui de la garantie de la sécurité militaro-politique sur le continent européen.
L'examen de l'ordre du jour bilatéral a été fait compte tenu de ce que nous sommes avec Monsieur R.Sikorski coprésidents du Comité pour la stratégie de la coopération russo-polonaise, qui a repris aujourd'hui son travail après une pause de quatre ans. Nous avons examiné dix grands blocs thématiques, qui caractérisent l'échelle des liens entre la Russie et la Pologne. On a mis l'accent sur les domaines, où existent les bonnes bases pour notre avancement. C'est avant tout l'économie. La Pologne est un de nos partenaires leaders en Union Européenne. L'an dernier, les échanges commerciaux ont atteint le niveau record de plus de 27 milliards de dollars (croissance de presque 52 %). Probablement, la crise mondiale apportera des corrections à ces chiffres, mais nous avons réussi à jeter les fondations solides. On est satisfait des résultats de la deuxième séance en mars dernier de la Commission intergouvernementale russo-polonaise de coopération économique.
Les rapports dans le domaine de la culture et de la science se développent dynamiquement. L'an dernier, en Russie s'est passée la Saison de la culture polonaise, en avril à Moscou a eu lieu le festival des films polonais «Vistule», on mène le travail conjoint d'organisation du deuxième festival international de la chanson russe «Zelena Gora».
A la réunion du Comité pour la stratégie de la coopération russo-polonaise a été discuté la question de l'assistance au développement des liens interrégionaux. Nous prônons l'élargissement de la géographie de ces contacts. Nous avons soutenu l'initiative de créer le nouveau mécanisme de coopération de nos pays – le Forum des régions, et de tenir à Moscou en septembre prochain la conférence russo-polonaise de coopération interrégionale sous l'égide des présidents des chambres hautes des parlements de la Russie de la Pologne.
Nous attachons une grande importance à la mise en pratique des intérêts de nos citoyens, y compris le problème de la liberté de déplacement. En particulier, nous avons proposé de conclure un accord, qui établit le régime simplifié des voyages des habitants des territoires frontaliers. A l'initiative de la partie polonaise, en commun avec l'Union Européenne et la Lituanie, nous allons travailler à ce que les accords appropriés concernant la région de Kaliningrad ne lèsent pas les intérêts des habitants de cette région russe. La préparation de l'accord intergouvernemental de navigation dans le golfe de Kaliningrad (de la Vistule) se trouve à l'étape finale. Nous voyons d'importantes possibilités pour le développement des relations dans le domaine du tourisme, de la protection de l'environnement, des échanges des jeunes.
Le Forum de l'opinion publique constitue un autre «terrain» important du dialogue russo-polonais. Bien que la séance plein format ait lieu à Moscou les 12-14 mai, nous avons cru nécessaire avec R.Sikorski de rencontrer ses représentants et de discuter les perspectives du développement des relations bilatérales du point de vue de la participation à ce processus des citoyens des sociétés civiles des deux pays.
On a abordé les soi-disant «problèmes compliqués», liés à l'histoire des deux pays et peuples. Nous sommes tombés d'accord, que les problèmes historiques ne doivent pas se projeter sur le présent et l'avenir de nos relations, d'autant plus les alourdir. Nous espérons, qu'à la prochaine séance du Groupe bilatéral pour les problèmes compliqués, découlant de l'histoire des relations russo-polonaises, qui aura lieu fin mai à Cracovie, sera fait un nouveau pas sur la voie de l'élimination de ces sujets de la circulation politique.
Je suis heureux de vous informer, que l'on poursuit la pratique de décernement aux citoyens russes et polonais des diplômes conjoints des ministres des affaires étrangères de la Russie et de la Pologne «Pour les mérites exceptionnels dans la cause du renforcement de la compréhension et du rapprochement des sociétés russe et polonaise». Cette année, sont devenus lauréats de cette distinction l'actrice de cinéma bien connue en Russie B.Brylska et l'écrivain russe populaire en Pologne V.V.Iéroféev.
En conclusion, je voudrais exprimer ma satisfaction du travail, que nous avons fait aujourd'hui. Je crois, que le potentiel de la coopération russo-polonaise est très grand. La tâche des politiques est de créer les conditions pour libérer ce potentiel.
Question: A-t-on confirmé la visite du Premier Ministre V.V.Poutine en Pologne en septembre prochain ?
S.V.Lavrov: L'invitation au Premier Ministre V.V.Poutine est venue du premier Ministre D.Tusk. Ils ont discuté ce problème au téléphone. L'invitation suppose la participation de V.V.Poutine à la cérémonie à l'occasion de l'anniversaire du commencement de la Seconde guerre mondiale, prévue pour le 1er septembre. On a aussi discuté la possibilité de tenir les pourparlers bilatéraux parallèlement à cette manifestation. Aujourd'hui, nous avons discuté le cours de l'examen de cette invitation. Nous espérons, qu'une fois les paramètres de l'organisation et du contenu éclaircis, nous pourrons parler à ce sujet de manière plus ciblée.
Question: Est-ce que l'expulsion des diplomates russes de Bruxelles et les manoeuvres de l'OTAN en Géorgie sont liées ? Selon vous, est-ce que la Géorgie constitue un terrain approprié pour les manoeuvres de l'OTAN au lendemain de la mutinerie des militaires dans ce pays ? Va-t-on aborder ce sujet à la future rencontre avec H.Clinton ?
S.V.Lavrov: Sûrement, au cours de ma visite à Washington nous allons discuter tout l'ensemble de nos relations dans le cadre du Conseil Russie-OTAN. Nous prêterons l'attention particulière à la situation alarmante, maintenue en Transcaucasie, avant tout à cause des actions provocatrices, qu'entreprend périodiquement l'administration géorgienne. Le dernier exemple peut venir du refus d'hier de Tbilissi de laisser survoler le territoire de la Géorgie par les avions de la compagnie «Aviacon Zitotrans», qui effectue les vols d'approvisionnement du contingent suédois au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan. Ces vols ont été effectués plusieurs fois. Maintenant, on a avancé le prétexte risible de l'absence de l'accord de la partie suédoise.
Certes, tout est interdépendant, y compris les manoeuvres menées. Actuellement, nous sommes en présence d'une nouvelle confirmation de ce que la politique du laxisme à l'égard du régime de Tbilissi nuit finalement aux intérêts de l'OTAN même, car ce sont précisément les contingents de l'alliance, qui composent l'ossature de la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan.
Concernant l'expulsion de deux diplomates russes, dont l'accréditation auprès su siège de l'OTAN avait été interrompue, je n'y vois aucune liaison substantielle. Cependant, tout cela rentra naturellement dans le canevas des actions, visant à empêcher la reprise de la coopération normale dans le cadre du Conseil Russie-OTAN. Certes, nous avons dû réagir. Aujourd'hui, nous avons annoncé l'arrêt de l'accréditation de deux collaborateurs du Bureau d'information de l'OTAN à Moscou. C'est une réponse logique. Nos partenaires otaniens, pour le moins ceux qui avaient initié l'expulsion de deux diplomates russes, ne pouvaient pas attendre autre chose de nous.
Notre ligne de principe est que nous voulons avoir un partenariat normal mutuellement avantageux et de respect mutuel avec l'OTAN. Nous voulons un travail pragmatique normal de respect mutuel du Conseil Russie-OTAN sur la base du respect des principes, qui avaient été jetés lors de la création de ce mécanisme important. Avant tout, il s'agit du principe d'abandon du renforcement de sa propre sécurité aux dépens de celle des autres. Ce sont ceux, qui veulent enterrer ce principe et garantir la sécurité â l'Europe par les décisions unilatérales au lieu du dialogue, qui sont derrière les tentatives de ne pas laisser normaliser ces relations, y compris par voie des provocations, dont nous parlons.
Question: Quelle est l'attitude de la Russie envers le programme "Partenariat oriental", déployé par l'UE ? Est-ce que les pourparlers d'aujourd'hui ont clarifié plus les positions ?
S.V.Lavrov: Aujourd'hui, nous avons discuté ce problème. Nous avons sincèrement et franchement fait part à nos collègues polonais de nos évaluations de certaines déclarations, venues de Bruxelles du fait de la préparation du sommet «Partenariat oriental». On a exprimé notre préoccupation par ce que, à en juger par certaines de ces déclarations, d'aucuns aimeraient mettre les pays invités à participer au «Partenariat oriental» devant le choix – ou vous êtes avec la Russie, ou avec l'Union Européenne. Nous avons apprécié les explications, que nous a données aujourd'hui R.Sikorski, assurant, que cela ne fait pas partie des projets de la Pologne en tant qu'initiateur du Programme «Partenariat oriental». D'après lui, la Pologne est intéressée au développement de ce programme en entière conformité avec les accords, obtenus à l'époque entre la Russie et l'Union Européenne, sur l'inadmissibilité de la confrontation des processus d'intégration, qui se développent sous l'égide de l'UE et dans l'espace post-soviétique. Nous percevons ces explications avec satisfaction. Nous espérons, que c'est ainsi que va évoluer le «Partenariat Oriental», et qu'il ne suivra pas la voie, qu'a utilisée la Commission Européenne au cours de la préparation de la récente conférence sur le système de transport du gaz de l'Ukraine, où l'on cherchait à régler les problèmes, qui touchent directement la Fédération de Russie, sans notre participation. Je répète, la réponse, que nous avons reçue aujourd'hui de nos collègues polonais, nous satisfait. Nous allons espérer cette même réalisation de cette initiative. la réalisation, qui tiendra compte des intérêts de tous ceux, qui coopèrent d'une façon ou d'une autre dans notre espace européen commun, ainsi que de l'intérêt commun à ce que nous formions un espace commun dans tous les domaines, y compris dans l'économie, le secteur de l'énergie, le mouvement des capitaux, les services, la main d'oeuvre au lieu d'essayer de construire les lignes de démarcation. Ce sont ces assurances que nous avons entendues aujourd'hui, et nous l'apprécions.
Le 6 mai 2009