the State of Israel
STÉNOGRAMME DE L'INTERVIEW DE S.V.LAVROV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE, AU PROGRAMME «LA 25E HEURE. EVÉNEMENTS. HEURE DE MOSCOU» DE LA CHAÎNE TV TVC, LE 6 MAI 2004
Traduction non-officielle du russe
Animateur : Serguéi Viktorovitch, en deux jours, vous avez passé plus de temps en vol que sur terre. Je parle de New York. Est-ce que cela a valu le coup, en l'occurrence? Y a-t-il eu quelque chose que vous, C.Powell, K.Annan n'ayez pas pu discuter par téléphone?
S.V.Lavrov: Certes, maintenant, beaucoup de choses sont décidées par téléphone: et au niveau des présidents, et à celui des ministres. Mais rien ne remplace les rencontres personnelles. Je suis très content de la manière, dont s'est terminée la rencontre du Quatuor des médiateurs internationaux pour le Proche-Orient. Tous nos collègues, même américains, ont dit que cette rencontre a été la plus efficace en ces dernières années. Il est important qu'elle ait eu lieu sur le fond d'une brusque aggravation de la situation dans le règlement palestino-israélien.
Nous nous sommes réunis pour obtenir que le plan d'A.Sharon de retrait unilatéral de Gaza ne contredise pas la «feuille de route», mais l'intègre de manière organique. Ce plan a subi ce matin une épreuve, quand le propre parti d'A.Sharon s'est prononcé contre lui au référendum. On a dû tenir compte de cette circonstance. Cependant, on a réussi à adopter le document qui ne fait pas que confirmer toutes les décisions existantes du Conseil de Sécurité de l'ONU sur les principes du règlement, mais dit que tous les pas unilatéraux sont salués, s'ils visent la mise en pratique de la «feuille de route»et n'ont de sens qu'au cas où ils sont liés à la «feuille de route» et mèneront à l'arrêt de l'occupation des territoires palestiniens. Qui plus est, cette déclaration dit que les décisions fondamentales du Conseil de Sécurité de l'ONU et celles de la Conférence de Madrid, où l'on a fixé le principe «la terre contre la paix» restent pleinement en vigueur.
Animateur : Avez-vous eu au cours de la rencontre des divergences de points de vue d'avec C.Powell?
S.V.Lavrov: Non, il n'y a eu aucun différend. C.Powell a aujourd'hui assez clairement expliqué que le fameux échange de messages entre G.Bush, Président des USA, et A.Sharon, Premier Ministre d'Israël, qui a provoqué tant de questions et de bruit, ne veut pas dire l'annulation du principe fondamental sur le besoin d'obtenir un accord entre les deux parties. La délégation américaine a perçu tous les arguments de la Russie, de l'Union Européenne et de K.Annan, Secrétaire Général de l'ONU, prouvant que nous n'avons pas maintenant le droit ni ne pouvons changer les principales règles du règlement, approuvées par le Conseil de Sécurité de l'ONU.
Animateur : Est-ce que viendra le moment, où l'on pourra dire que le conflit est entièrement réglé? Ou cette plaie va-t-elle saigner toujours?
S.V.Lavrov: J'espère que ce moment peut venir. Et la rencontre d'aujourd'hui y a sûrement contribué. On exige des Palestiniens de déployer les mesures pour faire cesser l'activité des terroristes sur leur territoire, pour liquider leur infrastructure et poursuivre pour cela les réformes des structures de l'Autorité palestinienne afin qu'elle puisse se charger de plus de responsabilité dans le problème de la garantie de la sécurité sur leurs territoires et dans celui de contrôle des structures armées, qui devront être légitimes. Il ne devra pas y avoir de groupes armés illicites, qui, de fait, causent les problèmes dans plusieurs parties du monde, non seulement en Palestine. Israël devra arrêter l'usage disproportionné de la force, que le droit humanitaire international n'admet pas. Israël ne devra plus créer de nouveaux kibboutzim, va confirmer ses intentions de geler cette activité.
Animateur : Serguéi Viktorovitch, existe-t-il une répartition des rôles dans le cadre du Quatuor de règlement du conflit arabo-israélien? Par exemple, les Etats-Unis ont plus de possibilités d'influer Israël, la Russie - la Palestine, etc.
S.V.Lavrov: La position unique de la Russie consiste actuellement en ce que nous trouvons le langage commun tant avec les Palestiniens qu'avec les Israéliens. Nous réussissons et avons réussi ces dernières années - j'espère que cette ligne sera poursuivie - à gagner le respect des uns et des autres par notre position de principe dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et, parallèlement, par notre défense consécutive des principes, sur lesquels il faut obtenir le règlement palestino-israélien. Ces principes supposent la création de l'état Palestinien, qui deviendra viable et vivra d'égal à égal côte à côte avec Israël.
Animateur : Je comprends que la question est hypothétique, mais néanmoins, de quelles dates parlons-nous?
S.V.Lavrov: Il est difficile d'y édifier des projets concrets. Je pense que le désir, la volonté politique des parties, surtout la volonté politique des médiateurs aidant, nous pouvons parler de deux ou trois années, quand les principaux paramètres du règlement seront fixés. Sûrement, ensuite, on aura besoin d'une période assez longue pour que cela devienne dйjà irréversible.
Le 6 mai 2004