Vereinigte Staaten von Amerika
Réponse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, à une question concernant les sanctions sectorielles des USA contre le Venezuela
Question: Que pouvez-vous dire concernant l'adoption de sanctions sectorielles par Washington contre le Venezuela?
Sergueï Lavrov: Nous rejetons fermement les sanctions unilatérales contre les États souverains. Les mesures de pression financière sur le Venezuela et le Président Nicolas Maduro, récemment annoncées, ont été décrétées par Washington dès que des signes de stabilisation politique sont apparus dans ce pays après les élections à l'Assemblée nationale: l'activité protestataire de rue s'est légèrement apaisée, le calendrier a été établi pour les votes à venir - notamment les élections de gouverneurs et la présidentielle. Des démarches ont été entreprises pour établir une collaboration avec l'opposition au gouvernement à l'Assemblée nationale mais, malheureusement, la frange radicale de la direction de l'opposition s'y est opposée.
Dans ces conditions, les sanctions ciblées contre le secteur financier et pétrolier du Venezuela visent très clairement à aggraver le déséquilibre de la situation dans le pays et à approfondir ses problèmes économiques. Ils encouragent les irréconciliables qui ne voient pas comment réaliser leur potentiel politique sans écarter du pouvoir le gouvernement vénézuélien.
Les agissements des auteurs des sanctions sont imprégnés de cynisme. D'après les déclarations de responsables américains, l'administration Trump étudie la possibilité de durcir sa ligne en n'écartant pas le recours à la force contre le Venezuela "en cas de détérioration de la situation" dans ce pays d'Amérique latine. D'où la question: quel est alors le but des sanctions américaines actuelles? D'être bénéfiques à l'économie vénézuélienne? Il est évident que la logique même des sanctions implique la perspective de tensions accrues.
Nous avons évoqué plusieurs fois le danger du passage de la confrontation politique au Venezuela à un niveau mettant en péril l'existence de l’État vénézuélien. La provocation et l'encouragement extérieur de la déstabilisation de la situation politique intérieure ne peuvent pas être bénéfiques aux simples Vénézuéliens, quelles que soient leurs opinions politiques. C'est l'inverse qui doit être fait: contribuer à l'établissement d'un dialogue entre toutes les forces politiques principales du pays, ce qui créerait les conditions pour redresser la situation économique. Cette tâche nécessite, entre autres, une contribution politique extérieure.
Nous sommes prêts à contribuer au règlement de la crise au Venezuela dans la mesure qui correspondrait à la dynamique politique dans ce pays. Nous sommes convaincus qu'il n'existe pas d'alternative à des négociations pacifiques responsables dans le cadre de la loi et sans ingérence extérieure. Tout ce qui sort de ce cadre vise à saper l'ordre constitutionnel au Venezuela et entraîne de nouvelles privations pour les citoyens de ce pays.
Nous analyserons attentivement les conséquences des sanctions décrétées par les USA et leur éventuel impact sur les intérêts de la Russie et des entreprises russes. Mais nous pouvons noter dès à présent qu'elles ne pourront pas affecter notre disposition à développer et à renforcer la coopération avec le Venezuela, pays ami, et son peuple.